Regards sur Oath: Chronicles of Empire and Exile

Oath: Chronicles of Empire and Exile, imaginé par Cole Wehrle, qui était dernièrement derrière Root, sera bientôt lancé sur Kickstarter, et déjà plus de 5000 personnes ont cliqué sur le bouton « prévenez-moi quand ça démarre que je fasse chauffer la carte bleue » sur la page de pré-lancement de la plateforme.

Faut dire que Root a su trouver et convaincre son public, malgré le fait qu’il nécessite d’apprendre une règle de jeu chacun. Mais Cole Wehrle avait déjà un nom auprès des joueurs avant Root. Avec Pax Pamir (qui va être ré-édité) et John Company l’auteur avait su apporter un nouveau regard sur le jeu de plateau, et c’est bien ce qu’il semble avoir réussi derechef avec Oath, son prochain opus, qui ne manque pas d’ambition.

Pas de gimmick  

Oath c’est un peu la réponse de Cole Wehrle aux jeux de civilisation et aux Legacy. « Ne vous méprenez pas, j’admire ces projets, ce ne sont tout simplement pas le genre de jeux qui m’intéressent. » écrit-il. 

Dans Oath, « il n’y a pas de trucs de production, de mécanismes assistés par IA ou de gimmicks. Le jeu peut être réinitialisé à tout moment et ne nécessite pas le même groupe de joueurs d’une partie à l’autre. » Pas d’histoire pré-construite, pas de campagne à embranchements, pas de petites enveloppes à ouvrir ou de reset pack, ni d’algorithme pour une boîte « unique ». Votre exemplaire du jeu sera le même que tous les autres, mais racontera une seule histoire : celle de vos joueurs. 

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Un à cinq joueurs vont agir sur le cours de l’histoire d’une terre ancestrale. Vous pourrez comploter pour renverser le royaume ou au contraire faire en sorte qu’il se renforce. Les conséquences d’une partie se répercuteront sur celles qui suivront, changeant les ressources et les actions que les futurs joueurs pourront avoir à leur disposition et modifiant même les objectifs en cours. Si un joueur prend le contrôle en jouant sur l’anarchie et la méfiance, les futurs joueurs devront faire face à une terre envahie par les voleurs et les petits chefs de guerre. « Dans un jeu ultérieur, un seigneur de guerre pourrait tenter de fonder une dynastie, créant ainsi une lignée de dirigeants qui pourrait durer des générations ou être écrasée par la montée d’un terrible et mystérieux culte. » 

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L’auteur explique : « J’ai travaillé sur Oath par intermittence depuis que Root était en développement. Comme Root, les origines du projet sont complexes et remontent à plusieurs années. » Oath est conçu de façon à se souvenir de comment les joueurs jouent, et s’adapte à leurs choix. « Il y a quelques années, je me suis mis en tête que je voulais faire un jeu capable de raconter des histoires qui s’étendraient sur plusieurs générations. » Au moins trois éléments majeurs vont changer en fonction du déroulement d’une partie : le système de victoire, la pioche de cartes et la carte du territoire (qui donne aussi des actions disponibles et des capacités aux joueurs).

Au début, lors de votre première partie, vous devrez d’abord vous intéresser à ces terres, avec ses huit sites d’importance. Le but de votre première session sera sans doute de prendre le contrôle de ces lieux. Le système de Oath pour résoudre les actions militaires vous demande de peser votre nombre de troupes par rapport à celui de votre adversaire, après quoi, vous apposerez ce ratio sur une piste. Vous êtes sur un 3 contre 1 ? Vous avez de grandes chances d’emporter cette bataille, si tout va bien. 2 contre 1 ? Vous regardez déjà les pertes potentielles. 1 contre 1, ou 1 pour 2 ? Peut-être que vous ne devriez même pas vous lancer dans cette guerre-là… Mais ouvrez l’œil, observez bien la carte quand vous partez en guerre, car vous pouvez, plutôt que de cibler un seul site, en attaquer autant que vous le souhaitez tant qu’ils appartiennent au même adversaire. 

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Les Exilés et le Chancelier 

Un internaute et joueur, surnommé The Innocent, a eu l’occasion de faire quelques parties du jeu et raconte : « Premièrement, Oath s’intéresse à la machinerie du pouvoir ; l’une des façons dont il l’étudie est en refusant de mettre tout le monde sur un pied d’égalité. La plupart des joueurs commencent le jeu en tant qu’Exilés. N’étant pas liés aux rouages internes de l’État, les Exilés sont flexibles. Ce sont les gens de la marge, qui se taillent des fiefs et se mettent en difficulté comme bon leur semble. En attendant, un joueur, habituellement le vainqueur de la partie précédente, est le Chancelier. C’est le responsable de l’Etat […]. En termes thématiques, il joue maintenant comme le descendant et l’héritier de la dynastie qu’il avait fondée dans notre session précédente.

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Le pouvoir, cependant, n’est pas seulement corrompu. Il s’érode aussi. Malgré les privilèges de son rang, tels que des armées supplémentaires et une bonne dose d’intimidation, le Chancelier n’a droit qu’à deux actions contre trois pour chaque Exilé. Pour atténuer cela, le Chancelier peut inviter des Exilés dans son royaume, les affranchissant ainsi en tant que citoyens. […] Alors tu as fini de te soucier des points de victoire et des petits fiefs. Toutes tes armées sont remplacées par des soldats de l’État et tes objectifs sont mis en lumière tandis que tu t’efforces d’aider la faction du Chancelier à gagner. Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas gagner. […] Plutôt que de vous battre pour des points de victoire, votre marqueur se déplace vers la piste du prestige, que vous pouvez faire progresser par des moyens essentiellement économiques. »

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Prototype

 

Il n’y a pas de destruction de matériel dans Oath, vous ne passerez pas par des twists narratifs pré-établis, mais il y a tout de même un aspect persistant indubitable. Chaque fin de partie détermine le début de la prochaine, le territoire change selon les possessions de chacun, le vainqueur devient Chancelier, les cartes en jeu évoluent aussi (des cartes qui auront été défaussées sont remplacées).

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Oui, les cartes sont un élément clef du jeu. Elles sont le moteur de vos ambitions et de vos actions. Elles incarnent tantôt des nouveaux peuples, tantôt des actions gratuites, mais peuvent aussi être des sorts magiques, des pièges ou des plans de bataille, des ouvertures pour contrevenir à la règle. Et puis il y a les cartes visions, qui sont des cartes particulières : conditions de victoire alternatives, défis à relever, elles annoncent des changements. Une fois votre vision révélée, les autres tenteront probablement de perturber vos plans. Un peu comme on a pu le voir dans Root, elles vous permettent de retourner la partie. 

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Si vis pacem para KS

Pax Pamir était un jeu historique simulant la situation politique et les luttes de pouvoir en Afghanistan suite à l’effondrement de l’Empire durrani en 1823. Root aussi parlait du même sujet, derrière ses illustrations fantaisistes et toutes mignonnes. Avec Oath: Chronicles of Empire and Exile, Cole Wehrle a digéré tout ça et change d’échelle. Il n’impose aucun rôle à personne, ni ne déroule une narration préconçue sur une période particulière. Il fait de l’historiographie. Il met en place un système dans lequel les joueurs pourront développer à leur guise leur propre histoire, jouer sur les leviers librement, et voir ce qu’il en coûte.
 

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Rendez-vous sur KS le 14 janvier prochain pour voir tout ça de plus près, en tout cas par ici, on est bien aguichés.

 

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8 Commentaires

  1. Metadna 10/01/2020
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    The Innoncent est le pseudo du revewier Space Biff dont l’excellence d’écriture n’a d’égale en France que celui de Shanouillette, merci pour cette article 😉

  2. Laurent Lecomte 10/01/2020
    Répondre

    Dan Thurot pour être précis 🙂

  3. elniamor 13/01/2020
    Répondre

    Très intéressé par celui-là (merci pour l’article !), quelles sont les infos disponible concernant une VF (il y a beaucoup de texte il me semble) ? Matagot est sur le coup ?

    Je n’ai qu’une partie de Root à mon actif (hélas) mais déjà je m’étais fait la réflexion que ce jeu était un super vecteur d’histoire… Grosse attente sur Oath du coup !

  4. Ytrezius 28/01/2020
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    Pour ceux qui seraient intéressés, un groupe Facebook francophone pour OATH vient d’être monté (par des membres du groupe ROOT d’ailleurs):

    https://www.facebook.com/groups/2478584105793409/

    Nous allons notamment travailler sur la réalisation d’une traduction fanmade.

    • atom 29/01/2020
      Répondre

      Arghhh, j’avais annulé me disant qu’une VF arriverait bien, mais la tu viens de relancer mon intérêt, faut pas faire ça ^^

  5. cedrick 04/12/2020
    Répondre

    une vf de prévu ?

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