For a Crown – Pourquoi lui ?
For a Crown (de Maxime Rambourg, auteur de The Big Book of Madness, Mind Up…) a créé la surprise sur la Croisette cet hiver. Sous ses dehors tous ronds et conviviaux (signés Paul Mafayon dont vous avez déjà pu voir la pattoune sur King of Tokyo, Loony Quest…) le titre, jouable de 3 à 5, se révèle piquant voire mordant pour une cible qui demeure “familiale”. De quoi sortir du lot des jeux à deux ou des multi-solitaires qui prospèrent ces temps-ci. De quoi également attirer l’attention du jury de l’As d’or qui l’a mis en face de Captain Flip et Odin dans la catégorie “Tout Public” cette année (voir les lauréats). Alors pourquoi lui ?
Que les riches secouent leurs bijoux !
Qui portera la couronne dans cette guerre des familles royales ? That is the question Margaret! On les connaît, les têtes couronnées sont prêtes à tous les vils coups pour avoir le trône… Voilà pour le pitch, qui reste assez classique mais efficace dirons-nous. Après quatre tours, celui ou celle qui a le plus de rubis gagne la partie.
On débute avec un coffret cachant nos précieux bijoux. Chacun son tour, on achète des cartes mercenaires depuis un marché comprenant 5 colonnes avec des coûts différents et variables au fur et à mesure de la partie, mais généralement plus c’est cher, plus c’est pour une carte agressive. Une bonne partie de ces cartes permettront en effet de retirer des rubis (comprenez, des points) aux adversaires en mode attaque ad personam.
Vous pourrez aussi, entre autres, récupérer de l’argent (utile pour s’acheter d’autres cartes), gagner des rubis (utile pour ne pas perdre), ou encore déclasser une famille sur la Galerie, histoire de la rendre plus vulnérable aux événements, qui ont la fâcheuse tendance à vouloir vous ruiner. Pauvre fortune sujette à une fonte aussi rapide ! On imagine ce thème transposé avec des richards plus actuels et on se dit qu’on n’est pas passé loin d’un jeu bien plus piquant encore…
L’originalité de For a Crown est que ces cartes une fois acquises n’iront pas dans votre main, comme on a l’habitude de le voir. Toutes les cartes achetées par les joueureuses pendant cette phase iront dans un paquet commun. Mais alors comment on résout tout ça vous demandez-vous peut-être ? Il se trouve qu’au moment de l’achat, vous glissez votre carte dans une sleeve à votre couleur. Ainsi, quand on dépile le deck, on sait qui active l’effet de la carte piochée. Du deck-building sans en avoir l’air.
Cela m’a de prime abord assez étonnée, voilà un levier plutôt original, mais que j’aurais plutôt vu a priori au service d’un gameplay coopératif. Pas du tout. On crée un paquet ensemble, qu’on dépile ensemble… mais qui sert à s’en mettre plein la tronche les uns les autres ! Au final, par rapport à une résolution plus classique, ce système accentue la fluidité et le côté imprévisible du déroulé, qui peut encourager les coups bas, avec le bon public.
On essaie de se souvenir des cartes qui ont été achetées par les autres, pour voir quel effet est le plus tactique d’acquérir selon notre connaissance grandissante des événements, mais la stratégie reste assez limitée. La sensation se veut surtout mouvante, imprévisible et rapide. Le deck sera de toute façon mélangé avant d’être révélé, carte après carte. On ne peut pas programmer mais essayer de prévoir, tandis que le côté chaotique favorise les surprises et les retournements de veste inopinés. En tout cas, la promesse des 30 minutes est respectée.
D’ailleurs, en termes d’édition, on ne se moque pas de nous. Le soin apporté se mesure dans les détails. Déjà, les règles sont claires, épurées, rien ne dépasse. La base pour prétendre à l’As d’or. Certains détails permettent d’assurer l’équilibrage social. Par exemple, quand on s’est assez acharné sur vous, vous devez vendre votre Objet précieux (équivalent à 10 rubis), ce qui envoie le message “C’est bon, j’ai souffert comme les autres maintenant laissez-moi tranquille”, et entraîne généralement un peu de catch up, un peu d’oxygène pour les plus à la rue. Clairement, si la configuration annonce un 3 – 5, il vaut mieux sortir For a crown en configuration haute de 4 ou 5, d’aucuns regrettent même que le jeu ne monte pas plus haut, car c’est là où on aura plus de mal à suivre les comptes et que le bluff pourra briller.
Repos Prod a indubitablement mis les petits plats dans les grands, l’édition est aux petits oignons avec un matériel de bien haute qualité. Les jolis coffrets colorés pour ranger le matériel permettent un agencement et une installation facilitée. Le rangement pour les ressources est aussi joli que bienvenu, les jetons sont bien épais, les sleeves en surnombre pour pallier les éventuels problèmes, les tuiles de coût qui glissent sur le plateau sont agréables, le tout est pensé pour être daltonien friendly… De son côté, Paul Mafayon propose des personnages anthropomorphes qui semblent tout droit sortis du casting de Tous en scène.
Very group dependant
Le jeu a un positionnement “méchant” ludiquement, on passe notre temps à retirer des points aux autres : on est clairement dans un “why me game”, le couinement “pourquoi moiii ?” va revenir sans cesse dans la bouche des joueureuses qui essaient plus ou moins d’attendrir les autres pour ne pas finir sur le carreau. Je ne suis pas spécialement friande de ce genre d’ambiance autour de la table personnellement, mais il faut saluer un parti pris fort, différent, assumé. Le fait qu’on s’attaque les uns les autres directement sur nos points pose immédiatement un enjeu et une sorte de tension, c’est malin. On peut tenter de se faire discret mais en général ça ne marche qu’un temps. Rester gentil et équitable n’a pas beaucoup d’intérêt ici, il faut s’acharner un peu sur quelqu’un, faire preuve de mauvaise foi, négocier, se dédire, chambrer, se venger, bref, c’est une dynamique de groupe particulière qui permettra à For a crown de décoller réellement. De fait, avec cette situation initiale où l’on est obligé de retirer des points aux autres, personne ne reste complètement de marbre. Est-ce qu’on a envie d’y retourner pour autant, tout dépendra de vos goûts et de votre groupe. Si vous n’aimez pas trop les attaques frontales et gratuites, For a crown pourrait même vous mettre mal à l’aise (n’essayez surtout pas Intrigue ! ^^). Si vous voulez régler vos comptes autour d’un ultime jeu à la fin d’une journée j2s, For a crown peut faire office de catharsis preste et fun. Je sais qu’on dit que tous les jeux sont “group dependant” (dépendent des profils réunis à la table), mais certains un peu plus que d’autres !
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Ihmotep 17/04/2025
Jouer ce Week End avec des joueurs très « compétiteurs » dans l’âme, qui m’ont prévenu que Madame n’aime pas trop les jeux où l’on s’écharpe ^^. Et bien la partie a fini par une belle ambiance autour de la table, avec Madame qui pourrissait son fils, mais avec le sourire ^^. Comme les attaques fusent dans tous les sens sans être foncièrement méchante (cela reste des « petites » attaques), ca part dans tous les sens et c’est l’occasion de couiner un bon coup avec l’aval de tout le monde :).