FLIP 2024 : année olympique

Du 10 au 21 juillet 2024, se déroulait la 38e édition du Festival Ludique International de Parthenay. Après une cuvée 2023 en fanfare, le FLIP allait-il confirmer sa bonne forme et ses ambitions ?
Pour bien lancer nos vacances Professionnalisme oblige, nous nous sommes rendus sur place une fois de plus.

Article rédigé à 6 mains : Groule – MeepleCam – GrovastGrovast MeepleCam Groule

Parthenay Summer Tour

Pour un mois de juillet à l’ère du réchauffement climatique, le rassemblement estival Parthenaisien a pu bénéficier de conditions plutôt clémentes. Comme nous vous le vantons à intervalle régulier, le FLIP est un évènement à la cool, qui se déroule principalement en plein air. Éviter les fortes canicules et les trombes d’eau est toujours appréciable.

La fréquentation, dont le chiffre officiel n’est pas encore communiqué à l’heure où ces lignes sont rédigées, s’en est visiblement ressentie. Il est probable que les 230 000 visites revendiquées en 2023 soient dépassées.

 


La map

 

De fait, on n’avait jamais vu des « Matinées Enfants » aussi prisées, ni tant de monde à manger sur place le midi. Bon nombre de festivaliers semblent avoir intégré que les réjouissances démarrent à 10h sur certains espaces, et ce désormais de manière systématique sans avoir à consulter le programme. Des familles, mais aussi des grands enfants de 40 ans (et plus) présents de bon matin, on en a vu un paquet.

Pour autant, le succès populaire n’a que rarement dégradé l’accès aux tables et aux animations, tant le panel d’activités engagées est important à tous points de vue. Rappelons que le FLIP s’étend sur un vaste parterre de lieux, dispatchés dans le centre-ville. Du monde par moments donc, mais pas d’effet de foule dense, et des congestions pour participer qui font office d’exception.

 

 

Loin des buzzs, de la frénésie des nouveautés et des réseaux sociaux, le FLIP est avant tout propice à la détente : parties pépère sous les frondaisons, flâneries dans les rues « en jeux », surprises et défis loufoques, « tournois » à la bonne franquette. Le laisser-aller ludique, ne serait-ce pas un luxe par les temps qui courent ?

Il n’est pour autant pas interdit d’optimiser son temps, en mode statique si on le souhaite. Les espaces REEL et Village Parallèle ouvrent leurs généreuses ludothèques jusqu’au bout de la nuit. À chacun son FLIP.

 

Outre les traditionnels jeux et concours dits « des vitrines » poussant à la déambulation dans les rues commerçantes voire dans la partie médiévale de la ville, était cette année proposée aux plus jeunes une adaptation sur-mesure de Ma première aventure : En quête du dragon (ci-contre).
Pour les plus grands, un défi autour d’une partie fictive de Linq promouvait la dernière réédition en date (2023) de ce jeu d’association de mots fort recommandable. Bomb Busters, la prochaine sortie Cocktail Games, était pour sa part mis en avant à la fois par un concours et par un lieu éphémère, entièrement dédié pour l’occasion.

 

Année Olympique

Jeux de Paris 2024 obligent, la sécurité était relevée d’un cran lors de cette édition : fouille plus ou moins symbolique pour accéder aux deux plus gros pôles que sont la Place du Drapeau, et la Place de la Mairie. Fort heureusement, la fluidité des déplacements n’a guère été impactée tant l’attente se comptait la plupart du temps en secondes. Mais mis bout à bout, on a ouvert et fermé un sacré paquet de fois nos sacs à dos.
De son côté, la bien compréhensible jauge du Palais des congrès a souvent été atteinte, provoquant une file et mettant une certaine patience à l’épreuve pour pénétrer dans le Village Multimédia.

Par ailleurs, dans le cadre de la venue à Parthenay de la délégation olympique capverdienne (7 athlètes de ce petit archipel situé à l’ouest de Afrique étant qualifiés aux J.O.), stand du Cap-Vert était tenu Place des Bancs. Au menu : initiations aux jeux de cartes traditionnels du Cap-Vert, mais aussi dégustations, animations danse et musiques traditionnelles, ventes de produits artisanaux.

 

 

À noter par ailleurs des expos particulièrement intéressantes :

  • la Chapelle des Arts Ludiques proposait une plongée interactive dans l’univers d’Altered, le TCG de l’enfant du pays Régis Bonnessée
  • conçue par l’association Interlude et avec le concours de l’ALF, « Ni bleu ni rose, je joue à ce que je veux » mettait en lumière la question des stéréotypes de genres au sein des jeux de société
  • « Les jeux sont fait », présentée par la Société des Auteurs de Jeux, donnait la parole à ceux qui se cachent derrière chaque jeu

 

 

La salle des Trophées

Pour les résultats des Trophées Créateurs, Éditeurs, EducaFLIP, Silver FLIP, nous vous invitions à consulter cette News exhaustive déjà parue. Et ouais.

La traditionnelle Jam FLIP prenait pour sa part une forme dite « Pro » cette année, en association avec un sponsor et avec la Ruche Ludique (réseau des organisateurs francophones de festivals de jeux). Réservée à des auteurs déjà primés sur des festivals, ceux-ci ont eu un mois pour créer de nouveaux jeux autour d’un thème imposé : « La production et l’usage d’énergies renouvelables à partir de déchets ».

Les prototypes ont été testés les 13 et 14 juillet par un jury composé de Valérie Lafosse (représentante de GRDF), Xavier Avril (Blue Cocker), Thomas Favrelière (auteur), Maxime Peret (festival PEL, représentant la Ruche Ludique) et Lionel Lacaille (élu Parthenay-Gâtine).

Remportent des dotations :

  • 1er : Power Plan de Rémi Bernard
  • 2ème : Gaia de Olivier Bonnet
  • 3ème : Satellite de Thomas Planete
  • 4ème : Fermilière de Stéphane Gomez

 

 

Le petit bout de la lorgnette

Sacro-sainte rubrique de ce reportage, voici la traditionnelle et néanmoins subjective compilation de nos avis aussi rapides qu’improvisés sur un panel de jeux pratiqués sur place. Inconnus au bataillon ou pas, disponibles ou introuvables, du jeu kids jusqu’à l’expert, ne cherchez ni ligne directrice, ni ordre autre qu’alphabétique là dedans.

Album (2023) : L’association d’idées a la côte. Dans ce jeu coopératif extrêmement accessible, vous devrez jauger des jetons sensations (joie, danger, douceur, etc.) de 0 à 5 par rapport à une photo. Les coéquipiers devront découvrir un à un les jetons et élire la photo la plus probable dans un lot de 5. Si c’est la bonne, c’est gagné. On est dans un style très classique à la Similo ou Ensemble. Si vous avez poncé le genre, vous pouvez passer. Si vous recherchez de l’accessibilité et de la coopération, il peut être un bon choix. [Ludochrono]Groule

 

AQUA (2024) : Six ans après qu’Azul a lancé la vague des jeux de prise-pose-points, il continue de faire des émules. En l’espèce, les esthétiques animaux marins de Vincent Dutrait ne suffisent pas à sauver une expérience de jeu déjà vécue mille fois et l’ennui d’une partie peu palpitante.Grovast

Bangkok (2022) : Encore un mini-jeu de prise-pose qui sera vite oublié, mais qui a au moins le bon goût de tenter quelque chose d’un peu atypique. On construit ses points via des objectifs de placement eux-même porteurs de ressources, ce qui induit quelques enjeux croisés. Dommage que l’interaction soit si chaotique et la prise aussi opportuniste.Grovast

 

Bomb Busters (2024) : Gros potentiel pour ce qui est bien plus qu’un Trio amélioré. Le coopératif gomme toute la frustration des effets d’aubaine, la part belle est faite à la déduction, et la courbe de progression s’annonce énorme avec 66 « bombes » de difficulté croissante. Hâte de couper des fils à nouveau.Grovast

Boreal (2024) : Le stock de ressources dicte les cartes disponibles sur la rivière commune de ce un contre un. Belle trouvaille qui force à prendre des respirations lorsqu’on est soit pas solvable ou qu’aucune possibilité n’est optimale. Dommage que les effets et scorings soient si convenus, car la bonne idée de base en fait un jeu correct sans suffire à le faire sortir du réellement du lot. [Small is Beautiful]Grovast

 

Budizz (2023) : Budizz est un jeu de type puzzle coopératif dans le thème nature, protection des habitats. Chacun jouant une espèce butinant des fleurs, vous aurez un lot de cartes prédéfini. Vous devrez agir tour à tour pour écarter les prédateurs, les dangers, et collecter les fleurs de plus grande valeur. Malgré des règles manquant parfois de précision, l’expérience n’a pas été désagréable, bien que manquant de saveur. Je me questionne sur la rejouabilité après 3 parties. Cela mériterait de s’y pencher plus longuement. [Ludochrono].Groule

Dungeon Exit (2024) : La prochaine nouveauté des auteurs de Nekojima sera un jeu de réflexion en solo ou à deux. Au moins 150 niveaux seront proposés. A l’aide de polyominos aimantés, vous devrez relier dans l’ordre une clé, une porte, un dragon, un trésor puis la sortie. Des contraintes s’ajouteront progressivement (trappes, ponts…). Le jeu compétitif est équivalent en Solo mais une course en temps réel ! Le jeu coopératif implique deux plateaux que l’on devra traverser pour rejoindre l’autre. Une proposition addictive, solide et consistante. Sortie en novembre.Groule

 

Fairy Ring (2024) : À rebrousse-poil de l’explication qui laissait présager du banal draft à PVs, une petite brise de sensations fraiches souffle sur la partie. Plusieurs situations intéressantes se présentent, avec un brin d’interaction, un espace de décision plus étendu que prévu et une durée de partie parfaitement calibrée pour ne pas lasser. Belle impression à confirmer, le renouvellement semblant quand même assez limité.Grovast

Fake Crystal (2024) : Mélange de bluff et d’enchères, vous devrez tirer votre épingle du jeu en proposant un prix pour des gemmes piochées au hasard, partagé entre ce que vous êtes prêt(e) à payer pour les conserver ou à gagner pour les vendre à tout prix. Derrière, l’enjeu de la collection autour des gemmes vous permettra de décrocher des contrats et des points. Un jeu qui m’a paru déroutant de prime abord mais que j’ai pu apprécier car bien complet et cohérent pour ceux qui ont la fibre commerciale. Original et malin, je le recommande aux amateurs de Modern Art et de bluff.Groule

 

Flip Town (2023) : Dans un thème fort mêlé de Western, d’orange et de poker, vous devrez exploiter au mieux les services de Fliptown, cité du vice : voler des poules, piller des tombes, corrompre le shérif, se repentir à l’église… Chaque tour, 3 cartes de poker sont à exploiter pour combiner d’innombrables options qui fourmillent sur le plateau. La charge mentale est imposante lors de la découverte, mais l’expérience est satisfaisante. Un Flip and Write classique mais qui offre de l’immersion dans un thème badass et avec de la rejouabilté. J’ai bien apprécié.Groule

Hitster Bingo (2024) : Si l’objectif était de donner sa chance à tout un chacun face à un adversaire fortiche en blind-test, alors il est rempli. Les connaisseurs regretteront la part un peu trop belle donnée à l’aléatoire du « bingo », le nivelage très curieux des typologies de questions, l’absence de limite au temps d’écoute, et cette boule à facettes (en plastique et à piles) totalement dispensable.Grovast

 

Kezao (2020) : Ce jeu d’observation/rapidité pour les petits est une course à la défausse, en fonction de critères de présence ou d’absence de couleurs. Si cela semble l’évidence même aux adultes, croiser mentalement deux conditions l’est un peu moins pour l’âge visé de 6+. Court, agréablement illustré, doté d’un petit choix d’une combinaison de deux dés, il coche beaucoup de cases pertinentes dans son registre. [Ludochrono]Grovast

Kintsugi (2023) : Assez belle surprise que ce jeu de draft ouvert. Le principe de la réparation des céramiques (directement lié au thème de l’art japonais du Kintsugi donc) crée des situations à double tranchant. Un objet cassé puis réparé vaut plus qu’initialement : être solvable revêt ainsi une importance particulière pour bonifier un événement sinon négatif. Ajoutons à cela une dose de contre-draft pour éviter une trop belle collection adverse, et on obtient un jeu qui vaut son quart d’heure. [Ludochrono]Grovast

 

Kipourkoi (2024) : Un des coups de cœur coopératif de cette année. Encore de l’association d’idées, mais celui-ci se démarque et propose quelque chose d’unique. Face à des zigotos aux têtes et aux formes bizarres, vous devrez voter au faciès pour quel est celui portera un collier à pointe, ou celui qui ronfle le plus fort, ou celui qui collectionne des jouets. A la fois fluide, rapide et très accessible, il fait appel à de la jugeote que les adultes n’auront pas forcément plus que les enfants. Expérience excellente et super originale, entre adultes ou avec enfants. Big up pour celui-ci. [Ludochrono, Just Played]Groule

Kutná Hora (2024) : Le principe d’évolution des cours de chaque matière m’a paru surfait et accessoire. Au final, tous les prix sont sur une pente ascendante à long terme, et c’est celui qui lance le mieux son économie qui peut dérouler en mode win-to-win. J’ai en revanche aimé être en concurrence avec un unique adversaire sur chaque guilde. Le renoncement à un type d’action via les cartes double est intéressant mais rarement vraiment contraignant. [Just Played]Grovast

 

La Forêt de Savernake (2024) : Avec 16 tuiles, la micro-optimisation est de mise, mais encore faudrait-il avoir pour cela des choix significatifs. On se borne à une maigre décision quand il y en a une à prendre : le chemin contenant des denrées qui scorent, un animal si nos chemins en place sont déjà en sur-capacité, ou le coq pour (espérer) avoir un choix au prochain tour. Si on est 4e, on se contente de ce qui reste et on place une tuile au petit bonheur, sans savoir où elle pourrait être utile par la suite. [AQTJ]Grovast

Le Cortège (2023) : Ce jeu de pichenettes à deux joueurs sort du lot à travers un parti pris : un thème sur la lutte à la française entre manifestants et pouvoir. Les manifestants cherchent à placer trois pions au centre du pouvoir, tandis que le pouvoir vise à éliminer tous les pions adverses. Le jeu prend une dimension éducative en décrivant et vous faisant prendre parti aux stratégies de lutte réelles des deux camps : la bombe lacrymogène qui retarde l’action, les LBD dissuasives mais qui indignent l’opinion, les médias qui dénoncent les casseurs… Engagé sans moraliser, il propose un regard critique à travers une expérience captivante et mérite le coup d’œil !Groule

 

Les Rats de Wistar (2023) : Les mécanismes semblent dénués de toute originalité, mais démontrent qu’on peut faire du très bon sans sur-complexité ni innovation spectaculaire. Le système de roue à force variable fonctionne à merveille, pour une vraie tension et des décisions substantielles. L’exploration de la maison au premier servi ajoute à l’interaction, et des adaptations stratégiques découlent des contraintes et combinaisons qui se présentent. Le tout dans un format initié+ et une durée de partie a priori raisonnable. Miam. [Just Played]Grovast

Link City (2024) : Coupler city-building et association d’idées, il fallait juste y penser pour que ça en devienne évident. Un principe expliqué en 30 secondes, jusqu’à 6 joueurs, des débriefings qui contredisent ce qui avait paru logique à tout le monde sauf au Maire, un système de score aussi simple qu’accessoire, et des tuiles qui ont le bon goût d’être recto-verso : même si on espacera peut être les parties, voilà qui fait bien le job dans son genre [Ludochrono].Grovast

 

Marabunta (2024) : Quand Knizia revisite le I split you choose pour l’implémenter dans un truc & write deux joueurs, on se tait et on admire. Nonobstant les feutres qui n’ont pas tenu le choc du FLIP, le jeu est parfaitement rôdé, sans fioritures inutiles. La constitution de lots est bien le centre du jeu, et la bataille de majorités fait rage. [Small is Beautiful].Grovast

Mino Dice (2023) : Mino Dice est une réédition de Skull King, le jeu de dés. Vous devrez annoncer le nombre de plis que vous remporterez chaque manche, basé sur la couleur de vos dés. Chaque couleur aura des scores différents sur ses faces et vous devrez juger vos chances d’obtenir plus que les autres. C’est ici que deux mondes se séparent : celui des amateurs de dés et de l’aléa qui va avec, et celui des joueurs qui préfèrent les cartes. J’ai bien aimé, mais je demande à essayer Skull King pour me positionner ! [Ludochrono, Small is Beautiful]Groule

 

Mycélium (2023) : Bien que son visuel puisse rebuter, il offre une expérience intéressante. Le jeu consiste à attaquer des cartes avec une carte voisine de plus grande valeur pour gagner des points, puis à remplacer ces cartes pour créer une suite fertile. Limité à trois couleurs d’attaque, le défi est de maximiser ses points sans se bloquer. En multijoueur, le remplacement des cartes mangées est crucial pour ne pas avantager les adversaires, mais on a tendance à beaucoup se contrer. Il brille selon moi plus en solo, avec cinq niveaux et un joueur fantôme qui ajoute une dimension stratégique. Il mérite d’être découvert même s’il n’a pas le standard des jeux actuels.Groule

Nekojima (2023) : Il était temps que je découvre Nekojima, expliqué de plus par les auteurs ! En matière de jeux d’adresse, l’offre n’est pas pléthorique et celui-ci vient occuper définitivement cette case dans ma ludothèque. L’équilibre des poteaux de bois et de leur câble en tissu, surplanté de chats, est fragile et fun. On se tortille pour y parvenir. Accessible, le système de niveaux (de 1 à 7) vous permet de vous challenger en coopération ou en solo (option testée et approuvée) pour aller le plus loin possible, et ce n’est pas évident. L’option compétitive fait l’affaire. L’édition est parfaite. J’adore. [Ludochrono, A Quoi Tu Joues ?] Groule

 

Olympikos (2024) : Encore un jeu d’association d’idées ! Cette fois-ci, compétitif et axé sur la rapidité. Sur le thème des JO, à tour de rôle vous devrez faire deviner 5 sports, avec quelques cartes Indice (des béquilles, un casque, un tapis…). Les autres joueurs ont 5 cartes de vote et devront relier chacune des cartes Indice à un sport. La proposition est classique et pas des plus esthétique. Bon pour un public néophyte qui aime l’action, mais déjà vu pour ceux qui connaissent. [Ludochrono]Groule

Palto (2011) : Fidèles au FLIP depuis 2011, le stand du Palto m’a fait découvrir un jeu de salon proche du jeu de palets et de la pétanque, fallait y penser. Un set de palets qualitatifs en cuir permet de tirer ou de pointer avec finesse. L’essai m’a paru convainquant et moins compliqué à placer qu’un vrai jeu de palet comme on peut en voir dans la région. En tout cas, c’est adapté pour l’intérieur et ça c’est intéressant. Groule

 

Pirates de Maracaibo (2024) : Les doutes de la pertinence d’une version light d’un jeu à succès s’estompent vite, tant cette relecture allégée va à l’essentiel et gomme ou réinvente de manière plus immédiate les lourdeurs de Maracaibo. Excellentes sensations d’une partie ramassée et tendue, l’interaction autour de la course vers la fin de manche étant bien préservée. Pression de tous les instants pour obtenir les bons types de cartes, déclencher les bons bonus en cascade, et valider ses quêtes avant qu’il ne soit trop tard.Grovast

Public Enemy Number One (2024) : Présenté par l’auteur, ce jeu de draft et de majorité dans le thème du Western est très simple. On pioche à tour de rôle une carte pour collectionner des couleurs et viser des majorités. En plusieurs manches, le premier à être majoritaire au moins une fois sur chaque couleur l’emporte. Une mécanique peut être un peu trop simpliste qui manque de quelque chose en plus pour le rendre stimulant. Je suis passé à côté pour ma part.Groule

 

Rivages (2024) : Un truc&write qui compile de manière imparable les avantages mais aussi les défauts du genre. Jouer en quasi-continu est appréciable, devoir s’accommoder d’une des deux combinaisons de terrains à cocher n’est pas désagréable. On débloque de-ci de là des bonus et autres effets en cascade, et on fait le choix de migrer plus ou moins rapidement vers l’île suivante. Mais on fait tout ça en simultané, le nez dans le guidon, tout seul dans sa tête. Le peu d’incitations à surveiller les adversaires réduit l’interaction à la portion congrue. [AQTJ]Grovast

Shogun No Katana (2021) : La pose d’ouvriers adossée à une collecte de ressources pour une réalisation de contrats est vraiment éculée. Mais la curiosité est ce plateau Forge personnel qui constitue un casse-tête spatial et d’optimisation pour y faire transiter sans inter-blocage les katanas en cours de fabrication. Insuffisant pour captiver plus de quelques manches, on se lasse vite d’un gameplay qui devient routinier avant même une salade de points finale des plus artificielles. [Just Played]Grovast

 

Streets of Tokyo (à venir) : Le vainqueur du Trophée FLIP Créateurs 2021 catégorie divertissement a muri et arrive sous forme d’une campagne Ulule, portée par un collectif d’auteurs Nantais. En coopération, vous devrez faire deviner un maximum de mots en temps limité, avec la particularité que vous devez tracer vos traits sur un plan, par-dessus les rues de quartiers de Tokyo. Bonnes sensations, l’aspect contraint rend compliqué de ne dessiner ne serait-ce qu’un chat. Cela peut frustrer certains, mais amuser les autres en voyant les œuvres écorchées.Groule

The Vale of Eternity (2023) : Autour d’un corpus de règles assez mince, mais fixant son lot de petites contraintes avec lesquelles composer, la richesse du jeu se situe dans les effets des cartes. Je suis donc partagé entre l’exaltation d’une découverte convaincante, et les doutes sur le faible nombre de ces cartes, la redondance de leurs capacités. Toujours est-il que je l’ai trouvé relativement finaud alors que c’est loin d’être mon type de jeu. [Just Played]Grovast

 

Vicomtes du Royaume de l’Ouest (2019) : Jouée avec l’extension Portes dorées qui renforce judicieusement l’action des Manuscrits, cette partie vient confirmer à mes yeux le statut de meilleur jeu toutes séries Shem Phillips confondues (dont je ne suis globalement pas un grand fan). La gestion sur trois tours des symboles exposés par les cartes, la légère touche de deckbuilding et les vraies implications stratégiques sur la durée de la partie le rendent particulièrement engageant. L’interaction indirecte se fait parfois piquante lorsqu’il s’agit de subtiliser un emplacement ou évincer un adversaire sur le chantier central. [Just Played]Grovast

Encore et encore

Le FLIP, c’est une histoire qui roule depuis plus de 35 ans maintenant. Les temps ne sont pas pour autant forcément faciles, même pour un événement culturel aussi solidement enraciné. L’engagement politique local fait fatalement face à des remises en question périodiques des budgets investis.

La mise en place d’une vaste étude pour cette édition 2024 doit permettre aux acteurs de mieux cerner les retombées économiques pour le secteur, à la fois à l’échelle locale (commerces), mais aussi à l’échelle régionale (séjours autour du FLIP). Indépendamment des résultats précis, qui ne sont pas attendus avant l’automne, cette initiative illustre la difficulté à faire reconnaître et subventionner les manifestations ludiques.

 

800 000 € de budget environ
230 000 visiteurs-jours à la louche
35 000 m² d’animations en ville
27 000 boites vendues sur les boutiques
4 000 places assises environ
2 400 boites revendues à la bourse aux jeux
180 éditeurs représentés
140 animateurs FLIP rémunérés
12 jours de festival, de 10 à 20h
4 nocturnes officielles jusqu’à minuit.

 

L’essentiel de la contribution publique au budget du FLIP est en effet actuellement supporté par la Communauté de Communes de Parthenay-Gâtine (CCPG). Les participations cumulées du Département et de la Région représentent un engagement bien moindre, à savoir 2,5% du budget global (chiffre 2023).

Rappelons que la CCPG a initié depuis quelques années un ambitieux projet de Cité des Jeux. Au-delà du FLIP, il vise à ancrer le ludique dans son territoire tout au long de l’année. Dans ce cadre, l’aménagement du nouveau bâtiment « Palais des Jeux » a fait montre de peu d’avancées spectaculaires depuis un an. Néanmoins, l’espace devant accueillir à l’avenir la Ludothèque de Parthenay devrait ouvrir d’ici à 2025. Par ailleurs, l’année 2026 devrait être celle de la 40e édition anniversaire : peut-être l’occasion de quelques inaugurations en grande pompe, qui sait ?

Une autre annonce discrète mais notable va dans le sens du projet global : la Société des Auteurs de Jeux (SAJ) a officiellement domicilié son siège social à Parthenay. Ce rapprochement entre les auteurs et le festival présage une recrudescence des actions communes, pendant et en dehors du FLIP. D’un côté une mise à disposition de moyens et d’un cadre matériel (par exemple pour des résidences). De l’autre un gain de crédibilité et un rayonnement « pro » qui crédibilisent un peu plus Parthenay dans le paysage ludique francophone. C’est ce que l’on appelle du gagnant-gagnant.

 

GrouleLe mot de la fin de Groule

Chaque année, l’expérience au FLIP est pour moi meilleure que la précédente. Les première fois, je n’ai pas pris le temps et je voulais tout voir pour cocher les cases. Ensuite, j’ai sélectionné, je suis resté autour de mes affinités, puis des copains m’ont rejoint, de Ludovox et d’ailleurs, et c’est là que la magie a fini par opérer. Allez au FLIP en prenant le temps, ne cherchez pas à tout faire, allez-y seul en vous invitant aux tables, ou bien à plusieurs, ce que je recommanderais. L’an prochain, ce sera un rendez-vous sans faute et peut-être plus savoureux encore !

 

MeepleCamLe mot de la fin de MeepleCam

Premier FLIP pour moi, qu’on m’a souvent décrit comme le meilleur festival ludique de France. La réputation n’était pas usurpée ! 5 jours à arpenter la ville pour participer aux quêtes proposées : recherche d’affiches de jeux, obtenir une dédicace, défier les bénévoles du Flip. Une bonne organisation d’équipe a permis de cumuler les fameuses mascottes woopies, ainsi que des flippers, pour participer aux ventes aux enchères. J’ai assez peu joué, au final, l’événement étant bien différent des salons cannois ou essennois, mais que des activités ludiques, familiales et surtout fun ! La définition même des vacances ludiques.

 

GrovastLe mot de la fin de Grovast

Bienvenue dans un espace-temps sans contrainte ni planning. Une inscription à un tournoi national, de vagues envies (sans plus) de certains jeux, l’intention d’aller traîner un peu partout : c’était tout pour les attentes. Cette villégiature de 11 jours, par ailleurs protéiforme en termes de groupe familial et amical, nous aura donc vu voguer au gré des conditions quotidiennes. Vivre des instants ludiques imprévus, passant sans transition du village médiéval à un jeu de gestion, c’est pas du bonheur, ça ?

 

Avant de refermer la page sur une dernière flopée de photos diverses, notez que la prochaine édition se tiendra du 9 au 20 juillet 2025. Rendez-vous sur place ?

 

 

 

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6 Commentaires

  1. Natosaurus 30/07/2024
    Répondre

    Merci pour ce grand reportage, ça me donne un goût de tout ce que j’ai raté cette année. Longue vie au FLIP !

  2. Shanouillette 01/08/2024
    Répondre

    Je plussoie ! il y a tant de choses à faire qu’en un week-end c’est mort XD

  3. MiKL 02/08/2024
    Répondre

    J’avoue, un bien bel article très intéressant. Bravo pour la couverture de ce festival

    Sinon j’ai vu passé également passer un truc sur un partenariat entre Parthenay et Poitiers pour faire une sorte de pôle ludique : https://www.grandpoitiers.fr/clipp

  4. Connor84 20/08/2024
    Répondre

    Une question sur votre reportage: il comporte en illustration, et je m’en réjouis, bien plus de joueuses que de joueurs, s’agit-il d’une image fidèle du festival, d’un hasard, ou d’un choix éditorial?

    • Grovast 25/08/2024
      Répondre

      Bonjour,

      Il s’agit d’une sélection de mes photos personnelles prises sur place, sans avoir prêté une attention particulière à ce critère. Je dirais donc qu’il s’agit d’un aperçu fidèle, pour autant le « bien plus » me parait exagéré. A vue de nez est on sur une parité, ou pas loin.

      • Connor84 28/08/2024
        Répondre

        A troisième vue, oui, c’est plus près de la parité que du « bien plus », j’ai dû être abusé par quelques différences avant/arrière plan, mais je trouve ça quand même intéressant comme constat d’un point de vue empirique vu qu’il y a beaucoup de photos. Du coup en reprenant, sans en tirer de conclusion sociologique définitive, et en gardant en tête l’idée que genrer de visu c’est discutable, je ne vois que deux majorités masculines indiscutables – sur le playground et les jeux de cartes à collectionner – et deux discutables (de nuit et stands de nourriture). Quand je compare à la dernière convention dans mon coin où c’était 80/20…

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