Beau fixe sur le FLIP

Du 12 au 23 juillet 2023, s’est tenue la 37e édition du Festival Ludique International de Parthenay. Après le retour en configuration « normale » en 2022, le FLIP se devait de confirmer sa pleine forme, d’entériner la place de tout premier ordre qui est la sienne dans le paysage des manifestations ludiques francophones. Autant dire qu’on était de la partie.

Article rédigé à 6 mains : Natoraurus – Groule – GrovastGrovastGrouleNatosaurus

Un grand cru

Faut-il y voir le bénéfice du 14 juillet idéalement placé un vendredi, l’effet d’une météo idéale sur toute la période, le signe de la bonne santé du secteur, ou les trois ? Toujours est-il que l’organisation revendique cette année quelques 230.000 visites.
Ce chiffre impressionnant ne se traduit pourtant qu’à de rares moments par une foule dense ou par une grande difficulté à trouver des tables. Il est en effet à diviser par les 12 jours de l’événement, et à répartir à un instant T entre les nombreux lieux du centre-ville investis pour l’occasion. L’impression d’un festival à taille humaine perdure malgré le succès, au grand bonheur des enthousiastes et détendus participants.


La carte des réjouissances

 

On vous le rappelle environ une fois par an, le FLIP n’est pas un festival comme les autres. Sa durée généreuse, son cadre résolument champêtre, son ambiance particulièrement familiale, sa prodigieuse diversité de propositions et de publics : autant de singularités qui le rendent à nul autre pareil.
À des années-lumière de la course à la hype, on y prend le temps de se laisser surprendre, au gré de ce qui se présente. Les rues « en jeux » sont typiques cette FLIP-attitude. Ne jamais présumer du temps nécessaire à traverser la ville : il se pourrait que ça ne soit ni en ligne droite, ni sans au moins un arrêt au(x) stand(s).

En complément et à toutes fins utiles pour rassasier les ludopathes les plus atteints, les espaces REEL (qui fêtait ses 20 ans cette année), et Village Parallèle mettent à disposition leurs abondantes ludothèques en libre accès, jusque tard dans la nuit.

Nombreuses étaient donc les animations et défis encourageant la déambulation dans les rues commerçantes, ainsi que dans la partie médiévale de la ville. Outre le traditionnel « jeu des vitrines », était notamment réalisable une investigation estampillée Enquêtes Express (ci-contre), ainsi qu’un défi autour de parties fictives de Focus à décrypter.

Compter sur ses multiples allées et venues pour tomber fortuitement sur l’ensemble des pièces du puzzle, laisser décanter sur plusieurs jours ou dédier un temps à 100% à ces concours (au risque de se mettre en échec sur le moment ou de faire des allers-retours spécifiques), plusieurs techniques existent, pour autant de façons de consommer son FLIP.

 

 

Nouveauté d’importance pour les pros : l’ouverture de l’espace « VLIP » (Very Ludique Important Person), à l’emplacement du futur « Palais des jeux ». La Cité des jeux, projet de la ville de Parthenay, qui a acheté l’ancien bâtiment France Télécoms, 1500 m2 qui seront prochainement transformés en tiers-lieu ludique : Ludothèque, expositions, formations, accueil d’associations ludiques, et un laboratoire ludique (création, expérimentation, espace de jeux), tout cela donnant sur l’emblématique Place du Drapeau. Lors de cette édition, les professionnels pouvaient profiter du calme et de la fraîcheur des lieux pour des rendez-vous et prendre connaissance du projet.

 

 

A d’ailleurs été inauguré en grande pompe le « Wall of Game ». Idéalement installée face à l’accueil du festival, cette fresque de Thomas Vuarchex en hommage aux jeux de société habille avantageusement l’angle de la rue Jean Jaurès. Il se murmure qu’il ne s’agit que de la première d’une série : affaire à suivre.

 

Pour des raisons de sécurité, le Village Médiéval n’avait pu prendre place comme habituellement au château, la passerelle d’accès nécessitant des travaux. Qu’à cela ne tienne, il a été remplacé quasiment poste pour poste par le Village « Environnement » place de la Nation, fort de ses jeux éco-conçus et d’animations autour de la nature.

La Chapelle des Arts Ludiques accueillait comme de coutume plusieurs expositions. Une série de grilles de « Ricochet » était à résoudre sur place. Profondeurs mettait à l’honneur en grands formats la série de labyrinthes de Philippe Fassier parus dans Jeux & Stratégie de 1986 à 1989. Cartzzle et Cartaventura avaient également droit à une mise en avant.

Jam FLIP (thème des Robots cette année, et avec la contrainte de tenir dans la poche), Escape Games mobiles, Espace jeux vidéos, Jeux de Rôle, multiples tournois chaque jour, Pac Man urbain, le FLIP compile un nombre assez incroyable d’occupations potentielles. C’est pourquoi il peut être butiné à la mode de chacun. Le seul regret est l’impossibilité matérielle de pouvoir tout faire. Les journées de festival s’étirent souvent jusqu’au soir, ce qui nous offre plus de temps de jeu encore, lors de nocturnes éditeurs sur la Place du Drapeau, dans les cafés, mais également les tournois de Molkky ou de Cornhole.

En plus des traditionnels Escale Bombyx, plusieurs lieux Gigamic, Captain Meeple, un nouveau café éphémère, celui d’Akham Society, nouvel éditeur qui présentait ses trois premiers jeux. À noter l’apparition des jeux d’Histoire cette année.

 

Incontournable claque chaque année, le tournoi Rubik’s cube. 17 épreuves officielles proposées par la WCA, qu’il s’agisse du mythique Rubik’s cube ou de ses variantes. Voir les doigts résoudre un 3×3 en 6 secondes est toujours un moment magique, surtout quand même en temps illimité j’en suis incapable.

 

Comptez jusqu’à 6 ! voilà c’est résolu.

 

La salle des Trophées

Les Trophées FLIP Créateurs récompensent des prototypes non édités. Quatre trophées sont décernés par un jury de professionnels du monde ludique. Le cinquième est laissé à la discrétion des votes des festivaliers, eux aussi à pied d’œuvre pour tester les créations en lice.

Pour cette année 2023, le jury était composé de Laurène Chartier (Iello), Maud Daujean (Funforge), Louise Dhubert (Blackrock), Christophe Loyre (29e FLIP), Thomas Cosnefroy (ex. Cocktail Games), Thomas Cauet (Space Cowboys), Thomas Vuarchex (auteur-graphiste) et Patrice Pillet (auteur et ludicaire).

Voici les résultats de leurs délicats arbitrages :

Catégorie Enfants

En coopération, incarnez une équipe d’archéologues et faites des découvertes en creusant littéralement dans la boîte. (4+, 10-15min)

 

Catégorie Divertissement

Aménagez ensemble un grand et majestueux manoir. Organisez de grandes réceptions et prêtez attention aux commentaires. (8+, 20min)

 

Catégorie Réflexion

Dans ce jeu de cartes en 1 contre 1, le premier à faire trois fois le tour de la planète ou à éliminer l’adversaire l’emporte ! (12+, 35min)

 

Catégorie Coup de Cœur du Public

Univers heroic fantasy, course-poursuites et affrontements sont au programme de ce jeu par équipes. (12+, 90min)

 

Catégorie Prix spécial du Jury

Tour à tour, les joueurs dessinent chacun des 6 fantômes visibles dans la boîte, pour en déduire les 3 manquants. (5/6+, 10-15min)

  

 

Par ailleurs, les Trophées FLIP Éditeurs proposent au public de voter pour ses jeux préférés, en notant tous les jeux proposés dans chaque catégorie. La sélection des titres est établie par les animateurs du FLIP lors de leurs rencontres de préparation en amont du festival.

Toujours quatre catégories avec cinq jeux par catégorie : pas le temps de chômer pour qui veut valider un bulletin de vote complet. Il y a de quoi y passer des journées en bonne compagnie sous les tentes et sous l’œil attentif des animateurs. 4600 votes ont été enregistrés. Les élus consacrés par la foule en délire sont :

Catégorie Enfants
de Wolfgang Warsch
illustré par Michael Menzel
édité par Schmidt Spiele

 

Catégorie Divertissement
de Kaya Miyano
illustré par Jérôme Pélissier
édité par Cocktail Games

 

Catégorie Réflexion
de Johannes Goupy et Théo Rivière
illustré par O’lee
édité par GRRRE Games

 

Catégorie Eco-ludique *
de Gricha German
illustré par Baptiste Perez
édité par Subverti

 

* : cette catégorie met en valeur des jeux de société pour lesquels les éditeurs ont entrepris des démarches de diminution de l’empreinte carbone de leurs produits : mode de transport et distribution, réduction du plastique, choix des matériaux, localisation de la production…

 

Last but not least, le label ÉducaFLIP a récompensé comme chaque année des jeux utilisables dans des situations éducatives (et non des jeux conçus comme purement éducatifs, nuance). Les trois lauréats 2023 sont :

Nimbus
de Paul-Henri Argiot et Cyril Blondel
illustré par Julie Gruet
édité par Flip Flap Éditions

 

Toko Island
de Marie et Wilfried Fort
illustré par Sandie Senac-Retaud
édité par Helvetiq

 

The Key
de Thomas Sing
illustré par Timo Grubing
édité par Haba

Une version intégrale de la cérémonie de remise des prix peut être visionnée ici (1h20 seulement, en net progrès).

Le petit bout de la lorgnette

Comme de coutume, c’est parti pour de courtes impressions plus ou moins au débotté sur un florilège de jeux essayés. Récents ou pas, légers ou velus, experts ou grand public, ne cherchez ni cohérence, ni ordre logique, ni objectivité quelconque dans cette rubrique.

5211 (2019) : Ce jeu de cartes sans prétention autre que celle de surfer sur la licence Azul combine une supposée gestion de main à un système de majorité collective. L’interaction se révèle ultra-chaotique. Le manque de maîtrise rendant quasiment vaine toute tentative de calculer quoi que ce soit, on joue au petit bonheur la chance en attendant que la partie termine de s’éterniser.Grovast

 

Affamés (2023) : Séduisante était la promesse d’initiation à la pose d’ouvriers, en coopératif à partir de 6/7 ans. Les premiers tours sympathiques laissent la place à une répétitivité plombante, même pour les enfants. On enchaîne les collectes sous des enjeux tactiques peu captivants. Dommage, car matériel et thème masquant un Tower Defense léger sont pertinents.Grovast

After Us (2023) : Jouer jusqu’à 6 en quasi simultané est un bel atout, renforcé par la qualité des illustrations. Combiner au mieux ses cartes pour activer la meilleure combinaison de cartouches est un challenge, et avoir couplé le type de singe recrutable à un bonus particulier oblige à anticiper. L’exercice est cependant très solitaire, et l’envie de réitérer l’expérience plutôt molle, malgré le présage d’une petite variabilité sur les « objets » bonus.Grovast

 

Challengers (2022) : Les deux phases qui s’alternent sont opposées. L’intérêt d’affiner correctement son deck en cherchant les bonnes synergies (quoique plutôt évidentes et soumises à tirage) est contredit par la frustration et le manque de maîtrise total du dépilage automatique lors des affrontements proprement dits. Pour peu qu’on accepte la grande place de l’aléatoire et qu’on soit adepte du chambrage, le fun du mode championnat jusqu’à 8 est pourtant là.Grovast [Just Played]

Champions! (2023) : Que ce soit lors de la prédiction préalable dans son coin, ou lors des éliminations directes à majorité gagnante, on cherche le plaisir et on en trouve pas ou peu. Un nombre pair de participants aboutit d’ailleurs à des égalités tranchées de manière peu satisfaisante. Une partie sans émotion, pour un party game proche de propositions déjà existantes (on pense à Profiler), en beaucoup moins bien.Grovast

 

Colorado (2022) : La dose d’interaction est honnête pour un jeu à cocher : le mécanisme principal et les bonus au premier arrivé invitent à faire en fonction des adversaires. Zéro temps mort, puisque chacun applique le type d’action déclenché plus ou moins sciemment par le joueur actif. Aucun effet n’étant jamais inutile, l’ensemble est peu punitif. La fin rapide peut cependant frustrer. Dans la famille truc & write, c’est plutôt une bonne pioche.Grovast [Just Played]

Crack List (2022) : Un design peu engageant, une idée insensée de combiner le Petit Bac au Uno, avec un soupçon de Buzz It. Il fallait oser, et de manière totalement inattendue, ça marche. Même si les cartes du type « faire passer le suivant » ou « changer le sens de jeu » sont de trop à mon goût, on est sur un vrai plaisir de se creuser le ciboulot avec une lettre difficile ou une rubrique déjà bien éclusée. C’est le moment de sortir une carte « Crack List » et de changer de thème !Grovast

 

D’orge et de Blé (2023) : Jusque là-jamais convaincu par Scott Almes, c’est chose faite avec ce jeu pour 2 très Rosenbergien dans le thème et dans les principes. Alternances de saisons forçant l’anticipation, stockage très contraint, multi-usage des cartes provoquant des choix déchirant, durée ramassée pour ce niveau de profondeur : il coche beaucoup de bonnes cases pour moi.Grovast [Just Played]

Darwin’s Journey (2023) : Ce placement d’ouvriers fait dans le sophistiqué, avec une spécialisation ouvrant droit aux actions les plus puissantes. Course en avant à l’objectif de manche rappelant celle de Barrage, interaction qui fait couiner, bonus divers et salade de points finale : tout est savamment orchestré qualifier différentes approches. L’éditeur a par ailleurs eu le bon goût de ne pas tomber dans la surenchère matérielle actuelle. Miam. [Just Played]Grovast

 

Durian (2023) : Tous les Oink Games ne se valent pas, et celui-ci tombe dans la catégorie des plus dispensables. Il puise manifestement son inspiration du Perudo, en lui adjoignant l’idée de ne voir que les éléments adverses, à la Hanabi. Les rares cartes spéciales « Gorille » n’y font rien, pas grand chose de neuf ne semble ressortir de ce remix peu convaincant. [A quoi tu joues]Grovast

Earth (2022) : L’exploitation du simultané permet de compresser la durée de partie, s’agissant de dérouler un nombre important d’effets à chaque tour de jeu. Le tamisage du grand nombre de cartes perçues permet de construire des combinaisons cohérentes au fil de la partie, et de sélectionner ses axes d’efforts parmi la profusion de possibilités. Revers de la médaille, on joue vraiment chacun dans son coin. [Just Played]Grovast

 

Expéditions : Autour du monde (2023) : Super Meeple retrouve sa vocation première avec une réédition de Grand Safari (1985, U.&W. Kramer). L’opportunisme y est roi, ce qui convient à son registre très familial. Entre deux aubaines offertes par un adversaire sans le savoir, on se creuse la tête pour tirer profit des coups spéciaux. Faire boucler une expédition pour repartir de plus belle dans la zone désirée est certainement la clé du jeu.Grovast

Federation (2022) : Sur une structure classique de pose d’ouvriers, s’entremêlent plusieurs couches d’implications. Une grande partie du plaisir de jeu procède de la brillante idée maîtresse des jetons double-face. L’ensemble est assez exigeant, la planification sur plusieurs coups obligatoire. L’interaction élevée induit des adaptations constantes, tant ces fichus adversaires s’échinent à ne pas faire ce qu’il fallait. Top à 4 joueurs ! [Proto et KS]Grovast

 

Focus (2023) : L’a priori un peu rapide de repompe de Codenames pour deux joueurs ne tient pas longtemps. À l’usage, on s’aperçoit vite que les subtiles différences changent totalement le ressenti. On est sur un jeu qui fait plus appel à l’intuition. Il laisse de ce fait bien moins de place aux temps mort, pour un très plaisant ping-pong express en moins de 5 min. [Just Played]Grovast

Happy Bee (2023) : Heureuse surprise malgré une apparence peu engageante avec une DA minimaliste. C’est un jeu de majorité dans lequel il faudra miser face cachée devant soi pour remporter des cartes de l’offre, tout en évitant une égalité avec ses adversaires. Exercice cérébral intéressant. On se prend vite au jeu, même si on peut facilement perdre le fil lorsqu’il faut passer une partie de ses cartes au voisin. Feeling positif de mon côté.Groule [DLV]

 

Incognito (2021) : Cacher un objet dans une scène (la jungle, une mine…), quelle belle idée. Le gros travail effectué pour fournir des exemples d’éléments de décor est parfait, car il faut charger un peu son paysage pour noyer le poisson. La phase de résolution « à la Dixit » se montre malheureusement décevante. Et le principal écueil du genre n’est pas gommé : il est nécessaire de savoir dessiner un peu correctement. [Small is beautiful]Grovast

Look at the stars (2022) : Un énième truc & write, cette fois-ci avec des feutres blancs manifestement pas taillés pour supporter un festival. Tracer des constellations par petites touches au gré de quelques contraintes pour scorer au mieux, tel est l’enjeu qui peine à passionner. Et ce n’est pas l’absence totale d’interaction qui viendra le sauver du vide. [Just Played] Grovast

 

Marrakesh (2022) : Multiples types d’actions qui sont autant de mini-jeux montant en puissance, acquittement d’une dime régulière : pas de doute, c’est un Feld. La vraie singularité est cette mise en commun d’un potentiel d’actions, avant de les jeter dans la « tour à cubes » et de redispatcher ce qui en ressort. Ce système apporte son lot d’incertitude, de réussite, et de poisse possiblement mal vécue sur un jeu de cette durée. À essayer avant d’engloutir une somme indécente dans une édition déraisonnable.Grovast

Messina 1347 (2021) : Le plateau central offre un déplacement d’ouvriers qui est la partie la plus interactive du jeu. Griller la politesse sur les bonnes combinaisons de ressources et de citoyens, tout en anticipant et déclenchant au bon moment une nuée de bonus sur son plateau personnel : il y a de quoi optimiser. Dommage que le thème de la peste ne soit impactant qu’à la marge, car ce 7e du Diamant d’Or 2022 tient bien la route, y compris à deux joueurs.Grovast

 

Mind Up! (2023) : Présenté comme une alternative au 6 qui prend !, on est effectivement sur un feeling assez proche, avec des décisions un peu plus significatives. Rien de bien maîtrisable cependant : on ne fait que tenter de viser les bonnes prises et tailler son scoring au mieux. Constituer publiquement sa main pour la manche suivante est un second niveau de lecture, pour les mémoires les plus vives. [Just Played]Grovast

My Gold Mine (2023) : Proche de Diamant pour les mécaniques et de Clank! pour le thème. Allez le plus loin possible dans la mine pour vous enrichir, sans pour autant chatouiller les narines du dragon, ou vous perdrez tout ! Du stop ou encore qui ne brille pas par son originalité mais dont la recette tient la route. Simple, vite expliqué et mis en place, de bonnes sensations de jeu. Je recommande à ceux qui découvrent le stop ou encore, mais moins aux habitués de Diamant.Groule

 

Rauha (2023) : Le vague thème mystique s’efface au profit d’une mécanique de draft/pose de tuiles et d’activations. Enjeux à court et moyens terme se mélangent, au gré des alignements qui sont exploités d’une assez belle manière. Partiellement simultané, il n’oublie pourtant pas une petite interaction. L’intérêt d’enchaîner les parties pose toutefois question, notamment du fait de la puissance des spores et des scorings d’animaux. [Just Played]Grovast

Revive (2022) : Deckbuilding léger, exploration, transformation de ressources, arbre technologique, effets variables sur le plateau personnel… c’est peu de dire que l’épure n’est pas la qualité première. Le mélange prend pourtant, et l’interaction bat son plein sur le plateau central. Les factions asymétriques sont le petit plus qui peut donner envie de remettre le couvert par rapport à la concurrence très rude dans les jeux experts. [Just Played]Grovast

 

Sabika (2022) : Au-delà de la forme et du fond d’un classicisme à toute épreuve, subsistent en guise d’originalité ces trois roues concentriques. Plus opportunistes qu’autre chose, elles ne suffisent pas à réhausser le jeu. « Poèmes » rulebreakers à l’équilibre passablement douteux, contraintes de stockage qui tombent à plat, constructions qui sont de la conversion de ressources en PV vue mille fois : une vraie déception. [Just Played] Grovast

Sides (2023) : On apprécie la contrainte-twist de ce énième coopératif à communication par indices : donner un mot débutant par une des lettres extérieures de la rivière courante. Débloquant ce faisant une nouvelle lettre, c’est un plaisir de planifier et (parfois) réussir une opération en deux temps. Les émetteurs alternent par binôme, ce qui vient potentiellement ruiner l’affaire. Pas supra-original ni exempt de temps morts, il se dégage tout de même quelque-chose des manches les plus ardues. Grovast

 

Sky Team (2023) : Tout comme l’an dernier, j’ai pu essayer le prototype avec l’auteur. Un vrai coup de cœur sur ce jeu coopératif exclusivement pour 2 joueurs. La communication orale est restreinte, mais un placement de dés intelligent permet de communiquer sans parler, et de moduler l’aléa. La tension est palpable tout le long, on gagne ou perd sur le fil du rasoir. Une multitude de scénarios sera incluse dans la boite. Sortie en octobre. [Reportage]Groule

Space Aztecs (2022) : La bonne idée du jeu se situe dans la prise de cartes : le fait de consulter tout un paquet permet de retenir ce qui s’y trouve et d’y revenir plus tard, ou pas. Le scoring se fait via des collections et synergies éculées. Le game est de toutes façons tué par les « soucoupes volantes », ultra-violentes. Il semble bien difficile de se protéger efficacement face à ces rafles incessantes. Une impression de chaos malheureusement trop prégnante.Grovast

 

Woodcraft (2022) : Encore un jeu où il faut satisfaire des commandes ? Oui, mais les diverses façons d’obtenir les dés sont un régal de quasi-cohérence thématique. Un rythme ultra-tendu est imposé, tant on manque d’actions La roue valorise celles qui sont le moins prisées d’une manière encore plus retorse que celle de Praga Caput Regni. Carton plein sur ce premier essai malgré un doute sur le grenier à outils, a priori bien difficile à maximiser. [Just Played] Grovast

Et ça continue…

Le FLIP, c’est une histoire qui dure depuis plus de 30 ans. Au vu d’une édition aboutie comme celle-ci, c’est une affaire qui n’est pas près de s’arrêter de rouler. Engagement politique local fort, projets d’envergure lancés pour les années à venir et dont on commence à voir les fruits, public qui répond plus que présent : les feux sont au vert. À noter également que le site internet du FLIP, qui était resté dans son jus un peu old school depuis pas mal de temps, a fait peau neuve en février dernier.

Bien sûr, tout n’est pas toujours parfait pour autant, et l’organisation identifie d’elle-même quelques axes d’améliorations. Au premier rang de ceux-ci, une solution pour simplifier le stationnement. Se garer peut être délicat aux heures pleines sur les journées les plus chargées. Le parc locatif proche de Parthenay est assez restreint : c’est également un sujet pour favoriser les séjours longue durée.

NatosorusLe mot de la fin de Natosorus

C’est un festival qui a une dimension hors normes. En durée, en quantité d’animations, et tout cela dans un esprit qui transforme le simple touriste en joueur. C’est vraiment pour tous les goûts ludiques, les vieux classiques ou les découvertes des proto, les jeux vidéos, les animations surdim, les tournois. Tout ou presque est gratuit, rien ne freine alors la famille à franchir le pas pour tenter de gagner des flippers, remporter une boite, et surtout gagner un woopie. Cette petite bestiole en peluche est la vraie mascotte du FLIP, celle qui fait jouer sous toutes les formes.

Le FLIP, c’est la colo : on joue toute la journée, on fait des rencontres, on retrouve des copains, on découvre de nouvelles animations, et on sait qu’on y retourne l’an prochain.

 

GrouleLe mot de la fin de Groule

On n’y pense jamais assez, mais toutes ces découvertes et rencontres ne pourraient se faire en si grande quantité au FLIP sans l’aide des nombreux animateurs présents sous chaque tente. Avec leur chapeau loufoque, ils font un travail remarquable, d’arrache pied, avec beaucoup d’enthousiasme et leurs explications sont souvent rodées, sans fioritures. Merci à eux et tous ceux qui font vivre chaque été ce grand festival.

 

GrovastLe mot de la fin de Grovast

On le sait, cette semaine au FLIP est une coupure un peu hors du temps. Elle passe toujours trop vite, mais ne boudons pas notre plaisir : une météo parfaite, une foultitude de jeux, et un bel accueil où qu’on aille. Rarement édition aura été aussi réussie que cette 13e à titre personnel. Le FLIP continue à progresser tranquillement, sans trahir son ADN de « grand petit » festival à la cool qui le rend si attachant. J’espère que le présent reportage restranscrit l’expérience à la hauteur qu’elle mérite.

 

Avant de se quitter sur une dernière galerie photos en vrac, sachez que la prochaine édition se tiendra du 10 au 21 juillet 2024. Et qu’on y sera. C’est sûr.

À bientôt les woopies !

 

 

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5 Commentaires

  1. elniamor 09/08/2023
    Répondre

    Mazette quel article ! Je sais où je vais passer mes vacances l’année prochaine… Merci pour ce retour hyper complet et très alléchant !

  2. acariatre 09/08/2023
    Répondre

    Merci pour ce FLIP then Write, on s’y croirait !

  3. La Chenille 15/08/2023
    Répondre

    Bonjour Grovast,

    Sur ma route de retour de vacances, j’ai réussi a convaincre ma ‘tite famille afin de faire un crochet au Flip durant quelques heures. J’ai donc pu découvrir ce festival pour la première fois et je le recommande à tous.

    J’ai d’ailleurs pu vous apercevoir, mais je n’ai pas osé vous aborder. Mais je répare mon erreur en le faisant ici et en vous félicitant pour cet article qui met bien en lumière les très nombreux espaces du Flip et surtout votre investissement pour promouvoir les jeux de société !

    bonne continuation

    • Grovast 22/08/2023
      Répondre

      Haha, merci. L’année prochaine, il faudra oser (et me tutoyer).

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