Arboria, le jardin à coup de hache !

Le soleil brille, la chaleur s’installe doucement dans nos campagnes, les insectes se remettent à virevolter en tous sens, le printemps impose lentement son empreinte et invite à profiter de nos extérieurs. Mais que faire si comme votre serviteur, vous ne possédez pas de terrasse, de balcon ni de jardin ? En effet, cela peut être un problème…

Heureusement, Christophe Boelinger (notamment auteur de Dungeon Twister, Archipelago et 4 Gods, excusez du peu) et les Lumberjacks Studio ont pensé à vous ! Grâce à eux, vous pourrez vous aussi profiter d’un vaste espace fleuri. Malheureusement, il faudra partager ce bout de terre avec vos camarades de jeu, qui ont la main verte qui les démangent (alors ils grattent un petit peu !). Et tout n’est pas rose dans cette zone verdoyante (!) : vous devrez disposer votre espèce de fleur aux multiples couleurs afin de devenir King of the Garden !

 

Main verte pour fleur bleue !

La boite de jeu surprend agréablement par sa couverture qui ne laisse apparaître que l’illustration, concept repris notamment du jeu Abyss, et qui devrait à mon avis se généraliser tellement je trouve qu’il donne du cachet à la boite. Cela valorise le travail des illustrateurs et donne envie de s’attarder sur tous les détails de la création. Personnellement, cela m’a tout de suite incité à découvrir le contenu du jeu.

A l’intérieur, on trouve des cartes, des plateaux individuels fins (semblables à ceux de Myrmes, un jeu aux allures bucoliques !), des jetons cartonnés représentant des fleurs ainsi qu’un soleil et une sauterelle (qui permet d’identifier le premier joueur), un bloc de score (que j’utilise rarement : sûrement mon attrait pour le côté destructif du legacy) et un nuage.

Ce dernier jette d’ailleurs une ombre sur la qualité du matériel tellement il est délicat à assembler. Non pas que le montage soit compliqué, mais les pièces ont tendance à ne pas vouloir rester en place ! Heureusement, il n’est pas nécessaire de le séparer afin de lui trouver son petit coin de paradis dans le rangement de la boite ! Ouf !

 

A noter qu’il n’y a point de thermoformage afin de classer les différents éléments, mais un astucieux rangement constitué de séparations en carton.

Le tout fait très bien le job, et on ne peut qu’être satisfait de ne pas avoir, une nouvelle fois, à tout intégrer dans des sachets zippés (même si chacun sait que le plastique est fantastique et que la nature nous remercie tous les jours).

Un plateau imprimé recto-verso s’adapte en fonction du nombre de joueurs, la surface de jeu étant plus petite à deux joueurs que dans une partie à trois ou quatre belligérants.

On notera d’ailleurs une coquille dans le livret de règles : dans le mode deux joueurs, on nous demande d’utiliser l’aire de 5*5 cases, alors que l’illustration de mise en place laisse apparaître une aire de 6*6 cases. Le reste du livret est plutôt clair et les rares points litigieux sont précisés dans des schémas (j’avais un doute sur la portée de l’ombre des fleurs).

En bref, l’ensemble permet de se lancer rapidement et avec envie dans une partie.

 

Ne faites pas de fleurs à vos adversaires !

Dans Arboria, le but du jeu est de positionner les fleurs de son espèce (de quatre couleurs différentes) dans un jardin partagé, afin de les aligner au mieux par couleurs en profitant des positions de ses adversaires.

Au début de chaque tour de jeu, chaque joueur disposera de cinq cartes qu’il placera devant lui faces cachées. Le premier joueur retournera alors ses cartes faces visibles, et pourra jouer entre 1 et 3 de celles-ci. Le joueur suivant dévoilera alors ses cartes et pourra choisir de réaliser ses actions en piochant parmi toutes les faces disponibles, que ce soit celles devant lui ou celles de ses adversaires. Plus le tour avance, et plus les belligérants disposeront de choix (tout en ayant moins de place sur le plateau).

Les cartes représentant les 4 espèces de fleurs permettent de faire pousser le végétal d’une couleur précise (on ne peut placer que sa propre variété).

Pour cela, on doit poser sa tuile sur une des deux lignes éclairées par le soleil (qui tourne autour du plateau en cours de jeu) en faisant attention à ce qu’aucune fleur ne projette son ombre sur la case derrière elle (quelque soit sa hauteur, son ombre est cantonnée à la case la jouxtant à l’opposé du soleil). De la même façon, le nuage couvrira la zone située en dessous de lui. Lorsqu’on décide de faire pousser une fleur, on peut augmenter sa hauteur ou créer une nouvelle bouture.

Une autre façon d’utiliser ces cartes est de faire faner une fleur adverse en jouant deux représentations de la même espèce et de la même couleur. Bien entendu, cela consomme deux de ses actions, mais ceci peut être utile lorsqu’on a peu de choix (en étant premier joueur par exemple) ou pour casser une position adverse avantageuse. A noter que les jetons retirés retournent dans la boite et ne réintègrent pas le stock du joueur.

 

Destruction en cours!

 

 

Les symboles soleil permettent de déplacer ce dernier de une à trois cases autour du plateau, afin de pouvoir installer vos précieux pétales vers de nouveaux horizons.

Lorsque la source de vie dépasse un coin du plateau, elle continue son chemin sur le bord suivant. Le jeu prendra fin quand il aura fait un tour complet du plateau. Vous allez me dire : et si personne ne décide d’avancer le soleil ? Heureusement, la nature est bien faite et quand tous les joueurs auront réalisé leurs actions, on déplacera celui-ci d’une case par carte le représentant qui n’aura pas été jouée, rapprochant inexorablement de la fin de partie.

Certaines cartes représentent le vent et la pluie. Le vent permet de placer le nuage sur le plateau lorsqu’il est joué pour la première fois, puis de le repositionner où on le souhaite les fois suivantes : la météo est capricieuse ! Cette action est particulièrement intéressante quand on souhaite empêcher le développement de fleurs adverses.

Mais attention, car à tout moment le nuage peut libérer une pluie salvatrice qui permettra aux végétaux de boire à leur soif (toutes les fleurs poussent et le joueur actif a la possibilité de se positionner sur une case vide), mettant votre plan diabolique en échec !

 

Une fois que le soleil a accompli une rotation complète autour du plateau, la partie se termine: on achève le tour en cours avant de calculer les scores. Pour chacune des couleurs, chaque joueur choisit une seule ligne de fleurs de cette couleur uniquement (en horizontale, verticale ou diagonale) contenant au moins une fleur de son espèce : les points marqués correspondent à la hauteur de sa fleur la plus haute (entre 1 et 6) multipliée par le nombre de cases occupées par cette couleur dans la ligne. Le score total est la somme des points dans chaque couleur.

Fin de partie.

 

Un langage fleuri !

Le jeu comprend également des règles avancées avec une variante piquante histoire de vous fâcher définitivement avec vos amis ! Il existe 6 cartes spéciales qui seront mélangées indépendamment en début de partie. Chaque joueur piochera une carte qu’il gardera secrètement face cachée sur son plateau de jeu. : celle-ci pourra être jouée à la place d’une autre carte (dans le total des trois actions maximum) et intégrera (sauf exception) le pool disponible en début de tour (attention donc au moment où ces actions spéciales seront utilisées, car il se pourrait que vos adversaires piochent ces cartes plus tard et en profitent).

  • Abeille : permet de déplacer le jeton supérieur d’une fleur jusqu’à deux cases (afin de le déposer sur une case vide ou sur une fleur existante (de même couleur et de même espèce)

  • Rocher : neutralise définitivement un emplacement du plateau et fait de l’ombre derrière lui à une hauteur de 5 cases (nous avons d’ailleurs eu un doute sur ce point de règle : est-ce une portée de 5 cases ou une hauteur de 5 cases?)

  • Plante carnivore : est déposée sur une case vide de son choix avant de dévorer le jeton supérieur de n’importe quel végétal adjacent. Si cette carte est à nouveau jouée, la plante ne se déplace pas mais continuera son festin de la même manière

  • Coup de tonnerre : la fleur la plus haute sous le nuage est détruite et retourne dans la boite

  • Engrais : associé à une autre carte de fleur, il permet de faire pousser celle-ci deux fois (ceci utilise donc deux de vos actions disponibles)

  • Repiquage : déplacer une fleur constituée d’un seul jeton (donc de hauteur 1) vers une case vide

 

 

Comme sur un nuage 

Je dois avouer que je n’attendais rien d’Arboria et pourtant j’ai été agréablement surpris par ces deux premières parties de découverte (avec et sans les règles avancées). Avec ses dessins enfantins, nous avons à faire à un bon jeu de placement et d’opportunisme qui s’installe et se joue en un rien de temps (comptez 30 minutes environ), même s’il peut traîner en longueur si on prend le temps de calculer le score de chacun à l’instant T afin d’optimiser au maximum ses choix.

Léger et accessible, il s’adresse à un large public, de la famille voulant occuper efficacement une partie de son après-midi, au geek qui sortira cette boite entre deux parties de jeux qui tâchent (ceux qui durent plus de X heures. À vous de positionner votre curseur 😉 ). Le thème sent bon l’arrivée des beaux jours et l’installation de l’été.

 

J’ai toutefois quelques réserves sur la rejouabilité, comme assez souvent avec des jeux aux règles simples. Malgré l’aléa de la pioche des cartes avec un relatif manque de contrôle (que certains qualifieront de prise de risques), sans l’impression toutefois de subir le jeu, Arboria possède une profondeur appréciable pour un jeu de ce calibre. Sortez vos outils de jardinage, il va faire chaud !

 

Tous les articles de l’auteur par ici

Vous aimez les arbres ? => L’arbre, douceur printanière Just played par Meeple Cam

Ou le jardinage ? Test de Cottage Garden par Meeple Cam

 

Image de couverture/Bandeau de l’entête: LSD Graph

 

Arboria

Un jeu de Christophe Boelinger
Illustré par Bertrand Benoit / Shaun Ivie
Edité par Lumberjacks Studio
Langue et traductions : Français
Date de sortie : 2017
De 2 à 4 joueurs
A partir de 10 ans
Durée d’une partie: 30 minutes

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1 Commentaire

  1. steph 11/06/2017
    Répondre

    Et merci à ce bon Vieux Yves Duteil !!!! (Référence intemporelle, mdr)

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