Gencon 2018 : L’extension du désir
Hot hot la Gencon 2018 approche à grands pas ! Mais va-t-il y avoir de bons jeux ? C’est probable ! Plus de 400 titres sont déjà entrés dans le listing BGG et comme chaque année je suis allée trier un peu tout ça pour vous. Bien entendu, ce travail se fait en se basant sur l’intuition et les buzz qui bourdonnent plus ou moins fort, mais tant qu’on y a pas joué, notez bien qu’aucun jeu n’est un bon jeu ! Diantre, n’y a-t-il pas de présomption d’innocence ? Et bien non ! Mouhahaha ! ! Aheum. N’y voyez pas seulement du pur sadisme. Devant la multiplicité de l’offre ludique, il est bien normal que nos filtres s’endurcissent. Sortir des jeux corrects (les “ok games”), beaucoup y parviennent, mais des titres qui méritent réellement d’être attendus parce qu’ils apportent quelque chose qui n’existe pas déjà, c’est une autre paire de manches. Alors, que se profile-t-il, et qu’est-ce que les gamers outre-Atlantique attendent de pied ferme, qu’avons-nous repéré à deux semaines de l’événement ?
Larger than life
Le constat est clair : les joueurs Outre-Atlantique montrent un intérêt confirmé pour les jeux qu’ils ont pledgé et, fidèles dans leurs engagements, semblent toujours contents de trouver des extensions pour leurs boîtes aussi larges et bien remplies fussent-elles déjà, jugez plutôt : Gloomhaven, Scythe, Sword & Sorcery, Glorantha The Gods War, Cthulhu Wars, Too Many Bones et allez citons même Dinosaur Island, voilà des gros jeux qui vont tous avoir des extensions fortement attendues par leurs fans.
Pourvu qu’on batte la campagne
Une des nouvelles tendances qui se dessine, c’est l’extension qui rend l’expérience de base plus narrative, avec un mode campagne ajouté (cf. Rise of Fenris : le legacy gagne Scythe). Personne n’y échappe ! Tenez, par exemple les jeux de cartes (comme Brass Empire le deckbuilder dont l’extension est très attendue) proposent souvent des extensions qui permettent de débloquer les nouvelles cartes petit à petit. En réussissant des défis imposés, vous ouvrez alors de nouvelles enveloppes qui vous donnent accès aux éléments qui se rajoutent progressivement de sorte qu’à la fin de la campagne vous avez votre extension complète.
Y aura-t-il toujours une vraie narration, un sentiment de progression satisfaisant ou s’agit-il juste d’un gimmick artificiel pour s’inscrire dans la tendance narrative actuelle ? Chaque boîte aura sa réponse.
Dans le genre “classique” remis au goût du jour et mâtiné gaiement de legacy spirit, on pense à la sortie imminente de Ultimate Werewolf Legacy. Dans cette nouvelle version du jeu des loups-garous se trouve un journal intime surdimensionné de plus de 80 pages (photo ci-dessus), qui guidera le maître du jeu à travers chaque session. Les joueurs peuvent picorer dedans pour des sessions individuelles, mais idéalement ils joueront toutes les sessions en mode campagne. À la fin de la campagne de seize parties, le journal sera un compte-rendu de ce qui s’est passé exactement dans votre village. Le loup-garou repensé par Ted Alspach et Rob Daviau himself sera en vente à la Gencon du côté de Bézier Games.
Si on regarde du côté des Legacy, on a forcément une pensée aussi pour The Rise of Queensdale (vendu chez Alea sur le salon) qui malheureusement, ne sera finalement pas traduit par Ravensburger France aux dernières nouvelles…
Vous voulez du vrai bon narratif ? Alors quoi de mieux que de retourner dans nos bibliothèques chercher nos livres dont vous êtes le héros ? C’est exactement ce que Z-Man s’est dit manifestement ! Le collectif d’auteurs Prospero Hall (Conex, Kero…) a planché sur une nouvelle version du livre-jeu par excellence et délivre ici un premier tome, “House of Danger”. Une expérience narrative basée sur l’idée classique des livres dont vous êtes le héros avec du contrôle de compétences type RPG en plus, jouable de 1 à plein, et rejouable si vous souhaitez explorer toutes les pistes possibles… Les nostalgiques du Loup solitaire qui à la fin des années 80 découvraient l’Oeil Noir entre deux parties de NES, vont être nombreux au rendez-vous, je vous en donne mon billet !
En un mot comme en cent, il est clair que les buzz pré-Gencon18 sont dans la continuité de ceux d’hier. Pour vous en convaincre, regardez ce qui attire les likes des joueurs aujourd’hui : l’extension Terraforming Mars “Prelude”, celle de Great Western Trail “Rails to the North” (on reviendra sur ces deux-là plus en détail ci-dessous) ou “Forgotten Circles” pour le grand Gloomhaven, mais encore le prochain Clank!in!Space!, la nouvelle mouture Century (“Merveilles orientales” cf preview), l’extension Kingdomino (Age of giants – cf vidéo), celle de Sagrada pour jouer à 5 ou 6, mais aussi A new Dynasty, qui n’est autre que l’extension pour Imhotep, la version enfant de Scythe (My Little Scythe, peut-être le titre le plus attendu de la liste présente pour ma part, et oui j’assume !), la version Grail Games d’un Tigris & Euphrates un peu remanié (nommée Yellow & Yangtze), la deuxième extension de l’excellent Onitama Way of the Wind, qui décidément fait un joli parcours aux US…
2018, une année pauvre en créations pures ? En juillet, il est encore trop tôt pour le dire (et oui, la vraie rentrée, c’est octobre ! Et FFG nous garde peut-être des jolies surprises au frais à cette heure-ci…espérons !). Mais la Gencon permet de faire un point à mi-parcours sur l’année qui donne déjà quelques indications. Heureusement qu’il y a la mini tornade The Mind pour venir bousculer nos certitudes !
Du sang neuf
Regardons côté Canada, car du vrai neuf se profile chez Plan B (pas juste des dérivés d’Azul :p) avec Reef dont nous vous parlions en détail dans cette news dédiée, successeur d’Azul donc, en tout cas prochain, mouvement sous la marque Next Move. Aura-t-il le même succès que son fameux prédécesseur dont tout le monde parle depuis Essen dernier ? Impossible à prédire tant les facteurs provoquant le succès d’un titre sont plurivalents, mais sur le papier, son game design est très prometteur.
Pendant ce temps Eggertspiele (donc Plan B aussi depuis le rachat, faut suivre !) prévoit la sortie de Coimbra, jeu de draft de dés signé Flaminia Brasini et Virginio Gigli (les italiens cachés derrière Lorenzo et Egizia) duo d’auteurs proposant un « nouveau mécanisme de sélection d’actions » nous dit-on.
On vous en parlait rapidement par ici en début d’année, mais nous ne connaissions pas encore le mécanisme en question. En deux mots voilà de quoi il s’agit : Vous lancez des dés, puis à votre tour, vous en choisissez un dans le lot, sachant que la valeur de ce dé donne l’initiative de l’ordre du tour pour les achats de cartes (plus la valeur est haute plus vous jouerez tôt et pourrez choisir ce que vous voulez) mais correspond aussi au prix de la carte que vous souhaitez acheter. (Bon, jusqu’ici on ne dira pas que ça fait un peu penser à Jorvik de Stefan Feld). La couleur du dé définit quant à elle l’avantage auquel vous pourrez avoir droit ensuite. En tout cas, la patte de Chris Quilliams a encore frappé côté illustrations, la cover est chatoyante !
Ensemble, c’est tout.
La coopération est toujours la hype du moment. Quelques preuves ? C’est parti !
The Reckoners, kickstarté par plus de 3000 backers sera disponible à la vente (chez Nauvoo Games) sur le salon pour environ 100$. Basé sur le premier opus de la fiction en trois tomes de Brandon Sanderson baptisée Coeur d’acier chez nous, le jeu est un coop’ en simultané. Vous jouez les Redresseurs (les Reckoners donc), un groupe d’humains ordinaires qui se consacrent à étudier les Epiques, ces super-héros aux grands pouvoirs mais aux intentions mauvaises. Votre objectif ? Contenir les menaces, trouver de quoi fabriquer des armes spéciales, comprendre le point faible de celui qui a fait main basse sur la ville, ce redoutable Epique surnommé Coeur d’Acier. Vous décidez ensemble de ce qu’il faut faire via un mécanisme de jets de dés simultanés où chacun peut conserver et relancer jusqu’à trois fois et à son propre rythme les dés qu’il souhaite. Avec les bons équipements, vous serez capables de booster ou relancer vos dés. Puis, les actions sont résolues toujours en simultané, autant dire qu’il faudra bien se coordonner pour ne pas avoir de mauvaises surprises…
Autre exemple coopératif très attendu par le public américain, Forbidden sky, le dernier né de la saga des Forbiddenquelquechose d’un des maîtres de la coopération, aka Matt Leacock. Dans L’Île interdite, les tuiles étaient retirées, dans le Désert interdit, elles se déplaçaient, maintenant elles sont ajoutées, de façon un peu similaire à Carcassonne, mais en plus contraignant car vous ajoutez seulement là où se trouve votre pion. Le but du jeu est de compléter un circuit électrique pour alimenter votre vaisseau spatial. Oui oui ! Et croyez-moi ou pas, la fusée s’allume pour de vrai si vous y parvenez. On vit une époque formidable !
Les américains attendent également le prochain Portal, Detective: a Modern Crime Boardgame un autre coopératif qui sera en vente à la Gencon. Evidemment qu’ils l’attendent, c’est du Portal tout de même. Nous l’attendons aussi d’ailleurs. Mais nous serons patients. La version Iello arrive, toute traduite, nous vous le disions récemment, c’est prévu pour la mi-novembre. Avec, espérons-le, un livret de règles plus digeste que les précédentes publications de l’éditeur-auteur polonais Trzewiczek (nom pour lequel la fonction copier-coller prend tout son sens). Storytelling, déduction, coopération, partie connectée à internet, le menu de ce Detective est en tout cas très alléchant.
Toujours dans les jeux policiers coop’, sachez que les visiteurs de la convention pourront aussi s’essayer à Chronicles of Crime (et nous on attend sa livraison de pied ferme !).
Vous n’avez peut-être jamais entendu parler de Nyctophobia mais aux US le jeu va connaître deux itérations cet été : Une qui (aux US) sera exclusive aux magasins Target (tel le prochain Laukat, Megaland), et l’autre qui sera présentée à la Gencon. À quoi avons-nous à faire ? Un coopératif qui propose une expérience de survie en milieu hostile puisque vous devez vous échapper d’un prédateur type vampire ou psychopathe dans une forêt ténébreuse. Qui a peur du loup ? C’est pas nous ! Dans Nyctophobia vous avez surtout peur du noir qui vous entoure. L’autrice Catherine Stippell a eu l’idée après des années de jeux partagés avec son oncle aveugle. En effet, les joueurs ne peuvent pas voir le plateau (leurs yeux sont masqués) et doivent compter uniquement sur le toucher, la communication, la mémoire et la compréhension du puzzle spatial pour naviguer en toute sécurité tandis que le joueur qui joue le prédateur, lui peut voir, et tente de les attraper jusqu’à faire tomber les points de vie d’un joueur à zéro.
Dans la version Vampire du jeu, les joueurs doivent sauver un PNJ mais manque de bol, le vampire peut agir sur le mouvement des gentils aussi. Dans la version basique du jeu, le joueur Chasseur peut incarner soit un magicien qui pourra jouer toutes sortes d’actions visant à perturber les autres joueurs comme déplacer les arbres ou tourner le plateau, soit un vrai psychopathe à la hache qui se contentera d’abattre les arbres pour atteindre ses proies plus rapidement. Cette version sera dispo à la Gencon sur le stand de l’éditeur, à savoir Pandasaurus Games.
Bon, je passe sur le Codenames Harry Potter, et je mentionne rapidement Fantastic Beasts Perilous Pursuit, petit jeu signé USAopoly (aka les rois de la licence), basé sur les animaux fantastiques qui n’est autre qu’une ré-édition du stop ou encore Rollers sorti initialement en 2016. Côté licence et coopération toujours, citons pour finir RWBY, jeu tiré du manga éponyme, où chaque joueur incarne un héros avec son propre set de cartes. Pour chaque partie vous choisissez votre “scénario” qui vous indique quel méchant il va falloir rosser. Les combats répondent tous à un ensemble de règles particulières et peuvent inclure un ou plusieurs objectifs.
Voilà, ça suffit comme ça les coopératifs maintenant. Je ne vous parle pas de l’étonnant Holding On The troubled life of Billy Kerr, puisqu’il y a déjà une news dédiée, un clic suffira à vous rafraîchir les neurones endormis.
On veut retourner sur Mars, ou jouer aux cowboys nous.
Ça tombe bien, Prelude pour Terraforming Mars et Ruée vers le Nord pour Great Western se profilent.
Deux petites extensions que j’ai déjà mentionnées, mais sur lesquelles on va s’attarder un peu.
Ruée vers le Nord introduit un nouveau système de chemin de fer dans le nord-est des US ( avec des arrêts à Chicago, Detroit et New York, etc) sur lequel les joueurs pourront rivaliser pour devenir le meilleur éleveur de bétail. Le pitch officiel annonce la couleur : “Les affaires sont beaucoup plus difficiles sur ce chemin de fer, donc les joueurs voudront profiter de l’hospitalité amicale en établissant des succursales et en aidant à fondations de villes. En plus du nouveau système ferroviaire, les joueurs découvriront également de nouvelles tuiles, des bâtiments privés et un plateau de jeu élargi pour offrir plus de profondeur dans leur prise de décision.” Pour info, la boîte arrive chez nous à la fin de l’été. Autant dire que ça vaut pas trop le coût d’aller à Indianapolis pour ça.
Côté Mars, la planète rouge brille toujours très fort dans la voûte ludique depuis 2016. Voici donc approcher la troisième extension de Terrafomring Mars. Vous avez maintenant la possibilité de choisir parmi les cartes “Prelude” qui déclenchent le processus de terraforming, ou booster les mécanismes de votre société. La boîte recèle également quelques nouvelles mégacorpo et projets pour renouveler vos sensations de jeu. À réserver aux terraformeurs rodés. Ce Prélude arrive lui fin juillet sur le sol francophone.
Puisqu’on est dans les jeux plus euro, soulignons au passage la présence de Spring Meadow le final de la trilogie puzzle d’Uwe Rosenberg, suite à Cottage Garden (2016) et Indian Summer (2017). Pour le situer, le jeu est moins complexe qu’Indian Summer, mais plus que Cottage Garden, tout en étant le plus interactif des trois. C’est en tout cas ainsi qu’il est présenté. Côté pitch, vous partez en rando et vous devez choisir votre chemin, trouver les terriers des marmottes, et penser à prendre assez de choses à grignoter ! Votre objectif est de décrocher deux édelweiss (ce n’est pas très bien ça de cueillir les étoiles des glaciers, monsieur Uwe !).
Sachez-le, les américains attendent aussi Welcome to… de Benoit Turpin, parce que le roll & write, c’est tendance et très futé. Bon, même si c’est techniquement pas du « roll » ici puisqu’il n’y a pas de dés, mais vous avez compris l’idée : on écrit sur sa petite fiche en fonction d’un élément tiré au hasard (dés ou cartes, même combat !). C’est heureux, car le jeu est bon et il est français (ho un vilain cocorico s’est glissé dans cet article !).
Un autre jeu français est attendu, et sera certainement un gros carton, c’est le prochain Libellud, Shadows: Amsterdam. Après Dice Forge et Attack of the Jelly Monster, les voici revenir sur des bases plus Dixito-Mysteriumiques avec la particularité de ne PAS jouer sur la coopération contrairement à ses aînés (bon, c’est un jeu d’équipe, mais quand même).
Cette fois, vous aurez le stress de faire passer les bons “messages” (sans parler !) rapidement à votre équipe afin qu’elle capte bien vos intentions pour être les plus rapides à résoudre une enquête. Concrètement, un peu comme dans Codenames, il y a dans chaque équipe un maître informateur qui sait tout grâce à une carte de la ville d’Amsterdam, carte indiquant les lieux où son équipe doit se rendre… et les lieux qu’elle doit absolument éviter. Pour indiquer à ses partenaires où se déplacer sur ce plateau modulable entièrement constitué d’images diverses, il fera passer des cartes illustrées à ses coéquipiers et laissera ensuite leur subtil esprit déductif faire le reste.
10 images communes sont mises à disposition des maîtres informateurs, j’ai bien dit communes, il faudra donc être rapide pour récupérer les images qui vous sont utiles avant que l’autre informateur ne s’en empare ! Ensuite, si l’informateur veut que son équipe avance d’une case, il donne à son équipe une image qui devra leur faire penser à la case d’arrivée. S’il veut qu’ils avancent de deux cases, il donnera deux images qui, combinées ensemble, indiquent la case d’arrivée. Ainsi, il faudra récupérer trois indices en évitant les dangers pour finalement se diriger vers une des sorties avant l’autre équipe. De 2 à 8 joueurs à partir de 10 ans, m’est avis que ce Shadows risque bien de ne pas passer inaperçu !
Côté french touch toujours, notons que Matagot aura son Treasure Island en démo (cf vidéo FIJ18) et Blue Orange présentera à la vente trois titres : Blue Lagoon de Knizia, Kingdomino : Age of Giants l’extension du Spiel de Bruno Cathala, et Scarabya (cf vidéo FIJ18) de Cathala & Maublanc.
Pour conclure sur ce point francophone, sachez que Gigamic présentera Kaosmos (nouvelle édition de Mad city de Kane Klenko) et Iello aura son 8Bit Box en démo (itw FIJ et PEL) la sortie étant planifiée à Essen.
On est pas prêts de laisser pioncer Cthulhu
Il est clair vu d’ici que H.P. Lovecraft n’a pas misé sur le fait qu’autant de jeux de société Cthulhiens allaient voir le jour au XXIe siècle, comment l’aurait-il pu d’ailleurs, vu le piètre succès rencontré de son vivant. Et pourtant… Pour cette Gencon 2018, Don’t Mess with Cthulhu Deluxe (c’est comme Time Bomb mais avec des têtes de seiche et des jetons folie – cf notre news) arrive chez Indie Boards & Cards, la famille Petersen continue d’essorer des tentacules avec Cthulhu Wars Onslaught 3, l’éditeur Wyvern aura The Horror In Dunwich en démo sur son stand (extension pour le jeu coopératif de deckbuilding Cthulhu), et n’oublions pas l’étonnant Tower of Madness chez Smirk & Dagger : un jeu avec une grande tour en 3D (photo ci-dessous) d’où s’échappent des tentacules sur lesquelles vous serez amené à tirer pour libérer les billes coincées à l’intérieur de la tour… Une espèce d’action game où vous aurez intérêt à avoir la chance de votre côté. Si vous aimez le push your luck et les Anciens flippants, vous pourriez être intrigué par cet objet ludique.
Et puisque l’on parle de Curt Covert (l’auteur de Tower of Madness, c’est bien vous êtes toujours là) et de Smirk & Dagger, parlons de Smirk & Laughter, une récente émanation de cette maison d’édition, dirigée par mister Covert lui-même. L’idée de ce tout nouveau studio est de sortir des jeux qui permettent de « connecter émotionnellement » les joueurs. Before There Were Stars… qui arrive pour cette Gencon est l’un des premiers nés de cette volonté (avec le plus abstrait KOI).
Il s’agit d’un titre “feel-good” qui vous encourage à raconter des histoires en vous inspirant de cartes. Au fur et à mesure de la partie, les joueurs créent des contes portant sur la création du monde, les origines de la civilisation, l’ascension de grands héros et la fin des temps… Vaste programme ! Vous l’avez compris, l’idée n’est pas tant de marquer des points que de dérouler une belle histoire dont on se souviendra. (Et sinon, vous ai-je déjà dit que le narratif était tendance ?).
Restons côté storytelling un instant et soulignons la présence intrigante du jeu de Brotherwise nommé Call to Adventure de Johnny O’Neal, le papa de Boss Monster. Jeu compétitif où vous aurez pour objectif de développer votre héros (« craft your hero ») afin qu’il obtienne le meilleur score de destin possible au grès de ses aventures. La boîte comprend un système de « rune rolling » pour résoudre les défis, un système à base de points qui encourage la narration et plus de 150 cartes uniques. Cliquez sur la fiche pour en savoir plus mais voilà un titre qu’on se garde de côté…
Pour revenir au chapitre des nouvelles marques, évoquons donc les deux jolies boîtes (kickstartées) qui sortent sous bannière Starling Gales, nouvelle émanation de Game Salute. L’une met en scène des animaux (dans Everdell) et l’autre des magiciens (dans Archmage) et les deux seront présentées en avant-première pour la Gencon. Les deux ont par ailleurs en commun un look très accrocheur, et semblent bénéficier de bons retours de la part des joueurs qui ont déjà eu l’occasion de s’y frotter.
Avec Archmage, nous sommes des magiciens qui doivent parcourir les terres pour récupérer des reliques perdues afin de constituer l’Ordre magique le plus puissant. Vous explorez les lieux sur un plateau formé d’hexagones et déployez vos apprentis. Selon le lieu où vous terminez votre course, des actions diverses seront possibles : livrer des ressources, recruter un nouvel apprenti, se spécialiser dans une magie ou faire progresser vos apprentis via un tableau inspiré du mandala.
Dans Everdell, nous sommes dans un jeu de collection et de pose d’ouvriers où vous aurez à construire votre tableau, rassembler des ressources pour développer votre cité, ce qui apportera petit à petit plus d’options pour vos travailleurs. Il semble que pas mal de combo soit possible, espérons qu’il soit aussi bien que beau !
Autre éditeur qui sort deux jeux pour la Gencon18 : Breaking Games, avec Expancity et Rise of Tribes (Gougou vous avait pas mal parlé de ce dernier quand il était passé sur KS). Le premier, Expancity, est un jeu de placement sur un thème de construction de villes en 3D avec objectifs secrets. « Posez des tuiles commerciales et résidentielles, puis revendiquez-les avec vos immeubles empilables pour créer des tours qui s’élèveront haut sur l’aire de jeu » nous dit le dos de boîte. Rise of Tribes est arrivé chez les backers donc on a déjà plus de retours. Il s’agit d’un jeu de majorité où vous lancez deux dés et pouvez choisir parmi quatre actions (bouger, développer, diriger et rassembler) sachant que la puissance de vos actions dépendront de vos résultats aux dés. Plus que des « ok games » ? À tester !
Ça cartone ?
Côté cartes, Sorcerer sera en démo chez White wizard et le dernier Ascension (baptisé délirium) disponible à la vente. Monsieur Justin Gary est au rendez-vous tous les ans, le voilà encore une fois fidèle au poste. Dans les vieilles marmites… tout ça tout ça. D’ailleurs, à ce sujet, Smash Up, ça vous parle ? AEC en a encore sous le pied ! Seront disponibles Smash Up: Oops You did It Again (où Vikings, Cowboys, Samurais & Égyptiens sont rassemblés) et Smash Up the Bigger Geekier Box pour ceux dont la Big Geeky Box était devenue trop petite (ils ont aussi rajouté un livret qui compile toutes les règles avec les clarifications sur toutes les cartes créées jusqu’ici).
Dans la catégorie thème mimi qui surprend
Les animaux improbables qui boivent du thé. Oui, la tea party est un thème qui perce en 2018. Allez savoir pourquoi. Avec The Tea Dragon Society Card Game en vente chez Renegade, Steve Ellis et Tyler Tinsley signent un deckbuilder choupinou avec des dragons adorables tirés du roman graphique éponyme. Vous traversez les saisons en ramassant des feuilles de thé pour sauvegarder (acheter) des souvenirs (points). Votre dragon de thé a des cartes d’action qui sont soit utiles pour acquérir plus d’actions (feuilles de thé), soit inutiles, vous obligeant à vous défausser.
Et sinon, les autres bêbêtes qui aiment le thé cette année, ce sont les dinosaures bien sûr. Les gus de Restoration Games sont partis sur la base d’un vieux jeu des années 70, nommé Whosit? pour proposer ce petit jeu simple de mémoire et de déduction accessible à partir de 7 ans. Vous êtes invité à la super méga-teuf où tout le gratin des dino boit le thé, trop chanmé. Mais vous êtes pas très physionomiste et avez du mal à remettre les têtes qui vous entourent. Faites pas de gaffe et jouez-la fine ! Chaque joueur prend une carte correspondant à l’un des invités. Les joueurs se posent à tour de rôle des questions ou devinent le nom de leur dinosaure. Si quelqu’un devine qui vous êtes, tirez une nouvelle carte. Le premier joueur qui devine trois noms l’emporte. Oh, et j’oubliais ! Ça s’appelle Dinosaur Tea Party. Évidemment.
Et puisqu’on est dans les animaux (faisons une transition capillotractée) j’en profite pour glisser un mot aux amateurs d’Evolution, le jeu qui vous oblige à transformer vos gentils herbivores en méchants prédateurs pour survivre, vous vous souvenez ? Alors vous serez peut-être heureux d’apprendre qu’un sequel “Oceans” est en préparation. Il s’agit d’un jeu autonome, avec de nouvelles mécaniques, des nouvelles espèces, des nouveaux traits et le tout prend place dans un écosystème marin. On en saura probablement plus d’ici la fin de l’été, puisqu’il sera en démo sur le stand de North Star.
Un certain nombre d’autres titres passés sur KS sont attendus tels que Root, Petrichor, Brass nouvelle édition, mais on conclura ce large panorama avec Founders of Gloomhaven (kickstarté l’été dernier). Le meilleur pour la fin ? Pas si simple. Après l’immense raz-de-marée Gloomhaven, ce city builder compétitif à base d’enchères et de pose d’ouvriers fait déjà couler beaucoup d’encre. Plus les attentes sont hautes, plus le risque de déception l’est aussi. Le principe est simple sur le papier : relier les différentes ressources par des routes pour en construire de meilleures, et les relier toutes à de grands bâtiments centraux pour marquer des points. Mais le coeur de la réalisation ne semble pas aussi épuré qu’avec Gloomhaven... À voir porté.
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TheGoodTheBadAndTheMeeple 18/07/2018
Gloomhaven épuré ? Haha ! Doux euphémisme. C’est quand même un énorme paquet de regles. Founders of Gloomhaven donne le meme sentiment dans un euro game très touffu.
Quel article sinon ! Quel courage !
De mon coté je me contenterai de suivre les avis sur les extensions de GWT, Forbidden Sky et Yellow & Yangtzee.
Shanouillette 18/07/2018
Ouais ça se discute ^^ mais je trouve le moteur de Gloomhaven assez simple au final. En tout cas sur Founders certains retours se plaignent du manque d’épuration, comme si le jeu peinait à être plus que la somme de ses parties, ce qui n’est pas le cas de Gloomhaven.
TSR 18/07/2018
Bravo Shanouillette ! Avec un article comme ça, tu viens de m’économiser un Aller-Retour à Indianapolis et l’hotel, la foule, les hot dogs et les bermudas trop bas révélant beaucoup trop de l’anatomie débordante de leur propriétaire ;-).
Je vais pouvoir rester chez moi à siroter des Mojito 🙂
Shanouillette 18/07/2018
Haha je t’en prie ! Prends un 1 litre et demi de coca dans un verre surdim au lieu d’un Mojito et t’auras l’impression d’y être 😉 #astuce
morlockbob 18/07/2018
Je vais me faire un café et je reprends tout depuis le début…
Shanouillette 18/07/2018
Bonne idée ! Un double allongé me paraît l’idéal.
morlockbob 19/07/2018
vous refaites appel aux canadiens ?
Shanouillette 19/07/2018
Et non malheureusement cette année c’est po possible !
eolean 19/07/2018
Pour ma part, je vais regarder attentivement du côté de founders of gloomhaven et call to adventure qui semble me vendre du rêve. A noter que j’adore les couv de archmage et everdel
snaketc 20/07/2018
Deja quelques minutes pour lire l’article mais surtout après quelques heures pour récupérer des infos complémentaires. Heureusement que je suis en vacances. Merci pour toutes ces informations.
Shanouillette 06/08/2018
A vot’ service ! 🙂
eins 06/08/2018
Je me permets de rajouter que Holy Grail Games était présent en force avec DOminations, Rallyman GT et Titan…
On pouvait aussi jouer à Museum… Sacré programme à venir pour nos nancéiens…
Shanouillette 06/08/2018
Merci pour le commentaire 🙂 difficile d’être exhaustif !