Spy Connection – LES AVENTURIERS DU SPY

C’est très sûrement le thème qui m’aura fait me diriger vers cette boîte. Le thème, le nom des deux auteurs, Brett J. Gilbert & Matthew Dunstan (Elysium, Mandala, Pyramids) et le format de la dite boîte. On nous parle d’agents, de réseaux, de connexion, tout cela à travers une Europe résonnant au son de villes prestigieuses, de Londres à Istanbul.

Votre mission (si vous l’acceptez) sera de créer un maximum de réseaux reliant des villes imposées. Attention à ne pas trop vous disperser, votre réserve d’agents n’est pas infinie.

 

 

À la vue de la boîte, illustrée par Dennis Lohausen, j’ai le droit à un « c’est un jeu pour enfant ? » de ma voisine. Il est vrai que pour un jeu d’espion, le visuel est bien sage. Il faut attendre le plateau pour découvrir que chaque ville est agrémentée d’une illustration aux références multiples des films d’actions, avec vol plané de la Tour Eiffel, un affrontement sur le toit d’un autobus à impérial ou encore la célèbre Aston Martin du double zéro. Une fois ouverte, la boîte est assez pleine… de vide. On trouve tout de même un plateau, un paquet de cartes, des jetons agents. Le plateau biface qu’on pourrait croire adapté à une version 2 / 3-4 joueurs n’est en réalité qu’une ambiance jour/nuit. C’est plus joli qu’un simple revêtement noir, mais c’est dommage, un ajustement aurait permis de jouer à 2 (comme indiqué), ce qui est, en l’état, peine perdue puisque ce jeu joue hautement l’interaction.

 

Les villes de départ indiquées en rouge.

 

Votre maître espion va démarrer dans une ville. Son but sera de la relier à celles notées sur sa carte Destination. Il devra donc poser des jetons entre deux points. Première contrainte, il faut gérer ses jetons car quand vous n’en avez plus, il faut en récupérer et donc les enlever de vos liaisons existantes. Une autre façon de faire est de réaliser une mission. Difficulté supplémentaire, il faudra récupérer des futures missions, en empruntant des chemins déjà créés pour être optimal. Il y a donc un équilibre à trouver entre poser ou pas, ses jetons et piocher des missions qui correspondent à ce que vous avez déjà mis en place.

 

Monaco Berlin, double tarif !

 

Le monde de l’espionnage n’est pas celui des bisounours et la guerre (froide) est perpétuelle. Vos adversaires désirent, eux aussi, se rendre dans des villes que vous convoitez. Qui sera le plus rapide ? Je l’ai mentionné, ce jeu est hautement interactif. Les connections entre villes sont trop peu nombreuses pour que chacun puisse suivre tranquillement son chemin. Il sera donc possible de vous placer sur des routes construites par vos adversaires afin de ne pas être bloqué. Cela aura néanmoins un prix, avec une forte augmentation : il faudra utiliser deux agents au lieu d’un pour suivre la voie déjà tracée. Cela se réfléchit car ici nulle possibilité d’un « malheureux accident » (00 n’a pas le permis de tuer) !

On va donc connecter ses villes et prendre ses contrats, le tour de jeu se résumant à : accepter une nouvelle mission / relier une nouvelle ville ET se déplacer / se déplacer. Une fois sept missions achevées, la partie prend fin, ce qui prendra 20 à 30 minutes. Combien de points figurent sur les cartes Destinations que vous avez validées ?

 

où va-t-on aller ce week-end ?

 

SPY EDITION

Après plusieurs parties  avec des publics variés, le jeu n’a pas convaincu. D’entrée, il brouille les pistes (logique pour un espion me direz vous). En y jouant, on découvre vite le trop grand écart entre ce qu’il semble proposer et ce qu’il propose réellement. On nous parle d’espions, de réseaux, l’ombre de Jason Bourne et cie planant sur le jeu alors que la direction artistique a dû mal à nous plonger dans l’action, ne véhiculant décidément pas tout le potentiel immersif du thème. Direction artistique qui laisse également penser que nous sommes dans un titre familial. Qui plus est, poser des jetons pour relier des villes peut faire songer aux  Aventuriers du rail ou encore à ce jeu de 1978 « voyage en France » où il fallait boucler le plus rapidement possible un voyage en passant par des villes tirées au sort. Quelqu’un aura même cité l’awalé puisqu’on y égrène ses jetons un par un pour avancer.

Spy Connection est assez abstrait dans son déroulement : il s’agit de se positionner pour rejoindre des points tout en essayant de bloquer les adversaires, et de s’arranger pour remplir des missions ayant déjà un maximum de villes sous son contrôle. Suivant le nombre de joueurs, cela penchera vers un jeu tactique ou une simple course. A deux, c’est trop gentil, on n’est plus gêné par le manque de jetons que par la ruse son adversaire, on se partage le plateau et on fait sa cuisine. A quatre, ça bouchonne, le moindre jeton est important, prendre une mission de trop peut vous plomber, il faut parfaitement gérer ses jetons, optimiser et savoir profiter des routes qui se libèrent. Le jeu peut devenir long. Trois joueurs reste le nombre qui permettra à la fois un peu de souplesse et de réflexion.

 

 

côté nuit, vous avez du café !

 

La bonne configuration trouvée, on peut donc se positionner, bloquer une route, prendre une mission avant l’adversaire et réfléchir au meilleur coup à faire, partageant ses efforts entre course poursuite pour parvenir à ses objectifs avant les autres et gestion minutieuse de son stock d’agents. Mais alors pourquoi cela n’a pas pris ?

A l’image de sa boîte, ce jeu me semble être un peu old school. Si la théorie et la pratique fonctionne, il y manque l’amusement et la tension, une certaine immersion, un peu de vie. Rapidement, on a l’impression de poser/enlever, et de se répéter. Le hasard nous libère par moment un chemin sur lequel on peut se placer, ou au contraire, nous fait passer notre tour. Sans être totalement froid, le jeu devient mécanique malgré une interaction importante.

Il y a des jeux qui ont, sur le papier, un potentiel et qui, une fois lancés, ne parviennent pas à développer ce qu’ils semblaient promettre. Il est parfois difficile de dire pourquoi on n’a pas aimé, c’est une impression finale, un voile qui flotte sur le groupe de joueurs, un constat neutre, comme une sensation indolore. Le jeu est-il mauvais ? Non, il n’y a pas de failles dans sa mécanique. Mais c’est peut-être le point crucial, il n’est resté qu’une mécanique. Bref, quelque chose n’a pas pris chez nous. Peut-être aurez-vous le bon angle d’attaque.

Spy Connection, c’est donc un peu comme le dernier James Bond (Mourir peut attendre), il y a tout les éléments dedans, ça commence bien mais ça ne concrétise pas ce que son propos était censé nous offrir.

 

 

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