Prodigals Club, Nanti social tu perds ton sang froid !

The Prodigals Club est un jeu de Vladimir Suchy (un copain de Vlaada Chvatil), illustré par plusieurs artistes : Tomáš Kučerovský, Václav Šlajch, Ján Lastomírsky, Michael Petrus et Dita Lazárková. Il est édité chez Czech Games, et traduit en français par Iello. Vladimir Suchy avait déjà réalisé Last will, où l’on héritait d’une grande fortune, mais avant de l’acquérir complètement il nous fallait montrer combien on était un bon vivant en dépensant le plus d’argent possible. Prodigals Clubs est une itération sur ce thème, mais pitchons-nous plutôt avec Edouard de la Malepère, troisième du nom, si vous le voulez bien.

Que c’est ennuyeux d’être riche…

« Je ne vous raconte pas ma vie, mais on a l’air de penser que c’est tout beau tout rose quand on est né avec une cuillère en argent dans la bouche, alors que pas du tout ! La vie est ennuyeuse ! Etre servi par son majordome, fréquenter la haute société, toutes ces personnes pompeuses, sans consistance, ça peut faire rêver la plèbe vu de loin, mais quand on est né dans des draps en satin, croyez-moi, péter dans la soie, ça n’a rien d’excitant. 

Pour se donner du frisson et retrouver le goût du risque, avec mes amis nous sommes entrés au Prodigals club, une sorte de cercle fermé spécial flambeurs. On va pourrir nos réputations que la vioque, heu, la dame Béatrice a forgé pour nous, dilapider la fortune à papa, et quant à cette élection, avec quelques bières frelatées, des slogans surannés, des colistiers au raz des pâquerettes, on va bien la perdre les doigts dans le nez ! »

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Comment ça marche ?

Le but du jeu, c’est comme dans Last Will, de perdre avec panache. Il faudra donc mettre notre réputation à zéro, ne plus rien posséder, perdre nos votes ! 

On peut en effet jouer avec les 3 compétitions proposées : la partie mondaine, patrimoniale et électorale ; ou en choisir que deux. Mais attention, un peu comme dans les jeux de Knizia, on ne prendra en compte que la compétition où vous avez été le meilleur. Il faut perdre pour gagner mais c’est votre résultat le moins pire qui compte, voilà de quoi perdre notre latin !

On peut aussi terminer prématurément la partie si un joueur atteint zéro dans une des compétitions à la fin d’un tour, et là encore on ne prendra en compte que la compétition où vous êtes le meilleur.

 

La journée type d’un nanti à l’époque victorienne

Il y a 5 manches et chaque manche se découpe en 6 phases.

Tout d’abord on prépare l’état des lieux, selon les compétitions choisies, on met les cartes disponibles, les tuiles politiques, les tuiles patrimoines ou la tuile Dame Béatrice.

Ensuite, vient la phase où l’on va placer nos coursiers, à la façon classique d’un jeu de pose d’ouvriers, sur les différents plateaux communs ou sur le plateau central. Cela permet de récupérer des cartes, des tuiles politiques ou faire des actions immédiates comme déplacer les marqueurs d’influence sur le plateau de décompte mondain, choisir notre prochaine place sur l’ordre du tour, etc.

Dans l’ordre du tour, on va réaliser nos actions, dans le sens que l’on souhaite, pour faire des combinaisons en fonction des cartes récupérées, des marqueurs présents sur notre plateau mondain, ou sur les tuiles politiques.

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Les cartes à bords marrons seront placées sur notre plateau personnel et on peut les activer une fois par tour, alors que les cartes à bords blancs sont des actions one-shots (comprenez qu’on utilise une fois). (Le fameux pouvoir une fois, le pouvoir belge de Sebastien Dujardin)

Une fois tout ceci fait, on se tourne vers Hyde Park (seulement si l’on joue la compétition électorale) : nous regardons qui a le plus de haut-parleurs, que l’on peut acquérir soit via des cartes, soit via des actions du plateau. Celui qui a eu le plus de haut-parleurs perd encore quelques votes, celui qui en a le moins regagne des voix.

Puis, c’est le moment où Dame Béatrice intervient pour améliorer notre réputation (seulement si l’on joue la compétition mondaine). Selon la tuile Béatrice du tour, on va remonter nos marqueurs. Ici dans l’image ci-dessous, tous les marqueurs sur les deux échelles de droite et de gauche vont remonter de un cran. Ceux aux centre ne bougent pas. 

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Et enfin, la fin de manche arrive, on vérifie si un joueur n’a pas atteint zéro sur une des compétitions, auquel cas on décompte le score le plus faible.

Maintenant que j’ai fait ce bref état des lieux, je peux vous présenter les compétitions !

La compétition Mondaine : Cracher cette cuillère en argent 

Dans cette compétition, il va falloir descendre dans l’estime de nos contemporains, pour cela nous allons rivaliser d’astuces pour descendre de l’échelle sociale, à coup de mufleries et autres balourdises. Évidemment la gentille tata Béatrice, elle nous connait depuis tout petit, et ne peut s’empêcher de dire du bien de nous, de nous trouver des excuses, et le pire c’est qu’elle est persuasive, un petit laïus de sa part et on remonte dans l’échelle sociale. À moins d’envoyer un coursier pour occuper la vioque ! Comme ça, elle n’a pas le temps de biendire.

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Dans cette compétition, on peut déplacer nos marqueurs d’influence vers le bas, sur les côtés, soit en diagonales, le but étant de perdre de la réputation et accessoirement de les placer sur les symboles qui correspondent à nos cartes pour faire des combinaisons et alors descendre en flèche notre réputation.

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La compétition patrimoniale : Dilapider la fortune à papa

Ici nous commençons tous avec des biens en notre possession, que ça soit des biens immobiliers ou autres, un cheval de course un lévrier afghan, etc. Le but du jeu va être de faire des moins-values en vendant ou échangeant nos biens.

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Les actions sur le plateau permettent d’échanger des biens avec une moins-value de 3 pièces ou de vendre un bien, le « mieux » étant quand le bien perde de la valeur. Ici sur l’image ci-dessus, c’est les biens avec la couronne qui perdent de la valeur.

On peut aussi récupérer des lots de cartes pour des combinaisons à venir.

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Chaque bien a un symbole et une valeur, et chaque symbole me permet de programmer là aussi des combos. En les vendant vite, je perds une partie de mes combos, mais les garder à la fin est assez catastrophique. (Chaque tuile vaudra sa valeur +3 de plus-value).

Compétition électorale : votez pour moi, votez blanc !

Papa, convaincu de mon charisme naturel, m’a inscrit à l’élection du quartier ! Mon objectif ? La perdre ! Pour cela, il va falloir ruser : une petite campagne au pub avec de la bière frelatée, quelques actions offensantes pour les parties politiques, que ça soit les libéraux ou les conservateurs, payer des gens pour hurler le plus fort de sorte que le message soit inaudible, j’ai plus d’un tour dans mon sac !

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Là encore, on va utiliser nos cartes ainsi que nos marqueurs politiques (photo ci-dessous) histoire de faire de belles combos pour perdre des votes, plus vite qu’un discours de […] (placer ici le politique de votre choix).

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Avec les symboles sur mes marqueurs politiques, je peux comboter sur 4 symboles.

 

Avec un enchaînement comme celui-ci dessus, je peux jouer des cartes avec les différents symboles pour perdre des votes, des sous, ou de la réputation.

Les 3 compétitions

Tout le cœur du jeu ce sont les combos que l’on va pouvoir dérouler. Il va falloir bien réfléchir au sens dans lequel on va les jouer pour profiter au mieux des effets en cascade. Exemple : si je veux vendre mon cheval, ça serait une bonne idée de le faire après avoir profité de l’effet de son icône. Du coup on planifie, on organise notre jeu pour optimiser nos actions.

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Dans la compétition mondaine, dame Béatrice refait monter nos marqueurs d’influence, mais parfois ça peut être une bonne chose car le marqueur se retrouve sur une icône pour un prochain combo à venir ^^. 

 

Conclusion

Le jeu est très agréable avec ses combos en cascade. On va prendre un malin plaisir à optimiser nos cartes avec nos marqueurs, nos ventes, etc. Parfois, il vaut mieux être premier, mais certains coups, c’est aussi intéressant d’être dernier pour décider de nos combos à jouer, selon le jeu des opposants. Déclencher la fin de partie en descendant une des compétitions au-dessous de zéro c’est bien, mais encore faut-il être mauvais sur les autres compétitions, sinon c’est la défaite assurée.

On peut avoir le même sentiment que dans un deckbuilding ou dans un jeu de cartes à combos, celui de jouer tout seul dans son coin pendant que l’autre regarde les enchaînements. Perso, ça ne m’a pas choqué, c’est le type de jeu qui veut ça. En plus, on a intérêt à regarder les manigances adverses pour voir où est-ce que l’on va perdre des points.

On aimerait tout faire mais évidemment il faut choisir et on a la sensation d’osciller tout le temps entre les diverses compétitions, les divers plateaux. Dans les faits, de temps en temps on va jouer plus sur une compétition, puis il va nous falloir nous concentrer sur une autre, puisque l’on ne prend en compte que le meilleur score. Vraiment pas évident.

Le thème est bien trouvé, les illustrations superbes, que ça soit les plateaux ou les cartes. Les personnages qui vont nous aider ont toujours des illustrations bien délirantes, j’aime bien le mufle qui pose négligemment sa part de gâteau sur la poitrine de sa contemporaine ! 

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Le plus gros défaut c’est selon moi le temps d’installation, puis, le downtime entre les manches. Nous on y a joué à deux joueurs principalement, et quand un jouait ses actions, l’autre préparait déjà la suite pour gagner du temps (enlevait les cartes, les jetons, etc). Tiens, justement puisque j’en parle, à deux joueurs ça fonctionne très bien. Les parties jouées avec mon amie se sont toujours soldées par une victoire très serrée.

J’ai beaucoup apprécié le jeu avec une préférence pour la compétition patrimoniale et la compétition électorale. La mondaine, je la trouve peu visible, un peu compliquée. Il me faudrait y revenir sur plus de parties, quoiqu’il en soit, j’ai quand même préféré les sessions qui mixaient toutes les compétitions, car on a vraiment l’impression d’être tout le temps au four et au moulin. 

The Prodigals Club

Un jeu de Vladimír Suchy
Illustré par Tomáš Kučerovský
Edité par Czech Games Edition, iello
Distribué par iello
Langue et traductions : Anglais, Français
Date de sortie : 10-2015

A partir de 14 ans
Durée d’une partie entre 40 et 100 minutes

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14 Commentaires

  1. TheGoodTheBadAndTheMeeple 30/06/2016
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    Ce jeu est excellent ! Nous l’avons pas mal poncé et j’avoue beaucoup aimer les combos associées qui sont très variées. Le jeu a un peu de manipulations, mais bon, c’est loin d’un agricola ! Chez nous on le rentre en 1h a 4.

  2. Sthorm 30/06/2016
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    Chapeau bas pour le titre !

    J’ai beaucoup aimé Last Will, je vais donc m’intéresser de près à cette Élite qui vit dans un Palace et qui ne sait pas ce que c’est de Bosser huit heure et de n’avoir Toujours pas une tune.

    • atom 30/06/2016
      Répondre

      Merci, j’avoue que j’étais plutôt content de moi ( de temps en temps ça fait pas de mal ^^). Si tu as Last will tu peux jouer avec Last will a la place de la compétition patrimoniale, je n’en ai pas parlé parce que je n’ai pas essayé, mais si je peux je le ferais.

  3. morlockbob 30/06/2016
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    mise en place qui en jette en tous cas, les plateaux trustent une grande partie de la table on dirait.

    belles illustrations, bon titre. J’ajoute le ‘Monet for nothing’ pour le « sunday picnic.

    et retourne faire des blagues carambar…

     

  4. eolean 30/06/2016
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    Bravo pour le JP et pour le titre ! J’adore ^^

    Tout comme Sthorm, j’avais beaucoup apprécié last will, faudra que je teste celui-ci un jour !

  5. JulienDX 30/06/2016
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    Perso je n’ai pas accroché à cette suite. Si le thème est toujours aussi sympa, j’ai trouvé cette suite moins intéressante. Tout y est plus abstrait et bien moins fluide. Le thème fait beaucoup plus plaqué et on se perd un peu dans tous les micro gameplay que proposent les 3 plateaux de jeu. Seul la disparition des points d’action est une bonne nouveauté. Bref, c’est toujours aussi joli mais le jeu est moins fluide et agréable que Last Will. Il reste intéressant mais il s’adresse vraiment à un public averti.

    • atom 30/06/2016
      Répondre

      Comme je n’ai jamais joué a Last will j’ai un avis différent, le jeu me semble frais, je suppose qu’en ayant joué a l’autre on doit avoir une vision différente. Cela me donne envie de l’essayer.

  6. Alendar 30/06/2016
    Répondre

    Super article très agréable à parcourir, comme souvent!
    Même si pour le coup, je n’ai pas été attiré par le jeu… à tort?

    • atom 30/06/2016
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      J’aurais envie de te dire que non, car c’est ton ressenti, on ne peut pas te l’enlever. Il y a pleins de jeux que l’on me conseille et qui me laisse froid. Tout les gouts sont dans la nature et ça se discute pas. Pour ma part j’ai trouvé le jeu agréable, nous l’avons éprouvé dans plusieurs modes mais qu’a deux joueurs, il faut que j’essaye a plus de joueurs pour me faire une idée plus complète. Est ce que le jeu se renouvellera, est ce que ça ne sera pas trop répétitif ? Le down time sera t’il supportable ? En tout cas le jeu est bien édité.

  7. Zuton 01/07/2016
    Répondre

    Tout comme Last Will jamais essayé, je ne refuserai pas une partie de ce nouvel opus, bien attiré par le thème décalé et l’édition qui semble de qualité ! Merci Atom pour le JP !

  8. JulienDX 04/07/2016
    Répondre

    Si vous n’avez jamais joué à un des 2, je vous conseille clairement Last Will en premier.

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