► E.D.I.T.O. L’année 2018 de A à Z

Ça y est, le père Noël est passé, vous avez trop mangé, 2018 a encore quelques petits jours devant lui mais l’heure du bilan a définitivement sonné ! Notez que nous avons déjà fait le point sur les jeux qu’il fallait retenir de cette année dans notre Sélection 2018, nous avons également mis à jour notre Sélection des meilleurs jeux pour bien débuter dans le j2s. Pour ce dernier édito de l’année, nous faisons notre bilan de 2018, ce que cette année aura apporté, ce que nous en retenons, et ce, par ordre alphabétique !
Accrochez vos ceintures, chaussez vos lunettes léopard, c’est parti !

 

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A comme Agence. La création de jeux se professionnalise. Agence de représentation, comme en littérature ou dans le cinéma, pour que les auteurs n’aient pas à démarcher les éditeurs eux-mêmes (comme Forgenext), ou agence de consulting ludique comme Kaedama (itw ici ou ), qui travaille avec les éditeurs pour créer des jeux ou développer des produits existants, ou encore agence de communication comme Ludendi… On pourrait même citer Prospero Hall, collectif d’auteurs derrière Kero, Villainous ou Harry Potter: Battle at Hogwarts ; derrière ce nom se cache un studio de création de jeux de société, The Forrest-Pruzan Creative, qui, à la vérité, fonctionne plus comme un studio de jeux vidéo que comme une maison d’édition. Notre interview ici. Cette logique de rassemblement était également présente dans le domaine de l’illustration depuis quelques années déjà, avec le studio M81 ou Gong Studios, qui officient depuis longtemps sur des licences.

 

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B comme Bar à jeux et le réseau des cafés ludiques que l’on remercie, car ils ont décidé cette année de soutenir la presse ludique (news) en reversant 10 centimes par mois, par café membres du réseau et par média (au nombre de 5). Une aide avant tout symbolique, qui vient confirmer la place des médias, et de Ludovox, dans le secteur ludique francophone. En effet, l’une des missions du Réseau des cafés ludiques est bien de “promouvoir la culture du jeu” est cela passe entre autres par la reconnaissance du rôle des médias spécialisés. Ces derniers, malgré leur importance dans le paysage et l’économie ludique, restent souvent des organisations qui demeurent fragiles, bénévoles, plus ou moins dépendantes de structures annexes. Heureusement, les lecteurs sensibles à ce sujet peuvent nous soutenir (Ludovox et quelques autres collègues également) via Tipeee !   

 

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C comme chiffres. C’est le moment où on peut balancer plein de chiffres et surtout rebondir dessus pour parler de l’avenir !

Cette année, la production de jeu de société a encore battu ses propres records. Vous le savez, Essen, baromètre du secteur, a encore poussé ses murs. C’est environ 1400 titres qui y ont été présentés. Auteurs, éditeurs et distributeurs continuent de naître, de croître, de se consolider, de nouveaux acteurs apparaissent (cf par exemple la lettre A de cet alphabet). Le #j2s sort de sa niche, on en parle de plus en plus dans les médias généralistes, il s’incruste dans les séries Netflix tandis que la bibliothèque de Lyon lui consacre une grande expo (nous en reparlerons) etc, etc. Les indicateurs sont tous au vert : le jeu de société est tendance, c’est indubitable.  

Ludovox suit cette courbe de progression, avec un joli cap de passé : celui des 10 millions de vues cumulées ! En 4 années d’existence, le site a publié plus de 7400 contenus et notre chaîne Youtube a vu son trafic multiplié par trois sur ces derniers mois. Un emballement de la machine qui n’a pas toujours été facile à gérer pour notre petite équipe mais qui fait somme toute extrêmement plaisir à voir.

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Les views en mode grimpette sur YT

 

Cette année nous avons vu une augmentation des commandes de Ludochronos de + 70% (nous avons actuellement pas loin de 2400 Ludochronos en français sur notre chaîne). Autant vous dire qu’il y a eu des moments très intenses pour nous, d’autant que la plupart de ces 70% sont arrivés en même temps, pour la période d’Essen, salon que nous avons également couvert bien entendu…

Aujourd’hui, avec une équipe où seule une personne est à temps plein, il n’est pas simple de s’occuper efficacement de tous les jeux qui nous sont envoyés, de toutes les demandes que nous recevons, et de tout ce que nous aimerions développer. Par exemple, nous souhaitons (re)lancer de nouveaux formats vidéos comme la Pause de midi, maintenant que nos vidéos touchent une belle audience, en espérant que cela aide à pérenniser notre activité.
Voilà pourquoi nous allons embaucher une nouvelle personne dès début 2019. Nous espérons qu’ainsi nous pourrons être toujours plus réactifs face aux nombreuses demandes, et pouvoir lancer les projets que nous avons dans nos tiroirs (et dans nos coeurs <3) depuis longtemps.

Cela va nous obliger à prendre des studios, que nous recherchons sur Lyon, afin de pouvoir regrouper toute l’équipe dans de vrais bureaux et avoir des conditions de tournage plus adaptées, notamment à ces nouveaux formats.

Bien entendu, cela ajoute des frais et une pression financière sur Ludovox… mais nous espérons bien que le succès sera au rendez-vous.

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D comme Decrypto notre coup de coeur des coups de coeur ! Car oui, tous les ans Ludovox livre ses coups de coeur, une petite demie-douzaine de jeux qui parviennent à séduire toute la Rédac (et ça n’est pas un petit défi, croyez-nous !), Decrypto est certainement celui sur lequel on a le moins eu à débattre tant c’était l’évidence pour tout le monde.

Déjà tiré à plus de 130 000 exemplaires et diffusé dans 35 pays, le jeu connaîtra une extension stand-alone (jouable seule ou combinée avec la première boîte) d’ici 2020 avec un tout nouveau mode de jeu… Alors, prochain As d’or ou pas ?  

 

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E comme Écologie. On l’a vu, notre Édito sur la question écologique vous a beaucoup touché, vous avez été très nombreux à réagir sur le sujet.
Faut dire qu’en 2018, le bilan est amer quand on sait qu’en 40 ans, nous avons perdu 60 % des populations d’animaux sauvages sur Terre… C’est tout notre système de production et de consommation qui est questionné, un véritable modèle de société à réinventer où l’industrie des “jeux et jouets” (dont le montant du marché mondial l’an dernier s’élevait au PIB de Cuba, soit 78 milliards d’euros), a aussi sa carte à jouer.
Et nous, en tant que joueurs, que faire pour la planète ? Résister aux Black Fridays, penser aux ludothèques et bars à jeux qui proposent prêts et partages de j2s, faire un tour sur Coludik, soutenir les petites initiatives d’éditeurs militants tels que les Jeux Opla ou Bioviva…

 

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F comme Festivals : Paris, Lyon, Montpellier, Toulouse, Lilles (Mons-en-Baroeul plutôt !), Rennes, Valence, Epinal, Avignon, St Etienne, Dijon, Grenoble, Nancy… Toutes les grandes villes ont leur salon ludique avec parfois une notoriété à l’international comme Parthenay ou Cannes bien sûr, et n’oublions pas toutes les petites manifestations locales, voire toutes les soirées #j2s organisées par les boutiques en dur, par les associations, etc. La France vibre chaque jour de son dense réseau associatif tandis que certains grands rendez-vous jalonnent l’année, constituant des moments à ne pas manquer dans l’actu ludique. Un festival, c’est le moyen de mettre en avant le jeu de société pour les familles, c’est le moment pour les professionnels de se rencontrer… et pour le joueur amateur de découvrir des pépites insoupçonnées ! Toutes ces manifestations ne pourraient pas exister sans le concours et la participation de nombreux bénévoles qui donnent de leur temps pour accueillir, expliquer les jeux, ou même en amont, pour préparer l’événement. Soulignons aussi la participation des mairies, et la mise en danger de ces événements quand baisses ou annulations des subventions surviennent…
Nous profitons donc de cette colonne pour adresser un très grand merci à tous ceux qui font ainsi vivre le jeu sur le terrain, créant lien social et espace de convivialité (ce qui n’est pas un luxe de nos jours) par leur investissement. Nous espérons bien pouvoir couvrir toujours plus de ces beaux rendez-vous pour 2019… et vous y croiser au détour d’une allée ! 

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G comme Gloomhaven. Roi incontesté de la fin 2017, il caracole depuis sa sortie en haut de tous les tops – et pour preuve, il est numéro un sur la référence mondiale, Boardgamegeek, depuis début 2018. Pour l’instant disponible seulement en anglais (pour 145€, ceci coïncidant avec les neuf kilogrammes de la boîte), Gloomhaven propose de vivre les aventures d’une compagnie de mercenaires dans un monde d’heroic fantasy. Géant, le titre propose plus de quatre-vingt dix scénarios dépassant allègrement l’heure de jeu : de quoi vous faire pas mal de belles soirées, sachant que le mode campagne n’est pas le seul.
Est-il encore permis d’espérer une traduction ? Peut-être pas… En revanche, surprise ! Il sortira en version numérique sur Steam en 2019, via Asmodee Digital. Le soft n’intègrera pas directement le mode campagne, mais proposera plutôt un générateur aléatoire de donjons similaires aux rogue-likes, pour faire l’expérience du jeu autrement. Mais qu’on se rassure : la campagne arrivera. Pour aller plus loin sur ce gros loulou : notre interview de l’auteur + notre guide de démarrage en plusieurs tomes.

 

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H comme Hasbro. En 2018 le géant du jeu & jouet annonçait l’acquisition de la licence iconique des Power Rangers à Saban (et d’autres, moins célèbres, telles que Luna Petunia, Treehouse Detectives…) mais pour le moment, cela ne leur a pas encore porté chance. Faut dire que septembre dernier n’aura guère profité aux ventes de jouets, le marché ayant en effet reculé à ce moment de près de 10%. Après un bilan décevant, le groupe a donc annoncé la suppression de 500 postes dans le monde. Lourdement pénalisé par le dépôt de bilan de Toys R Us aux Etats-Unis (un de leur gros distributeur), concurrencé par la vente en ligne (coucou Amazon) et le regain d’intérêt pour le jeu vidéo (avec le boom de la Switch et de la PS4 cette année), les ventes de jouets classiques ont globalement connu un recul en 2018 de 2% par rapport à 2017. Hasbro voit son film Bumblebee sortir aujourd’hui : pas de Star Wars cette année pour tirer les ventes vers le haut, on se replie donc sur une marque propriétaire, Transformers (on le sait, Habsro souhaite créer un véritable « Hasbroverse » et compte même ouvrir un parc d’attraction sur ses licences).
Notons que malgré ce tableau plutôt sombre, le jeu de société se porte quant à lui plutôt bien : le Monopoly et Magic the Gathering continuent de progresser, et Hasbro Gaming est bénéficiaire sur Dungeons & Dragons mais aussi… Jenga ! Les grands classiques restent prédominants, notamment sur les listes de Noël. 

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Le grand rival, Mattel, après de grosses difficultés voit enfin ses ventes reprendre du poil de la bête. Ils ont par ailleurs annoncé en septembre dernier la création d’un studio de production audiovisuelle, Mattel Films, dirigé par Robbie Brenner (productrice de Dallas Buyers Club notamment). À l’instar des Hasbro Studios, ce développement leur permettra de ne plus être tributaire de l’actualité de licences par ailleurs coûteuses.

 

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I comme Innospiel, récompense récemment créée qui a fait parler d’elle cette année : il s’agit du prix de l’innovation du Spiel (news) qui a salué un jeu autrefois édité par Witty Games, à savoir Cool Runnings signé désormais chez le grand Ravensburger, comme quoi les ré-éditions permettent toutes sortes de rebondissements dans la vie d’un jeu !
À noter que l’Innospiel vient s’ajouter à une liste de prix existants déjà extrêmement longue : Spiel, As d’or, Deutscher Spielepreis (un peu terni cette année cf news), International Gamers Award, Golden Geek, Origins Award, Ludolabel, Jogo do Ano, Canadian Game Design Award, Gioco dell’Anno, JdA, Les 3 Lys, Meeple’s Choice, Swiss Gamers Award, The Dice Tower Gaming Award, Grand prix du Jouet, Ludia, Trophée Flip, Double 6, Jokers, prix des boutiques ludiques, Diamant d’or (voir les nominations pour 2019) et tant d’autres à travers le monde que nous oublions… 

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J comme Jamey Stegmaier, le papa de Scythe (lire notre dernière itw, en octobre dernier). Scythe (notre test) fait partie de ces très rares références à réussir l’exploit de continuer à engendrer énormément de trafic sur BGG deux ans après sa sortie, comme s’il était encore tout neuf, sorti du cello, malgré la houle incessante de titres concurrents. Son secret ? Partir haut et ne jamais laisser retomber le soufflé. Scythe a maintenu l’intérêt et la curiosité des joueurs par des extensions multiples (Encounters, Rise of Fenris, The Wind Gambit, Invaders from Afar) à l’instar de Terraforming Mars (test du jeu), ainsi qu’une version enfant qui n’est pas passée inaperçue : My Little Scythe. Une autre façon de faire vivre le jeu de base (on sait que les sorties d’extensions ou de spin-off relancent toujours un regain d’intérêt pour les boîtes de base). Entre envie d’approfondissement authentique, marketing pur ou suivi éditorial, les bénéfices sont ine fine les mêmes : que les joueurs ne se lassent jamais de leur jeu en proposant une expérience qui reste fraîche et maintenir par là même le buzz autour du titre.

 

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K comme Kickstarter bien sûr, le lieu où le j2s a toujours été comme un poisson dans l’eau ! Le pledgeur en 2018 est mieux renseigné et plus exigeant que jamais, souvent avec une ludo déjà bien remplie derrière lui d’ailleurs. Conséquence directe, comme nous le dit Gougou : “Les campagnes ne peuvent plus se contenter d’être des pages d’un catalogue.” Un succès est à la fois dû à la qualité du jeu en termes de game design et de matériel, mais aussi à la force de persuasion d’un porteur de projet et de son implication personnelle. Toujours Gougou : “Par exemple, le carton du reprint de Deep Madness est autant dû à la qualité du jeu lui-même (gameplay ET matériel) que de celle de la communication pendant et post campagne, que je n’hésite pas à qualifier d’exceptionnelle, surtout pour un tout nouvel éditeur.”

Bilan, il n’y a pas eu de gros record battus cette année, mais une myriade de petits projets qui ont porté leur fruit, ça oui. Le public KS répond manifestement plus présent que jamais, mais est sans doute devenu plus éclectique au passage. Par ailleurs, il est à noter que le public français profite de plus en plus de versions multilingues, même s’il s’agit souvent que d’un PDF à imprimer, on a rarement vu autant de projets aussi internationaux que cette année et les partenariats de localisation se multiplient.

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Notons enfin que la tentative, courageuse, de Monolith de démontrer que la plateforme pouvait être qu’un simple site de vente en ligne comme un autre (nous écrivions une tribune sur le sujet) s’est finalement soldée par un résultat pour le moins en demi-teintes avec 7 700 contributeurs convaincus.
Une campagne KS suit un certain nombre de codes, et le constat est là – pour citer une dernière fois Gougou – : “Il n’y a aucun exemple de grosse réussite (disons plus de 10 000 backers ou 1 M$ minimum), hors extension ou reprint, d’une campagne qui ne respecte pas les « codes » de KS”. Codes sur lesquels nous revenons d’ailleurs avec Gougou, pour vous les décrypter, au sein d’une toute nouvelle rubrique dont le premier numéro est à lire ici : Participatif ludique, ce monde impitoyable (ou pas) : les différentes plateformes.   
  

 

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L comme licences : 2018 a vu l’échec et mat de « Luma » (chez Ludonautes, voir notre interview), mais le démarrage d’une nouvelle entité, “Asmodee entertainment” (news) avec des partenariats forts pour de la création de films, de séries télévisées (nous parlions de Netflix plus haut), de bandes dessinées et de romans. On attend donc notamment les films de Mice and Mystics et des Colons de Catane ! Après le roman des Loups-Garous de Thiercelieux, nous devrions prochainement pouvoir lire d’autres aventures ludiques, mais on ne peut pas en dire plus pour l’instant… Bref, en 2019, attendez-vous fortement à voir du jeu de société en dehors de vos tables !

 

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M comme Madame Sophie Gravel, à la tête de la maison d’édition Plan B, qui a racheté Trictrac cette année. Etonnant tournant quand le plus gros média ludique francophone devient une boutique de j2s en ligne (c’est d’ailleurs sur Ludovox que vous avez pu le lire en premier, dès le mois de mars – news).
La nouvelle orientation du média, devenant à la fois éditeur et boutique, n’a pas été sans heurts dans le monde du jeu francophone, mettant à mal quelques anciens partenariats et nécessitant au passage la redéfinition de ses relations avec les autres acteurs, devenus, de fait, soudain concurrents. Une page se tournait, mettant en évidence les difficultés de financement pour les médias professionnels, malgré, nous le disions plus haut, leur place importante, centrale, dans l’industrie (à lire : notre édito sur les critiques et les influences).   

 

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N comme Nostromo : Une affaire qui a fait grand bruit en avril dernier et aura souligner deux éléments importants pour les auteurs : le fait que le meilleur remède contre la copie reste aujourd’hui manifestement le bouche-à-oreille, et parallèlement à cela, la nécessité de faire reconnaître juridiquement le jeu de société comme oeuvre de l’esprit (actuellement, la règle du jeu n’est pas reconnue comme étant l’élément le plus important devant un juge). De ce côté là, La Société des Auteurs de Jeu (SAJ) travaille sur un document qui traite de la propriété intellectuelle appliquée aux jeux de société (ainsi que des contrats d’édition, mais c’est un autre sujet) et tout cela sera normalement publié pour FIJ 2019 (22 au 24 février 2019).

 

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O comme « OK games » (ou originalité, ça marche aussi). Essen a vu un nouveau record de jeux proposés au public mais parmi eux, combien de titres dispensables ? Et combien de jeux seront tombés dans l’oubli un mois, un an après leur sortie ?
“OK games” désigne toute cette catégorie grandissante de jeux qui reprennent des recettes établies, mais sans ajout de grain de sel ni folie, offrant une saveur déjà moult fois goûtée par les amateurs de la chose ludique. D’un point de vue purement « ludographique », ce sont des jeux qui tournent mais qui n’apportent rien, et devant l’agrandissement de l’offre et l’amincissement proportionnel de la place sur nos étagères, cela ne suffit plus. En 2018, la question que l’on s’est posée désormais quand on découvrait un jeu était bien celle-là : “Est-ce qu’on a vraiment besoin de lui ?”

 

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P comme PAI Partners. Il y a quelques années de ça, un fonds d’investissement, Eurazeo, achetait Asmodee. Cela en avait fait couler de l’encre : on s’inquiétait pour le devenir du jeu – que l’on craignait devenir encore plus mercantile et moins créatif –, on essayait de se rassurer sur la santé du géant et les possibles restructurations engendrées. Puis, cet automne, un autre fonds, PAI Partners (Paribas Affaires Industrielles), rachetait Asmodee. Les bruits couraient depuis un moment déjà et l’annonce n’a pas beaucoup surpris. D’Asmodee en 2018, on retiendra aussi l’Asmodee research (« game in lab » notre article), mais aussi l’explosion d’Asmodee digital (itw), qui est véritablement parti à la conquête des consoles de salon (PS4, Switch). Pour l’instant, en interne, le changement de proprio n’a pas bousculé le quotidien nous confie José Chaves, chef de projet chez Asmodee. “On va voir comment commence l’année prochaine”. À suivre …

 

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Q comme Questions ! Cette année, nous avons conduit nombre de belles interviews, comme cet échange écrit avec Bruno Cathala, ou cette rencontre vidéo avec Piero à Essen par exemple. À vue de nez, on a dû poser plus de 2500 questions en 2018, gens curieux que nous sommes. Que de rencontres et de découvertes ! Grand merci à tous ceux qui nous ont accueillis sur leur stand, à tous ceux qui sont venus jusqu’à nous aussi, merci d’avoir pris le temps de nous répondre, d’échanger, et de partager votre vision du jeu et du marché…  Merci aussi à La Radio des Jeux, qui a invité Sha-Man et moi-même en juin dernier (épisode à écouter ici) ! Pour une fois, c’était Ludovox qui répondait aux questions 🙂 Cette tribune nous a fait beaucoup de bien : cela nous a permis de développer notre vision et d’expliquer nos contraintes devant un grand nombre d’auditeurs. Une superbe expérience, pleine de retours encourageants (et de soutiens sur notre Tipeee !). Merci !  

 

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R comme Règles. Les règles du jeu reviennent souvent au coeur des débats entre joueurs. Mal écrites, trop longues, trop denses, pas assez bien expliquées, zones d’ombres, lexique mal déterminé… Les règles peuvent s’avérer une véritable barrière entre le jeu et les joueurs. Le jury du Spiel des Jahres exprimait, lors de la publication de sa liste de sélectionnés, la nécessité de concevoir des règles correctement car elles peuvent tout bonnement ruiner un jeu autrement très bon. Nous consacrions un édito à ce sujet (“un jeu dont les règles sont illisibles est un jeu mort”) : “Nombre de jeux sont lancés sur le marché ou livrés aux backers trop tôt, avec un livret peu playtesté (et manifestement jamais en aveugle), parfois ostensiblement traité comme la dernière roue du carrosse”. Heureusement, le monde du jeu ne reste pas totalement les bras croisés. Vidéos d’explication (Gaming Rules, Watch it played…), consulting spécifique sur les règles (Gaming Rules) ou tutorialisation (Dized), pour les éditeurs, la règle devient un art technique et parfois externalisé. Sur Ludovox, nous vous proposons les Ludochronos qui permettent de débroussailler le terrain (voire plus si affinités, selon les calibres des jeux), les Règles Express qui permettent de se remettre en selle rapidement, et bientôt… non, on ne spoilera pas !

 

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S comme Solo : on a observé une véritable explosion de l’offre et de la demande autour du jeu solo ou plus précisément du mode solo, car le jeu pur solo reste quant à lui très rare. Ce graphique, publié sur BGG en octobre dernier venait confirmer cette impression, son auteur, a pris les 1 000 jeux les mieux notés de la base de BGG et examiné comment les configurations proposées évoluent au fil du temps (entre 2000 et 2018).

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Le constat est clair !
Sur Ludovox aussi, nous avons pu voir avec quel enthousiasme vous avez accueilli notre nouvelle rubrique dédiée à la question (Solo is Beautiful). Faut dire que devant l’augmentation incessante de nos ludothèques se crée souvent une frustration : celle de ne pas pouvoir jouer assez, faute de trouver les joueurs ou de planning concordant. Le mode solo permet au passionné de pouvoir jouer sans attendre, sans contraintes, dès que l’envie survient. Bon évidemment, un jeu de société sans société, l’ambiance n’est pas la même, mais le plaisir du défi ludique peut être bien présent, à condition que le design du mode solo ait été réellement pensé et non ajouté à la dernière minute comme simple argument marketing…

 

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T comme testing team, notre dreamteam ludique que nous saluons fort chaleureusement, aka Alendar, Alstar, Angie, Cormyr, El Cam, ElGringo, Eolean, Galeelox, Grovast, Izobretenik, MeepleCam, M3th, Morlock, TSR, Wraith, Yann, Ziold, et Zuton, tous fidèles au poste (certains depuis nos débuts), toujours prêts à nous aider pour dépiler des montagnes de j2s et nous donner leurs précieux avis et conseils. Et puisqu’on parle dreamteam, nous saluons également TheGoodTheBadAndTheMeeple et son podcast incontournable, Mister Gougou et sa chronique hebdo dont vous ne pouvez plus vous passer sur le participatif, et le talentueux Nem et ses strips qui mettent les joueurs à nu ! Bref, une belle équipe sans qui nous ne serions pas Ludovox…  
Une bise également à ceux qui nous ont rejoints dernièrement, Keltys et Thielcalys (car rien ne vaut un peu de sang frais !) ainsi que monsieur Mattravel et ses Règles Express qui cartonnent !

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Aujourd’hui, vous le savez sans doute si vous nous suivez, Ludovox tourne grâce à Sha-man & votre humble serviteuseresse, mais aussi Atom, Fredovox, Fouilloux, Umberling et prochainement une nouvelle personne qui nous rejoindra en janvier et dont nous vous reparlerons bientôt ! Suspens…
Stay Tuned!

 

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U comme « Unique Game ». Un jeu unique au monde, une expérience vécue par nul autre, voilà la promesse que fait le Unique Game, un peu à l’instar du Legacy qui lui propose une expérience finale unique alors que le Unique Game propose un jeu unique à la base (pour en savoir plus, lisez cet article sur la genèse du concept). Expérimentée pour l’instant sur Keyforge et Discover, le concept de Unique Game s’appuie avant tout sur de l’algorithmique et de la génération procédurale. Défi d’édition monumental (et plutôt bien relevé) par FFG, mais qui ne parvient pas à faire oublier des bémols comme l’absence d’un livret de règles complet, et les questions floues sur l’équilibrage (pour Keyforge), et la solidité narrative des parties disjointes (pour Discover). Si pour l’instant à la rédac on n’est pas encore 100% convaincus par ces premiers pas, il n’en reste pas moins que c’est une innovation certaine, une milestone du monde du jeu. À voir sur l’avenir : on reste curieux (évidemment).

 

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V comme Vol sur Essen. Steal this Game, le retour (news). Cette fois-ci c’est Artipia et Hub Games qui se font tirer leur caisse. Malgré un certain goût pour la sécurité, il est impossible pour les organisateurs de festival de s’assurer des bonnes intentions de chacun, et le volume de visiteurs ne faisant qu’augmenter… Cependant, cette année un des membre du petit groupe de voleurs en série s’est fait attraper, mettant fin à cette opération qui commençait sérieusement à courir sur le haricot des exposants. Pour combler le manque à gagner, Artipia a lancé un Kickstarter (à l’instar de Ludicreations, qui avait vécu une déconvenue similaire en 2016) et ce sont les passionnés qui ont rattrapé le coup… et généreusement, puisque l’éditeur a récupéré plus de 25 000 $. Une bonne affaire au final ! On espère tout de même que des mesures seront prises par l’organisation pour éviter ce genre de désagrément en 2019… De quoi, en tout cas, ternir l’esprit de fête qui règne sur Essen.

 

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W comme Wolfgang Warsch, son année, c’est indubitable ! L’auteur était totalement inconnu au bataillon, et voilà qu’en mai 2018, il se retrouve soudainement projeté sous les projecteurs de la plus grande scène ludique internationale, celle du Spiel des Jahres (news) avec pas moins de trois nominations pour The Mind, Très futé, et Les Charlatans de Belcastel. En face de lui, on retrouve notamment Michael Kiesling, de la vieille garde ludique, heureux créateur de Azul et du Bien & le Malt tous deux en lice également (il l’emportera d’ailleurs avec Azul contre The Mind, mais Warsch décrochera tout de même son premier Spiel avec Les Charlatans).
Ce jeune auteur, fort de ses idées innovantes et désarmantes de simplicité a depuis ce début de carrière tonitruant su continuer à proposer des titres aux concepts rafraîchissants (nous parlions de Subtext dernièrement qui sera localisé par Act In Games chez nous en 2019). Assurément voilà un homme à suivre…

 

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X comme Red Light: A Star is Porn. Comme pudiquement indiqué par le titre, il s’agit d’un jeu classé X – un jeu de plis italien – avec des illustrations du fameux Manara, produit en collaboration avec Pornhub. Réédition du déjà fort coquin Squillo, Red Light aura défrayé la chronique avec son sujet sulfureux mais a au moins le mérite de proposer une mécanique qui ne soit pas une énième resucée (si vous nous passez l’expression) de Cards Against Humanity (coucou Limite limite, BMC et compagnie). En 2018 les jeux n’ont plus de taboo, on parle de tout, quitte à parfois sombrer carrément dans le racoleur ou le putassier (Lâche pas la savonnette qui rit gras du viol en milieu carcéral… moué). Et sinon, à quand un jeu sexy avec une approche de game design vraiment ambitieuse ? Un Fog of Love en un peu plus… entreprenant ?

 

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Y comme le chromosome Y, celui qui fait que vous êtes, oui vous qui me lisez – très probablement – un homme, plutôt qu’une femme. Pourquoi ? Parce que les hommes, et en particulier, les hommes blancs, sont encore en 2018 très largement majoritaire dans le hobby. Nous le savions déjà, mais c’est ce qu’a prouvé très clairement une étude poussée effectuée par la journaliste Tanya Pobuda.
Les auteurs de jeux de société sont d’après ces recherches basées sur les datas de BGG, pour plus de 81%, des hommes blancs. 
Dans une analyse de la représentation et de l’inclusion des femmes dans le hobby, Gil Hova (The Networks) a déclaré que « … sans être ouvertement hostile aux femmes, il y a encore un tas de cordes invisibles qui empêchent de nombreuses femmes de s’adonner à ce passe-temps. Le manque de représentation dans les couvertures artistiques a été identifié comme un des obstacles qui empêchent les femmes de se sentir incluses ou de vouloir participer. » Une autre étude a révélé des résultats similaires. Et c’est vrai qu’il y a encore des progrès à faire… Pour preuve, les animaux & aliens ont plus de covers dédiées que les femmes ! Voyez vous-même :

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Nous abordions ce sujet toujours épineux (à en juger par le nombre de commentaires…) lors d’un Edito cette année : Le jour où je n’ai pas trouvé de personnages masculins dans un jeu, en parlant de One Deck Dungeon qui ne propose que des héroïnes à incarner. Amusant de remarquer que Tanya Pobuda part également de ce jeu-là (et des bien tristes reviews et polémiques que son parti pris éditorial a soulevé…) pour expliquer le besoin de mener son étude sur la représentation. Malgré des résultats chiffrés plutôt écrasants, elle demeure optimiste : aimer jouer en société signifie être capable d’apprendre, de faire preuve de fair-play, d’analyser, de trouver des solutions. « J’espère que la discussion se poursuivra et qu’en tant que communauté, nous trouverons un moyen de résoudre le problème de la marginalisation, d’assurer l’inclusion et d’atteindre la diversité. Ce n’est qu’à ce moment-là que notre hobby s’améliorera vraiment. » conclut-elle. 

 

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Z comme Zzzz… La fin d’année approche, et les vacances avec ! On espère que vous aurez l’occasion de vous ressourcer, de vous reposer et de vous retrouver avec vos proches pour des parties endiablées de jeux de société… et nous pensons bien en faire un peu autant ! 😉

Très belles fêtes de fin d’année à tous nos lecteurs de la part de toute l’équipe du Vox ! Merci d’être toujours plus nombreux à nous suivre ! 

 

 

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Merci à Atom & Umberling pour le coup de main ! 🙂

 

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13 Commentaires

  1. Grovast 27/12/2018
    Répondre

    Dire qu’on se fait chier 365 jours alors qu’on aurait pu hiberner et juste lire cet édito 😉

    Et puisque personne ne me l’a demandé, voici mon top 2 des lettres pour cette année :

    D comme Decrypto

    O comme « OK games » […] combien de jeux seront tombés dans l’oubli un mois, un an après leur sortie ?

    Ca fait DO. Hasard ? je ne crois pas.

     

    • Shanouillette 27/12/2018
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      DO ? comme la première note de la gamme tempérée ? ou comme dans Lido ? tu parles d’une danseuse ? 😀

  2. Grovast 27/12/2018
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    Et j’ajoute un complément pour le E comme Edito : cette année 2018 aura vu une floppée de sujets traités de brillante manière dans ces articles. Bravo à la rédac pour la qualité de ce contenu qui fait une sacrée plus-value.

    • acariatre 27/12/2018
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      Complètement d’accord avec M. Grovast : un contenu riche et des éditos très réfléchis qui font beaucoup de bien au jeu de société.
      En deux mots : B comme Bravo et M comme merci !

  3. Meeple_Cam 27/12/2018
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    Moi, ça sera T comme Testing team, parce qu’on est une belle team et qu’on essaye d’analyser les jeux plus en profondeur que juste « J’aime/J’aime pas », sous les yeux avisés de nos redacs chefs.

    Et E comme Edito, parce que, quand même, les éditos, ils posent des sujets avec rigueur et pertinence, mettent les pieds dans le plat de manière réfléchie. Et c’est ça la force de Ludovox : un média d’analyse de notre passion.

    • Shanouillette 27/12/2018
      Répondre

      Merci ! Oui T comme Testing team je ne pouvais pas vous rater :)) avec tout le bon travail que vous produisez, Ludovox ne serait pas Ludovox sans vous !

  4. Zuton 27/12/2018
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    Encore un bel edito, riche et complet ! L comme Ludovox qui devient incontournable, une belle récompense pour le travail titanesque accompli encore cette année par la rédac’ ! Des nouvelles rubriques et chroniques intéressantes, du contenu varié avec divers acteurs, on en redemande ! Bravo à vous tous !

  5. Glom 27/12/2018
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    Merci à toute l’équipe, vous êtes des passionnés et ça ce voit. Je n’imagine même pas les heures de travail. Continuez comme ça, ça fait plaisir.

  6. Abbadon 27/12/2018
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    Y comme Yahndrev et ses vidéorègles si précieuses. Je remarque d’ailleurs que depuis quelques temps, les nouvelles n’apparaissent plus dans le fil d’actus. Vous ne collaborez plus ensemble ?

    Bon je navigue essentiellement par téléphone alors c’est peut-être moi qui passe à côté. Je précise cela car pour avoir accès aux excellents articles de Shanouillette, je suis obligé de faire défiler touuuut en bas de l’écran, ce qui est peu pratique…ou alors c’est que je suis (plus que sûrement) une quiche et que je ne sais pas faire autrement aussi.

    Bref, merci pour votre formidable travail, vos tests, vos just played et autres ludochrono.

    Tous les lundis, bien que je ne suis pas un pledger/backer sur KS, j’attends la rubrique sur le participatif, me délectant des jeux proposés et mis en avant, des jeux que je n’aurais probablement jamais d’ailleurs mais tant pis, c’est toujours un plaisir à lire.

     

    Bon réveillon à toute l’équipe !

  7. Gabbri 28/12/2018
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    ☆ comme longue vie à Ludovox !

  8. ReiXou 31/12/2018
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    Superbe bilan et très bonne année 2019 à Ludovox

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