À quoi tu joues ? janvier 24 : Odin – Syncro – Tichu – Oasis new hope – Alice’s garden – Coatl le jeu de cartes – Cold case – Nekojima – Stich für stich

On repart pour une nouvelle saison de notre rubrique « À quoi tu joues ? » qui se veut mensuelle. Une rubrique alimentée par notre équipe de vaillants chroniqueurs, mais aussi la rédaction. 

On peut parler des jeux que l’on a découverts au détour d’un salon, ou dans un bar à jeux, à la maison, entre amis. Cela peut être des nouveautés, les jeux tout chauds sortis du four, mais aussi des jeux plus anciens qui reviennent sur nos tables, ou d’autres qui selon nous méritent un petit coup de projecteur. Des jeux qui nous ont enflammés ou au contraire refroidis.

« À quoi tu joues » se présente comme un format court et punchy, condensé et basé sur le ressenti. Ce qui n’interdit pas d’y revenir plus tard dans un Just Played ou un Test, quand le temps nous le permettra.

Le Just Played quant à lui est un format de décorticage, d’analyse, qui nécessite plusieurs parties et de longues heures de travail en amont.

 

 

 

Odin

Odin est un jeu de défausse (voir la news), le but étant de marquer le moins de points. La partie se termine quand un joueur atteint les 15 points. Comment on gagne des points ? Ce sont les cartes restantes en main quand la manche prend fin.

On retrouve le principe d’un Carro Combo ou d’un Scout, deux excellents jeux dans leur genre. Odin a un petit truc en plus que j’ai personnellement trouvé génial. Quand on joue notre ou nos cartes, on doit en reprendre une parmi celles posées précédemment. Un jeu de défausse où l’on doit reprendre des cartes, c’est assez inédit. Et cela crée des dilemmes savoureux, Ah, je jouerai bien ces deux cartes, mais je vais devoir en prendre une qui ne m’arrange pas. Ok je passe (on peut passer sans sortir de la manche) avec le risque qu’un joueur vide sa main, ou qu’au moment de mon tour je ne puisse pas jouer.

 

 

Il s’ensuit une prise de risque intéressante, on surveille les mains de cartes des autres joueurs. N’avoir plus qu’une carte c’est bien, mais encore faut t’il réussir à la poser. Prise de risque, mais aussi gestion de main, car si à notre tour on a une main de cartes composées uniquement d’une couleur ou une valeur, on pourra toutes les abattre au grand dam des adversaires. un gros coup de cœur pour ce jeu de cartes malin qui ne fait pas doublon avec les deux titres cités plus haut.

 

-Atom

Un jeu de Gary Kim, Hope S. Hwang, Yohan Goh
Illustré par Crocotame
Edité par Helvetiq

Ludochrono

 

 

Oasis New Hope 

Oasis New Hope nous propose une course pour rejoindre l’oasis. Pour cela nous allons devoir poser des cartes en ordre décroissant, de 12 à 0. À notre tour, nous pouvons piocher des cartes dans une sorte de rivière commune, ou bien en dépensant des cartes acheter des artefacts qui vont nous donner des pouvoirs. On peut aussi recruter des compagnons ou les jouer de notre main pour déclencher des effets.

 

 

Dernier point et non des moindres puisque, le but du jeu : on peut jouer autant de cartes que possible pour la course à l’oasis. Sauf que certaines cartes compagnons vont ajouter un peu de chaos, je te vole une carte, j’en prends deux dans ta main et je t’en rends une. Je disais un peu de chaos, mais si trois joueurs d’affilé viennent piocher dans votre main, votre belle gestion est réduite à néant. La chance joue un grand rôle car si vous démarrez avec des cartes faibles, il va vous falloir un peu de temps pour préparer le voyage, alors que d’autres vont pouvoir prendre de l’avance. Idem en piochant dans le paquet central (en aveugle). C’est pas très novateur, même s’il y a de bonnes idées, par exemple on peut sacrifier nos compagnons pour re déclencher une partie de leurs effets. Oasis New Hope est surtout très répétitif et trop chaotique pour avoir envie de revenir dans son désert inhospitalier. Il faut tout de même saluer l’édition qui est de bonne qualité.  

-Atom

Un jeu de Monsieur V
Illustré par Samir Guessab
Edité par Astro Éditions

Ludochono

 

Cold case : les couleurs de l’oubli

Une affaire un peu ancienne à explorer, un dossier constitué de plein de pièces. Cold case c’est un dossier en trois actes. On prend connaissance d’une multitude d’interrogatoires, rapport d’autopsie, photos des protagonistes…

 

 

 Et on répond à la première question. Est ce que Claire Lambert s’est suicidée ? Puis la deuxième enveloppe nous révèle quelques documents et nous oriente sur une nouvelle question, Idem pour l’enveloppe 3. On nous guide dans notre réflexion. Si l’histoire se tient, les éléments qui nous sont offerts sont pléthore, non qu’il y en a trop et qu’on est perdu, mais surtout on nous répète les mêmes informations. Beaucoup esbroufe pour qu’on se sente entouré de casier en métal, des lettres à entête, des mises en garde d’usage en interrogatoire, ça ne nous donne pas pour autant du corps. Enquête sans vraiment de difficulté, peu de fausse piste. Est ce que j’en ressors avec le sentiment de fierté d’avoir résolu l’affaire ? non, mais le moment était agréable, grâce au moment partagé avec ma co-enquêtrice. 

Un jeu de Jennifer Maria Bischoff
Edité par 25th Century Games, Culinario Mortale
Distribué par Blackrock Games

 

Synchro

Des monstres à taper, allez l’équipe, ce ne sont que des champi, des gondra et des golems. Ce jeu n’est pas un tower defense, c’est un jeu de cartes, réparties dans les mains de l’équipe. On pose une carte à son tour, on ne parle pas (ils entendent tout !) et si on a au moins égalé la valeur du monstre, ciao ! On ne reprend pas de nouvelle carte, mais les champi vont nous aider un peu quand même.

 

 

Il y a cette gestion de main collective. Une fois le niveau fini, on passe au suivant, une campagne de monstres nous attend, ils ne seront pas différents, un peu plus exigeants pour les taper, et il y aura le boss, on se moquera facilement de lui, car si le jeu est bien pensé, rien ne nous a mis en difficulté jusqu’au bout de la campagne. Disons que ce n’était pas notre premier coop à communication restreinte, mais il pourrait convenir pour des primo coopérants.

-Natosaurus

Un jeu de Thomas Favreliere
Illustré par Raphaël Samakh
Edité par Grrre Games

 

 

Alice’s Garden

Est ce que l’univers d’Alice est propice au rangement de jardin en polyominos. Ben pourquoi pas, après tout la reine est légèrement maboule.

On choisit dans l’un des jolis sacs en velours vert un type de polyomino, on en étale autant que le nombre de joueurs, et le premier joueur fait son choix et place sans contrainte dans son carré de jardin. On scorera la distance entre les arbres, le double champignon, les pions d’échec sur la zone de l’échiquier, ainsi que sa belle collection de roses.

 

 

Un jeu de placement de tuiles, de construction de tableau, un style déjà bien exploré.Ça semble peu original et ça l’est, mais c’est plus intéressant qu’il n’y paraît, disons pour apprendre le genre. L’édition est mi classieuse avec son velours, mi raté avec ses toutes petites illustrations chargées, mais nous suivrons de prés cet éditeur néerlandais Happy meeple games, qui nous propose des jeux qui sortent parfois de l’ordinaire (Hens, Génotype).

-Natosaurus

Un jeu de Ikhwan Kwon
Illustré par Eugenia Smolenceva
Edité par Happy meeple games

 

 

Coatl – the card game

Suite au succès de Coatl, premier du nom, les auteur et autrice ont créé une version plus ramassée et avec plus d’interactions. Cette fois il faut peindre un seul Coatl composé de 8 cartes corps, d’une tête et d’une queue, soit 5 tours de jeu. Un certain nombre d’objectifs sont visibles sur la table. Ce sont des motifs de deux ou trois couleurs qu’il faut avoir dans son Coatl. Chaque carte que l’on ajoute et qui permet de réaliser un objectif, nous fait gagner ledit objectif, voire de le monter d’un niveau si on a plusieurs fois le motif (ce qui donne plus de points), ou de le voler à un autre joueur.

 Il s’agit d’un puzzle game. Quel est le meilleur coup à faire étant donné les 4 cartes que j’ai en main ? On cherche à voler mais on risque de se faire reprendre l’objectif immédiatement par le joueur suivant s’il a les bonnes cartes. On se lance dans un objectif en espérant arriver à le refaire une autre fois, mais tout dépend des prochains tirages. C’est très opportuniste. J’ai l’impression qu’avec une main donnée n’importe qui jouerait la même chose. Si j’ai des couleurs qui ne sont dans aucun objectif disponible, je n’ai aucune raison de les jouer. Certains objectifs sont plus contraignants car ils impliquent de recouvrir des bandes de notre Coatl et donc parfois détruire des motifs précédemment crées, mais tous rapportent le même nombre de points.

La partie pourrait en théorie être rapide (15 min à deux), mais on a tendance à bugger. On se demande quel objectif a le plus de chance d’être mené à bout (ou ne pas se faire voler), mais le hasard de la pioche est maître. Il y a enfin un double objectif de fin de partie, du type “avoir trois couleurs d’objectifs différents”, et s’il ne sort qu’une seule carte de la couleur pendant la partie, une seule joueuse pourra prétendre à cet objectif. Bref, j’ai trouvé ça beaucoup trop chaotique. 

 

 

Outre les cartes il y a 6 tronçons de Coatl en plastique. Ils servent de compte tour. Personnellement je me serais passé de plastique car je suis capable de compter jusqu’à 8 et savoir quand la partie se termine. Ils servent aussi d’extension pour le Coatl initial. Pourquoi pas. 

Pour finir sur une note positive, je trouve les illustrations très jolies et il y a un mode solo pour les adeptes de plaisirs solitaires (même si la règle n’est pas super claire).

-Manu

Un jeu de Etienne Dubois-Roy, Pascale Brassard
Illustré par SillyJellie
Edité par Synapses Games

 

 

 

Stich für Stich

Stich für Stich est un jeu de plis et de déduction. What ?
Si, si vous avez bien lu, laissez-moi vous expliquer. Un joueur est l’indic et il prend au hasard une tuile suspect parmi quatre, et une tuile arme du crime. Cela sera les cartes d’atouts dans le jeu. Les autres joueurs seront les enquêteurs. Les cartes ont trois types d’informations : une arme, un suspect et une valeur. L’arme est plus forte, puis le suspect, et enfin les valeurs.

Quand un pli est réalisé, l’indic annonce qui a gagné le pli, et ce pli est ajouté devant le joueur gagnant. Non sans laisser un peu de temps aux autres joueurs de faire leurs suppositions. Ils vont ensuite à tour de rôle proposer un couple suspect arme à l’indic qui va leur dire s’ils ont tapé juste. Si un seul est juste cela ne fonctionne pas.

 

 

Puis on repart pour un nouveau pli qui va se réaliser de la même manière. Chaque plis rapporte un point. Plus vite on découvre le couple arme-suspect et plus on gagne de points. Enfin l’indic gagne plus de points si les enquêteurs trouvent moins rapidement.

Désolé pour la longue explication, mais c’était nécessaire pour planter le décor et comprendre les tenants et aboutissants. Quand on est enquêteur, on doit trouver le plus vite possible le couple arme-suspect, non seulement pour marquer des points, mais pour gagner des plis. On joue donc nos cartes pour déduire ou essayer de déduire. L’indic lui connaît la combinaison gagnante et doit noyer le poisson tout en essayant de gagner des plis. Il ne doit donc pas jouer de cartes trop évidentes et même perturber la réflexion des enquêteurs.

Stich für Stich est malin et subtil, les deux rôles sont intéressants, on n’en refait pas une derrière parce que c’est éprouvant pour les neurones, mais l’expérience est étrange et intéressante. Pas sûr par contre qu’il se renouvelle beaucoup, car passé la première manche perturbante, on déduit assez rapidement, et le jeu devient juste un jeu de plis. On peut avoir un bon esprit de déduction (ou de la chance), mais une mauvaise main rend les choses difficiles. Un bon jeu à découvrir, mais peut-être pas à poncer.

-Atom

 
Un jeu de Markus W. Leon
Illustré par Felix Wermke
Edité par Zoch Verlag

 

 

 

Nekojima

À la maison on est fan depuis des années de Rhino Hero Super battle, vous savez le jeu où l’on doit construire un château de cartes et y envoyer toujours plus haut notre héros avant que ça s’écroule. Enfin je dis fan, mais personnellement je m’en lasse, car avec le temps on devient plus précis, et faire tomber l’échafaudage devient compliqué, mais c’est normal le jeu est fait pour des enfants.

 

 

Nekojima propose peu ou prou la même chose, sauf qu’on pose des Denshu, des poteaux électriques sur le plateau. Ces poteaux doivent être posés dans des quartiers déterminés par un lancer de dés. Ils ont des ficelles plus ou moins longues, il ne faut pas que ces câbles électriques se touchent ou touchent le sol, logique ! Plus ça va et plus on va poser de Denshu, parfois l’un sur l’autre et l’on réalise une structure qui monte en hauteur et prend de la densité. Évidemment ce qui doit arriver arrive, et la structure bringuebalante tombe. Un mode compétitif, un mode coopération, quelques variantes, une belle revisite pour adulte, mais aussi pour les enfants. Attention cela peut être frustrant, car on est dans un vrai jeu d’adresse, le moindre faux pas peut être fatal. Un petit mot sur l’édition qui est d’excellente qualité, le matériel est solide, les illustrations sont belles, et le jeu a une belle présence sur la table.

-Atom

Un jeu de David Carmona, Karen Nguyen
Illustré par Gilles Warmoes
Edité par Unfriendly Games

 

 

Tichu

J’ai enfin pu découvrir ce grand vénérable du jeu de plis. Tichu est assez intimidant, avec ses règles particulières, dès le début, après avoir reçu ses cartes, on doit donner une carte à chaque autre joueur et cette phase semble déjà importante, mais on passe totalement à côté, c’est une grille de lecture que l’on n’a pas tout de suite. Je vous invite à regarder le ludochrono pour comprendre comment on joue à Tichu.

Au début, j’ai eu la sensation d’être perdu, de ne pas toujours comprendre ce qu’il fallait faire, comment jouer les cartes spéciales comme le moineau, le dragon, le phœnix, etc. Petit à petit, le jeu dévoilait toutes ses finesses et sa profondeur. Tout d’un coup certaines choses devenaient plus claires, et il y a un côté satisfaisant à monter en maîtrise. On fait plus attention à ce que l’on fait, on joue nos cartes à point à meilleur escient, on ne casse plus involontairement le jeu de notre adversaire. On comprend aussi ce que notre adversaire attend, un peu comme dans une Belote, et le jeu d’équipe prend tout son sens.

 

 

Je remercie Mathieu qui nous l’a expliqué en prenant le temps de nous mettre doucement dans le bain, en excluant tout ce qui pouvait faire obstacle à notre compréhension, comme les annonces de grand et petit Tichu pour les intégrer quelques manches plus tard. On a déjà fort à faire, Tichu est très cérébral.

Si cette découverte a été possible c’est grâce à cet apprentissage en douceur, la bienveillance aussi dans l’explication mais aussi en jeu, ou on apprend vite de ses erreurs, si elles sont acceptées. Un grand grand jeu, j’ai vraiment hâte d’y rejouer, même si j’appréhende un peu de l’expliquer. Un gros gros coup de cœur.

-Atom

Un jeu de Urs Hostettler
Illustré par Christine Alcouffe
Edité par TIKI Editions

 

On se donne rendez vous le mois prochain, avec nos retours Cannois !

LUDOVOX est un site indépendant !

Vous pouvez nous soutenir en faisant un don sur :

Et également en cliquant sur le lien de nos partenaires pour faire vos achats :

acheter alice-s garden sur espritjeu

5 Commentaires

  1. ihmotep 25/01/2024
    Répondre

    J’ai eu l’occasion de tester Odin lors d’une soirée associative. Sitôt joué, sitôt adopté et acheté ^^. Le petit twist de récupérer une carte fait toute la différence.
    J’ai également adoré Amalfi renaissance, un jeu expert (initié ?) avec des règles simples, un système assez original pour la gestion de ses bateaux, une édition de très belle facture et une belle rejouabilité. Facile à mettre en place, à expliquer, intéressant à jouer, seul bémol le thème vite oublié ^^

    • atom 25/01/2024
      Répondre

      Odin, je suis fan, j’aime beaucoup Carro Combo, et je pense que Odin va rejoindre mon sac à dos comme une alternative. Les deux sont assez différents en terme d’expérience. Le twist de récupérer une carte c’est du génie. Je l’aurais bien vu nommé aux As d’or, mais je pense qu’il est arrivé trop tard pour se faire une place.

  2. morlockbob 25/01/2024
    Répondre

    Pour Odin on peut surtout citer Scout, ce qui ne lui enlève rien. Quant au Tichu, c ‘est un must et c ‘est toujours un plaisir de le voir surgir au détour d’une chronique.

    • atom 25/01/2024
      Répondre

      Carro Combo c’est un jeu que je propose à des gens qui n’ont pas de culture ludique. Je me souviens avoir fait une partie après une rando avec une dame qui ne connaissait que du jeu de grande surface. Au début elle joue sans voir plus que ça l’intérêt. Tout a coup ça fait tilt dans sa tête, on peut voir les étoiles dans ses yeux quand elle comprend qu’elle peut gérer sa main et bim elle devient super agressive et s’éclate. Scout c’est juste un peu trop pour ce genre de public. Carro combo j’en ai acheté plusieurs (3) en solde et je le prends pour ce genre de situations. Quand il plaît je donne ma boite 🙂

    • atom 25/01/2024
      Répondre

      Tichu c’est ma grosse grosse claque de cette fin d’année 2023. Beaucoup aimé aussi Tatsu Ou Cat in The box en plus light. Mais Tichu me pousse à surveiller plus les jeux de plis, j’attends de pied ferme King Tricktakers chez Pixie ou Robotrick chez Explor8.

Laisser un commentaire