Pastiche : cocktail chromatique

Pastiche : Œuvre littéraire ou artistique dans laquelle on imite le style, la manière d’un écrivain, d’un artiste soit dans l’intention de tromper, soit dans une intention satirique.

Merci le Larousse !

Avouez-le : un peu de culturisme, ça ne fait jamais de mal ! Hum…. ? Vous dîtes ?

Pardon, en effet, on parle de culture !

Cependant, on ne s’est pas trop éloigné du sujet de notre article, car le jeu dont nous allons parler est dopé aux stéroïdes : il a reçu le Mensa Select en 2011, un prix états-unien récompensant les cinq meilleurs jeux de réflexion. 2011 ? Quoi ? Vous osez nous parler d’un vieux tromblon comme ça ? Et oui, nous sommes des fous, on se permet tout. 

 

 

Allez, récupérez vos haltères, nous allons nous muscler le cerveau (ça peut pas faire de mal) !

 

Aujourd’hui, on se fait une toile

Ouvrir la boîte de Pastiche, c’est comme entrer dans l’atelier d’un peintre (bien que ça ne me soit jamais arrivé) : chevalets, palettes, et modèles, tout est là pour vous mettre dans les meilleures conditions afin de produire des chefs-d’oeuvre ! Alors oui, notre travail va être particulièrement cadré, et nous allons nous contenter de reproduire les plus belles compositions d’un passé pas si lointain, mais ce ne sera pas une mince affaire.

 

Vue globale du matériel.

 

On commence donc par installer son petit coin afin de pratiquer notre art.
Pour cela, chaque joueur dispose de deux chevalets en bois du plus bel effet, sur lesquels nous allons disposer deux œuvres à reproduire, piochées au hasard dans le vaste panel qui nous est proposé.

On ne peut qu’être impressionné par l’épaisseur du carton utilisé : celle-ci apporte un confort dans la manipulation des éléments, et assure une solidité dans la durée.
Accessoirement, tout cela pèse (c’est le cas de le dire quand on soulève la boîte) sur le prix final du jeu, mais on en a clairement pour son argent (dans les 50/60€).

 

 

La boîte contient également un large plateau qui servira à disposer les cartes qui correspondent aux différentes couleurs utilisables afin de confectionner nos toiles. Certes c’est réellement ma-gni-fique, mais cela prend une place folle sur une table de jeu, et c’est loin d’être d’une utilité absolue… Si vous avez un espace suffisamment large afin de jouer sans vous marcher dessus, n’hésitez pas à déplier ce plateau : cela donne du cachet, et attirera assurément les regards de convoitise de vos voisins de tablée héhé !

 

 

Le jeu est disponible en version « internationale », et bien que les règles soient francisées, tout le matériel est dans la langue de Shakespeare (ou de George W. Bush, à votre convenance). Les aides de jeu sont également en anglais, et ceci peut être un frein à leur bonne compréhension, même si, je vous rassure, mon fils de 8 ans parvient sans problème à jouer (non, il n’est pas bilingue).

 

Derniers éléments dans la boîte, des tuiles hexagonales (voir ci-dessus) qui sont le cœur du jeu. Celles-ci sont couvertes de tâches de peinture, qui vont vous permettre, en les combinant comme nous le verrons plus loin, de vous emparer des différentes couleurs nécessaires à la réalisation de vos œuvres.

 

Très franchement, le matériel est de toute beauté, et justifie le prix (élevé) de votre boîte de jeu : on regrettera tout de même que l’ensemble ne soit pas entièrement francisé, afin de profiter au mieux, de la pléthore d’informations disponibles sur les tuiles.

 

Cours de peinture pour les nuls

Pastiche est un jeu de gestion accessible qui s’adresse au plus grand nombre (à partir de 8 à 10 ans), et pas seulement aux Picasso en herbe, malgré sa récompense de la haute sphère de la société Mensa. À tour de rôle, les joueurs peuvent accomplir des actions obligatoires et facultatives.

 

Aide de jeu intégralement en anglais : anglophobes, s’abstenir.

 

En début de tour, l’artiste doit placer une de ses deux tuiles hexagonales sur la table (en début de partie, une tuile spéciale est déposée au centre de la table).

En fonction de ce positionnement, et des tâches de couleurs apparaissant sur les pointes, les teintes se combinent (avec des règles proches du cercle chromatique) et le joueur peut récupérer dans sa main, des cartes de couleurs.

 

 

Ci-dessus : Placement d’une tuile contre celle de départ composée de trois hexagones : le joueur récupère deux orange (combinaison des rouges et jaunes), ainsi qu’un marron (mélange du bleu, jaune, et rouge).

  

Cercle chromatique qui représente les mélanges de couleurs et qui est la base du jeu.

 

Il est également possible de choisir une couleur figurant sur la tâche centrale de la tuile qui est placée, afin d’obtenir une couleur primaire (pure, et donc difficile à acquérir). 

On obtient ainsi différentes cartes de couleurs qui vont nous servir à réaliser les œuvres les plus prestigieuses. 

Dans un second temps, le joueur actif peut faire des échanges de couleurs avec ses collègues peintres ou avec la réserve. Cette phase peut être un peu longue si les négociations s’avèrent serrées : il est conseillé de limiter le temps de ces échanges si vous êtes attablés avec des joueurs sujets à une paralysie du cerveau.

Des échanges peuvent également être réalisés avec la réserve : on peut notamment troquer trois couleurs identiques contre un blanc ou un noir, combiner un blanc et un noir contre un gris, ou échanger un marron et un jaune contre un ocre. Il existe d’autres possibilités d’échanges mais moins utilisées car moins rentables.

Ensuite, le joueur actif peut échanger une des deux toiles présentes sur ses chevalets contre une toile de la galerie. En cours de jeu, la galerie sera toujours constituée de cinq toiles qui pourront être choisies par les joueurs. Bien entendu, cette action n’est pas obligatoire, et dépend du panel de couleurs constituant votre main.

Une fois ces phases faites, vous pouvez compléter une toile. Pour cela, chaque toile nécessite un certain nombre de couleurs : si vous possédez toutes ces couleurs dans votre main, vous pouvez réaliser ce tableau.

 

Les œuvres reprennent des informations sur le titre de l’oeuvre, la technique utilisée, le lieu où la toile est exposée, le nom de l’artiste, ses années de naissance et de décès, ainsi que sa nationalité.

De plus, un nombre de points de victoire acquis pour la réalisation du tableau apparaît en haut à droite.

On retrouve également un bonus entre parenthèses si le joueur produit les deux œuvres du même artiste.

 

La toile réalisée (dans ce cas, on pioche un nouveau tableau qu’on place sur son chevalet) ou pas, il va bien falloir nettoyer nos pinceaux dans une phase de … nettoyage. 

À la fin de son tour, un joueur ne pourra posséder plus de 8 cartes de couleurs dans sa main. Il va falloir être vigilant et bien gérer ses couleurs afin de ne pas… se mélanger les pinceaux ! C’est notamment à cause de cette règle que la phase d’échanges risque de s’éterniser.

 

Vue sur la zone de jeu du vainqueur du soir, en fin de partie.

 

On conclura son tour de jeu en piochant une nouvelle tuile hexagonale. C’est alors au joueur suivant de réaliser ses actions. La partie se termine quand un joueur franchit un certain nombre de points de victoire (dépendant du nombre de joueurs). On termine le tour de table jusqu’au premier joueur, puis on décompte les points : on cumule les nombres des œuvres effectuées, des éventuels bonus, et aussi des couleurs restantes qui correspondent aux tableaux placés sur nos chevalets. Le joueur ayant le plus grand score est le gagnant.

 

Un vernissage sans accroc

Pastiche se démarque sans aucune contestation possible par son imposant matériel : la qualité des différents éléments apporte un confort très appréciable, et la pléthore d’informations disponibles sur les œuvres permet de se cultiver tout en jouant.

 

Un grand bravo pour ce formidable travail d’édition !

 

– Vous allez me citer trois hommes célèbres, français, n’importe lesquels.

– Cantona, Papin, et Boli.

– On aurait préféré Hugo, Rodin, Debussy, mais bon…

– D’accord, mais moi les remplaçants, je les connais pas !                                      –  Les inconnus

 

Le jeu en lui même est simple à appréhender, mais pas simpliste à mettre en oeuvre. Sous ses airs de jeu de gestion basique, Pastiche cache d’autres atouts. La phase de placement est originale et demande pas mal de réflexion afin de ne pas ouvrir de possibilités importantes à ses adversaires. On est souvent un peu torturé entre le fait d’acquérir des couleurs vitales pour nos œuvres, et ne pas faire de cadeaux aux autres joueurs. D’autre part, la phase d’échanges (reprenant celle des Colons de Catane) est régulièrement une foire d’empoigne où les négociations seront serrées.

Par contre, à quatre participants, le jeu sera plus intense mais également beaucoup plus long (une partie pouvant s’étirer sur deux heures en cas d’analysis paralysis poussée), alors qu’une partie à deux joueurs sera plus tactique avec un temps de partie raccourci, et une phase d’échanges quasi inexistante (on se prive ainsi d’une partie du jeu), chacun préférant camper sur ses positions, sans prendre le risque d’avantager son opposant.

 

 

Au final, je dirais que c’est un vrai plaisir que de parcourir les galeries de Pastiche. Même si le jeu n’est selon moi pas un indispensable sur vos étagères ludiques et qu’il n’est pas intégralement francisé, n’hésitez pas à franchir le pas, vous découvrirez un bon jeu qu’il serait dommage de laisser dans les réserves.

 

Pastiche

Un jeu de Sean D.MacDonald
Illustré par de nombreux artistes
Edité par Asyncron games, Gryphon Games
Langue et traductions : Anglais, Français, Hollandais, Italien, Allemand
Date de sortie : 2012
De 2 à 4 joueurs
A partir de 10 ans
Durée d’une partie entre 45 et 60 minutes

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4 Commentaires

  1. morlockbob 11/08/2018
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    Bonne idée de remettre ce jeu en lumière. Je ne l’ai jamais revu mais j en garde un bon souvenir. En plus on apprend des trucs. A re(découvrir)

  2. TheGoodTheBadAndTheMeeple 13/08/2018
    Répondre

    Mauvais souvenir pour moi de ce jeu que je trouve bien moche et fade… C’est mon avis.

    • Alendar 13/08/2018
      Répondre

      C’est suite à ton avis que j’avais fait un test et un JP, parce que je n’étais pas d’accord 😛
      Ca date un peu…

      Le jeu ne sort plus que très peu, mais je l’apprécie toujours.

  3. snaketc 14/08/2018
    Répondre

    Magnifique travail d’édition en effet et thème très original. J’étais passé totalement à côté de ce jeu. A tester !

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