Dans le radar d’El Duderiño : Essen(tiel) 2022

Si vous craigniez l’extinction des Eurogames, vous pouvez être rassuré(e)s ! Parmi le millier de jeux qui seront présentés à Essen, vous trouverez certainement de quoi rassasier votre faim ludique – d’où le nom du lieu ;-). Entre des thèmes attirants, des mécaniques originales ou encore des extensions ou des rééditions de jeux déjà publiés, l’heure semble être aux joyeuses découvertes qui mettent l’eau à la bouche des joueuses et joueurs passionnées que nous sommes. Et, entre pose de dés, gestion de ressources, deck-building, pose d’ouvriers… il devrait y avoir moyen de contenter tout le monde !

En complément de la sélection de Meeple Cam et de notre reportage pétillant sur le Festival de Vichy (1 & 2), qui se concentre plutôt sur des jeux d’éditeurs français, je vous ai donc concocté une petite sélection plus internationale, dans laquelle j’ai essayé de faire varier les thèmes et les auteurs, tout en vous proposant les jeux qui ont attiré mon attention.

J’espère vous faire découvrir quelques pépites ludiques qui feront encore parler d’elles dans les mois et années à venir et, de votre côté, n’hésitez pas à partager avec nous vos coups de cœur et vos perles pour cette édition de la Spiel Messe d’Essen qui envoie du meeple !

 

Je pense qu’on ne devrait pas manquer de place !

 

Tiletum de Simone Luciani et Daniele Tascini

Tiletum s’ajoute à la prolifique série T (Teotihuacan, Tekhenu, Tzolk’in…) en combinant des mécaniques connues, avec quelques unes plus originales. Tiletum se veut un peu moins complexe que ses prédécesseurs puisqu’une partie devrait durer entre 60 et 100 minutes. Il est prévu pour quatre joueurs qui incarneront chacun un riche marchand de la Renaissance.

Dans Tiletum, vous serez surpris (ou pas) par la polyvalence des dés : la couleur du dé indique la ressource que vous récupérez, sa face supérieure,  la quantité, et la face cachée, la puissance de l’action que vous effectuerez en plaçant le dé sur une roue. Ainsi – c’est l’un des twists de Tiletum – la puissance de l’action réalisée est inversement proportionnelle à la quantité de ressources gagnées.

Parmi les actions principales que vous choisirez durant les quatre manches du jeu, vous pourrez participer à la construction d’une cathédrale en déplaçant votre architecte, construire une maison dans une ville, ajouter des personnages à votre plateau et réserver des contrats. Ce qui devra être central dans vos choix, ce sera de ne pas perdre de vue les bonus que rapportent les nombreuses tuiles disposées sur le plateau, et de participer à la foire qui se déroule à chaque fin de manche, dans une ville du plateau.

Tiletum fera, à n’en point douter, chauffer les méninges des plus habiles comboteurs parmi vous, surtout si vous aimez partir à la chasse aux bonus et optimiser vos actions.

Chez Board & Dice (2-C130), pour 60 euros.

Tiletum

 

Deal with the Devil de Matúš Kotry

L’auteur d’Alchimistes et l’illustrateur David Cochard reviennent en force avec Deal with the Devil, un jeu exclusivement pour quatre joueurs dont la durée d’une partie est comprise entre 120 et 150 minutes.

Il s’agit d’un jeu asymétrique de construction de moteur et de déduction dans lequel chaque joueur incarnera secrètement un rôle parmi le cultiste, les mortels et le diable. Votre objectif sera de construire le plus grand nombre de bâtiments dans la cité médiévale dans laquelle se déroule le jeu. C’est grâce à ces bâtiments que vous obtiendrez des points et pourrez réaliser des combos intéressantes. Le problème, c’est que vous aurez besoin de ressources et de garder une réputation suffisamment bonne pour ne pas attirer l’attention de l’Inquisition.

Pour y parvenir, vous pourrez proposer des échanges à l’aveugle aux autres joueurs mais in fine, c’est l’application qui décidera qui sera le destinataire de votre proposition. Comme chaque personnage a des besoins spécifiques, votre échange risque alors de tomber à l’eau car il ne présente aucun intérêt pour le destinataire. Par exemple, les mortels essayeront d’acquérir des ressources auprès du diable (qui en a beaucoup), mais pour cela, ils devront lui céder une partie de leur âme.

En bref, je suis très impatient de découvrir Deal with the Devil qui, pour le moment, ne sera disponible qu’en anglais. Pour la version française qui devrait sortir chez Iello, il faudra patienter jusqu’à début 2023.

Chez Czech Games Edition (1-D139) pour 70 euros.

 

Deal with the Devil

 

 

Sabika de Germán P. Millán

L’auteur de Bitoku, dont on aura aimé la combinaison foisonnante des mécaniques, revient avec un titre plus léger – prévoir tout de même une à deux heure pour une partie – dans lequel vous tenterez de construire le Palais de l’Alhambra de Grenade sous la dynastie des Nasrid. Ce jeu, dont le niveau devrait correspondre à « initié + » pour reprendre la catégorie de Cannes, est prévu pour un à quatre joueurs.

Durant les cinq manches de Sabika, vous devrez disposer vos meeples – Contre-maître, Marchand et Poète – sur les roues concentriques qui leur correspondent pour réaliser vos différentes actions. Vous pourrez également les déplacer de une ou deux cases sur la roue pour réaliser d’autres actions qui pourront, parfois, être complétées par des actions secondaires. On retrouve ainsi un fonctionnement similaire à la roue d’actions de Mac Gerdts.

Les actions auront pour objectif soit d’améliorer vos capacités de stockage et/ou certaines de vos actions, soit de contribuer à l’essor des Nasrid. Pour cela, vous pourrez écrire et accrocher des poèmes sur les murs du Palais (ils vous donneront des bonus one-shot ou permanents) ; livrer des marchandises et contribuer à la construction de la route entre l’Andalousie et le Maghreb ; réaliser des constructions majeures et mineures du Palais.

Finalement, entre les objectifs personnels, les améliorations et les différentes combos possibles, les objectifs que vous réaliserez durant la partie et ceux de fin de partie, on retrouve la salade de points et ses nombreuses possibilités de Bitoku, à ceci près que Sabika devrait être plus accessible et moins pléthorique. Pour le moment, il n’est disponible qu’en anglais et en espagnol et il y a un peu de texte sur les cartes. Vous pourrez l’acquérir à Essen pour 60 euros. Il sort en français début 2023.

Chez Ludonova (3-G100), pour 60 euros.

 

Sabika

 

Lacrimosa de Gerard Ascensi et Ferran Renalias

Surprenant par son thème, Lacrimosa nous transporte à la fin du XVIII où nous incarnerons les mécènes de Mozart. Il s’agira de montrer à sa veuve que nous l’avons soutenu, en commissionnant notamment à d’autres compositeurs l’écriture de la fin de son Requiem. Il s’agit d’un jeu de gestion de main et de construction de moteur pour un à quatre joueurs, pour des parties de 90 à 120 minutes.

Lacrimosa se joue en cinq manches, au cours desquelles chaque joueur pourra réaliser quatre actions. La mécanique intéressante de ce jeu c’est que, chaque fois qu’on joue une carte pour effectuer une action, il faut également en jouer une autre pour recevoir des revenus à la fin de vos quatre tours. Ainsi, tout en réalisant vos actions, il sera pertinent de réfléchir aux ressources que vous utiliserez durant la manche à venir. Et, pour rendre les choses un poil plus complexes et faire en sorte que les cartes disponibles à l’achat soient toujours adaptées à la manche en cours, celles-ci sont renouvelées d’une manche à l’autre.

Dans les faits, vous construirez votre moteur en achetant des cartes, et vous gagnerez des points en réalisant des objectifs et en achetant des opus aux différents compositeurs contemporains de Mozart. Ces derniers permettront de remporter des points, en fonction des majorités détenues par chaque joueur. Vous pourrez également financer les voyages passés de Mozart en Autriche et remplir ainsi des objectifs en échange de ressources.

Lacrimosa se démarque par son thème qui, personnellement, m’attire beaucoup et semble combiner intelligemment des mécaniques d’eurogames relativement classiques. Il faudra voir si l’expérience de jeu sera fluide et agréable. Il n’y a pas de texte sur les cartes, mais uniquement sur les plateaux des joueurs.

Chez Devir (3-M104) pour 70 euros.

 

Lacrimosa

 

Fire & Stone: Siege of Vienna 1683 de Robert DeLeskie

Quand on se lance dans les wargames, surtout si l’on cherche des thèmes historiquement cohérents, on peut être rebuté par la complexité des règles. Calquées à partir d’événements historiques particuliers, elles paraissent parfois trop longues et difficiles à cerner dans leur ensemble. Fire & Stone, jeu de simulation historique pour deux joueurs (prévoir entre 60 et 90 minutes), ne semble pas tomber dans cette catégorie.

Pour un wargame, ses règles me semblent accessibles dans leur ensemble et écrites de façon claire, ce qui devrait garantir une expérience de jeu fluide. Pour autant, cela ne se fait ni au détriment de la profondeur – les deux factions sont asymétriques et les joueurs devront gérer leur main précautionneusement, au risque de rater de belles opportunités – ni de la cohérence historique. En effet, chaque carte est inspirée d’un événement historique que vous pourrez approfondir dans le livret historique écrit par le créateur du jeu.

Prenez garde toutefois, le jeu est pour le moment seulement en anglais et il y a pas mal de texte. Il faudra donc avoir une certaine familiarité avec la langue de Shakespeare pour l’aborder. Je ne sais pas en revanche si vous pourrez l’acquérir directement à Essen.

Chez Capstone Games (3-H113) pour environ 50 euros.

Fire & Stone: Siege of Vienna 1683

 

Terra Nova de Andreas Faul

Si vous trouvez Terra Mystica trop difficile à appréhender ou trop punitif à cause des écarts entre joueurs expérimentés et débutants, Terra Nova est peut-être fait pour vous. Les parties durent entre 60 et 90 minutes, et il est prévu pour deux à quatre joueurs.

Avec un nombre réduit d’actions et de ressources, Terra Nova garde le système de construction de moteur et d’amélioration de bâtiments de Terra Mystica. En effet, chaque fois que vous améliorerez un bâtiment sur l’une des tuiles que vous aviez déjà terraformées et construites, vous débloquerez un meilleur bonus. Mais, en contrepartie, vous devrez renoncer au bonus que vous aviez acquis en construisant le bâtiment du niveau inférieur… choisir, c’est renoncer !

De Terra Mystica, Terra Nova garde également le système de jetons Magie qui pourront être dépensés pour réaliser des actions gratuites et ainsi développer notre réseau de tuiles et de bâtiments. De même, chaque faction vient avec des pouvoirs qui lui sont spécifiques et que vous aurez intérêt à utiliser pour pouvoir remporter la partie.

Contrairement à Terra Mystica, Terra Nova semble en effet davantage scripté. Que ce soit par les pouvoirs de chaque faction ou par les objectifs à valider à la fin d’un tour, le jeu semble vous guider dans le choix de vos actions, bien que vous restiez tout à fait libre de faire autrement. Ainsi, Terra Nova sera moins déroutant et complexe à prendre en main que Terra Mystica, tout en gardant ses mécaniques centrales. En ce sens, il pourrait également servir d’initiation à Terra Mystica.

Chez Capstone Games (3-H113) pour 50 euros.

Terra Nova

 

 

 

Dutch Resistance: Orange Shall Overcome! de Marcel Köhler

Financé par un KS l’an dernier, Dutch Resistance du primo-auteur Marcel Köhler vous fera incarner la résistance néerlandaise durant la 2e Guerre Mondiale. Ce jeu coopératif pour un à cinq joueurs et des parties entre 60 et 90 minutes, se veut très immersif par sa narration et ses six scenarii, sans être un wargame à proprement parler. Ainsi, les cartes Personnage ont été réalisées à partir de résistants ayant existé réellement et comportent toutes des éléments biographiques.

Chaque scénario vous demandera de retourner un certain nombre de cartes, chacune d’entre elle comportant une mission à réaliser. Pour réaliser ces missions, vous pourrez vous déplacer sur la carte afin de récupérer différentes ressources, mais il faudra rester attentif à ne pas éveiller les soupçons de la police ou, pire encore, des soldats, en faisant baisser votre niveau d’alibi jusqu’à zéro. Vous pourrez également utiliser des actions bonus nommées Morale, à condition de ne pas toutes les épuiser et échanger librement des ressources entre vous.

Durant la nuit, chaque bâtiment dans lequel vos personnages se trouvent sera exposé aux raids et aux patrouilles de police qui feront le tour de la ville. Vous veillerez donc au niveau de sécurité des différents bâtiments, sans quoi vous risquez d’être démasqué et capturé.

Je suis très curieux de tester ce jeu par l’aspect narratif qui semble très développé ainsi que ses illustrations. Malheureusement il est actuellement impossible de l’acquérir. Seule une version Démo sera disponible à Essen car le développement, l’illustration et la production du jeu ont pris du retard. S’il vous convainc, vous pourrez toujours pledger sur KS, mais il y a du texte en anglais sur les cartes et aucune version en français n’est prévue pour le moment.

Chez Liberation Game Design (4-I113), en démo.

 

Dutch Resistance: Orange Shall Overcome!

 

 

En prime, voici un aperçu de quelques jeux que nous attendons avec impatience :

 

Great Western Trail: Argentina d’Alexander Pfister

Après une refonte des graphismes du premier opus, voilà que Great Western Trail s’implante en Argentine où vous gérerez des fermiers qui produiront une nouvelle ressource : du blé. Great Western Trail: Argentina garde les mécaniques fondamentales de GWT, tout en ajoutant une nouvelle possibilité de livraison des ressources et, plus globalement, des possibilités de choix stratégiques plus importantes et moins scriptées. Peut-être préférerez-vous livrer vos marchandises à Buenos Aires ? Certains semblent préférer ce dernier opus au précédent en tout cas !

Chez Eggertspiele (3-O119) pour 50 euros.

 

Great Western Trail : Argentina

 

Précognition de Julien Prothière

La fin de l’humanité approche à grands pas : une mystérieuse maladie se répand sur la planète et il n’y a que vous, les Ymune, pour prévoir l’avenir et sauver le plus grand nombre d’humains possible. Jouable de façon compétitive ou coopérative, votre but sera de secourir et de guérir le plus grand nombre d’humains. Pour y parvenir, vous réaliserez des actions avec la mécanique originale Dual Select qui, en faisant revenir des cartes que vous aurez défaussées durant les tours précédents, vous permettra véritablement de lire l’avenir.

Chez Ludonaute (3-O120) pour 60 euros.

Précognition

 

Les Tribus du Vent de Joachim Thôme

Le monde est pollué, et vous incarnez une tribu qui a survécu à l’apocalypse et essaye de reconstruire une civilisation, avec des villages, des temples et des forêts. Ce jeu est prévu pour deux à cinq joueurs et il faudra compter 20 minutes par joueur pour une partie. Votre but sera de dépolluer la planète pour la rendre habitable et bâtir une nouvelle civilisation, plus proche de la nature et respectueuse de l’environnement. Pour y parvenir, vous chercherez à atteindre des objectifs et à jouer des cartes des quatre éléments (eau, terre, air, feu), en remplissant les conditions indiquées sur le dos des cartes de vos adversaires ! Cette mécanique assez originale et les belles illustrations de Vincent Dutrait font des Tribus du Vent un jeu attendu à Essen. Et nous ne manquerons pas de vous en parler !

Chez La Boîte de Jeu (3-B111) pour 45 euros.

 

Les Tribus du Vent

 

Federation de Dimitri Perrier et Matthieu Verdier

Votre planète cherche à rejoindre une fédération de cinq planètes qui lui permettra d’entrer au Sénat et ainsi faire partie du gouvernement interplanétaire. Dans Federation, jeu pour deux à quatre joueurs pour des parties entre 60 et 120 minutes, vous aurez donc le rôle de gérer votre planète afin d’augmenter votre influence politique. Pour y parvenir, vous enverrez des ambassadeurs réaliser des actions. Certaines d’entre elles vous permettront d’acquérir des ressources ou d’améliorer vos équipements, d’autres consisteront à visiter l’une des planètes de la fédération afin d’accroître votre influence, et de gagner des bonus temporaires ou récurrents. Le gagnant de la partie – celui qui aura accumulé le plus de points – pourra rejoindre la Federation !

Si vous êtes intéressé par un retour plus détaillé, vous retrouverez l’article qu’Atom avait publié à l’occasion du Kickstarter de Federation ici.

Chez Explor8 (5-E119) à 69 euros.

Federation

 

On vous fera bien sûr des retours sur nos découvertes de ce Internationale Spieltage SPIEL.

 

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4 Commentaires

  1. morlockbob 03/10/2022
    Répondre

    Moi ce que je vois surtout ce sont les prix, ça devient hallucinant. Et il semble que 2023, nous attende au tournant.

    Va falloir se remettre à la crapette ?

    • El Duderiño 03/10/2022
      Répondre

      Je ne sais pas si l’augmentation des prix peut être expliquée entièrement par celle des matières premières et des moyens de transport, mais certainement cela doit avoir une incidence. D’autre part, la surproduction de certains jeux doit y être aussi pour quelque chose. De mon côté, les deux seules solutions que je vois et que je mets en pratique, ce sont : l’achat de jeux d’occasion, quelques mois après la sortie ; les promos et ventes privées. Mais ça implique de renoncer à courir après les nouveaux jeux et de patienter un peu… comme à la crapette !

  2. morlockbob 13/10/2022
    Répondre

    Belle originalité d’activation des cartes dans les Tribus du Vent, beaucoup moins dans chez Precognition malgré son Dual Select mit en avant.

  3. El Duderiño 13/10/2022
    Répondre

    Merci pour ton retour, je n’ai pas pu essayer ni l’un ni l’autre pour le moment

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