► E.D.I.T.O. Le colonialisme dans le jeu de société

Vous ne le savez peut-être pas, mais une grande partie de notre travail consiste à entrer et traduire les fiches de jeux. Autant vous dire qu’on en voit passer un certain nombre. À chaque entrée, on se fait nos petites remarques “Celui-ci a l’air superbe !”, “C’est drôle, les dinos font un retour en force ces temps-ci”, “C’est qui cet auteur ?” et puis des fois c’est “Tiens, encore un thème colonialiste. Comment est-ce que c’est traité ?”.

 

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Le dernier jeu au thème colonialiste entré en base

 

 

La question est en effet loin d’être évidente, comme nous allons le voir. Elle revient aussi à se demander si le jeu de société est un média politique, et si oui, où sont ses limites, et quelle est sa portée. Question que nous nous étions déjà posée dans cet édito. Le colonialisme européen est non seulement un sujet politique, mais il a ceci de complexe qu’il est étroitement lié à un système économique des plus inqualifiable qui soit, la traite et l’esclavage. 

 

L’importance de l’intention

Peut-on traiter de n’importe quel sujet dans un jeu ? Peut-on le faire de n’importe quelle façon ? Il en va à notre avis du jeu de société comme d’autres productions culturelles. Les auteurs ne devraient connaître aucune censure, mais doivent réfléchir un minimum à leur sujet. On ne se choquera pas de voir un film sur la déportation des Juifs, on peut même en rire (voir La Vie Est Belle de Roberto Benigni) ! Même chose ici. Tout est toujours question de traitement et d’intention.

D’autant plus que le jeu de société, à l’instar du jeu vidéo (qui a déjà connu les vicissitudes de ces débats aussi) et du jeu de rôle, nous met dans une posture active. L’immersion va donc un cran plus loin. On ne va pas voir les Nazis, les preneurs d’otage, les terroristes, les esclavagistes, les mafiosi, on ne va pas se contenter de les regarder commettre leurs exactions passivement, non, on va les jouer, on va les incarner, le temps d’une partie. Qu’est-ce qui rend cela possible ? La façon dont le thème est présenté est essentielle, tout autant que la façon dont il sera perçu – changeante selon les publics, leur culture, leur passé. On se rappelle que l’affaire de la carte “Esclave” dans Five Tribes aura surpris de ce côté-ci de l’Atlantique, nous y reviendrons.

 

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Five Tribes situe son action dans le monde merveilleux des 1001 Nuits et a quand même été « rattrapé » par la question de l’esclavagisme.

 

 

Aujourd’hui, nous allons porter notre attention sur l’esclavage au moment de la colonisation européenne. Avant de se lancer, rappelons simplement combien les deux sont intimement, historiquement, mercantilement liés : sans la traite des noirs, pas de commerce, sans commerce, pas d’exploration.

Alors, comment cet aspect sombre de l’histoire est-il rendu dans nos jeux ?

 

J’en parle… ou pas ?

Depuis Puerto Rico, où le rôle du “surveillant” est devenu “l’artisan” pour ne pas trop choquer le public (les petites ressources marrons corvéables à merci n’en demeurent pas moins des esclaves et non des “colons” … mais chut, faut pas le dire trop fort…) à Mombasa où l’on prévient le joueur que l’on “fait référence à des éléments historiques et les replace dans un contexte fictif” (et d’effacer l’exploitation des africains du tableau au passage), sans oublier le récent Santa Maria où envoyer vos conquistadors & missionnaires vous fera gagner des “points de bonheur” (sic)… Le jeu de société manie régulièrement le thème de la colonisation, mais ne semble pas forcément à l’aise avec l’idée de, littéralement, jouer avec l’esclavage. On en vient donc à des situations parfois ubuesques, où le thème de la colonisation est traité mais pas assumé pleinement, pour ne pas dire édulcoré, d’où naissent immanquablement des polémiques sans fin.

Quand on étudie les diverses controverses, on s’aperçoit que le problème semble assez insoluble. Choisir ce thème et évincer l’esclavage choquera certains (quitte à refaire l’Histoire pour ne pas froisser avec ce qu’elle contenait de violent, pourquoi ne pas se placer dans un contexte autre, ou complètement fictif, dès le départ ? Pourquoi ne jamais intégrer le point de vue des indigènes ?) mais d’un autre côté, proposer aux joueurs de jouer avec cette notion en choquera d’autres.

On l’a vu avec l’affaire Five Tribes, des descendants d’esclave souhaitaient le retrait pur et simple de la carte « Esclave » du jeu et ont finalement eu gain de cause auprès de l’éditeur et l’auteur au profit d’une carte Fakir. Bruno Cathala raconte sur son blog : « J’ai reçu plusieurs témoignages touchants de personnes nord-américaines réellement mal à l’aise avec ce sujet, et me l’exprimant directement, de façon simple et non-agressive, m’expliquant que leurs grands-parents avaient vécu en tant qu’esclaves, au moins une partie de leur vie, et que ça restait une blessure à trois générations d’écart. Ces témoignages m’ont touché. Et comme je fais des jeux, qui doivent avant tout véhiculer une notion de plaisir, la peine réelle de certains joueurs m’a amené à changer d’avis et à prendre la décision, avec Days of Wonder [NDLR, l’éditeur de Five Tribes] de remplacer les Esclaves par des Fakirs dans les prochains tirages de Five Tribes. ».

 

 

 

Pourquoi le colonialisme est-il si prisé ?

Le jeu de société affectionne cette thématique de la colonisation depuis ses premiers pas avec les Colons de Catane (rebaptisé Catan, plus passe-partout, choix pour « s’adapter aux habitudes des joueurs », d’après Asmodee mais il se pourrait que ce soit aussi pour éviter les polémiques liées au mot « colons »).
En effet, le mythe de la terre “nouvelle” où tout reste à bâtir (même s’il faut rappeler justement, qu’elle était, de fait, habitée) permet de mettre en place des moteurs économiques compétitifs engendrant une course au développement à partir d’une base égale. Pratique, exotique, elle peut donner lieu à des interactions directes (guerre, plutôt dans les jeux à l’américaine) ou à une pure course aux points de victoire (moteur économique, plutôt dans les jeux à l’allemande).

 

 

Alors, certes, le colonialisme européen est techniquement intéressant pour un game designer, mais est-il possible d’invoquer ce sujet sans parler des aspirations discriminantes et esclavagistes qui en naissent directement ? Et comment aborder un des passages les plus dramatiques de l’histoire de l’humanité autour d’un jeu, sans froisser personne ni trahir son sujet ? C’est un dilemme auquel les auteurs sont confrontés (tôt ou tard !) à chaque fois qu’ils abordent cette partie de l’Histoire dans un jeu. Chacun aura sa façon personnelle d’y répondre. Quelques exemples. 

 

Quelques réponses d’auteur

Dans Age of Empires III, où l’on joue colons, marchands, soldats et missionnaires, l’auteur Glenn Drover n’esquive pas la violence de la guerre avec les autochtones et ces derniers sont bien présents dans le jeu. En revanche, Drover n’a pas su comment aborder le thème de l’esclavage. Il s’exprime sur le sujet : “La traite négrière de l’Atlantique a été l’un des événements les plus horribles de l’histoire de l’humanité et il trop sensible sur le plan politique pour qu’on puisse le dépeindre ouvertement dans un produit commercial. Même s’il mérite indubitablement d’être discuté et que l’on s’en souvienne avec précision, j’ai estimé qu’il y avait trop de risques que l’on perçoive le sujet comme étant banalisé par sa simple présence dans un jeu, ou parce que le jeu récompensait les joueurs pour l’utilisation de l’esclavage.”  

 

age of empires

Ainsi comprenons nous que la solution de l’évitement, par pudeur pourrait-on dire, est celle souvent choisie par les auteurs. Selon comment ce choix est ensuite assumé dans le jeu (présence des indigènes ou absence totale, petit texte explicatif dans les règles…), il sera plus ou moins bien accepté par le public (des publics, devrait-on dire).

Pour Alexander Pfister, Mombasa n’est pas un jeu sur le colonialisme, mais un jeu sur les compagnies à charte : « C’est un jeu à l’ère des sociétés à charte. Je l’ai donc mis quelque part au XIXe siècle. Je pense qu’il est logique de se situer en Afrique. Je n’aurais pas aimé que ce soit sur une île fantastique. » se justifie-t-il sur BGG. « Mombasa est un jeu fictif. Si vous cherchez un « feeling » de colonisation, vous n’êtes pas au bon endroit. » 

 

MOMBASA

Quand le positionnement n’est pas assez clair (et les visages des esclaves un peu trop), c’est la porte ouverte aux polémiques.

 

Pourtant quand Mombasa est sorti, on a vu deux camps s’affronter avec virulence. “C’est juste un jeu ! Dans les eurogames, on sait que c’est pas le thème qui est central, on est là pour pousser des cubes”, peut-on lire sur BGG où le jeu a, comme d’autres avant lui, son thread de discussion/polémique qui s’étend sur plusieurs pages se faisant se rencontrer des voix des quatre coins du monde. “Chacun a le droit d’avoir son opinion mais ne nous dites pas “qui s’en soucie ?” afin d’éteindre nos consciences au nom d’un jeu, aussi bon soit-il” peut-on lire en réponse. 

 

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Dans Struggle of Empires, Martin Wallace a choisi d’affronter son sujet frontalement. “Le système de jeu ne glorifie ni ne tolère l’esclavage. Cependant, elle l’inclut puisqu’il s’agissait d’un aspect vital de cette période et du processus de colonisation. Certaines personnes se sont opposées à la présence de l’esclavage dans le gameplay. On a certainement le droit de ne pas acheter ou jouer le jeu. Personnellement, je pense qu’omettre le sujet aurait été un affront plus grave, et l’affaire est traitée ici d’une manière qui n’est pas offensante”, juge Greg Schloesser, membre du comité de l’International Gamers Awards.

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Dans Endeavor (Carl de Visser et Jarratt Gray), on incarne des nations colonisatrices qui pourront compter sur les forces des esclaves pour se développer… tant que la carte abolition n’arrive pas en jeu. Là, avoir profité de l’esclavage pourrait bien se retourner contre nous ! Une façon intelligente de poser subtilement le dilemme aux joueurs, d’autant que l’abolition devient un levier économique permettant de prendre de l’avance sur ses adversaires, tel qu’il l’a réellement été historiquement.

 

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Un jeu comme Archipelago (C. Boelinger) prend également en compte la réactions des indigènes face à l’envahisseur, et selon votre façon de gérer leur présence, vous pourrez vous exposer à des révoltes. Vous pourrez même avoir pour objectif d’être indépendantiste : une mise en perspective pour une fois non euro-centrée, assez remarquable.
Et puisqu’on parle de retournement de situation, citons l’excellent Spirit Island (R. Eric Reus) qui vous propose d’incarner des entités magiques ayant pour objectif d’aider collectivement les autochtones d’une île contre les envahisseurs et leurs casques à pointe. L’Intelligence Artificielle de ce coopératif gère l’avancée des colons : ceux-ci débarquent, explorent, construisent et ravagent (dans cet ordre), engendrant corruption du sol et massacre des habitants. À vous d’utiliser vos pouvoirs pour les effrayer et les faire fuir avant leurs exactions.
Les jeux proposant ce genre de renversement ne sont pas monnaie courante, aussi font-ils souvent bien parler d’eux. 

Enfin, il serait tout de même difficile de ne pas mentionner ici Freedom: The Underground Railroad où vous devez renforcer le mouvement abolitionniste et aider des esclaves de l’Amérique du Nord à se sauver vers le Canada. Le jeu, apprécié des gamers, est aussi joué en école, de par son approche historique circonstanciée. L’auteur a même proposé un manuel à destination des professeurs pour les aider à l’utiliser en classe.

Sur le web, pas de polémique : Freedom fait l’unanimité. « J’aime bien quand un jeu m’enseigne l’histoire ou m’incite à poursuivre mes recherches dans un domaine. Un jeu comme Freedom non seulement fait cela, mais peut aussi stimuler une réaction contre les torts du monde actuel et c’est une façon très intelligente de transmettre des idées que certains pourraient trouver ennuyeuses si elles étaient diffusées par d’autres médias. » commente John, un utilisateur de BoardGameGeek.

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L’auteur, Brian Mayer, a pris soin d’une approche méticuleuse dans son travail de game design, partant rigoureusement du sujet : « J’ai travaillé avec beaucoup de ressources de bibliothèques universitaires en ligne, ainsi qu’avec la Library of Congress, d’autres bibliothèques historiques et quelques documentaires. (…) Au fur et à mesure que la conception progressait, j’ai compilé des listes d’événements et d’individus qui ont joué un rôle dans le mouvement abolitionniste et le chemin de fer clandestin. Cette liste a ensuite été divisée en trois périodes de temps que le jeu utilise. J’ai ensuite essayé de représenter comment les individus ou les événements pourraient avoir un impact sur les mécanismes du jeu. Cette liste a ensuite été réduite en fonction de ce qui fonctionnait pour le jeu et créait l’équilibre et la tension nécessaires. »

 

Le jeu, œuvre de l’esprit

“Il est plus facile de nier les choses que de se renseigner à leur sujet”, disait l’écrivain Mariano José de Larra. C’est souvent par l’absence de perspectives que l’intention devient ambiguë et que le jeu fait débat. Sinon, pour esquiver les questions éthiques et historiques, il est souvent plus simple de partir conquérir l’espace et de poutrer des aliens ! Le “barbare” n’a plus figure humaine (et a le mérite de ne pas avoir de descendants), en tant que forme étrangère fantasmagorique, il devient recevable politiquement de les exterminer sans autre forme de procès.
Pourtant, les jeux « 4 X » ont indubitablement eux aussi des partis-pris différents face à la question. Par exemple, quand un Eclipse pourrait se résumer à une course à l’armement avec une fin explosive inéluctable, un Empires of The Void II fait le choix de proposer deux types d’invasion, l’influence culturelle ou la guerre… et la première est supérieure à la seconde car elle nous apporte des alliés et des nouveaux pouvoirs. Subtil plaidoyer pour la diplomatie de la part de Ryan Laukat. 

 

Empires of the Void II jeu

 

 

L’implication thématique dans le jeu de société reste une idée relativement récente dans le hobby moderne, pourtant, paradoxalement (nous l’avons vu), cela fait déjà bien longtemps que le jeu sert de promotion idéologique, plus ou moins ostensiblement. À chaque époque, ses propres combats, ses propres débats. Révolutions, colonisations, modèles économiques, écologie, simulation de justice, luttes égalitaristes, faits divers et de société, outils de propagande, réhabilitation… le jeu de société a de tout temps été le vecteur, parfois malgré lui, de débats politiques. Reste à chacun de se questionner ou non sur la façon dont il donne du sens à ce qu’il voit et à ce qu’il joue.

 

 

Poursuivre la réflexion : à lire, à voir…

Sur Ludovox : 

Just played d’Age of Empires III ; Just played de Spirit Island 

Just played de Freedom: The Underground Railroad Just played de Mombasa ;

► E.D.I.T.O. : le jeu de société et la politique

 

Sources : 

Débat sur Mombasa ici ou (BGG) et les mots de l’auteur sur la question du thème

Le point de vue de l’auteur d’Age of Empires III sur la question de l’esclavage

Comment Brian Mayer a travaillé sur Freedom

Five tribes : Fakirs VS Esclaves par Bruno Cathala

Polémique sur les « Colons » de Catane

 

Dans d’autres médias :

L’esclavage dans les jeux vidéo, un sujet sensible

Les Routes De l’Esclavage (Arte)

27 avril 2018 : 170e anniversaire de l’abolition de l’esclavage

L’Afrique des colonies : du 1er comptoir aux indépendances

 

« Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente.
Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte.
Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. » 

Aimé Césaire – Discours sur le colonialisme

 

 

 

 

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23 Commentaires

  1. mattintheweb 23/05/2018
    Répondre

    Intéressant dossier. Merci. 🙂

  2. nono 23/05/2018
    Répondre

    Merci pour l’article. Je trouve que le discours sur Struggle of empires est une excellente réponse au déni de Pfister concernant Mombasa.

  3. Grovast 24/05/2018
    Répondre

    A ce niveau en effet c’est plus un Dossier qu’un simple Edito 😉

  4. TheGoodTheBadAndTheMeeple 24/05/2018
    Répondre

    Bon dossier sur un sujet sensible qui m’a toujours gêné dans Mombasa notemment.

    Dans Puerto Rico ou Goa c’est juste une mascarade, mais au moins c’est affiche clairement.

  5. Fneup 24/05/2018
    Répondre

    Une fois de plus, un E.D.I.T.O aussi intéressant qu’instructif, juste et agréable à lire. Chapeau bas.

    • Shanouillette 24/05/2018
      Répondre

      Merci beaucoup !

      je crois que c’est l’article le plus difficile que j’ai eu à faire jusqu’ici, mais c’était passionnant, plus j’avançais, plus je découvrais des choses, et je ré-écrivais tout à chaque fois encore et encore. Epuisée mais contente ! ^^

  6. eolean 24/05/2018
    Répondre

    Merci pour cet édito qui fait réfléchir ^^ J’avoue prêter vraiment très peu d’attention à mon ressenti quand au thème.  Cela dit, j’apprécie quand même de temps en temps quand la mécanique sert une idée. Un peu comme dans Clash of culture où on a la possibilité de faire une attaque culturelle dans les cités ennemis en remplaçant un des bâtiments de la cité d’un joueur par un autre à notre couleur pour montrer l’influence de notre culture sur les civilisations à côté. Ou alors un jeu comme Mea Culpa qui dénonce cette période de l’église où il fallait acheter des lettres d’indulgences au pape pour ne pas aller en enfer…

    • Shanouillette 24/05/2018
      Répondre

      Merci ! oui j’ai bien failli parler de CoC (et beaucoup d’autres auraient pu être cités) c’est un bon exemple !

  7. acariatre 24/05/2018
    Répondre

    La double démonstration que tout jeu est un discours et que tout discours un discours politique est brillamment menée une fois de plus par @Shanouillette ! J’adore 🙂

  8. Mortilas 24/05/2018
    Répondre

    J’attends d’un jeu qu’il me fasse réfléchir et rêver, de préférence en groupe. Lorsque la réflexion comporte des aspects éthiques, j’apprécie particulièrement que le sujet ne soit pas traité de sorte à vouloir orienter mon jugement mais qu’il m’offre une perspective dépassionnée me permettant éventuellement d’apprendre et … de me forger ma propre opinion (rationnelle) ou mon propre jugement (éthique). En ce sens, j’ajouterais à la liste des jeux ayant traité l’esclavage l’excellent SYLLA qui en traite à la période de la Rome antique : l’utilisation d’esclaves apporte des avantages (main d’oeuvre flexible), des risques (rébellion) et leur émancipation est récompensée à l’avènement du Christianisme. Le traitement mérite de mettre en avant des mécanismes historiques et de nous laisser le soin de porter notre propre jugement. Ton dossier est riche et passionnant. Ma seule critique serait qu’il traite plus de l’esclavage que du colonialisme dans son ensemble. Le jeu SYLLA en est donc de facto exclu alors que je trouve qu’il est en plein dans le sujet.

    • Shanouillette 24/05/2018
      Répondre

      Sylla aurait sans doute fait une belle référence, mais le contexte n’est pas le même en effet. Le titre de l’article est très large mais dans l’intro je ressers vite sur mon véritable sujet (« Aujourd’hui, nous allons porter notre attention sur l’esclavage au moment de la colonisation européenne. »). 

      Merci pour ton retour en tout cas ! ça donne envie de jouer à Sylla tout ça…

      • Metadna 25/05/2018
        Répondre

        Excellent article Shanouillette un réel plaisirs d’avoir une réflexion de fond et de qualité le sujet, c’est tout à l’honneur de Ludovox 😉

        Juste un petit oubli aux côtés de Freedom: The Underground Railroad il faudrait également citer PAX EMANCIPATION de Phil Eklund dont la sortie est prévu pour cette année (https://boardgamegeek.com/boardgame/245928/pax-emancipation)

        • Shanouillette 25/05/2018
          Répondre

          Ha, je découvre, merci beaucoup !!

          – edit – j’ai newsé sur la bête, j’avais pas le choix ! <3

  9. fouilloux 25/05/2018
    Répondre

    Excellent édito je trouve aussi.

  10. Shanouillette 25/05/2018
    Répondre

    Puisqu’on m’a posé deux trois fois la question en privé : l’envie de faire des recherches sur ce sujet m’est venue après avoir visionné les 4 épisodes du reportage d’Arte « Les Routes de l’esclavage » (d’utilité publique).

    J’ai ensuite commencé à dépiler les nombreux threads des diverses polémiques sur BGG pour essayer de saisir les points de vue de chacun (ces threads ont ceci d’intéressants d’être très riches en points de vue – même si ça reste très occidental – et de contenir aussi les paroles des auteurs des jeux). En compilant tout ça, il m’est alors paru clair que le sujet était bien plus complexe qu’il pouvait me sembler au départ ! Chaque cas est particulier, chaque jeu a son histoire, mais les mêmes débats reviennent. C’est un sujet passionnant, très difficile, mais passionnant, qui pousse à faire des pas de côté, à se remettre en question sans cesse.

     

  11. toooooof 28/05/2018
    Répondre

    Très intéressant, et très bien traité. Un autre jeu récent me semble également digne d’intérêt dans le cadre de cette thématique : Colonial Twilight (https://boardgamegeek.com/boardgame/180199/colonial-twilight-french-algerian-war-1954-62). On s’éloigne un peu du sujet direct de l’esclavage, mais on reste pleinement dans le thème de la (dé)colonisation.

  12. terrystad 20/01/2019
    Répondre

    Très bonne édito! Merci!

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