[Vu,lu, entendu] Canard PC : Hors-série jeux de plateau

Grâce à son image d’indépendance vis à vis des éditeurs, son humour corrosif, la profondeur de son travail critique et, bien sûr, la qualité des plumes qui composent la rédaction, le magazine Canard PC fait plus que tirer son épingle du jeu. C’est une très belle aventure éditoriale, l’un des titres phares et des plus originaux de la presse jeu vidéo actuelle. Il produit à intervalles réguliers des hors-séries consacrés à des sujets divers, la technologie, la création de jeux, la saga Fallout, etc. Les voir investir, à quelques encablures de Noël, le sujet des « jeux de plateau » n’était pas réellement une surprise puisque depuis quelque temps leurs colonnes s’ouvrent occasionnellement à des chroniques de ce genre, leur forum en parle et un blog tout à fait intéressant compile les présentations. Néanmoins, cela fait très plaisir en termes de reconnaissance pour notre milieu ludique. Le vrai questionnement serait d’ailleurs là : est-ce que le contenu est à la hauteur de l’engouement que la nouvelle a soulevé chez certains par chez nous ? Le discours sur le jeu de société est-il aussi pertinent qu’il l’est sur leurs préoccupations habituelles ? 

 

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Jeux de plateau(x) ? 

La couverture a surgit un jour sur Twitter, inattendue, excitante, quelque temps avant la date de publication. Condensé du style du canard, elle s’avère des réussie. Bien exposée chez les marchands de journaux, elle saute aux yeux, bien aidée par  cette image tout en mouvements. S’ y retrouvent les codes habituels du magazine : le dessin décalé mettant en scène cette mascotte qui remplace parfois les classiques images extraites des jeux, les références culturelles, l’impression dominante du « ici, on ne se prend pas trop au sérieux« . Afficher au premier plan autant de dés à six face et cette créature vaguement lovecraftienne laisse craindre de prime abord une vision trop orientée « ameritrash » du propos, mais il n’en est rien au final : le contenu est subtil, pluriel et complexe.  

 

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La présentation du numéro publiée sur le site pose quelques bases en termes de contenu en même temps qu’elle témoigne de la gêne pour saisir le sujet, confusion  partagée avec tous ceux qui écrivent sur le jeu de société : 

« C’est avec une certaine fierté – et un casque récupéré au surplus militaire sur la tête, en cas de jets de cailloux – que Canard PC vous présente son premier hors-série consacré aux jeux pas vidéo. Plus précisément, aux jeux en carton. Non, pas ceux que l’on trouve par brouettes dans la section greenlight de Steam, essayez de suivre, quoi… Les jeux de société. Ou les jeux de plateau, comme on dit quand on veut souligner qu’on ne parle pas du Monopoly ou du Cluedo, mais des nobles Agricola, Mare Nostrum, Small World et autres 7 Wonders.« 

 

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Ce flou artistique persiste dans l’éditorial. L’auteur tente de différencier à sa manière les jeux de société (poussiéreux) et les jeux « modernes », définis comme « jeux de plateau« . Un démarquage utile, facile à faire comprendre aux amateurs de jeux de plateforme et de monde ouvert, mais qui néanmoins échoue à définir vraiment ce dont ils veulent et vont parler.

Encore une fois, ce dilemme ne leur est pas spécifique. Car qu’est-ce qu’un « jeu de plateau » au fond ? En quoi 7 Wonders l’est-il plus que le Scrabble ou le Cluedo ? Comment parler de la « modernité » des jeux de société en excluant des titres importants comme Jungle Speed, Magic, Les Loups Garous de Tiercelieux, Elixir, et beaucoup d’autres qui n’ont justement pas de plateau ? Ces questions là se trouvent aussi dans l’ADN de Jeux et stratégie, Tric Trac, les blogs, dans les JSP dernière période, Plato, etc. Les rédacteurs de Canard PC ont le mérite de ne pas esquiver le problème mais au contraire de le mettre en exergue et de s’en moquer. 

En effet, ils ne prétendent pas solutionner cette question de sémiologie. L’essentiel est ailleurs : avec cet éditorial léger et amusant, le journaliste réaffirme l’intérêt d’une partie de la rédaction pour ces genres et ces sous-genres, et l’envie d’en parler. Au passage, on notera que les textes, contrairement à l’habitude, ne sont pas signés, ni complètement personnalisés. L’écriture est plus neutre, inhabituelle. N’ayant plus de numéros de Canard PC sous la main, je n’ai pu regarder dans l’Ours qui de l’équipe habituelle intervient où s’ils ont fait appel à du monde en externe.

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Une autre perspective

Comme ils ont du métier, la maquette est fort agréable, les sujets pertinents et bien illustrés, les textes cohérents et plaisants à lire. Il arrive que l’on se marre bien, au gré des blagues potaches dans ou hors le texte.  

Le contenu est composé d’un cahier de chroniques et de papiers assez courts sur « les grandes tendances actuelles« . Autrement dit, il n’y a pas de véritable surprise sur le fond, si ce n’est le nombre important de pages. La qualité est constante de bout en bout.

 

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Senet égyptien

 

Pour resituer leur sujet, ils commencent avec méthode, comme pourrait le faire un Science et Vie, avec une frise chronologique étalée sur plusieurs pages. Cette illustration nous donne quelques repères en matière de jeux de plateau, remontant à l’Antiquité jusqu’à cette date fondatrice qu’est…  la sortie des Colons de Catane. D’emblée, ces premières pages font naître une ambivalence qui ne se dissipera pas vraiment au long de la lecture.

D’une part, ce contenu nous apprend des choses très divertissantes et, même si cet abord historique est abandonné par la suite, il a le mérite d’ouvrir des perspectives. Des perspectives, il est important de le noter, que nous n’aurions pas eu si nous étions restés dans nos habitudes de lecture. Cette introduction de l’histoire est donc très réussie, voire salutaire, dans un monde du jeu de société « moderne » qui donne parfois l’impression de négliger les origines.. D’autre part, les choix opérés sont tout aussi cohérents que discutables. Discutable n’est pas à entendre au sens péjoratif du terme, mais plus dans l’idée que les contenus ouvrent à discussion, donnent envie de rebondir. L’absence du jeu de rôle, de Diplomacy, Civilization, Magic, Acquire, Trivial Pursuit, Scrabble, est compréhensible mais néanmoins étrange. 

Convergences

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Un oubli vendu à des millions d’exemplaires

 

Le sujet attendu et évident, à savoir l’interpénétration jeux vidéo-jeux de plateaux, annoncée en couverture et traitée dans trois articles, est loin d’être la partie la plus convaincante. Ce sont plutôt de bons articles à vrai dire, mais que ce soit pour parler des adaptations de jeux vidéos en plateau, de l’utilisation de l’électronique dans les jeux ou du portage sur écran divers, il semble de prime abord difficile de saisir où les journalistes veulent en venir. Il faut une deuxième lecture pour aller au-delà de l’énumération.

Au-delà de cette capacité à repérer des titres adaptés de jeux vidéos, des tendances historiques avec des hauts et des creux, quel est le « poids » réel de ces produits sur le marché ? Est-ce que l’introduction des tablettes dans les jeux de plateaux est une tendance prometteuse ou des balbutiements sans avenir ? Le propos semble s’en tenir parfois à de l’anecdote amusante, de la nostalgie flatteuse (le Touché Coulé électronique) ou à des choses relativement mineures (Le monde Yo Ho, célébré comme avancée technologique mais dont ils pointent le manque d’intérêt), aux dépens d’une analyse plus fouillée ou d’un point de vue plus engagé.

Est-ce du au fait qu’en quarante ans il est difficile de dégager de réussites véritablement marquantes dans le portage de jeux vidéos en plateau ? Ou est-ce parce qu’ils ne vont pas assez loin dans l’analyse ? Dans le sens par exemple de jeux de plateaux qui n’adaptent pas forcément le jeu vidéo en tant que tel mais en intègrent des bouts d’ADN : les codes (Dungeon Lords), les rythmes, les formes (Color pop, Rampage, Mage Knight), les tutoriels (Andor…), le langage (sandbox…), etc. Difficile à dire. Reste des articles qui apportent finalement plus de questions que de réponses. 

 

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Une curiosité récente

 
Quant au papier sur les versions dématérialisées des jeux, il est plaisant. Il aurait été intéressant d’avoir dans le même temps des données économiques sur l’intérêt réel des produits sur tablette ou Steam. Des données que l’on peine à avoir, quel que soit le média qui en parle. Est-ce uniquement un outil de promotion où y-a-il un réel avenir ? Il est étonnant de voir que si Steam est cité, les principales plateformes de jeux de société sur écran, à savoir des sites du type Boîte à jeux ne soient jamais évoquées. C’est pourtant un phénomène ancien et répandu. La manière dont les fans se sont emparées de la possibilité de jouer en ligne, alors que le marché était trop faible pour intéresser les marchands et comment depuis ils subsistent, demeure un phénomène tout à fait marquant, de même que la subsistance d’une interface aussi sommaire que celle de Brettspielwelt ou l’ascension irrésistible de Boardgame Arena. La guerre des licences, avec par un exemple un Dominion qui a largement profité de ces plates-formes gratuite avant de créer un site payant serait une autre partie de l’histoire. 

 

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Le monde de Yo Ho

 

Le papier sur Kickstarter, autre point de rencontre entre les deux domaines, est bien plus marquant. On y apprend entre autres choses que les jeux de plateau ont récolté en 2015 deux fois plus d’argent que les jeux vidéos sur la plate-forme ! Notez que c’est une information sur laquelle Ludovox avait dédié un Edito sur le sujet en août 2015. Cela a le mérite d’ouvrir les yeux aux lecteurs. 

Licencié !

Suivent quelques articles sur les licences Lovecraft et Stars Wars. Étrangement, Le Seigneur des anneaux, qui aura pourtant été un marqueur phare au niveau historique dans l’exploitation d’un film, et Le trône de fer, sont absents. Pourtant, ce sont des licences importantes. Tout aussi étrangement, un papier sur les licences Games Workshop est relégué un peu plus loin alors qu’il aurait eu sa place ici. Reste, évidemment, un choix assez éclairé des bons produits sortis récemment dans les gammes citées plus haut : Les demeures de l’Épouvante, X  Wing, et Star Wars Rébellion. L’écriture est par ailleurs agréable, surprenante, fluide, il y a un vrai plaisir de lecture.

 

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Effet Catalogue

Le cœur du hors-série est composé d’un cahier de chroniques qui forment une sorte de guide d’achat pour Noël. Ils sont divisés en catégories, par ailleurs assez pertinentes : enfants, débutants, stratège, coopératif, etc. L’absence de regard critique autre que d’avoir choisi et écarté des titres est logique dans le sens où ils veulent proposer une sélection. Le problème est que cela nous vaut un panégyrique de plusieurs plages qui, s’il n’est jamais hors sujet, toujours de bon goût, finit par lasser  à terme. D’autant que le propos soit assez redondant, pour les habitués des jeux de plateau, qui n’apprendront pas grand chose ni ne trouveront là de véritables trésors cachés, à part peut-être Secret Hitler. Dommage, car c’est parfois quand ils ont la dent dure, qu’ils tournent en ridicule des projets ratés, qu’ils sont, sinon les plus pertinents, du moins les plus drôles. Il faut noter que le style d’écriture est assez différent de ce qu’on connait d’ordinaire, moins personnel, plus généraliste. 

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S’il n’y a pas de faute de goût ni d’erreur incompréhensible, il apparaît assez clairement qu’en écrivant ce numéro, ils se sont déplacés vers un territoire qu’ils maîtrisent (un peu) moins. Un domaine où ils sont amateurs éclairés, mais dans lequel ils ne baignent pas complètement. Ils ne produisent pas la même profondeur d’analyse en parlant de Catane et de Settlers, de Through the Ages et de Total War: Napoleon. Nulle surprise de réaliser que le Hors Série sur l’évolution des processeurs était beaucoup plus profond. Les mêmes journalistes qui m’avaient passionné avec une chronique mi sérieuse-mi hallucinogène de Euro Truck simulator ou qui parlent si bien de Wargame: European Escalation ne m’emmènent plus aussi haut. Du coup, étrangement les blagues ne font plus le même effet, marchant parfois moins bien que d’habitude. (La petite joke discrètement cachée dans les pages est vraiment très drôle par contre). Mais sans doute est-ce lié au lectorat visé : c’est un ouvrage de vulgarisation, et il est probablement très efficace avec quelqu’un qui n’y connait pas grand chose. Pour les spécialistes, il sera juste plaisant, ce qui est déjà beaucoup. 

 

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Vraiment bien ficelé

Une fournée de tendances vient après le catalogue de jeux, de fait c’est un vrai catalogue de tendances. À chaque fois, c’est du bon journalisme moderne : documenté, multipliant les points de vue, alternant analyse et anecdotes, allégé avec quelques blagues, et le tout sans dépasser un certain nombre de signes. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils sont assez complets et efficaces. Ils ne laissent pas de côté de sujets importants, ce qui veut dire aussi, si on va par là, qu’ils ne vont pas en chercher de réellement surprenants.  

Voilà par exemple la liste de ces articles :

  1. Les Escape rooms. Le sujet est bon. Mais là encore, pourquoi reparler de la dernière sortie Space Cowboys (Cyril Demaegd va sortir un jeu inspiré du genre, cf News) plutôt que de ce que met en place Repos Prod dont les gérants ont un discours très pertinent sur le sujet ? Tropisme parisien ? 
  2. Les jeux Legacy. Peut-être que les limites du genre, et les retours sur la première incursion hors licence, Seafall, ne sont pas assez interrogées.
  3. Warhammer. Le dossier est passionnant et rejoint la récente chronique de Reixou dans la radio des jeux. 
  4. Essen 2016. Article trop faible à mon goût. 
  5. Embellir ces jeux. L’intérêt de cette partie est un peu limité, mais il ouvre sur une pratique amusante.
  6. Bars à jeux. Bon article, et plaisant à lire.

 

Le lexique qui clôt le magazine, façon Dictionnaire du diable de Ambrose Bierce, est quant à lui savoureux, bien dans la ligne du magazine. Ils produisent régulièrement ce genre de rubriques, parsemées de jeux de mots. 

 

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À moitié vide, à moitié plein

Nous n’allons pas réconcilier ici les enthousiastes et les sceptiques. Il y a en effet plusieurs manières de lire ce numéro, et j’avoue osciller fortement entre les deux. Soit considérer tout ce qui est absent (l’évolution économique du marché, l’amélioration de la direction artistique, des entretiens plus fouillés avec des acteurs majeurs, un certain nombre de jeux, sortir d’un contexte trop francophone voire parisien) ; soit, au contraire, prendre acte de l’intérêt et du positionnement du magazine, et traiter cela comme une excellente entreprise de vulgarisation et d’évangélisation des masses.

Que Courrier International, Ravage et maintenant Canard PC publient des hors séries de ce type et de cette qualité montre bien que quelque chose évolue dans le marché et dans le discours sur le marché. D’ailleurs, si l’on se place dans une perspective béotienne, celle du joueur de jeu vidéo n’y connaissant rien au j2s, le secteur est traité avec sérieux et respect, et cela donne drôlement vraiment envie de s’y essayer. Comme ce public est le cœur de cible, probablement plus que les amateurs de jeu de société, il ne faut pas attendre la même profondeur de champ que dans l’analyse du secteur des jeux vidéos et du matériel informatique. Néanmoins, c’est très bien fait. Reste à voir maintenant si ce ballon d’essai, qui voit le canard venir renifler les terres qui ont vu la chute de plusieurs magazines spécialisés, restera une passe dans leur histoire éditoriale ou si nous verrons un jour un Canard Plateaux. Ce qui serait une excellente nouvelle. 

 

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Canard PC hors-série n°24 : spécial jeux de plateau, en kiosque à partir du 23 novembre au prix de 6,90€.

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7 Commentaires

  1. Djinn42 05/01/2017
    Répondre

    Ils ont fait appel à des lecteurs actifs sur le forum jeu de plateau. Je ne sais pas s’ils sont allés jusqu’à écrire des articles, mais ils ont grandement aidé à priori.

  2. Djinn42 05/01/2017
    Répondre

     

    Je crois fortement à un magazine dédié (bi-mensuel) ou au moins un hors série régulier (pas juste avant noël).

    Le lecteur de Canard PC c’est pas la caricature du joueur abruti au FPS (first person shooter). le magazine traite de tout et beaucoup de STR (stratégie temps réel) et d’autres jeux plus confidentiels. Beaucoup de ces jeux n’ont d’intérêt sur PC que le fait que les règles soient gérées par l’ordinateur. Les graphismes jouent, mais pas uniquement. Et souvent ils auraient leur place en version plateau, avec tout ce que ça pourrait donner de laborieux…

    J’y crois en tout cas, et je les encourage à se lancer.

    • Sha-Man 05/01/2017
      Répondre

      On y croit très très beaucoup aussi chez Ludovox.

      Mais chaque chose en son temps 😉

      • Djinn42 05/01/2017
        Répondre

        Ils ont eu du culot pour Humanöide, dans un format étrange pour leur ligne éditorial mais loin d’être ridicule.

        Là c’est pas non plus leur cœur de cible, mais ça reste quand même beaucoup plus proche d’eux. J’y crois à fond.

        Foi de canard.

        • Damien Andre 05/01/2017
          Répondre

          Oui, j’ai vu passer ce magazine qui avait effectivement l’air culotté. Ils l’ont arrêté à la rentrée je crois. Je trouvais ça (de loin) étrange et dérangeant (au bon sens du terme). Pas lu cependant.

          • Foulk 06/01/2017

            J’ai acheté les quatre (ou cinq ? Je ne sais plus) numéros d’Humanoïde et je ne regrette pas du tout. La force de l’équipe éditoriale réside dans leur capacité à transmettre leur passions via leurs textes. Qui aurait pu imaginer que j’aurais trouve intéressant le monde de la bourse gérée par des IA ou un article sur les derniers missiles balistiques. Chaque article d’Humanoïde etait toujours étonnant et intéressant. J’espère qu’ils remettront le couvert un jour.

             

            P.S : je suis ici parce qu’un des journalistes de canard PC à linké cette critique du magazine sur twitter. Je connaissais ps Ludovox, c’est une bonne surprise 🙂

          • Sha-Man 06/01/2017

            Bienvenue par chez nous Foulk ! Et merci.

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