► E.D.I.T.O. Derrière le marronnier de la rentrée

Alors, les cartables sont prêts ? Vous avez une nouvelle paire de baskets ? Vous vous êtes abonnés à la salle de spectacle à côté de chez vous (comme vous dites que vous allez le faire depuis 3 ans) ? Bref, la rentrée se profile bien ?

 

Comme septembre est à nos portes et avec lui une nouvelle année scolaire et ludique, on vous propose une petite colonne éditoriale de rentrée qui fait le tour des infos importantes de cet été. Après tout, vous avez peut-être décroché un peu en juillet/août, et c’est bien normal, avec le beau soleil qu’on a eu ! Alors, qu’est-ce vous avez raté, qu’est-ce qui se passe dans le monde du jeu ?

 

Escaping… 

Pour ceux qui étaient vraiment loin, sachez que les noms des Spiel 2017 sont sortis et cocoricoooo ! Kingdomino (de l’équipe Blue orange et de la main de Sieur Cathala) a emporté le grand gros gras Graal suprême ! Côté jeu expert, c’est Exit le winner, et la bonne nouvelle c’est qu’il est dispo en français du côté des jaunes de Iello depuis le 25 août.

On note que l’escape-game / jeu d’énigmes en temps réel est récompensé par le KennerSpiel des Jahres, comme Unlock! a pu l’être à Cannes. Rien d’étonnant, les escape room fleurissent dans toutes cités de plus de 35 000 habitants ! Le jeu, toujours plus présent dans nos vies, s’installe dans le paysage urbain, et c’est forcément une bonne nouvelle pour des éditeurs de « j2s ». Amusant en revanche de constater que chaque prix (Spiel / FIJ) récompense “son” jeu d’escape room national. Protectionnisme ?  

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C’est le français le meilleur, hein ?

 

Non content de mettre un Spiel en poche, la bande Blue orange & Cathala prévoit une version XL du jeu de base et une suite un peu plus coriace à son titre, j’ai nommé QueenDomino. Comme on est des grands curieux, on a déjà fait le point sur ce futur titre, par ici !

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Le petit, et son papa… Et bientôt la maman…

 

“Untel” rachète “Chose”

Côté distributeur, le marché du jeu de société continue de créer la surprise. Et oui, depuis quelques années, “Untel” rachète “Chose”, “Grand” reprend “Petit”, “Petit” devient “Gros”, “Inconnu devient Indispensable”, et de temps en temps un petit “Michel” apparaît. Régulièrement, tel ou tel jeu passe d’un catalogue à l’autre, naviguant dans un modèle d’exclusivité assez généralisé et restrictif. Bref, dessiner une carte des distrib et de leurs jeux est aujourd’hui une tâche ardue tant les frontières sont en mouvement perpétuel.

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Durant cet été, on aura retenu le rachat de la maison Eggertspiele (responsable de Camel Up, le spiel 2014, en co-création avec Pegasus, mais aussi de Maîtres Couturiers, ou de Great Western Trail) par Plan B (éditeur de Century, fondé il y a peu par Sophie Gravel et une partie de l’équipe de F2Z, déjà responsable de Pandemic Legacy par exemple – cf notre news). Il semblerait donc que ce plan B devienne un véritable plan A ! On aurait pu imaginer un studio qui allait se concentrer sur la création, façon Space Cow-boys, mais ces mouvements-là donnent à penser qu’il s’agira peut-être à terme d’un véritable Filo 2.0.
L’annonce de l’éditeur évoquait que “
l’avenir de la distribution d’Eggertspiele n’a pas encore été décidé. Plan B est aussi en pleine discussion avec leur partenaire Pegasus.”

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Alors les cow-boys fringants, on a peur de l’avenir ?

 

En tout cas, Peter Eggert (fondateur d’Eggertspiele, comme on peut s’en douter) a annoncé qu’il resterait encore 3 ans pour continuer à développer des jeux dans l’entreprise et le reste de l’équipe doit elle aussi rester à bord. Les prochains jeux d’Eggertspiele (qui sont prévus pour Essen) s’appellent Heaven & Ale de Kiesling & Schmidt, et Reworld du duo de choc Kramer & Kiesling.
Historiquement, Eggertspiele a eu des partenariats forts avec Gigamic (Great Western) pour la France, et Stronghold pour le marché anglais. Sachez que Gigamic conserve normalement la distribution de Great Western, et pour l’avenir, chaque distribution de jeu devrait être discutée au cas par cas entre les deux entités. “
Le rachat de Eggertspiele par plan B bouscule la relation passée, néanmoins nous en saurons plus à Essen, tout est possible.” commente prudemment pour nous Étienne de Gigamic. À suivre.

 

Renegade par Legion

On soulignera aussi le partenariat entre Origames et Renegade engendrant la naissance de l’entité Renegade France, devenue instantanément un bel acteur avec l’annonce de quelques localisations VF alléchantes, dont Clank, Lotus, World’s Fair 1893 et Fuse. Les discussions ont eu cours lors de la Gencon et nous vous avons tenu au courant au fur à mesure que les contrats se signaient (cf news Fuse, Kepler 3042, Clank ! dans l’espace).

Avec les localisations Renegade France, Origames poursuit une logique de partenariat propre à son A.D.N. Renegade recherchait un acteur qui souhaitait développer une gamme et pas seulement profiter du seul succès de Clank!. La gamme de leurs jeux est variée et originale, même en faisant une sélection, nous avons pas moins de 8 jeux à sortir par an ! “ commente Rodolphe Gilbart d’Origames.

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La Gencon fut bien entendu le plat de résistance de l’été, avec son assortiment de nouveaux titres et d’annonces, notamment du côté de FFG. Un premier constat : Legend of the Five Rings va débarquer en octobre auréolé d’un très joli retour post-Gencon. Nul doute qu’il trouvera auprès des déshérités d’Ashes, de Summoner Wars ou du JCE Trône de Fer 1ere ed un public prêt à se laisser enlever.

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Nous avons aussi accueilli l’annonce de la renaissance d’un grand ancien, Twilight Imperium, avec un bel enthousiasme pour sa quatrième édition, d’autant que pour la première fois de son histoire, une version française sera proposée grâce à FFG France du groupe Asmodée. Faut avouer aussi que ça faisait longtemps qu’on avait pas vu un gros jeu de 4-8h débarquer sans passer par la voie du Kickstarter. L’exception qui confirme la règle ? 

 

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Par contre, la grosse annonce qui consistait à révéler l’arrivée d’un énième jeu Star Wars avec des figurines (non compatibles avec Imperial Assault malheureusement) n’a peut-être pas eu l’écho escompté. La licence n’arriverait-elle pas au bout de ce qu’elle a à offrir, surtout vu le prix qu’elle coûte ? Le succès de Legion (le blase de ce nouveau titre) nous le dira peut-être…

Mais ne nous leurrons pas : Disney-Lucas Film Ltd investit durablement dans sa licence, lançant même de nouvelles sagas (Rogue One, officiellement tous publics) pour atteindre une audience toujours plus large. Ce qui signifie qu’aujourd’hui les trentenaires qui ont grandi avec Luke et Leia vont pouvoir partager toujours plus de Star Wars avec leurs enfants. Nul doute que Disney-Lucas comptent bien nous raconter encore de nombreux épisodes et il ne serait pas étonnant que les prix des produits dérivés non seulement se maintiennent, voire augmentent.
Eh bien, un peu de la même façon qu’au cinéma, ce nouveau jeu de figurines, Legion, qui fait tant grincer des dents du côté des assidus d’Imperial Assault, cherche lui aussi à atteindre un nouveau public. Celui des figurinistes.

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Les conséquences d’un divorce

 

Rappelez-vous, Games Workshop a dernièrement récupéré les droits de sa licence Warhammer, qui étaient auparavant chez FFG (Chaos dans le Vieux Monde, Blood Bowl Team Manager, Relic, Warhammer Quest & co), pour développer plus de jeux de plateau, secteur jugé rentable.
Alors que FFG se lance dans les jeux de figurines, c’est de bonne guerre, d’autant qu’ils sont plus en plus concurrencés par le gourmand CMON sur l’autre front.
“Si on fait une analyse rapide et simpliste on dira que Runewars : le Jeu de Figurines est le pendant FFG d’Age of Sigmar chez GW et que Star Wars : Légion est celui de W40k.“ nous confie Stéphane Bogard chez Edge. Les figurines de Legion répondent donc aux attentes des figurinistes, un peu plus grandes, plus détaillées… et aux attentes de Disney-Lucas aussi. 

Ces créations remplissant un cahier des charges conséquent et subissant des contraintes de calendrier fortes ont-elles le temps d’être travaillées comme elles le méritent pour sortir du lot et proposer quelque chose d’innovant ? N’y a -t-il pas déjà un ADN trop proche entre tous ces titres à figurines sortis de FFG (en vrac, citons RuneWars, X-Wing, Rebellion, Armada, Legion, Descent, Imperial Assault…) ? 

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Toujours plus de jeux

Toujours côté distributeur (à une autre échelle, certes), on soulignera aussi l’arrivée dans le catalogue d’Atalia des jeux Queen Games et Quined Games. Attention, ne pas confondre Queen et Quined ! Chez Queen, on a repéré l’arrivée d’un futur Feld & Rieneck Merlin” (voir la preview de monsieur Atom) qui fut présenté à la Gencon et qui fleure plutôt bon. Côté Quined, c’est surtout “Agra” qui a attiré notre attention (cf news) avec ses faux-airs de Caylus 2.0. Un retour aux sources ? 

 

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Pendant ce temps-là, la petite fée des Pixie Games continue de voltiger de Kickstarter en Kickstarter et de s’assurer une belle cote de sympathie chez les gamers, et Mad Distribution sort de son ancien modèle de jeux de société exclusivement liés à des mangas pour voir son nombre de partenaires se multiplier considérablement (Red Joker, Superlude, les jeux du Hibou…). Par ailleurs, on oublie pas Asmodée qui vogue au-dessus du reste en sortant a minima 200 titres par an.
Face à cela, toujours plus nombreux sont ceux tentés par la vente directe, que ça soit sur leur site web ou via des plateformes participatives qui continuent d’attirer énormément de joueurs, même si la période estivale représente une relative pause dans l’année.
Au-delà des oppositions boutiques / KS, on observe qu’une nouvelle synergie se crée petit petit devant ce phénomène (les éditeurs proposent des partenariats spécifiques, les magasins mettent leur expertise de la logistique au service des projets…).

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Tout.va.bien.  

Ainsi donc, toujours plus de distrib, toujours plus de jeux… D’où la question inévitable que l’on s’est posée cet été : est-ce qu’on ne va pas arriver à saturation ? Pas tout de suite, en tout cas : la Gencon a envoyé un message clair en ce sens (notre article). La fin du fameux “âge d’or” n’est pas pour septembre, vous pouvez respirer ! Les joueurs continuent d’acheter des jeux “comme de l’eau dans le désert” pour citer Eric Martin !

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Néanmoins, à l’aune de cette rentrée 2017, ne dressons pas pour autant un tableau idéalisé du monde ludique actuel.

Avec cette démultiplication des acteurs et de la production, il est de plus en plus difficile pour les petits éditeurs de sortir du lot et de plus en plus difficile aussi pour les boutiques de s’y retrouver dans tous ces catalogues. La lecture du marché, hyper dense, est devenue sibylline. Chaque jour, un jeu en chasse un autre. Comme le disait justement Damien André dans son article sur Leader 1, on “compresse toujours plus le temps” : le temps d’explication (l’appli Dized actuellement en financement est une autre manifestation de ce phénomène), le temps entre deux tours, le temps entre deux jeux…
Et tout ou presque est fabriqué en Chine, dans l’indifférence quasi générale. “Je produis mes jeux en Europe, c’est un vrai effort pour ma petite boîte, mais j’ai le sentiment que les acheteurs s’en fichent au final.” nous confiait récemment le gérant d’une petite maison d’édition.    

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À l’heure actuelle, la surproduction du secteur conduit à une course globalisée que les acteurs du marché eux-mêmes ont plus en plus de mal à suivre. On n’a de cesse de le répéter : le bon côté bien sûr, c’est que le joueur a toujours plus de choix, et accès à des jeux aux qualités grandissantes.

Mais si on regarde les choses de plus près, un autre tableau, plus mitigé, peut se dessiner en creux : les containers sillonnent les mers, le gamer accumule les boîtes made in China sous blister, le boutiquier se perd parmi trop de références – dont combien sont redondantes ? –, l’éditeur n’a plus le temps de faire le suivi nécessaire pour que chacun de ses titres vive dignement, le distributeur grossit ou explose en plein vol (l’hémorragie des employés chez Iello, la perte des derniers titres phares chez Morning…), la presse ou plutôt les “médias” ne sont pas à la hauteur faute de moyens et/ou de temps et deviennent plus des relais de communication que des sources d’informations, sans oublier bien sûr la grande majorité des auteurs de jeux qui ne vivent toujours pas de leur création.

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Ludoboy, prêt pour le combat

 

Oui, en 2017 les plus précaires de la chaîne restent les auteurs, nous le montrons souvent du doigt dans nos colonnes… Et la presse spécialisée également, en très grande partie bénévole, souvent dépendante des marchés publicitaires, des audiences ou sous perfusion d’éditeurs. Ce qui pose la question de la consommation de l’information.

N’est-il pas précisément essentiel dans un secteur en pleine transformation d’avoir des journalistes qui puissent être plus professionnels, plus indépendants, et de tracer une ligne claire entre publi-communiqué et information ?

C’est plus que jamais le souhait de Ludovox. Mais cela est aujourd’hui impossible sans le soutien de nos lecteurs. À ce propos, notre Tipeee va reprendre ses activités en septembre et soyez sûrs qu’on va se démener pour qu’il vous donne envie de participer à la grande aventure du Vox ! Des jeux, des goodies, des surprises…

 


Toute la petite équipe de la Rédac vous souhaite une excellente rentrée.  

 

    

Pub Tipeee grand format copie

 

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19 Commentaires

  1. morlockbob 30/08/2017
    Répondre

    Moi je suis prêt ! et vous ?

     

  2. Damien Andre 30/08/2017
    Répondre

    « Un petit Michel apparaît, se fait voler son quatre heure et casser les lunettes par les grands de la troisième B qui chantonnent Marche à l’ombre de Renaud ».  C’est ça ?

    • Shanouillette 31/08/2017
      Répondre

      Haha ! ça peut mais j’ai plus l’impression que chacun se concentrent sur sa propre production, sans trop de contact avec les autres.

  3. Grovast 30/08/2017
    Répondre

    Beau petit état des lieux, et lucide dans sa conclusion. Grovast approved.

    « les containers sillonnent les mers, le gamer accumule les boîtes made in China sous blister« , ça rime en prime.

  4. TheGoodTheBadAndTheMeeple 31/08/2017
    Répondre

    Très bel édito, excellent résumé de l’actualité et de l’état du monde ludique actuel.

    Moi je suis pas pret, mon année commence en Octobre ^^ (et pas à Essen hélas)

  5. Croque-Monsieur 31/08/2017
    Répondre

    Un édito tout en sagacité.
    Mieux vaut vivre l’actualité et la production ludique au moment présent, car oui, ça va trop vite !
    Merci !

    • Shanouillette 31/08/2017
      Répondre

      Merci pour ta lecture. (Oui, le moment présent est bien chargé pour ma part ^^ )

  6. ReiXou 31/08/2017
    Répondre

    Très bon état de lieu « On en est là en Septembre 2017 ». Merci Maryline.

  7. Umberling 31/08/2017
    Répondre

    C’était pas évident à écrire / commenter / enrichir : beaucoup de sujets étaient difficiles à aborder sans devoir les développer. Et nous aimerions parler du milieu du jeu dans ses aspects les plus complexes, les plus businessy, aussi. Ce n’est pas que fun et confettis… mais une chose est sûre : on a de la matière !

    En tout cas, merci pour vos merci ! 🙂

  8. bgarz 31/08/2017
    Répondre

    Excellent édito…

    Merci Shanouillette

  9. Philippe 01/09/2017
    Répondre

    c’est bien ces éditos « refresh memory »…

    Par contre serait-il possible d’avoir un bouton « version imprimable » sur les articles ? Je préfère user les arbres (qui repousse) plutôt que mes yeux (je ne suis pas troll, je ne régénère pas) ?…

    Bonne rentrée à toute l’équipe, merci de votre travail !

     

  10. Zuton 04/09/2017
    Répondre

    Bien cool cet édito de rentrée… plein de bonnes nouvelles, que de sorties alléchantes… c’est l’occasion de se remémorer les bonnes résolutions de l’année… quoi, elles ont été balayées par les tempêtes ludiques ? Bein, ouhais…  saurons nous être plus raisonnables avec la rentrée ? J’en doute fort…

    Bonne rentrée à toute l’équipe !

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