► E.D.I.T.O. : COUPS DE COEUR LUDOVOX 2020

 

Ça y est ! Après des heures de discussions, beaucoup de sang et de larmes, la rédaction de Ludovox est parvenue à réaliser sa sélection des coups de coeur 2020 ! Notre objectif, année après année depuis 2017, reste le même : se mettre d’accord entre nous sur une sélection de jeux en tâchant si possible d’être éclectiques et représentatifs de la production ludique.
Comme les deux dernières années, notre sélection comportera
7 jeux. C’est un chiffre qui nous plait 🙂

 

             Coups de coeur 2017Coups de coeur 2018 –  Coups de coeur 2019

 

Pour rappel, le palmarès concerne uniquement des titres sortis entre juillet 2019 et juillet 2020. Autre contrainte : ils doivent être dispo en français dans vos boutiques (pas de KS anglophone donc) au moment de leur sortie. Dernier point important que l’on surveille tout particulièrement : la qualité du livret de règle. 

 

L’année passée, nous avions décidé de donner la parole à chaque membre de la rédaction pour des coups de coeur individuels, afin que chacun puisse mettre en avant un jeu qui l’avait personnellement marqué dans l’année. Un jeu qui n’avait peut-être pas fait consensus auprès de toute l’équipe, ou au contraire un jeu qui n’était pas passé loin de la sélection finale, mais qui s’est vu échouer au pied du podium… Choisir c’est toujours renoncer. 

Il est à noter que certains d’entre nous n’ont pas de coup de cœur perso cette année, car les titres qu’ils voulaient vraiment défendre sont déjà présents par ailleurs.  

Cette année, nous avons souhaité donner la parole à deux autres membres de l’équipe, j’ai nommé l’ami Gougou qui depuis 2016 réalise semaine après semaine la Sélection naturelle décortiquant les projets Kickstarter (déjà 165 chroniques parues, merci à lui !) ainsi que l’ami Mattravel que vous avez eu la chance de voir dans les debriefs vidéo du dernier festival de Cannes et qui réalise régulièrement les Règles Express vous facilitant votre vie de ludiste. (Bientôt 100 Règles Express disponibles !).

Sans plus tarder… Place à la sélection 2019 – 2020 !

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Fabulia

 

Le premier coup de coeur est toujours celui des petits joueurs, pour commencer en douceur. Cette année, ils ont communément plébiscité ce jeu de Wilfried et Marie Fort : Fabulia un livre-jeu où l’on va choisir des personnages pour notre histoire dans un mécanisme à la Dixit. C’est là le twist surprenant : on n’agit pas sur l’action de l’histoire, mais sur le casting des protagonistes. Une idée qui n’a l’air de rien, mais qui s’avère étonnement riche.

Admettons, on recherche un facteur intrépide pour notre histoire. Chaque petit joueur.euses va proposer secrètement un animal-personnage (une souris rigolote, un paresseux…) et voter pour définir leur facteur. Là où le jeu est surprenant, c’est dans sa façon de déclencher naturellement des grandes discussions, parfois non sans une certaine mauvaise foi de rigueur, et de beaux fous rires dans la défense des choix que les uns et les autres vont opérer. Mais bien sûr que la souris est capable de porter des gros colis, tu as vu ses muscles ? Ils sont fins mais ça veut rien dire !

Les illustrations sont colorées, pastel et vraiment choupinettes, les enfants adorent. Les histoires en elles-mêmes sont plutôt bien écrites (on sort des clichés de la princesse atone dans son château qui attend son prince valeureux) et pourront être relues le soir au moment du coucher.

Une édition maîtrisée qui va bientôt (fin octobre) connaître une extension pour six nouvelles histoires dont deux à embranchements ! 

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Pour aller vers plus d’histoires : Ludochrono, Just played

Un jeu de Marie Fort, Wilfried Fort
Illustré par Eugene Smolenceva, Irina Pechenkina
Edité par Lifestyle Boardgames Ltd

 

Top Ten

 

La belle surprise du dernier festival de Cannes, c’est sans aucun doute ce jeu d’ambiance signé Cocktail Games. On y a joué sur la route du retour, et on ne s’en est pas séparés depuis.
La force de ce party game est qu’il s’adapte complètement à son audience. Vous êtes plutôt introverti ? Vous pouvez faire le minimum tout en étant très efficace. Vous voulez jouer avec vos ados ? Aucun problème. Le jeu reste ouvert, et à aucun moment on est forcés d’aller dans telle ou telle direction. L’imagination reste la clef.

Comment ça marche ? C’est simple : le Cap Ten pose une situation, un peu saugrenue, tirée d’une carte. Par exemple les extra-terrestres débarquent et un émissaire diplomatique terrien est envoyé pour leur faire un cadeau. Chaque participant va choisir, selon un principe proche du chaud / froid, le cadeau qu’il ferait aux aliens, du plus pourri au plus classe. Mais c’est quoi le plus beau cadeau selon les joueurs ? Une voiture, une fleur ? Le Cap Ten devra reclasser les propositions du plus petit au plus grand pour que les joueur.euses gagnent tous ensemble. Les participants s’écoutent et doivent réévaluer la proposition qu’ils pensaient faire en fonction de ce que disent les autres. Il faut viser juste !

Un énorme travail sur la recherche de thèmes loufoques a été fait et cela se ressent, le choix est vaste (et fun, surtout). L’éditeur et l’auteur ne sont pas tombés dans la facilité. Contrairement à beaucoup de jeux d’ambiance, si vous voulez allez dans le graveleux, c’est possible… Mais si vous préférez un autre ton, allez-y aussi. Plus que jamais, avec Top Ten, ce sont les joueur.euses qui font le jeu.  

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Pour vous faire une idée en vidéo, vous avez le Ludochrono mais vous pouvez aussi découvrir le Just Played de Groule ou le retour de Morlock. À voir aussi : l’itw de l’éditeur sur le jeu. 

Un jeu de Aurélien Picolet
Illustré par Laura Michaud
Edité par Cocktail Games

 

Kosmopolit

 

Cet OLNI de Julien Prothière et Florent Toscano est dans notre viseur depuis qu’on a pu tester le proto, de longs mois avant sa sortie. Un an après sa découverte, le jeu continue de nous faire passer de beaux moments. Le coup de cœur de l’évidence.

Voilà longtemps que nous suivons de près la production écologique et juste des Jeux Opla, et nous sentions bien que cette boîte-là allait apporter un quelque chose de particulier, un peu en dehors des cases. Kosmopolit est un restaurant où les clients viennent du monde entier. Le truc en plus ? Chacun d’eux commande dans sa langue d’origine. Pour modéliser cela, une application a été conçue, qui vous dicte les plats dans le creux de l’oreille. Un travail titanesque de récoltes d’enregistrements a été effectué tout autour du globe.

Dans ce coopératif asymétrique, tout est question de coordination et d’écoute, le tout en temps limité. La serveuse entend la demande au casque via l’application, prend les commandes et les transmet au maître d’hôtel qui se coordonne ensuite avec les cuistots pour trouver les ingrédients et les renvoyer à la serveuse. Vous sentez déjà que ça va être drôle là, non ?

Le jeu est évolutif et progressif, puisque les joueur.euses débloquent de nouveaux défis et même de nouvelles langues. Si la première partie vous semble super facile, attendez de voir ! Jouable de 4 à 8 joueurs en 6 minutes, vous aurez envie d’enchainer les sessions afin de vous confronter à des situations de plus en plus stressantes. Comme souvent dans les party game, ce sont les incompréhensions qui génèrent les fous rires. Autant vous dire que dans Kosmopolit, qui brasse plus de 60 langues, des incompréhensions, il y en a ! “Entre ce qu’a entendu le serveur, ce qu’il a été capable de reproduire à l’oral, ce qu’a pu noter le chef par écrit, et ce que lit le cuistot sur ses cartes, il y a comme qui dirait un monde !” vous disait notre preview

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Si vous souhaitez le déguster, vous avez en entrée le Ludochrono, pour le plat de résistance nous vous proposons le Just played et en dessert le Test après une quarantaine de parties. Validé !

Un jeu de Florent Toscano, Julien Prothière
Illustré par Stéphane Escapa A.K.A. Staff
Edité par Jeux Opla

 

Oriflamme

 

Le roi est mort, vive le roi ! Mais au fait, avait-il choisi un successeur ? Et non, ça serait trop facile… Dans Oriflamme, des frères Hesling, chaque joueur incarne le chef d’une famille qui vise le trône. Bluff, combos et coup de couteaux dans le dos sont au programme.

Oriflamme est ce qu’on appelle un petit bijou de game design : 10 cartes à effets en tout et pour tout. Et pourtant, derrière cette épure, de vrais coups en trois bandes pourront être fomentés ! À deux joueur.euses, vous bluffez à mort, à plus, vous n’hésiterez pas à créer des alliances… pour mieux les trahir le moment venu. Prenez bien en compte chacun des pouvoirs que vous avez main (n’oubliez pas que vos adversaires n’auront pas forcément les mêmes puisqu’on en écarte aléatoirement au début), et tentez de déterminer quel est le meilleur coup à jouer : quelle carte, où, combien de temps pourra-t-elle rester, devrais-je la recouvrir, dois-je la garder encore un peu secrète, jusqu’à quand ?

Bonus : Plus vous jouerez avec le même groupe, plus une couche de métagame viendra ajouter du piment à l’expérience (#northremember). Et ça tombe bien, les parties durent à peine 30 minutes. De quoi se remettre vite de ses blessures pour retourner comploter de nouveaux assassinats !

Dernière bonne nouvelle s’adressant à celles et ceux qui ont bien poncé la bête : l’extension arrive fin octobre (avec un peu de retard !) proposant 10 nouvelles cartes que l’on pourra mélanger avec celles de la première boîte. 

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Pour saisir le principe quoi de mieux que le Ludochrono et le petit Just played ?

Un jeu de Adrien Hesling, Axel Hesling
Illustré par Tomasz Jedruszek
Edité par Studio H

 

The Crew

 

Si on nous avait dit qu’un jeu de plis allait buzzer comme ça, rafler un Kennerspiel et se retrouver dans notre sélection coups de coeur chez Ludovox, personne n’aurait misé un kopeck dessus ! Mais ne partez pas. Vous avez forcément envie de découvrir la neuvième planète du système solaire, non ?

The Crew
est un titre qui utilise la mécanique de la belote (ou la coinche) en coopératif avec une communication limitée. Nous avons 50 missions à réaliser avec une difficulté qui va crescendo. Imaginez, tel joueur doit emporter un pli avec le 8 vert, tel autre un pli avec le 4 jaune, et tel autre ne doit pas en remporter du tout. Le problème c’est que l’on n’a pas le droit de se parler, on peut juste utiliser un petit indice pour indiquer si telle carte est notre plus élevée dans la couleur, la plus basse ou la seule et unique. C’est peu de moyens, mais cela permet de faire comprendre aux autres joueurs ce que l’on aimerait qu’ils jouent.

Si on retrouve classiquement les bases du jeu de plis (avec 4 séries de 9 cartes et les atouts), les sensations sont tout de même différentes et renouvelées, un vrai tour de force qui a l’air pourtant ultra évident. Il faut se coordonner, se comprendre surtout, et oublier certains réflexes de jeux de plis (le mieux restera de jouer entre habitués de jeux de plis, ou entre novices, mais on évitera de mélanger les deux publics si possible, pour une meilleure découverte).

Les premières missions sont simples, mais les suivantes se corsent sévèrement : non seulement il faudra remplir des objectifs de plus en plus difficiles mais ceux-ci devront être résolus dans un ordre bien précis.

Pour ne rien gâcher, les missions nous sont toutes présentées dans un livret de campagne qui nous explique la nouvelle contrainte de manière thématique, avec un vrai fil narratif, certes inutile mais agréable et soigné.

Le genre de jeux où vous vous installez pour quelques parties entre amis et 3 heures après vous y êtes encore, sans avoir vu le temps passer. Plus prenant et exigeant qu’on pourrait le croire et avec une vraie courbe de progression ! 

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Vous pensiez avoir fait le tour des jeux de plis ? Jetez un oeil sur le Ludochrono, le Just Played en hyperespace et même le Test.

Un jeu de Thomas Sing
Illustré par Marco Armbruster
Edité par Iello, Kosmos

 

Brass

 

Érigez votre empire économique dans l’Angleterre de l’ère industrielle, construisez vos réseaux en voie navigable pour la première ère, et ferrées pour la seconde, et surtout, profitez des entreprises des adversaires pour mieux vous imposer. Brass propose une mécanique plutôt simple de cartes qui vont être utilisées pour toutes les actions : construire des industries (charbon, acier, manufactures), des voies navigables ou des rails, emprunter de l’argent, développer nos usines… On jouera deux actions par tour uniquement. Facile ? Diable non !

Brass est un gros jeu expert avec une belle dose d’interaction où les joueur.euses créent un écosystème via leurs choix et leurs actions. En effet pour construire des usines ou des rails, il nous faut du charbon ou de l’acier que l’on va prendre sur les usines qui en produisent. Si pour nous c’est bénéfique, ça l’est aussi pour le joueur qui détient l’usine car c’est ainsi qu’il va produire du revenu. 

Le jeu nous demande de constamment nous adapter à nos cartes, mais aussi aux décisions de jeu des autres, et aux marchés toujours fluctuants. Réflexion, planification, vision long terme et opportunisme se mêle dans une alchimie unique. 

Attention Brass est un jeu très exigeant où les erreurs se payent cash, mais loin de nous dégouter, cela nous donne envie de nous remettre en selle et de recommencer pour s’améliorer. Oui la victoire se mérite, très peu de mécanique de rattrapage sont à l’oeuvre. Brass à plus de 10 ans et pourtant il reste éminemment moderne. Une perle que l’on prend plaisir à poncer sur nos tables surtout avec cette réédition, qui fait réellement briller nos rétines. 

Pour approfondir la question du pourquoi Brass n’a pas pris une ride (et lequel choisir) visez la belle chronique de Palferso qui décortique la bête. Vous avez le Just played également et Ludochrono de Lancashire

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Un jeu de Martin Wallace
Illustré par David Forest, Lina Cossette
Edité par Funforge, Roxley Games

 

Gloomhaven

 

Le poids lourd de la sélection (au moins au kilo !), Gloomhaven est ce que l’on appelle un dungeon crawler (en français on parle de “porte monstre trésor”), mais pas n’importe lequel. Ce loustic est sur nos tables depuis que la VO a été livrée 😉 mais il nous aura fallu patienter gentiment que la traduction débarque pour le mettre enfin dans nos coups de coeur. Et c’est désormais chose faite !

Dans Gloomhaven, chaque joueur.euse commence avec son personnage et son deck de cartes avec ses capacités personnelles. En avançant dans l’aventure du jeu (un peu narrative, un peu Legacy), votre personnage va évoluer et vous allez transformer votre deck pour pouvoir optimiser au mieux vos actions et vos placements sur le terrain. Le tout doit se faire dans la bonne entente avec votre groupe car chacun est spécialiste de quelque chose et pour que la synergie fonctionne, il faut se coordonner. Vous progresserez peu à peu dans l’histoire et viendra un jour où votre héros prendra sa retraite… De nouvelles voies s’ouvriront alors à vous.  

L’intérêt ludique de Gloomhaven se trouve avant tout dans son système de gestion de main, contrôlable mais laissant la place aux surprises, subtil et impliquant sans jamais devenir lourd. Un système d’épuration de nos decks (le repos) nous oblige à faire des choix cornéliens. S’ajoute à ce plaisir là, la joie de parcourir plus de 90 scénarios avec une belle diversité dans les missions (qui finissent très souvent sur le fil, merci la difficulté modulable). 

Enfin, un univers original avec 17 classes de personnages originales : pour une fois on s’éloigne des sempiternels elfes, nains and co, pour à la place accueillir Vermlings, Tinkerer, Scoundrel et d’autres archétypiques imaginées pour l’occasion.

Gloomhaven
nécessitera de s’embarquer pour des heures d’aventures, avec une équipe fixe qui se donne rendez-vous chaque semaine, un peu comme un jeu de rôles. Une belle et forte expérience d’équipe. Sans trop de surprise, gros pouce en l’air pour nous. 

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Ludochrono, Test, Guide pour bien débuter, itw de l’auteur et son Quizzovox, introduction aux classes de départ (part I, part II), avis sur la version numérique, retour sur l’extension Forgotten circles Vous avez tout ce qu’il faut pour vous faire une idée sur ce blockbuster ludique qui squatte allégrement la première place de meilleur jeu du côté de BGG (overall, thematic, strategy). 

Un jeu de Isaac Childres
Illustré par Alexandr Elichev, Josh T. McDowell
Edité par Cephalofair Games
Distribué par Asmodee

 

Et place aux 7 coups de coeur spéciaux par ordre alphabétique des jeux !

 

► Cabyss_conspiracy_CCL_small-okoup de coeur spécial Fredo : Abyss Conspiracy

L’univers du jeu Abyss dans votre poche ! En effet, on retrouve bien dans les grandes ligne les clés, les lieux et les seigneurs du jeu de base (il faudra créer la meilleure chambre sénatoriale grâce à vos seigneurs), mais Conspiracy propose une autre approche, super épurée : soit on pioche de 1 à 3 cartes dans la pile de cartes, soit on prend une pile de même guilde (couleur) défaussées par les adversaires précédemment. En partie, les sensations sont un peu différentes, tout en conservant une sensation de parenté. Nous plaçons les cartes dans une pyramide inversée et quand un joueur.euse a construit sa pyramide (soit 15 cartes) on termine la partie et on compte les points. Il faudra jouer sur la valeur des cartes (on gagne des points selon les familles), les cartes lieux, la course aux perles et la plus grande famille.

Rapide, simple, efficace, avec petit format (boite métal 10×10 cm, dispo en plusieurs versions à l’instar du grand frère) et pas cher : bref, voici un jeu familial qui sort facilement et partout pour des parties courtes et disputées !  

Pour vous jeter à l’eau, direction le Ludochrono et si la turbidité de l’eau ne vous effraie pas, vous pouvez plonger dans les profondeurs du Just Played de Shanen.

Un jeu de Bruno Cathala, Charles Chevallier
Illustré par Pascal Quidault
Edité par Bombyx

 

► CoBARRAGE_CCL-ok-smallup de coeur spécial Atom : Barrage

Nous voilà dans une dystopie située après guerre. Les états se battent désormais pour l’énergie hydraulique. Construire des barrages pour stocker l’eau, produire de l’énergie grâce aux turbines et aux centrales électriques, et réaliser des contrats sera votre lourde tâche. Le synopsis est posé, mais il sert surtout de prétexte pour un Eurogame relevé. Barrage est un jeu qui mélange plusieurs éléments : du placement, de l’optimisation et de la production / transformation de ressources et de la pose d’ouvriers. 

Son atout ? Une interaction très forte dans le placement des différentes constructions mais aussi dans la circulation de l’élément liquide le précieux or bleu. Comme chez Brass, ce sont les joueur.euses qui vont faire le jeu, n’espérez pas jouer dans votre coin, au contraire il faudra s’adapter au positionnement des autres, soit pour capter l’eau en amont, soit en contrebas pour recevoir l’eau une fois celle-ci utilisée par un autre joueur pour produire l’énergie.
Les ressources ne sont pas dépensées, mais placées dans une roue et indisponibles tant que la roue n’a pas réalisé un tour complet. Bien entendu il existe des moyens d’accélérer sa rotation (pose d’ouvriers, contrat…). Une mécanique délicieuse et originale.
Le hasard est quasi inexistant si ce n’est par la pile de tuiles contrats, tout le reste est connu dès le départ et l’on va essayer de planifier notre partie. Dans Barrage la vie n’est pas un long fleuve tranquille !

Pour creuser le sillon, le Ludochrono mais vous pouvez aussi lire le Just Played électrisant (et celui de son extension) ou même le Test.

Un jeu de Simone Luciani, Tommaso Battista
Illustré par Antonio De Luca
Edité par Cranio Creations, Intrafin Games

 

► Cocthulhu-death-may-die_coup-de-coeur-ludovoxup de coeur spécial Sha-Man : Death May Die

Des donjons éclairés de travers et des bestioles avec des tentacules mal placés, on en a vu passer par ici ! Rodés aux dungeon crawlers, on ne s’attendait pas à être surpris par cette énième formule. Mais force est de reconnaître que s’il ne renverse pas la table par son aspect innovant, le rituel ludique qui est opéré ici a lieu avec une efficacité rarement atteinte.

La licence de Lovecraft, on commence à en empiler des cartons. Or, pour une fois, le traitement du Mythe est effectué avec une sorte d’humour pince-sans-rire débridé qui surprend agréablement. Idem, installer des tuiles et lancer des dés, on connaît par coeur. Mais les Lang-Daviau font montre d’un savoir-faire impressionnant dans la mise en place immédiate des enjeux stratégiques et narratifs, qui s’avèrent aussi accessibles que fun.

Bref, contre toute attente, l’alchimie surmonte un à un tous les écueils, entre légèreté et tension, pour rendre le jeu aussi facile à sortir qu’un gateway et aussi addictif qu’un cracker. On aime choisir notre héros parmi cette galerie de dingues ! La mécanique qui imbrique le fait de devenir plus fou et plus fort nous met rapidement sur la brèche.
On adhère même complètement au fait qu’il n’y ait pas de campagne qui vous engage sur les trois prochains mois : avec Death May Die, l’intérêt est ailleurs. On a même franchement le droit d’oublier les règles, elles seront ultra faciles à réappréhender de toute façon lors de la prochaine session !  
Bref, partie après partie, on adore faire rissoler ce poulpe-là. À chaque fois, c’est un plaisir pour nos papilles 🙂

La fiche de jeu, le Ludochrono qui va bien, et l’article pour étaler notre amour au grand jour. On en cause aussi pour les solistes, merci mister Groule !

Un jeu de Eric M. LangRob Daviau
Illustré par Adrian SmithKarl Kopinski
Edité par CMON

 

► Coup de fiesta-de-los-muertos_CCL-ok-smallcoeur spécial Shanouillette & Umberling : Fiesta de Los Muertos

Aujourd’hui 2 novembre, c’est la fête des morts au Mexique. Qu’est-ce qui est pire que la mort ? L’oubli.

Fiesta de Los Muertos est un jeu coopératif d’ambiance où les joueur.euses vont devoir retrouver tous les personnages décédés. Chaque joueur pioche une carte d’une personnalité qui mange les pissenlits par la racine et écrit sur sa plaquette un mot qui le caractérise. Puis, il transmet sa plaquette au joueur suivant, qui efface le mot, en note un autre, par association d’idées. Toutes les plaquettes tournent de joueur en joueur et au terme de 4 tours il faut retrouver qui est qui. Bref, un Esquissé avec des trépassés, fallait oser !

Tout le sel du jeu réside dans le fait de comprendre le cheminement de pensée des autres et leur interprétation des mots, avec le risque de se tromper lourdement (mais évidemment c’est ça qui est drôle). Cerise sur le gâteau au maïs : Le matériel est totalement raccord avec son thème et la mécanique en temps réel permet de jouer jusqu’à 8 sans temps mort (haha).

Un jeu qui a quasiment mis tout le monde d’accord chez nous ! Je vous en parlais déjà dans le reportage sur Paris est Ludique de l’an dernier. Si besoin vous avez aussi à dispo le Ludochrono pour bien visualiser le tout.
Parfait pour la Toussaint, Halloween… et les fêtes de fin d’année bien sûr. Pour ne rien gâcher, une extension (La Catrina) arrive en octobre avec de nouveaux défis et de nouveaux personnages. Parfait ! 

Un jeu de Antonin Boccara
Illustré par Margo Renard, Michel Verdu
Edité par Oldchap Editions

 

► Coup de coeur spécial Gougou : It’s a wonderful world IWW_LCC-ok-small-gougou

Gougou a craqué de suite sur ce monde merveilleux (voir son article 8 Wonders ?). Il n’est pas le seul d’ailleurs. Un jeu de construction de moteur pur et redoutable où l’on va à l’essentiel. Même si La Boite De Jeu a souhaité évoquer une thématique ambitieuse, le joueur ne s’y trompe pas, on n’est pas ici pour vivre une belle aventure, mais pour faire des choix dans l’élaboration de son tableau. Et des choix on va en faire, beaucoup, et à très haute vitesse. Quatre tours, et c’est joué. La partie file, et il ne faut rien regretter.

Parler de la parenté lointaine avec 7 Wonders via le jeu de draft serait facile, mais en réalité Wonderful World a son caractère bien à lui, totalement orienté sur des défis d’optimisation permanents et des calculs à repenser sans cesse. Car il s’agit bien de cela ici, l’essence du jeu est d’imaginer une arborescence tout en restant versatile, et en sachant abandonner les combo qui se révéleront plus couteux que rentables, au bout moment.
On joue dans son coin ? Seulement si on joue mal. Si vous ne contre-draftez pas, ne surveillez pas les voies choisies par les adversaires, et ne prenez pas un minimum ça en compte dans vos combo, vous pourriez bien être surpris par le résultat à l’arrivée.

Ça a l’air complexe présenté comme ça, mais le jeu s’avère tout ce qui se fait de plus accessible, avec ses 5 pages de règles, mise en place comprise.
Inutile de babiner sur la qualité d’édition et le soin apporté aux détails si vous connaissez la maison à l’oeuvre.
Bref, si vous aimez les jeux à moteur, vous ne pouvez pas refuser une partie !  

En vidéo, vous avez le Ludochrono et l’itw avec La Boite de Jeu. En article, on force le moteur dans le Test et on regarde vers l’Ascension par ici

Un jeu de Frédéric Guérard
Illustré par Anthony Wolff
Edité par La Boite De Jeu en collaboration avec Origames

 

maracaibo_CCL-small-ok► Coup de coeur spécial Mattravel : Maracaibo

Dans la dernière création de Alexander Pfister, les joueur.euses sont des navigateurs ivres de gloire et de reconnaissance. Nous allons chacun notre tour déplacer notre navire sur le plateau pour réaliser les actions du lieu : livrer des ressources, combattre pour une des trois nations colonisatrices, explorer les terres, engager des navigateurs, etc.

Maracaibo
est à la fois un jeu de combinaison de cartes et un construction de moteur. Plus on avance dans la partie et plus on optimise notre jeu pour gagner plus de revenus afin d’embaucher de l’équipage (entre autres options). Les cartes sont ici multifonctions : on va pouvoir les utiliser pour livrer des ressources, pour les Quêtes ou pour recruter de l’équipage, ce qui semble laisser un large choix, mais offre autant de dilemmes que de frustrations. Des parties riches, complexes, soutenues par un agréable mode campagne.

Nous en parlions en détail dans le Just played, mais aussi dans l’analyse du mode solo par monsieur Groule. Enfin, pour un petit coup de main à l’install, pensez à télécharger la Règle Express ! 

Un jeu de Alexander Pfister
Illustré par Aline Kirrmann, Andreas Resch, Fiore GmbH
Edité par Capstone Games, Game’s Up, Super meeple

 

► Coup de coeur spécial Fanny : Renard des Bois Duo

Renard des bois Duo estRDB_CCL_ok_small un jeu de plis coopératif au sujet bucolique. Voici un jeu pour deux où les joueur.euses vont devoir agir de concert pour remporter la partie sans se parler (du coup sans effet Leader). Pour cela, il faut recueillir toutes les gemmes qui sont sur le plateau de la forêt. Concrètement on a un marqueur sur un plateau central qui va se déplacer et quand on atteint une case avec une gemme, on s’en accapare. Le marqueur se déplace vers le joueur qui remporte le pli et en fonction des traces de pas présentes sur les cartes. Comme on n’a pas le droit de communiquer, il faut se reposer sur toutes les subtilités des jeux de plis pour faire comprendre à son coéquipier ce que l’on attend de lui. Pour nous aider nous avons aussi quelques cartes spéciales qui vont changer l’atout, nous autoriser à échanger une carte, avancer le marqueur dans le sens opposé, etc.

Un défi exigeant où l’on doit faire confiance à son partenaire. En deux mots, il faudra apprendre à lâcher prise. Bref, une jolie expérience à partager à deux. 

Pour faire un tour en forêt, hop hop le Ludochrono, et pour voir des adorables renards de plus près, rendez-vous sur ce Just Played.

Un jeu de Joshua Buergel
Illustré par Adrienne Ezell, Jason D. Kingsley, John Shulters, Roanna Peroz
Edité par Foxtrot Games, origames, Renegade Game Studios

 

Nos coups de coeur, on vous en cause aussi en vidéo !

 

Et voilà, c’est tout pour cette année ! Mais on a déjà des idées pour la prochaine 😉

À suivre ! 

 

 

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10 Commentaires

  1. MATTHIEU d’EPENOUX 01/10/2020
    Répondre

    Merci pour le coup de coeur. Petite correction de texte : Le jeu n’a pas été illustré par Stivo mais par Laura Michaud (qui travaille chez Cocktailgames).

    • atom 01/10/2020
      Répondre

      Merci la fiche est mise à jour c’est corrigé.

  2. Umberling 01/10/2020
    Répondre

    J’ai détesté Maracaibo, mais Mattravel reste quelqu’un de bien (quand bien même ses goûts sur ce jeu sont nazes 😀 ). #unpeudetroll

  3. Julien PROTHIERE 01/10/2020
    Répondre

    Merci beaucoup pour le coup de coeur. Je transmets à toute l’équipe qui sera très heureuse de l’apprendre j’en suis sûr !

    • fouilloux 01/10/2020
      Répondre

      C’est mérité faut dire.

      • fouilloux 01/10/2020
        Répondre

        (je précise que si j’ai pas de coup de coeur perso cette année, c’est parce que Kosmopolit, et Gloomhaven, étaient déjà dans la liste commune)

  4. MoKo 01/10/2020
    Répondre

    Ma foi, une bien belle liste que je partage sur pas mal de références (Kosmopoli:t, The Crew, Abyss Conspiracy, It’s a Wonderful World, Fiesta de los Muertos…) à l’exception d’Oriflamme à côté duquel je suis complètement passé…

    Ca donne envie de tester les autres en tout cas, merci !

  5. alfa 02/10/2020
    Répondre

    Merci pour ce billet, toujours agréable à lire.

    Côté jeux je ne suis pas très emballé par cette année , et cette substantifique moelle de me fait pas rêver. Ça y est, je dois être devenu un vieux con

  6. Groule 03/10/2020
    Répondre

    Nombre de ces coups de cœurs sont sur mon étagère (sauf Gloomhaven, j’y arrive vraiment pas) . Je plussoie également !

  7. Frédéric Ochsenbein 06/10/2020
    Répondre

    Excellents choix, finalement plus parlant (variés) que les spiels.

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