QUOI DE NEUF SUR LA CROISETTE – PARTIE 3 – FIJ 23 : Branle-Bas de Wombat, Earth, Mino Dice, Phantom Ink, Planet Unknown, Starship Captains, Tatsu

 

Le Festival International des jeux de Cannes nous communique le chiffre de 73 000 entrées payantes vendues pour les trois jours d’accueil du public, auxquels il faut ajouter tous les badges pro, les exposants, boutiques, animateurs, cafés ludiques, ludothécaires, médias, qui ont foulés le tapis bleu des allées du Palais du Festival. Pour nous, c’est pas loin de 30 km parcourus pour retrouver nos chers meeples dans tous les coins du festival. Et c’est très peu d’heures de sommeil, c’est qu’il y en a des jeux, 300 stands, des centaines et des centaines de règles à découvrir, alors on dormira plus tard.

En vue aérienne, le palais à gauche et les nouveaux espaces extérieurs sous tente, le long de la plage.

 

Planet Unknown 

Les jeux utilisant les polyominos (les formes géométriques à la Tétris), c’est en général le terrain de chasse de Uwe Rosemberg (Patchwork, Spring Meadow,…). Ici, c’est un auteur américain qui est aux manettes et direction : la colonisation spatiale. Dans Planet unknown, jusqu’à six joueurs vont recouvrir leurs planètes respectives de ces tuiles à formes variables. Le premier point qui intrigue visuellement, c’est ce plateau central tournant où on récupèrera ces fameuses pièces de puzzle. C’est un des points forts du jeu, car chacun choisira simultanément une pièce dans le cadran qui lui fait face, l’orientation étant choisie par le joueur dont c’est le tour. Ainsi, pas de temps morts, même à six. Les polyominos représentent toujours deux types de terrain qui feront progresser les joueurs sur des pistes de développement. Pouvoirs spéciaux et bonus divers viendront récompenser vos progressions sur ces pistes, ainsi que pouvoir déplacer vos rovers pour récolter météorites et modules sur le sol extraterrestre. Marquer des points sera la clé de la victoire, et cela se fera via vos pistes de développement, des cartes  objectifs partagées avec vos voisins, mais surtout votre capacité à obtenir des lignes et colonnes complètes, sans météorites, sur votre planète.

Très accessible, Planet unknown comporte pas mal de bonnes idées qui viennent apporter un peu de nouveauté au genre. La simultanéité permet des parties excédant rarement l’heure quel que soit le nombre de joueurs. Une très forte rejouabilité est apportée par des planètes et corporations (les fameuses pistes de développement) variées, proposant souvent des expériences radicalement différentes. Cela signifie aussi que les départs ne sont pas équilibrés entre les joueurs, certains plateaux apportant des contraintes, là où d’autres rendront le développement plus facile. Ce n’est pas grave, car le plaisir du jeu est de réussir à s’adapter aux conditions qui sont les vôtres. Ainsi, les joueurs ayant déjà une ou deux parties dans les pattes s’essayeront aux variantes, là où ceux découvrant le jeu se lanceront sur les plateaux par défaut. Issu d’une campagne kickstarter réussie, il est à suivre pour sa future sortie française chez Origames.

MeepleCam

Un jeu de Adam RehbergR Lambert
Illustré par Yoma
Edité par Adam’s Apple Games, LLCorigames

Sortie prévue pour la fin de printemps ou l’été

 

Mino Dice

Mino Dice c’est la rethématisation de Skull King avec des dés de couleurs et de face différentes. Pour vous rafraîchir la mémoire, vous avez le ludochrono de Skull King. En gros c’est un jeu jeu de plis où l’on va parier tous en même temps sur le nombre de plis que l’on va faire. À la première manche on joue une carte, la suivante deux, etc, jusqu’à dix cartes. Quand on respecte son contrat, on marque des points, quand on le rate on en perd, simple et efficace jusque là.  Mino Dice fait la même chose avec des dés, on pioche un dé dans le sac, on le cache derrière notre paravent, réalise la phase de pari. Le joueur actif lance le dé de la couleur choisie, et les autres joueurs doivent suivre à la même couleur. 

Pourquoi ce n’est pas bien ? Le génie de Skull King, c’est que l’on va s’adapter à notre main, si j’ai des cartes pourries, je vais faire le pari que je ne vais réaliser aucun pli, et je peux le rater en jouant mal ma main de cartes. Dans Mino Dice, on est soumis au hasard des dés, on peut très bien avoir des couleurs fortes, mais faire des jets faibles et inversement, bien sûr, on peut jouer avec les probabilités, mais ça ajoute une grosse dose de chaos à un jeu qui n’en manquait pas. Le fait que ce soit des dés ajoute un autre problème selon moi (et les amis autour de la table), il s’ensuit une grosse phase de maintenance où chacun son tour on pioche des dés, dans le sac, analysons nos probabilités etc. 

On pourrait trouver Mino Dice rigolo de part ce chaos généré par les dés, et c’est probablement le cas si on le pratique sur une table de bar avec quelques boissons, mais en réalité c’est beaucoup trop long, trop lourd, trop de manipulations, et l’on a envie de fuir. Préférez Skull King.

Un jeu de Manfred Reindl
Illustré par Eckhard Freytag, Wanjin Gill
Edité par Iello, Playte, Schmidt

Atom

Sortie prévue pour mai

 

Tatsu

Tatsu est un jeu de plis en équipe, très classique en apparence, mais seulement en apparence. Nous avons des cartes blanches et des cartes noires, et chaque équipe ne peut jouer que des cartes de sa couleur. Sauf qu’elles sont distribuées au hasard et que vous aurez d’une couleur et de l’autre. Le génie de ce jeu, c’est qu’à votre tour vous pouvez jouer une carte de votre main ou demander à n’importe quel joueur, coéquipier ou adversaire de jouer pour vous. Cela offre des dilemmes agréables et des retournements de situation délicieux, enrageant pour votre adversaire de devoir jouer la carte qui vous fait gagner un max de points, parce qu’il n’a plus que celle-là en main.

Ce n’est pas une nouveauté à proprement parler puisque c’est la réédition d’un jeu ancien, Dr Jekyll & Mr Hyde, avec une édition minimaliste, mais néanmoins somptueuse. Ce fut un coup de cœur pour moi.

Atom

Un jeu de Wolfgang Werner
Illustré par Maxime Erceau
Edité par Matagot

En boutique

Earth

Le nouveau jeu de Maxime Tardif (Fourmidable, Diversity) va nous proposer de construire un écosystème à l’aide de cartes et de badges sur les cartes, dans la plus pure tradition de Terraforming Mars ou bien Ark Nova. Ici on va poser des cartes, terrains ou plantes, produire des graines (cubes) que l’on pose sur nos cartes, faire grandir nos arbres, jusqu’à la canopée, produire du compost, et avec tout cela créer son moteur de jeu.

La mécanique centrale fait évidemment penser à Puerto Rico, le joueur actif sélectionne une des quatre actions possibles, la réalise, et les autres joueurs font la même chose en même temps. Sauf que le joueur actif à un bonus, par exemple pour la toute première il va pouvoir poser deux cartes dans son tableau, tandis que les autres ne peuvent en poser qu’une. Cela donne un jeu relativement fluide et sans temps morts. En plus de l’action, les joueurs peuvent combotter en activant des cartes sur leur plateau.

Earth est extrêmement satisfaisant, le moteur de jeu se construit très vite. On va avoir des cartes avec des cubes (graines) des canopées, etc, qui sont des moteurs de points de victoire (le nerf de la guerre), mais qui peuvent aussi servir à construire son jeu. Ainsi dans ma partie, j’avais une croissance de plante extraordinaire, liée en partie à une de mes cartes de départ, mais aussi d’autres cartes jouées, et je pouvais les utiliser (les dépenser) pour produire d’autres actions, une forme de cycle en somme. Mes amis à côté avaient d’autres moteurs tout aussi jouissifs.

L’interaction est liée à des objectifs, il faut dire que l’on regarde assez peu ce que font les autres, et qu’il faut se faire confiance, tant les combos en cascade peuvent occasionner des erreurs volontaires ou non (j’ose espérer…). Earth est un jeu très “feel good” peut-être légèrement trop pour moi, mais cela rend l’expérience très gratifiante, et le thème est extrêmement bien rendu. En ce qui me concerne, j’ai besoin de rejouer pour me faire une vraie idée du jeu, de sa richesse, sa profondeur, pour savoir s’il va me convaincre sur la durée. En revanche je n’ai aucun doute sur le fait que le jeu va se vendre comme des petits pains, car il propose un game design efficace (dans le bon sens du terme), valorisant, où l’on construit son petit monde et en même temps son score.

Si vous désirez vous faire une idée, le plus simple c’est de vous rendre sur Board Game Arena, le jeu est disponible (en bêta pour le moment).

Atom

Un jeu de Maxime Tardif
Illustré par Kenneth SpondM81 StudioYulia Startsev
Edité par Lucky Duck Games

Sortie prévue pour mi avril

 

Phantom Ink

Deux équipes, deux fantômes s’exprimant partiellement, un mot à trouver, mais des questions différentes… Lors d’un tour, une équipe de médiums joue son tour, choisit deux questions parmi une main de sept et la donne à son fantôme. Le fantôme défausse une question face visible et répondra à l’autre… lettre par lettre. Lorsqu’un des médiums fait signe au fantôme, celui-ci s’arrête d’écrire : il ne faudrait pas donner trop d’informations à l’autre équipe, qui ne voit pas la question, mais seulement la réponse, et qui doit donc trouver le même mot clé ! Les tours alternent et lorsqu’une équipe souhaite répondre, elle utilise un de ses tours pour missionner un médium qui écrit la réponse, lettre par lettre… sauf si le fantôme l’arrête car une des lettres est fausse.

Phantom Ink est un jeu déroutant, très silencieux et posé. Devoir travailler avec de l’information partielle est très intéressant, surtout avec l’équipe adverse qui veille à côté. Il faut également faire sens des réponses partielles de l’autre équipe. Le jeu n’étant pas simultané, il n’y a qu’un groupe de joueurs actifs à la fois (un fantôme ou un groupe de médiums), résultant en un peu de temps d’attente. Rien d’insurmontable quand on a déjà analysé-paralysé sur un Codenames.

Umberling

Un jeu de Mary FlanaganMax Seidman
Illustré par Spring Yu
Edité par Gigamic

Sortie prévue début mars

 

Starship Captains 

« Monsieur Spock, activez les réacteurs, s’il vous plaît, l’aventure nous attend ». C’est exactement la promesse que nous amène Starship captains. Faisant partie des jeux de gestion qui ont bien buzzé lors du salon Essen 2022, il arrive sous la bannière Iello pour Cannes 2023, le temps d’un saut dans l’hyperespace. Vous prenez la tête d’un vaisseau spatial (aux formes étrangement proches d’un USS Enterprise) pour vous déplacer dans l’univers, réaliser des missions, combattre des pirates, le tout avec l’aide précieuse de votre équipage. Ce sont eux qui vous permettront de réaliser des actions selon leurs compétences (se déplacer, attaquer, construire un module de votre vaisseau). Pas de ressources à gérer, tout est fonction de votre équipage, dont les membres s’épuisent après chaque action dans une file dont les trois derniers se la couleront douce au prochain tour.

Il faudra donc bien choisir dans quel ordre les envoyer au travail. Que la course aux contrats commence ! Starship captains est un jeu de gestion original, avec sa mécanique d’activation d’équipage. On se sent bien à la manœuvre de notre vaisseau spatial sur un thème Star Trek très bien rendu, même s’il n’est pas nommé.Fluide, efficace, avec un plateau de jeu renouvelé régulièrement, il fait vivre quelque chose en plus que le déroulement froid d’une mécanique bien huilée. Si Monsieur Spock jouait au jeu, il aurait peut-être pu dire : « fascinant ! ».

MeepleCam

Un jeu de Peter B. Hoffgaard
Illustré par František SedláčekJakub PolitzerJiří KůsJiří MikovecMergen ErdenebayarRadim Pech
Edité par Czech Games EditionIello

En boutique

 

Branle-bas de Wombat

On commence par le titre, bien vu non, même si j’ai mis du temps à m’en rappeler. Ces bestioles se sont mis en tête de construire des pyramides. des vraies Δ en volume, en six étages. On joue dans la boîte, trois socles et tous ces étages en vrac, on a 90 secondes. Facile. Non ! car on va fermer les yeux, on aura quand même des petits picots sur les tranches pour nous aider à monter les étages dans l’ordre, et non encore car sachez-le, parmi nous se cache un traître de wombat. Son but à lui est que le moins de pyramides possibles soient finies. Du pur anti-jeu le wombat déchaîné.

Matériel attirant, fun immédiat, ambiance de suspicion, car bien sûr, on va se mettre d’accord pour désigner le wombatraitre. L’univers d’Exploding kitten nous livre des petites perles de fun, après Le jeu des Cat-apultes, celui des wombats et à découvrir également.

Natosaurus

Un jeu de Cory O’BrienElan LeeMatthew Inman
Illustré par Matthew Inman
Edité par Exploding Kittens

Sortie prévue mi avril

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2 Commentaires

  1. morlockbob 02/03/2023
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    Tatsu propose un mode deux joueurs et c’est pour cela que j’étais prêt à laisser ma vieille édition de côté, mais hélas cette accroche ne nous a pas séduite. Le jeu reste néanmoins excellent et plus joli.

  2. frédéric ochsenbein 02/03/2023
    Répondre

    Starship captains me vend bien du rêve. Jeu de gestion original avec un thème bien présent ^^

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