QUOI DE NEUF SUR LA CROISETTE #6 – Heredity, Next Station Tokyo, Nimalia, D’orge et de Blé, New Eden, Pagan, Pick Pic, Lotta Rome, Maps of Misterra, Vers l’infini mais pas au-delà

L’équipe Ludovox est de retour du Festival International des Jeux de Cannes, quatre jours bien chargés durant lesquels nous avons pu découvrir les jeux de ce début d’année, certains qui sortiront bientôt, d’autres au cours de l’année 2023. Nous vous présentons le sixième volet de cette chronique. Pour en lire plus, retrouvez les parties 1, 2, 3 et 4 et 5. Nous vous donnons rendez-vous demain pour un dernier numéro. N’oubliez pas il y a également les débriefs en vidéo.

Dans cette sixième partie, notre équipe vous livre ses retours sur Heredity, Next Station London, Nimalia, Pagan le destin de Roanoke, Lotta Rome, Maps of Misterra, New Eden, Pick Pic, Vers l’infini mais pas au delà, D’orge et de Blé.

Bonne lecture !

 

Heredity

Dans ce jeu coopératif, nous allons incarner les quatre membres d’une famille dans un monde post-apocalyptique. Mais attention, nous sommes très loin de Zombicide et consort. Nous sommes des individus lambda, bien loin d’être suffisamment équipés pour faire face à cette situation. Il ne faudra pas vouloir aller à la confrontation avec les “ennemis” (d’ailleurs sont-ils vraiment des ennemis ?). À l’image d’un 7eme continent, nous allons découvrir progressivement le monde qui nous entoure (cartes qui s’étendent sur la table et forment un paysage), et l’explorer. Chacun des cinq chapitres de la campagne comporte des mécaniques légèrement différentes. J’ai pu jouer les deux premiers et en effet, ce n’est pas du tout les mêmes sensations : le premier est un home invasion, le second se rapproche de Zelda avec des quêtes à accomplir (ou pas) pour des PNJ. Au fil des chapitres, nos personnages gagneront en équipement, mais subiront aussi les conséquences de leurs précédents choix. Chaque épisode est rejouable, tout d’abord car vous allez peut-être perdre en cours de route ;-), mais aussi car il existe plusieurs voies pour atteindre la conclusion du chapitre. Les parties durent environ 2h30 et l’immersion est forte.Voici un jeu dont je surveillerai la sortie.

Manu

Un jeu de Jérôme Cance, Laurent Kobel
Illustré par Tania Sanchez-Fortun
Edité par Darucat

Sortie automne 2023

 

Next Station Tokyo

Next Station London est un flip and write qui nous propose de dessiner le plan du métro londonien avec des crayons de couleur. À chaque manche, on utilise un nouveau crayon de couleur, pour tracer une nouvelle ligne. On ne peut pas repasser par une même ligne, créer des correspondances entre les différentes lignes nous donne des points de victoire. Next Station Tokyo,c’est la même chose en pas pareil ^^.(sinon où serait l’intérêt ?). Nous avons une ligne déjà construite, et il faudra d’ici la fin de la partie, passer par toutes les stations sans quoi cela nous octroie des points négatifs.

Les sensations des deux jeux  sont proches, mais cette version est plus tendue, plus retorse que la version Londres, moins accessible aussi. En attendant, vous pouvez toujours jouer sur la version londonienne en ligne sur BGA.

Atom

Un jeu de Matthew Dunstan
Illustré par Maxime Morin
Edité par Blue Orange Games

En boutique

 

Nimalia

Derrière la bonhommie de ce Panda débonnaire, nous avons un jeu plus corsé qu’il n’y paraît. Nous allons créer la plus belle réserve d’animaux, et pour cela nous allons jouer pendant cinq manches où vont se succéder des décomptes. À chaque fin de manche, deux décomptes vont intervenir. La mécanique est simple, du draft et du recouvrement de cartes. Le truc c’est que l’on doit arbitrer des choix cruels à court et moyen terme en fonction des objectifs, et parfois on doit détruire partiellement un de nos objectifs pour faire avancer un autre, certains sont d’ailleurs liés à de la majorité, créant une interaction forte.

Nimalia est très court, trois cartes à chaque manche, des objectifs qui semblent suffisamment variés pour ne pas avoir de sensation de redondance. peut se jouer en famille de manière détachée ou entre joueurs plus confirmés de façon plus technique. Petite boîte petit prix, mais jeu plus profond qu’il n’y paraît.

Atom

Un jeu de William Liévin
Illustré par Pauline Detraz
Edité par La Boite De Jeu

Sortie prévue mi avril

 

Pagan 

Celui-la est attendu comme le messie. Sans cesse annoncé, sans cesse repoussé, mais il arrive enfin. Pagan est un jeu à deux joueurs et asymétrique : la sorcière doit réussir son rituel pour remporter la partie, alors que le chasseur doit enquêter afin de trouver dans quelle identité se cache la sorcière, et la tuer. 

Au milieu, les neuf villageois avec lesquels on va pouvoir interagir afin de bénéficier de leurs actions pour piocher des cartes, les jouer, gagner de l’influence, etc. De la pose d’ouvrier bloquante qui offre des dilemmes savoureux : quel villageois je vais aller voir, sachant que justement j’empêche mon adversaire de jouer ce personnage ? Notre sorcière peut préparer des potions, faire appel à des familiers, lancer des enchantements ou des malédictions, tandis que le chasseur peut recruter des alliés, construire son armurerie.

Je regrette cette iconographie pas assez marquée qui ne nous aide pas sur les premières parties, au contraire. En revanche, j’apprécie beaucoup l’identité visuelle et la direction artistique. Deux rôles, deux façons de jouer très différentes, avec un feeling surprenant fait de déduction, de combo, de bluff et même d’un peu de construction de moteur, sans oublier la gestion du tempo, très importante. Je m’attendais à être déçu avec toute cette attente générée et bien pas du tout, Pagan m’a ensorcelé, et j’ai envie de rejouer.

atom

Sortie prévue mi mars

 

Vers l’infini mais pas au delà 

Il s’agit ni plus ni moins de chiffrer la réponse à la question posée. Le capitaine de la navette, celui qui a la place dans le cockpit fait une proposition (l’age de Mickey) et les autres joueurs vont soit tenter une réponse plus élevée afin de prendre le lead, soit suivre, soir sortir de la navette (dans le vide intersidéral en effet). 

Il s’agit encore d’un jeu avec des questions légèrement décalées, dont on a une chance de connaître la réponse ou de s’en approcher, et de tenter de pousser sa chance afin de gagner plus de points, mais soyons honnête, dans ce type là, les points ne sont pas le vrai enjeu. L’ambiance est fun, la navette purement inutile, et si c’était juste pour la ref à Buzz (titre en français), il y en a de bien meilleur goût. Pas novateur, mais on passe un moment sympa.

Natosaurus

Un jeu de Darrell Cannon
Illustré par Sam Ailey
Edité par Big Potatoe Games

Sortie prévue fin avril

 

Maps of Misterra 

Le jeu aurait pu s’appeler « Cartographers », mais un autre jeu lui a ravi le nom. C’est donc les régions de Misteria que on nous propose d’explorer dans Maps of Misterra. Cela se fait par le ciel, au-dessus d’une mer de nuages. Envoyés par la Reine, nos explorateurs vont devoir découvrir les régions qu’ils survolent et il va falloir s’y reprendre à deux fois pour valider un des quatre types de région (lac, forêt, montagne ou désert). Progressivement, la carte centrale se dévoilera, grâce aux actions d’exploration des joueurs. Ceux-ci utiliseront des cartes terrain à jouer sur leur propre carnet de voyage. Un même terrain exploré deux fois, est validé sur le plateau central. Sinon, il pourra être changé, et ce que vous avez cartographié sur votre carnet ne collera plus au plateau central. C’est embêtant, car avoir une correspondance régions est un moteur de points. Mais finalement pas si dramatique, car vos objectifs personnels peuvent ne pas répondre à ce qui se dessine, et ceux-ci se valident par rapport à votre carnet. Il faudra donc explorer la carte en s’y déplaçant, profiter des bonus de terrain, éventuellement revendiquer une zone pour gagner d’autres points, et surtout cartographier.

Maps of Misterra apporte une expérience intéressante, avec cette partie exploitation de régions, qui peut changer tant qu’elles ne sont pas validées. On pourrait se questionner sur la pertinence thématique, mais acceptons que nos explorateurs n’aient pas de bons yeux ou que les mers de nuages soient particulièrement denses. Il n’empêche que le jeu se révèle facile à comprendre, tout en proposant un challenge entre tenter de correspondre au plateau central et répondre à nos objectifs. Les cartographes aussi doivent faire des choix.

Meeple Cam

Un jeu de Mathieu Bossu, Thomas Cariate A.K.A. Acariâtre, Timothée Decroix
Illustré par Stanislas Puech
Edité par Sit Down

Sortie prévue en juin 2023

 

Lotta Rome

Il y a un petit goût de Kingdomino dans Lotta Rome, en effet vous devrez créer votre domaine avec des tuiles de cinq types de terrains et sur lesquelles sont parfois placés des bâtiments. Votre score sera la multiplication de la taille de chaque territoire (groupement de tuiles de même couleur) par le nombre de bâtiments de cette couleur se trouvant sur ou adjacent à ce territoire. Lors de chacune des quatre manches qui constituent la partie, vous allez révéler 5 tuiles et 2 bâtiments puis créer deux lots. Simultanément chacun choisit quel lot il souhaite récupérer chez son voisin. Nous retrouvons la mécanique de I split, you choose dont vous parlait Atom il y a quelques jours. Et tout le sel du jeu est là : créer des lots équilibrés pour ne pas trop avantager son voisin et essayer de deviner le découpage des lots que va nous proposer notre autre voisin pour savoir ce qu’on pourrait y récupérer.

Même si chacun construit son propre domaine, l’interaction est forte puisque on va prendre et se faire prendre des tuiles par ses deux voisins. Puisqu’on volera tantôt le voisin de gauche tantôt celui de droite, on sait à quels bâtiments on aura accès, ce qui oriente nos choix pour composer nos lots : en rendre un appétissant pour le voisin dans l’espoir qu’il nous laisse celui qui nous intéresse le plus. 

Les partis sont extrêmement rapides (15-30 min), et invitent à une revanche. Le rythme est fluide puisqu’on joue en simultané. Un excellent jeu familial, simple mais pas simpliste. Je lui souhaite le même succès que Kingdomino ou Akropolis. Deuxième coup de cœur du salon pour ma part.

Manu

Un jeu de Evgeny Petrov
Illustré par Irina Pechenkina
Edité par Lifestyle Boardgames Ltd

En boutique

 

Pick Pic

Pick Pic est un jeu d’association d’images. Lors d’un tour de jeu, chaque joueur pose face visible, devant lui une carte de sa main, puis va choisir une carte de sa main à donner à chaque joueur. On ajoute une carte de la pioche et on mélange avant de regarder notre nouvelle main de cartes. L’objectif est de proposer une série d’images en lien les unes avec les autres, du lien le plus évident au plus éloigné. Les joueurs cherchent donc à donner des images avec des liens forts pour avoir la carte qu’il a donnée placée tôt dans la suite d’image. L’un après l’autre, les joueurs dévoilent leur série d’image en justifiant des liens. Le décompte de points se fait et plus notre carte est en début de série, plus on pourra marquer des points, sauf si la carte de la pioche est positionnée avant la notre. Dans de cas, le joueur ne marque pas de point. La partie s’arrête quand un joueur a gagné 30 points.

C’est donc un jeu d’association d’images mais avec une très forte contrainte de lien logique qui réduit la liberté des joueurs, et leur impose sa série d’images. Contrairement aux jeux totem d’associations d’images, comme Dixit ou Mysterium, Pick Pic limite fortement la liberté d’interprétation des joueurs, et ne la récompense pas. 

Au moment de dévoiler notre série, au lieu d’être récompensé pour avoir proposé une série logique, on distribue des points à nos adversaires. Lorsque nous composons notre série, nous cherchons donc à réduire le nombre de points que nous allons donner à nos adversaires en essayant de trouver la carte de la pioche et de la placer le plus tôt possible dans la série. Cette phase m’a paru assez désagréable en ayant très peu de prise sur la série possible à proposer.

Par ailleurs, les illustrations sont beaucoup plus simples et moins esthétiques que celles de Dixit ou Mysterium. Le plaisir de jouer à ce jeu ne réside pas dans la beauté des cartes. 

Ce jeu permet probablement de découvrir le monde du jeu en famille avant d’aller sur des jeux d’association d’images proposant plus d’émulation.

Helle

Un jeu de Kasper Lapp
Illustré par Olin Jeong
Edité par Iello

En boutique

 

New Eden

Question écologie, on demande les cités sous-marines ! Question auteur, on demande l’auteur de Hadara, injustement passé sous les radars francophones, sûrement du fait de sa direction artistique un peu trop austère malgré un effort colorimétrique notable, ou d’un manque de communication de son éditeur. Dans New Eden, donc, chaque joueur étend sa cité. Et ceci se fait en achetant des cartes qui viennent contrôler les branches de notre station : acquisition de meeples plongeurs qui activent nos bâtiments, bouteilles leur permettant de se déplacer, génération de points de victoire ou d’argent, ou dépollution de votre cité. Car certains bâtiments rémunérateurs causent des dégâts, et certaines actions bonus générant du revenu, aussi. Et ces dégâts, si vous en avez trop… eh bien ils ne vous font pas perdre la partie, mais pas loin : vous ne participez pas au scoring final ! Si vous avez misé sur ces points-là, dommage. Au début, on se demande un peu comment tout mettre en route, puis le jeu se débloque graduellement pour proposer de plus en plus d’options.

À cela s’ajoutent des recherches avec des effets passifs ou instantanés, avec un poil de take that. Pas désagréable d’interagir un peu ! Une fois la phase d’achat terminée, on retourne le plateau pour le regarnir de cartes… qu’on peut également garder moyennant un ralentissement de notre moteur. Le restant, donc, sera mis aux enchères ! L’argent et les plongeurs gardés serviront à ce moment-là…

New Eden met un peu les joueurs face à leur envie d’en avoir toujours plus, et demande de jouer le jeu de funambule. Sauf qu’à force de prendre des cartes, ne pas participer au décompte final signifie très certainement perdre la partie. Si j’ai bien aimé cette économie de ressources sur la durée, ce changement de rythme qui survient trois fois par partie, j’ai un peu moins aimé la redondance des modules qui, au final, donne un jeu un peu trop froid à mon goût. J’aurais préféré que plus du jeu fonctionne à la manière des recherches, à vous donner des pouvoirs intéressants, plutôt qu’à générer du scoring ou des ressources comme 80% des cartes.

Umberling

Un jeu de Benjamin Schwer
Illustré par Dennis Lohausen
Edité par Schmidt

Sortie prévue fin mars

 

D’orge et de Blé

Dans ce titre pour deux joueurs, on va produire des ressources : blé, orge, houblon et seigle afin de fabriquer du pain et de la bière qui vont vous donner des points en fin de partie. Il faudra être le plus équilibré possible, car on prendra la valeur la plus basse entre vos deux productions.

La mécanique est originale à plus d’un titre. Nous avons des cartes en main qui peuvent servir de différentes façons, en dépensant les ressources présentes dans notre grange, on va simplement réaliser un contrat, mais on peut en placer une devant nous pour produire des ressources, ou bien encore la placer sous le plateau pour bénéficier de son effet, ce qui a pour action de permettre de nettoyer les cartes pain et bière que l’on a produit ultérieurement, d’ailleurs on ne peut pas avoir plus d’une carte bière ou pain en même temps, il est primordial de bien planifier nos livraisons.

Chaque joueur réalise une action, puis c’est au joueur suivant, jusqu’à ce que les deux joueurs jouent leurs cinq actions. Six manches comme cela, et on passe au décompte. Une manche sur deux, on va drafter les cartes, il faut donc encore plus prendre en considération ce que l’on va donner et ce que l’on va potentiellement voir revenir. Autre point intéressant, les ressources sont en nombre limité, et on aura des manches avec très peu de ressources. Votre grange est limitée, ce que vous produisez en surplus n’est pas complètement perdu, cela va dans la grange de votre adversaire, une très bonne idée mécanique, du moins sur le papier.

Je disais une bonne idée sur le papier, car on se retrouve en état de constipation neuronale quand trop de ressources arrivent d’un coup, on calcule on essaie de mémoriser les cartes qui vont revenir. Il est difficile de planifier nos fabrications, souvent il va manquer une ressource. Au final ça a plutôt été une déception partagée avec mon adversaire. D’orge et de Blé est lourd et un peu répétitif, dommage, car il proposait quelques bonnes idées, mais rien qui ne le démarque de la concurrence (Caverna ou Agricola deux joueurs).

Atom

Un jeu de Scott Almes
Illustré par Michael Menzel
Edité par Gigamic

Sortie prévue pour mai

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2 Commentaires

  1. frédéric ochsenbein 09/03/2023
    Répondre

    Heredity et Pagan me font bien de l’oeil ^^

  2. morlockbob 09/03/2023
    Répondre

    Et bien on peut dire que vous n’avez pas chômé!!!

    Et également déçu par beer & bread (orge et blé) , c’est du Scott Almes, j’ai trop souvent l ‘impression qu’il manque un truc dans ces jeux

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