Inside the Brussels Games Festival

Du vendredi 15 au dimanche 17 août, s’est tenue dans notre belle capitale la seconde édition du Brussels Games Festival (BGF pour les intimes).

A peine la deuxième, mais il grandit très vite ce « petit » festival. Le succès populaire était au rendez-vous, la météo un peu moins sad

Après le reportage de Krissou, je me suis dit qu’il y avait encore matière à raconter quelques histoires, étant donné que j’ai vécu ce festival de l’intérieur, en tant que bénévole.

Je vous propose donc ici une « vue des coulisses »…

UN PEU D’HISTOIRE

En 2012, dans le cadre du Festival Checkpoint, festival artistique multiculturel et pluridisciplinaire, Tanju Goban, chargé de projet au Centre Bruxellois d’Action Interculturelle, a l’idée d’organiser les « 24 heures du jeu ».

C’est ainsi que, le 22-09-2012, de 10.00 au lendemain, se tient à « La Tentation », centre culturel bruxellois, une sorte de « mini-BGF » avant la lettre.

Tous les ingrédients sont déjà présents, jeux de société en libre-accès, initiation aux jeux de rôle, à la peinture de figurines, murder party, …

Philippe Keyaerts nous avait même fait le cadeau d’une exposition rétrospective, dans laquelle il présentait ses premiers prototypes de Vinci et expliquait son travail de réflexion, pour en arriver finalement à Small World, en passant par Evo et Olympos, vraiment très intéressant.

Je me souviens d’avoir participé à ces 24 heures, arrivant à 21.00 et repartant à 10.15 le lendemain, en terminant par une partie épique de Caylus – commencée à 08.00 – alors que tout le monde rangeait les tables autour de nous  smiley

 

L’événement ayant été un franc succès, Tanju se prend à rêver à l’étendre à un festival à part entière, et Stephan Patte, de La Table Food & Games, vient justement lui proposer de l’organiser dans son restaurant-jeux. Forcément, question de place, l’idée d’en faire un festival de rue s’impose naturellement. Ils sont rejoints par Nicholas Bodart, fondateur de Mushroom Games (Time Masters) et commencent un joyeux brainstorming.

Avec l’appui de leurs partenaires, La Table Food & Games, l’Outpost Games Center, l’asbl Ludo (association des ludothèques de Belgique) et les commerçants du quartier, le premier BGF est organisé en à peine trois mois (!) et a bénéficié d’un joli buzz, y compris dans les médias généralistes.

En octobre 2013, le partenariat est scellé avec la création de l’asbl Ludiris, et le comité d’organisation de cette édition 2014 regroupe pas moins de 15 membres.

NON, T’ES SÛR TANJU ? MOI, BENEVOLE ?

Je dois être allé à une dizaine de festivals ludiques ces dernières années, mais c’est la première fois que je me retrouvais « de l’autre côté de la barrière », c’est-à-dire dans le rôle d’un bénévole.

C’est évidemment une expérience totalement différente du simple visiteur, mais ça permet de voir les coulisses d’un festival.

D’ailleurs, le BGF avait beau être annoncé du 15 au 17 août, pour les bénévoles il a duré du 13 au 19.

Ça n’a l’air de rien  comme ça sur le plan, pour un festival s’étendant juste sur une rue et dans une galerie.

LES PREPARATIFS

Le mercredi 13/08 était dédié à la distribution intensive de flyers et au fléchage.

Le jeudi 14, une petite équipe de courageux bénévoles est partie à 07.00 pour Naninne, petite commune située à +-70km de Bruxelles, où se situe le centre de prêt de matériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles (anciennement Communauté française de Belgique, mais je vous fais grâce d’un exposé sur nos institutions wink )

En quelques heures, avec un coup de main de quelques fonctionnaires sur place, ils ont chargé dans un camion 15 tonnes de matériel, essentiellement 40 tentes, 500 chaises, 170 tables, des bancs, … Un excellent entraînement à Tetris aux dires de ceux qui étaient présents, dans le but (atteint) de ne faire qu’un seul voyage.

A peine arrivés à Bruxelles, hop, déchargement. Avec l’aide d’un renfort de bénévoles, tout est stocké dans le hall d’entrée du Cirque Royal, salle de concert bruxelloise bien connue, qui nous a permis d’entreposer le matériel durant la nuit.

VENDREDI, C’EST PETITS PRIX

Le vendredi, pour tout le monde, c’était le jour de la brocante aux jeux. Pour les bénévoles, c’était surtout le jour du montage, à partir de 07.00.

La première priorité était de dégager le hall du Cirque Royal et de répartir au mieux tout le matériel le long de la rue.

Une fois ceci fait, il était plus que temps d’acheminer tables, chaises, etc. dans la galerie pour la brocante.

Ensuite, il fallait passer au montage des différentes tentes, une quarantaine tout de même.

Et pas des plus faciles, l’assemblage nécessitait une quinzaine de barres par tente, heureusement classées grâce à un code couleur. Chaque tente pesant pas moins de 200 kg (dont 70 pour la bâche), une équipe conséquente était nécessaire. Une fois les premières montées, le processus s’est heureusement accéléré.

Ce fut cependant sans compter sur la météo bien de chez nous, qui nous a réservé une bonne surprise. Voir la photo ci-contre.

Au moment où je l’ai prise, je me souviens avoir dit à un autre bénévole « Si ce gros nuage noir vient jusqu’ici, on va bien rigoler ! ».

Oiseau de mauvaise augure que je suis, j’aurais mieux fait de me taire.

 

Le reste du montage s’effectua donc sous une pluie battante, les tentes à peine montées devant être « vidangées » en faisant tomber l’eau du toit.

 

Soulignons ici le très gentil coup de main apporté par Olivier Laffont, le sympathique créateur d’ « Archaeologia », qui n’a pas hésité à venir prêter main-forte aux bénévoles !

La brocante, entretemps, a connu un franc succès. Environ 1500 jeux étaient en vente et à peine deux heures après le début, les étals étaient déjà bien plus vides. On parvenait enfin à distinguer la tête des vendeurs, qui dépassait de leurs boîtes de jeux, ce qui n’était pas du tout évident à leur arrivée  cheeky

On a vu des gens repartir avec des piles de jeux impressionnantes. C’est sûr, les bonnes affaires étaient au rendez-vous.

A la clôture de la brocante, il a encore fallu replier tables et chaises et les mettre en lieu sûr pour les réinstaller le lendemain.

SOIREE Vie Aïe π (VIP)

Le vendredi soir, c’était la soirée d’ouverture au FunKey Hotel.

Petite parenthèse : amis français (et autres), si vous venez dans notre capitale, pensez à cet hôtel, il vaut le détour. Tout est axé autour du thème du jeu.

Les chambres sont fournies avec des boîtes de jeux et sont décorées avec des illustrations de jeux (7 Wonders par exemple, et du Miguel Coimbra en grand sur les murs, c’est beau !). Sur la photo ci-contre, notez par exemple Les Aventuriers du Rail collés au mur !

Le rez-de-chaussée est plein de tables incitant à prendre une des nombreuses boîtes en libre-accès et à s’adonner à son penchant ludique.

Il y a aussi un Concept géant pour jouer en grands groupes. Et le staff s’y connaît. Un rêve de gamer pour un séjour des plus agréables.

Dans la grande salle du Funkey se retrouvent donc auteurs confirmés, éditeurs, personnalités du monde du jeu et quelques auteurs de prototypes ayant l’occasion de présenter leurs jeux.

Le Docteur Mops nous a fait l’honneur de venir au Festival et d’en tirer un beau reportage.

J’ai eu le plaisir de pouvoir jouer à Deus, expliqué par son créateur, Sébastien Dujardin. Il sera prêt pour Essen.

Le nouveau jeu made in Pearl Games confirme l’excellente réputation de la maison d’édition belge.

Il s‘agit ici d’un jeu de civilisation, basé sur des cartes, mais avec interactions sur un plateau commun modulable, donc assurant une bonne rejouabilité.

Le jeu m’a bien plu, la mécanique d’activation des cartes en cascade est très intéressante. Il faut vraiment bien réfléchir à la préparation de ses actions et savoir improviser quand c’est nécessaire.

Je ne vous le décris pas en détails, car cela déjà été fait par Shanouillette.

SAMEDI, C’EST PARTI (POUR 32 HEURES)

Le lendemain, samedi, est le premier jour « officiel » du Festival, en tout cas des fameuses « 32 heures du jeu ».

Je prends mon premier service à la zone protos. Les auteurs de prototypes disposent de beaucoup de place dans la rotonde et les couloirs de la galerie du Parlement. J’y retrouve des prototypes aperçus à LudiNord, mais également des nouveautés.

Le public est parfois timide, mais toujours curieux.

Il y a aussi des auteurs confirmés, comme Pierre-Emmanuel Legrain et Frédéric Moyersoen.

Je suis  ensuite affecté à la vente de jetons nourriture/boissons, puis à la vente de hot dogs.

 

Je me rends par après, non sans une certaine impatience, au stand Mushroom Games,

où j’ai eu le plaisir d’expliquer durant cinq heures Time Masters aux visiteurs.

Ce fut une expérience très agréable. C’est très intéressant de rencontrer toutes sortes de publics, et d’essayer d’adapter ses explications, entre les initiés au deck building, les joueurs de Magic, les intégristes de Dominion ou, tout à l’opposé, de simples curieux n’étant pas du tout joueurs.

Je constate en tout cas avec plaisir que ce jeu a l’avantage d’être rapidement assimilé par tout le monde, quel que soit son background ludique, malgré qu’il ait l’air complexe de premier abord.

 

Juste le temps pour un cornet de pâtes et c’est reparti pour quatre heures d’animation de Takenoko version XXL sur une grande table en plein air (oui, nous aimons le risque wink).

Il s’agit d’un des six jeux géants disponibles lors du Festival, avec Zombie 15, River Dragons, Les Aventuriers du Rail, Origin et Concept (au FunKey celui-là).

Il commence à sérieusement faire froid d’ailleurs.

 

Minuit !

J’ai quartier libre car cela coïncide avec le début de la Nuit du jeu, avec petit déjeuner à la clé pour les plus courageux.

Je retrouve des amis, je bavarde, un petit Timeline Découvertes pour se chauffer les neurones, puis on se met à table autour d’un Firefly : the Game.

Normalement, je suis toujours plus que partant pour une nuit-jeux, mais j’avais un peu sous-estimé la fatigue de la journée…

A trois heures du matin, désolé, mais résigné, je jette l’éponge et rentre à la maison, sinon je me serais endormi sur le plateau de jeu. Ça faisait déjà une bonne demi-heure que mon Firefly volait en pilote quasi-automatique smiley

Tant pis pour le petit déjeuner offert pour ceux qui tiennent jusqu’à 08.00.

HEIN, DEJA DIMANCHE !

Et puis, outre mon grand âge, je devais être de retour le lendemain à 12.00 pour arbitrer le tournoi de Seasons.

Le BGF n’a d’ailleurs pas lésiné sur les moyens : pas moins de quinze tournois étaient organisés sur les deux jours : X-Wing, 7 Wonders, Krosmaster, Magic, Minivilles, Koryo, Mölkky,… !

Ça me rassure en tout cas à mon arrivée : « mes » joueurs connaissent mieux le jeu que moi, ils y jouent régulièrement. Ce qui n’est pas mon cas ; ayant une ludothèque conséquente, je varie souvent.

Le tournoi se déroule bien, finit à 17.00 et me laisse une petite heure pour finalement « découvrir » le festival, il n’est jamais trop tard !

Je passe devant le stand Asmodée et constate avec horreur qu’il y avait un Five Tribes en démo et que j’ai raté ça (et plus le temps pour une partie).

Je m’arrête chez Devil Pig Games et reçois une tuile promo pour Heroes of Normandie, chouette !

Je passe chez Olivier Laffont et j’achète sur un coup de cœur « Archaeologia », ayant moi-même étudié ce sujet à l’université et étant séduit par la qualité et la beauté du matériel.

En passant au niveau de Ludobel (l’association des ludothèques de Belgique), je me laisse convaincre de faire une partie de Glastonbury avec des amis venus me dire bonjour.

Et c’est donc là-dessus que je clôture mon festival, avec le seul regret, finalement, de n’avoir pas pu en profiter en tant que joueur, mais il faut bien faire des choix.

THAT’S ALL FOLKS !

En ce qui me concerne, j’ai dû aller retravailler, mais le BGF n’était pas terminé pour d’autres bénévoles.

Le lundi et le mardi furent les jours de rangement et de transport du matériel au centre de prêt.

Sur toute la durée du festival, le matériel a été déplacé pas moins de 8 fois !!!

Et c’est ainsi qu’un festival dure au moins deux fois plus longtemps pour les bénévoles. Encore bravo à ceux qui ont consacré tout leur temps à cela, et à tous les organisateurs !

Je dois aussi dire qu’en tant que bénévoles, nous avons été très bien encadrés et qu’on nous a même demandé notre avis sur les postes qu’on souhaitait occuper, dans la mesure du possible bien entendu.

Une bien belle expérience, dont je ressors heureux, et a priori partant pour l’an prochain.

Quelques chiffres pour finir, qui témoignent de la rapide expansion du Festival, en à peine deux ans.

Edition 2014 vs 2013 :

·         3 jours au lieu de 2

·         4500 visiteurs contre 2500

·         40 exposants plutôt que 20

·         30 prototypes présentés, 20 l’an passé

·         80 bénévoles au lieu de 15 (!)

·         15 tonnes de matériel, acheminées par les bénévoles, contre 6 tonnes en 2013

 

En espérant vous y voir nombreux l’an prochain, n’hésitez pas, c’est pas si loin Bruxelles.

Vous y serez bien reçus, c’est garanti (un savant cocktail de sourires et de bières spéciales surprise )

Et ai-je mentionné que c’est gratuit ? cool

Le site du Festival

Une petite capsule montrant le dur labeur des bénévoles

 

P.S. : je tiens à remercier Krissou pour les photos supplémentaires qu’elle m’a prêtées pour les événements où je n’ai pu être présent lorsque je travaillais yes

LUDOVOX est un site indépendant !

Vous pouvez nous soutenir en faisant un don sur :

2 Commentaires

  1. FaeLynn 04/09/2014
    Répondre

    Un tout grand merci pour toutes ces infos fort instructives. Vivement l’année prochaine ;-)!

    De gros bisous et à très bientôt !

  2. Wraith75 06/09/2014
    Répondre

    Mais de rien smiley

Laisser un commentaire