Oriflamme – Qui portera la bannière ?

Issu du tout jeune studio de développement du groupe Hachette, Studio H, mené par Hicham Ayoub Bedran (ex-Matagot), Oriflamme de Adrien & Axel Hesling est un petit jeu de cartes qui vous place à la tête d’une influente famille d’un royaume qui tente de déstabiliser les autres pour prendre le pouvoir. On n’est pas loin d’un Game of Thrones question pitch, il n’y a qu’une licence qui nous en sépare réellement.

Plutôt accessible, il pourra se jouer en famille, mais ne vous y trompez pas, il possède la profondeur et la tactique nécessaire pour que les joueurs experts s’y frottent avec grand plaisir.

oriflamme mise en place.

 

Oriflamme de l’extérieur

Ce premier jeu des frères Hesling, illustré par Tomasz Jedruszek, que l’on a déjà beaucoup vu notamment pour ses illustrations des jeux Game Of Thrones (tiens tiens tiens…).

Parlons des illustrations d’ailleurs avant d’aller plus loin, car elles sont sujettes à pas mal d’avis contradictoires. De style clairement mature, afin de respecter le thème du jeu (assassinats et complots au menu) elles ne font pas l’unanimité, car il faut avouer, sont assez disparates. Le jeu tient en 10 illustrations différentes, qui sont pleinement représentées sur la quasi totalité de la carte, ce qui permet de bien en profiter. Certaines sont à mon sens vraiment magnifiques (le seigneur, le soldat…) quand d’autres sont bien moins léchées (l’espion, le décret royal…). Pour un jeu où l’on passe le clair de son temps à regarder ses cartes, et donc les illustrations, on aurait aimé des dessins tous irréprochables, et cette petite fluctuation de qualité (mariée à un style qui ne plait pas forcement à tous), fait qu’il y a quelques réticences régulièrement lorsque l’on présente le jeu à de nouveaux joueurs. Personnellement je ne trouve pas ça renversant, mais c’est très loin d’être vilain à mes yeux. La couverture de la boite n’est pas non plus hyper avenante, même si elle annonce la couleur de l’ambiance, elle n’aide parfois pas forcément à « vendre » le jeu.

Oriflamme jeu de société ludovox

A gauche les cartes vraiment classes, à droite celles qui le sont beaucoup moins

 

D’ailleurs, cette boîte parlons-en pendant qu’on est dans les points négatifs. Quelle idée de mettre un système à tiroir ? On avait vu ce type de boite-tiroir arriver il y a quelques années déjà, avec la gamme des jeux de Purple Brain (le tour du monde en 80 jours par exemple), mais le tiroir s’ouvrait sur le côté. Dans Oriflamme, le tiroir s’ouvre… par en dessous ! Vous aurez donc la mauvaise surprise à chaque fois que vous prendrez la boite en main, de voir le tiroir s’ouvrir en laissant s’échapper les jetons qu’elle contient. Une idée de boîtage donc assez inexplicable, à laquelle on aurait grandement préféré un modèle avec un petit rabat magnétique (Kingdomino Duel, For Sales…)

Mais bref, passons sur le plumage, passons au ramage, car du ramage, il en a beaucoup ce petit jeu.

 

L’étendard Studio H

En effet, ce petit jeu de bluff en a sous le capot. On est sur une très grande épure de gameplay, avec peu règles, peu de cartes, mais beaucoup de choix et de tactique. Pour les règles du jeu d’ailleurs, je vous invite à aller visionner le Ludochrono pour voir comment le jeu fonctionne exactement. Sachez-le, les règles du jeu contenues dans la boite sont claires et bien écrites, avec quelques illustrations bienvenues.

 

Oriflamme jeu de société ludovox 2

Situation en cours de partie

 

Fondamentalement, je trouve que Oriflamme est un croisement judicieux entre la pureté mécanique d’un Love Letter et les effets de personnages et le bluff d’un Libertalia (oui, cette fameuse tendance que tous les joueurs ont à essayer de rapprocher un jeu d’un autre, vous l’avez aussi ?).

Partant d’un deck unique de 10 cartes identique à tous les joueurs, et le diminuant à 7 en faisant défausser au hasard 3 cartes à chaque joueur, on arrive à se trouver dans des configurations imprévisibles et surprenantes.

De ces 7 cartes, vous allez devoir en choisir une seule à poser à chacun de vos tours, et cela lors des 6 petits tours que compte le jeu. C’est TOUT ! Mais c’est aussi ça le casse-tête. Quelle carte choisir, en fonction de quelles cartes sont déjà sur le terrain, et quelles cartes les adversaires vont jouer ? Et surtout, où placer ma carte par rapport à mon ordre de tour et des cartes déjà en place… Bref, que des petits choix permanents, où chaque coup est mûrement pensé afin d’optimiser au mieux ses actions en fonction de sa main. C’est simple, malin, et très tactique

 

Pouvoirs des cartes

Les pouvoirs des personnages sont particulièrement bien étudiés. Au final, ils arrivent à être tous intéressants et pertinents à utiliser selon la situation. Ils ont tous un petit effet whaou qui fait qu’on est content d’être arrivé à le jouer au bon moment dans la partie. Petite mention spéciale quand même pour l’archère et le guerrier, les éliminateurs de cartes, qui permettent ce petit effet jouissif d’éliminer les personnages adverses, parfois même avant de leur avoir laissé le temps de les jouer (effet bien sur contré par l’Embuscade). Ce sont peut-être les seules cartes qui manquent un peu lorsque l’on n’en possède aucune des 2 dans notre tirage de 7 cartes, car elles permettent de grandement épurer le « plateau ».

Mais elles sont aussi cet effet retors d’être activables obligatoirement à chaque tours, ce qui peut entraîner, lorsque l’adversaire nous accule, à sacrifier nos propres cartes à cause d’elles ! Tellement vicieux !

Petite surcouche de stratégie : il est possible de poser des cartes sur nos propres cartes, pour contrevenir à la règle qui impose de poser des cartes sur les extrémités de la ligne. Cette action, semblant anodine lors des premières explications, se révèle extrêmement stratégique au fil des parties, car permet de mettre en place des strates supplémentaires de défense et d’attaque, mais également des effets combos : en activant la carte supérieure, puis en la défaussant, ce qui permet d’activer ensuite la carte du dessous… Malin et fourbe à la fois ! (Ce point de combo est d’ailleurs mentionné dans le règle, et c’est plutôt bienvenu car il est facile de passer à côté, et ce serait bien dommage).

Pour être un peu plus explicite dans cette phase, je vais vous décrire un exemple de combo lié à la superposition de cartes (et je vous propose un déroulé en image pour que vous suiviez bien ci-dessous). Imaginons que deux cartes « héritiers » soient en jeu, révélés (1). Cette carte a le pouvoir de nous faire gagner 2 points par tour, si et seulement si il n’existe qu’un seul exemplaire de cette carte révélée en jeu. Dans le cas présent, les 2 cartes s’annulent lors de leur activation. Mon but va donc être de liquider l’héritier adverse, et pour cela, je pourrai essayer de poser secrètement par dessus mon héritier (rouge), une carte « assassinat » (2). Grace à celle-ci, au moment de la révéler (3), je vais pouvoir cibler l’héritier adverse (en vert) afin de l’éliminer de la partie (et au passage empocher un petit point de victoire pour assassinat réussi).
Une fois l’acte perpétué, l’héritier adverse ET ma carte assassinat sont défaussées, révélant ainsi mon héritier qui était placé dessous (4)
Son pouvoir s’active alors, me faisant gagner 2 points puisqu’il est bien le seul héritier visible en jeu. Fourbe et efficace ! 

combo oriflamme jeu de société ludovox

 

Il y a beau n’avoir que 10 pouvoirs différents, les combinaisons, le guessing et le bluff font que les parties ne se ressemblent jamais. De plus, à force de jouer contre les mêmes adversaires, on développe une sorte de métagame, où en plus de déchiffrer le jeu, on analyse les joueurs et le type d’actions qu’ils sont habitués à faire, un peu comme on peut le voir dans un jeu comme Not Alone.

 

Il est à noter qu’une aide de jeu bienvenue est fournie, mais on aurait aimé que les cartes offensives mentionnent le fait que l’on gagne des points quand on élimine des cartes adverses, car si on ne se souvient pas de ce point là, on a vite fait de l’oublier.

 

La surprise qui claque au vent

Quelle belle surprise que ce petit jeu de cartes, qui parvient avec des règles simples et épurées, mais surtout accessibles, à proposer une expérience de bluff et de tactique vraiment plaisante, et une jouabilité sans faille.

Malgré ses quelques imperfections d’édition que sont notamment sa boite mal conçue, son aide de jeu un peu incomplète, et des illustrations qui peinent à convaincre tout le monde, on a envie d’enchaîner les parties, et de fait, il ressort régulièrement sur le tapis de jeu.

 Je l’avoue, cet Oriflamme est devenu un indispensable instantanément dans ma ludothèque. Chose rare. 

 

 

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7 Commentaires

  1. Grovast 10/01/2020
    Répondre

    Décidément, il va falloir le mettre au banc d’essai celui-là. J’ai peur qu’il ne soit le mon type de jeu qui fonctionne dans mon entourage (toujours du mal avec le « bluff » et l’interaction directe type assassinat), mais sait-on jamais…

    Et sinon merci pour la citation du jour qui m’a bien fait rigoler :

    « si on ne se souvient pas de ce point là, on a vite fait de l’oublier »

     

    • El Gringo 13/01/2020
      Répondre

      Ahah, ouais la tournure de phrase est pas optimale, j’avoue.
      Je ne suis pas d’habitude fan des jeux de bluff, mais j’aime les jeux avec des effets de cartes. Là on a beau essayé de se sigouiller, ca va vite, et on enchaine les tours sans trop s’appitoyer sur les cartes perdues.
      Il plait à 90% des gens à qui je l’ai fait découvrir pour le moment, ce qui est deja pas mal du tout. A essayer à l’occasion pour se faire un avis !

  2. Max Riock 10/01/2020
    Répondre

    Je n’ai pas vu le soucis de l’ouverture inopinée de la boite, la partie intérieure semble, sur ma version en tout cas, bien serrée sur la partie enveloppante … A voir avec l’usure …

    Pour les illustrations, j’aime beaucoup !

    Et enfin, première partie hier et c’est vrai que c’est vraiment très bon, on pense déjà aux prochaines parties et comment on va pouvoir optimiser … Donc … Vivement les prochaines parties !

     

    • El Gringo 13/01/2020
      Répondre

      Tant mieux si ta boite ne glisse pas toute seule. La mienne à du voir une 10-15ene de parties, et un peu baladée, mais de mémoire, dès le début j’avais ce soucis. A noter que rajouter un sachet pour ranger les jetons est une option pas con pour eviter la fuite d’un jeton en ouvrant (voir faire pareil pour les cartes)

  3. TSR 10/01/2020
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    Essayé à la pause de midi, immédiatement adopté chez nous !

  4. fouilloux 10/01/2020
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    Put……………….. Ca doit faire 4 ou 5 partie que j’oublie de mentionner la règle de recouvrement, tellement importante!

    • El Gringo 13/01/2020
      Répondre

      C’est domage en effet, ca fait passer à coté d’au moins la moitié des possibilités offertes par le jeu.

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