Shakespeare : être ou ne pas être un grand Ystari ?

L’autre soir, nous avons pu nous plonger dans l’univers shakespearien de Ystari lors d’une partie découverte. J’avoue que j’attendais avec impatience le retour d’Ystari sur un jeux de gestion comme on les aime et comme ils savent si bien faire. Alors au final, qu’en est-il de ce nouveau cru ?

« L’espérance d’une joie est presque égale à la joie »

En effet, cela faisait un moment qu’on espérait le retour d’Ystari sur son domaine d’expertise : les jeux de gestion, optimisés, réglés au quart de poil. D’autant plus d’attente pour ma part que Myrmes (dernier jeu de cette envergure) date de 2012. Il avait obtenu l’as d’or et reste mon préféré dans la gamme. Un must-have pour ce qui aime les jeux de gestion avec forte interaction. Il mêle gestion de sa fourmilière (son plateau individuel) mais aussi lutte de territoire sur un terrain commun, et surtout, le jeu est construit autour du thème et nous plonge dans l’univers des fourmis, sans compter le fait que la thématique aide à appréhender les mécanismes et à établir une stratégie.

Myrmes

Pour être exact, en 2013, il y a eu aussi Spyrium et Prospetity. Si Prosperity ne m’avait pas du tout convaincu, Spyrium est aussi un très bon jeu qui ressort régulièrement par ici. Si j’ai pris Myrmes comme dernière référence plutôt que Spyrium c’est parce que ce dernier est plus léger et surtout parce que le thème est moins présent, on le sent plus artificiel. Sans doute que l’absence du nom des bâtiments sur les tuiles renforce ce sentiment d’abstraction. 

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Pour revenir à Shakespeare, annoncé comme un jeu de gestion au thème immersif, vous comprendrez que l’espérance était forte et donc la joie de pouvoir le découvrir grande.

Et les premières impressions à l’ouverture de la boite ne font que renforcer ce sentiment.

On notera au passage, après le provoquant vert de Myrmes, le retour à la traditionnelle couverture aux tons marrons dans le plus pur style jeux de gestion dit à l’allemande. Quant au matériel, il est vraiment réussi. Les cartes sont superbement illustrées par Nériac et l’on y retrouve les différents personnages des pièces de Shakespeare, avec des illustrations différentes pour chacun d’eux et les artisans, travailleurs de l’ombre, bien utiles pour nous aider à monter cette pièce.

Les jetons pour les décors et les costumes sont figuratifs, et si l’on pouvait rêver de belles illustrations pour eux, c’est la lisibilité et la jouabilité qui ont primé. Un choix raisonnable pour les costumes qui viennent se poser sur les cartes des personnages déjà superbement illustrées, un peu regrettable pour le décor que l’on monte au centre de son plateau individuel. Néanmoins, je dois reconnaitre douter qu’il fut possible d’avoir des décors richement illustrés et une lisibilité parfaite pour respecter les contraintes et indiquer les bonus gagnés.

Deux sacs en tissu pour nous permettre de piocher à l’aveugle les costumes et les décors disponibles à chaque tour complètent le matériel. On notera la présence d’un thermoformage qui est, il me semble, une première pour un jeu Ystari original.

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La lecture des règles se fait sans problème et on se dit que dit que c’est un jeu qu’il sera facile d’expliquer et facile à faire jouer. Je me doute également que cela doit cacher des subtilités stratégiques qu’il faudra découvrir au fur et à mesure des parties. L’explication des règles à mes camarades confirme cette impression. En revanche la lecture des règles me fait craindre pour le thème. Je le pressens moins intrinsèque au jeu qu’un Myrmes. Malgré tout, je m’en sers pour expliquer les mécanismes et ça passe plutôt bien. Un bon point donc, même si un doute persiste.

Le monde entier est un théâtre, Et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles.

Quels rôles allons-nous jouer en tant que monteur d’une pièce Shakespearienne ? En effet, il semble évident que pour gagner il nous faut avoir quelques acteurs bien costumés qui nous permettront d’être performant dans chaque acte, des décors les mieux montés pour renforcer le prestige de la pièce, et avoir gagné suffisamment d’argent pour payer nos artisans et nos acteurs. Mais comment faire tout cela en seulement 6 jours (tours de jeu) et quelques actions (maximum 5) par jour ? Telle est la question. Il n’est pas si évident de voir comment vraiment scorer, comment gagner suffisamment d’argent pour payer ses acteurs, et aussi de mesurer l’importance des décors ou même de la piste des actes.

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Les 6 jours que l’on a pour monter sa pièce s’égrènent avec en point de mire la couturière (et oui la première répétition en costume) au 4ème jour et la générale (seconde et dernière répétition) au 6ème et dernier jour. Chaque jour, on va activer ses personnages (acteurs, artisans ou autre personnages comme l’orfèvre) pour déclencher des actions qui nous permettront de coudre des costumes, monter des décors ou performer sur les actes de la pièce. On sera également obligé d’embaucher un et un seul personnage par jour. Heureusement pour limiter les frais, on pourra leur demander de jouer les figurants et donc de ne pas avoir à les payer à la fin.

Après cette phase d’action, on vérifiera l’ambiance dans la troupe : si elle est bonne cela nous permet de grappiller une pièce, un point, ou de s’améliorer dans l’un des actes, et à l’inverse si elle est mauvaise de perdre un point ou de reculer sur la piste d’un des actes. Lors ces répétitions en costumes, on pourra bénéficier pleinement du jeu de nos acteurs et progresser sur la piste des actes. C’est aussi durant ces deux répétitions que l’on pourra engranger les gains relatifs à nos performances lors des actes (argent sur la piste rouge du premier acte, 1 ou 2 points pour les deux joueurs les plus performant sur la piste jeune du second acte et enfin points pour la piste bleue du dernier acte).

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Résumons : à son tour, on doit faire l’une des actions suivantes

  • Activer un artisan qui permet de monter des costumes ou des décors et

– finir un costume rapporte argent et/ou prestige

– poser des décors peut permettre de rapporter argent, point ou jouer sur l’ambiance de sa troupe ou des troupes adverses

  • Activer un acteur qui permet de progresser en performance sur un ou deux actes, et pour certains de travailler aux décors ou aux costumes.
  • Embaucher un nouveau personnage, un acteur, un artisan ou même un figurant

 

Rappelons que cette dernière action est obligatoire et devra être faite une seule fois au cours d’un tour de jeu (un jour).

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Une des subtilités du jeu tient au nombre d’actions que l’on pourra faire. En effet, on commence une journée par miser poings fermés le nombre d’actions que l’on compte jouer. Le joueur ayant misé le moins d’actions sera le premier joueur. Celui qui en a misé le plus sera le dernier joueur. Et moins travailler pour être aussi performant que les autres vaut bien un peu de prestige (un point de victoire pour celui qui est le premier joueur mais qui jouera moins d’actions).

Mais ce n’est pas tout : nos personnages ont besoin de se reposer. Tous ceux, excepté un, qui ont été activés lors d’un tour devront se reposer le tour suivant et ne seront donc pas disponibles pour faire des actions. Il est donc difficile de faire 5 actions à chaque tour, impossible même lors des premiers tours de jeu. De plus, l’ordre du tour est important car il peut permettre de s’accaparer une ressource (acteur, décor ou costume) très convoitée avant les autres. Un système d’initiative liée à l’activation des acteurs, dont les actions sont moins concurrentielles, permet de départager les égalités de mise. Après 2 ou 3 tours, on saisit l’importance de cette mise et la difficulté à gérer cette dualité ordre du tour/nombre d’actions.

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Si faire était aussi aisé que savoir ce qu’il est bon de faire, les chapelles seraient des églises, et les chaumières des pauvres gens des palais de princes.

On se retrouve assez dépourvu après l’explication des règles sur ce qu’il va falloir faire. Embaucher pléthore d’acteurs pour avancer sur les pistes des actes ? Mais le gain semble faible et difficile à atteindre. Se concentrer sur les costumes et/ou les décors ? Ces décors sont-ils si intéressants ? Car il semble qu’il faille en faire beaucoup pour marquer quelques points. Pareil pour les costumes qui vont nous permettent de gagner 1 ou 2 pièces, ou 1 ou 2 points, exceptionnellement 3.

 

Que faire ?

La partie commence par un tour 0 au moment de la mise en place où l’on embauche un personnage. Je choisis d’employer un assistant qui me semble intéressant à prendre dès le début pour bénéficier pleinement de son bonus toute la partie (il rajoute 1 en capacité à tous les artisans).

Sur ce début de partie, j’ai du mal à tracer une ligne stratégique contrairement à mon habitude. Du coup, je décide de commencer par prendre un objectif afin de me donner une direction. J’ai le choix entre deux objectifs liés aux décors et un concernant les personnages. Je préfère ce dernier, ayant l’impression que l’objectif sur les décors est plus exigeant. Mes camarades choisiront orfèvre et costumière alors que je prendrais un acteur qui incarnera Hamlet. En effet, ayant mal compris mon objectif, je pense qu’il faut que j’embauche pour 13 ou 18 pièces de salaire d’acteurs, alors qu’en fait il s’agit de personnages, les artisans entrant aussi dans l’objectif. 

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Je récidive au second tour avec Béatrice quand mes camarades prennent encore orfèvre et costumière mais en inversant. 

Du coup, je fais travailler mon homme à tout faire sans lui permettre de se reposer afin de costumer mes acteurs. Pendant ce temps, mes camarade de jeux P. et S. profitent aussi de leur homme de main, mais aussi de leur costumière et de leur orfèvre. Ils peuvent ainsi à la fois coudre des costumes et monter des décors. Heureusement la règle du repos limite un peu leurs possibilités (rappel : un seul des personnage ayant été activé un tour pourra être disponible le tour suivant, les autres doivent se reposer). 

Ce n’est qu’au 3ème tour que je vais me rendre compte de mon erreur d’interprétation au sujet de mon objectif. J’en profite pour prendre le premier décorateur disponible de la partie. À noter que je n’avais misé que 2 actions pour m’assurer de pouvoir l’embaucher. Tour assez court donc mais efficace.

Au 4ème tour, je complète mon équipe en embauchant enfin une costumière qui devrait permettre de m’aider à finir les costumes de mes acteurs. Le dernier orfèvre sort au 5ème tour, je ferai donc l’impasse et embaucherai un dernier assistant alors qu’un figurant complètera ma troupe au dernier tour. En effet, depuis le début de la partie, je suis inquiet sur les salaires. J’ai pris deux acteurs chers (5 pièces de salaire, soit le maximum) et mon décorateur réclame également un salaire à 5 pièces. Du coup j’atteins les deux points de mon objectif, mais il faut arriver à les payer ! Et l’argent se fait rare. 1 pièce ou 2 à chaque costume (j’en gagnerai 5).

Une OPA sur les 4 décors roses sortis lors d’un tour me permettra de gagner 4 pièces. Les répétitions me permettront d’en avoir 6 de plus. Enfin une bonne ambiance dans la troupe et une visite chez la reine au dernier tour me permettront de gagner les 5 dernières pièces nécessaires pour payer les 20 de salaire (2 acteur à 5 pièces, 1 décorateur à 5 pièces, 1 costumière à 3 pièces et deux assistants à 1 pièce chacun) afin d’éviter la pénalité de 2 points par salaire non payé. Chaud de gagner sa vie en faisant du théâtre !

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Au final j’ai costumé mes deux acteurs et mon figurant, je n’ai monté que la moitié du décor coincé par la règle de symétrie (si l’on a placé un décor vert sur la première ligne à gauche, il faudra avoir aussi un décor vert tout à droite), laissant ainsi échapper 2 points de prestige. Quant aux performances de ma troupe, elles ne seront pas si mal que cela : je serai au maximum sur le premier acte (5 pièces), en tête sur le second (2 points) et mauvais sur le dernier acte (perte de 1 point). Pas si mal pour une première pièce mais pas suffisant puisque P. me devancera de 2 points au final. Il aura lui aussi costumé tout le monde (sauf peut-être son figurant) et son décor sera monté entièrement. Mais la différence ne s’est pas faite là, il gagne 4 points de prestige grâce aux éléments dorés fournis par l’orfèvre. Cet orfèvre pris dès le second tour aura donc été très (trop ?) profitable. J’ai donc fait 2 points de plus que lui sur le jeu des acteurs et la beauté de ma pièce, et seul le clinquant de ses dorures le fait gagner…. Pfff et l’art dans tout ça ?!

« Qui n’a plus d’espoir n’aura plus de regrets. »

Je risque donc d’avoir encore des regrets puisque j’espérai mieux finalement de ce Shakespeare. Attention, c’est un très bon Ystari qui va certainement rejoindre ma ludothèque. Alors pourquoi cette légère déception ? Sans doute parce que j’en attendais trop. J’avoue que ces dernières années, je suis plus attiré par les jeux où le thème est au coeur du jeu et permet une immersion plus forte,  laissant la sensation qu’une histoire s’est racontée. Ici je ne peux pas dire que le thème n’est pas présent. On monte son décor, on costume ses artistes, les acteurs sont bien représentés. Mais j’ai eu du mal à ressentir le frisson d’une pièce à succès, la tension de plaire ou ne pas plaire. La faute sans doute à ces trois pistes des actes que l’on appellera d’ailleurs « plume » toute la partie : « je monte de deux sur la plume rouge » tel est le type de phrase entendue tout au long de la partie. On est loin de la performance lors d’un acte de la pièce. Ces répétitions qui devraient être l’âme du jeu, relativement au thème, se transforment vite en piste de décompte. D’autre part, le gain octroyé par ces pistes est relativement faible et faire de beaux décors ou de beaux costumes rapporte tout autant voire plus. L’immersion n’est donc pas totale. De ce point de vue, Myrmes était une réussite et Shakespeare ne réédite pas l’exploit de la thématique totalement imprégnée au coeur d’un jeu de gestion.

Attention, cette pointe de déception ne doit pas occulter le fait que le jeu est très bon. Preuve en est les longues minutes de discussions et d’analyses qui ont suivi la partie. On a également très envie d’en refaire une pour optimiser, mieux gérer, et surtout mieux contrer ses adversaires. Signe, là encore, d’un très bon jeu de gestion.

« Allons sagement et doucement : trébuche qui court vite. »

Si l’on revient sur cette première partie, une conclusion rapide pourrait être que l’orfèvre est trop fort. En effet, 4 points c’est énorme. Équivalent de 2 objectifs pleinement réussis, probablement donc de 3 objectifs. Sans compter le fait que les décors or offrent une grande liberté dans le montage du décors. En effet, il faut respecter une contrainte de symétrie. Le décor or est considéré multicolore et permet donc de se libérer de cette contrainte. Ayant 3 décors or, P. a pu monter facilement son décor et le finir, alors que moi-même j’ai été à un moment de la partie coincé et empêché de pouvoir terminer mon décor, perdant 2 points de prestige. 4 + 2 = 6 points gagnés grâce à l’orfèvre ! Mais ce serait trop simpliste et indigne d’Ystari que d’arrêter là la réflexion.

En approfondissant l’analyse, on se dit que j’ai joué bien moins d’actions, misant 3, 3, 2, 4, 3, 5 quand P. a misé systématiquement 4 ou 5. Ne serait-ce pas là la raison de l’écart ? Là encore, ce serait trop simpliste. Car être premier 5 tours sur 6 m’a permis de bien choisir mes éléments et d’optimiser mes actions et aussi de gagner 5 points. Le tour où je prends le seul décorateur me permet de rapidement monter mon décor et de revenir dans la course sur cet élément du jeu alors que je n’avais pas encore commencé. Choisir en premier les éléments à construire m’a permis d’optimiser à chaque fois la capacité de mes artisans. Il est arrivé plusieurs fois à P. de se contenter de bien moins que ce que lui permettait son artisan. Il a même du passer une fois.

Quant à l’orfèvre, il a certes été très fort sur cette partie, mais les circonstances sont particulières. Sorti très tôt et avec une répartition des éléments or presque parfaite qui a fait qu’ils ont pu à chaque fois prendre chacun un élément. Rajoutons à cela que le dernier orfèvre sort à l’avant-dernier tour les laissant seuls à 2 sur ces éléments. Des orfèvres qui sortent tard, ou des éléments bien moins bien répartis auraient changé la donne.

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Le fait également que le premier décorateur sorte tard a limité la compétition sur les décors. P. s’est lancé toute de suite dans cette construction alors que nous avons privilégié les costumes. Cela lui a facilité la tâche. Était-il possible de le contrer ? Oui certainement. Avec le recul, voyant qu’il avait un orfèvre et une costumière, j’aurai du me lancer plus tôt dans les décors pour créer une concurrence et l’empêcher de se développer tranquillement avec son homme à tout faire. Retarder un peu les costumes n’aurait sans doute pas été un problème pour moi, d’autant que j’ai eu fini dès le 4ème tour de costumer mes acteurs.

J’aurai également certainement du miser un peu plus d’actions voyant que mes camarades étaient souvent à 4 ou 5. Si j’avais seulement joué 2 actions de plus consacrées aux objectifs, je marquais 4 points de prestige de plus. En effet, pour avoir vérifié à la fin de la partie, sur les 7 objectifs restants, seuls 2 ne me permettaient pas de marquer de point, et 4 des 5 autres me rapportaient 2 points. Sachant qu’on en choisit un parmi trois, il est aisé de voir que j’aurais eu à minima 3 points de plus en prenant deux objectifs de plus.

Enfin dernier élément de réflexion : après la première répétition (fin du 4ème tour), j’ai 9 points d’avance sur P. et une quinzaine sur S. Or je termine deux points derrière P et seulement deux points devant S. Ayant déjà terminé mes costumes, étant un peu coincé sur les décors, je n’ai pratiquement fait que prendre de l’argent. J’ai juste gagné un point sur les décors lors des deux derniers tours. Mes camarades eux ont pu finir leurs costumes et décors tranquillement, débarrassés de ma concurrence sur ces ressources critiques. Je suis donc certainement parti trop vite ou j’ai manqué d’ambition en ne prenant pas un acteur supplémentaire quitte à ne pas le payer. Je ferai donc mienne cette citation de Shakespeare la prochaine fois : « Allons sagement et doucement : trébuche qui court vite. ».

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Just played

Je me permets de rappeler que ceci est un Just Played, donc un ressenti à chaud suite à une première partie. Ce ne peut donc être pris pour une critique étayée sur plusieurs parties et avec du recul. Pour cela, il faudra attendre le Test.

Sur cette première et seule partie, mon impression est qu’on est face à un très bon Ystari. L’analyse rapportée ci-dessous vous montrera, je l’espère, que la richesse tactique est là, qu’il faut s’adapter au hasard de l’ordre d’arrivée des personnages et des éléments de décors et de costume, qu’il faut également tenir compte de ce que font les autres et ne pas les laisser développer tranquillement leur stratégie, que l’ordre du tour est important et la dualité ordre du tour/nombre d’actions apporte une touche d’originalité très intéressante. Si comme d’habitude on se sent contraint et qu’on manque d’actions, on a également paradoxalement du temps et il faut le prendre, semble-t-il, pour maintenir la concurrence et gêner ses adversaires. Malgré toute ces qualités, il n’entre pas dans mon top 3 des jeux Ystari : Myrmes, Sylla et Amytis. Certainement parce que j’en attendais plus, notamment au niveau de l’immersion thématique.

>> La fiche de jeu

Un jeu de Hervé Rigal
Illustré par Arnaud Demaegd, Neriac
Edité par Ystari Games
Distribué par Asmodee
Pays d’origine : France
Langue et traductions : Français…
Date de sortie : 09/2015
De 2 à 4 joueurs 
A partir de 12 ans 
Durée moyenne d’une partie : 75 minutes

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10 Commentaires

  1. TheGoodTheBadAndTheMeeple 28/09/2015
    Répondre

    Bien intéressant tout ca, on l’essaiera a Essen !

    Ta conclusion me fait penser que j’ai envie de me refaire un sylla… 5 euros a Essen pour ceux qui y vont 😉

  2. morlockbob 28/09/2015
    Répondre

    Très bonne surprise pour ma part. Le thème n est pas immersif mais bravo pour avoir osé…en tous cas les détails apportés au « décor » du jeu sont bien pensés. Le jeu est classique, fluide, tendu malgré tout et on a peu le droit a l’erreur, le score se jouant sur 1 point au final. Pour ma part, un jeu dont j ‘ai envie de refaire quelques  parties.

  3. eolean 28/09/2015
    Répondre

    Retour intéressant, j’ai hâte de voir à quoi il ressemble de plus près. Pour l’heure, mon top 3 chez Ystari serait plutôt : Amytis, Y’s et Yspahan. J’ai plus de mal avec leurs derniers titres, j’espère que Shakespeare me renouera avec cette excellente maison !

  4. Grovast 28/09/2015
    Répondre

    Quoiquoiquoi Caylus qui ne serait pas dans vos top 3 Ystari ? Scandale ! 🙂

    Celui-ci est en pôle position pour mes prochains achats, j’attends un peu histoire de bien le mériter.

  5. Djinn42 28/09/2015
    Répondre

    Vu aux Vendanges Ludiques de St Vincent De Boisset hier en compagnie de l’auteur. Un bon gros Ystari Plus qui promet avec un thème très original et bien rendu.

  6. Cormyr 28/09/2015
    Répondre

    Yspahan et Caylus sont excellents. J’ai hésité à mettre Caylus. C’est un jeu que j’adore, mais je ressors plus facilement Amytis et Sylla, surement parce que Caylus ayant fait tant d’émules sur la pose d’ouvrier que je trouve Amatis et Sylla plus originaux. Mais un autre jour, j’aurais peut-être mis Caylus dans le top 3. Il y était jusqu’à l’arrivée de Myrmes.

    Quant à Sylla, à 5 euros, je ne peux que vous dire d’y aller les yeux fermés. Je n’arrive pas à savoir pourquoi ce jeu n’a pas eu de succès. Le rapprochement avec Res Republica Romana n’a pas du aider. Peut-être aussi son originalité qui déroute pas mal de joueurs… en tout cas à 5 euros, vous n’avez plus aucune excuse pour ne pas l’acquérir et l’essayer.

     

  7. Amiral 28/09/2015
    Répondre

    Merci pour ce « just played ».

    Moi même je sors d’une partie découverte et je suis assez d’accord avec cet article.

    J’ai bien aimé ma partie mais je ne suis pas ressorti transcendé par le jeu.

    Cela reste un Ystari agréable, poids moyen, et qui tourne bien.
    C’est clairement un jeu à « préparation » où il faut bien anticiper tes coups à l’avance sous peine de rater les décomptes intermédiaires.
    La phase d’enchères cachées de début de tour ne m’a pas enthousiasmé car on tourne très souvent entre 4 ou 5 mises (rarement 3 mais presque jamais en dessous). Ce mécanisme fait un peu « pièce rapportée » dans le sens ou on dirait qu’il a été rajouté plus tard au jeu.
    Le reste des mécanismes est plus ou moins classique avec la gestion « ambiance » assez bien trouvée mais une prise d’initiative que je trouve moyenne et pas très intuitive car on l’oublie souvent (acteur joué).
    Coté thème, c’est plutôt bien retranscrit même si on ne parle pas souvent de scène et d’acteurs mais plutôt de couleurs de plumes.
    Voila, une bonne surprise donc mais qui ne rentrera pas dans mon top ten.

    • Cormyr 28/09/2015
      Répondre

      Pour la phase d’enchère, de notre côté, les mises ont varié de 2 à 5 activations. La gestion de l’ordre du tour, pour prendre en priorité certaines ressources ou personnages particuliers ont été l’un des points clefs ; sans compter le point bonus pour le premier joueur. Du coup, la gestion de l’initiative est importante et maligne. Faut-il aller activer un acteur rapidement pour faciliter la place de premier joueur au prochain tour au risque de laisser aux autres la possibilité d’acquérir costumes ou décors avant soi ? Question cruciale à laquelle il n’est pas toujours facile de répondre.

      En revanche, je te rejoins sur un point, autant le premier joueur y pense souvent car c’est dans ce but qu’il active un acteur assez rapidement, autant on a souvent oublié les joueurs suivants, ce qui est gênant au moment de l’enchère du tour suivant pour départager les égalités.

  8. reveur81 29/09/2015
    Répondre

    Enfin ! Je ne suis pas seul à considérer Sylla comme l’un des meilleurs Ystari :).

    Excellent article, très intéressant.

    • Cormyr 29/09/2015
      Répondre

      Merci 🙂

      Super, je ne suis plus seul à considérer Sylla comme l’un des meilleurs Ystari 😉

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