De l’ombre à la lumière : Alexander Pfister

Du fait de son actualité récente, vous avez probablement au moins remarqué, si ce n’est pratiqué, l’un de ses jeux. Sans peut-être avoir retenu le nom de son créateur. L’explosion du marché du jeu ne laisse individuellement que peu de lumière à bon nombre de ses acteurs. Si l’auteur autrichien Alexander Pfister n’est pas né de la dernière pluie, seuls les connaisseurs relativement pointus l’avaient peut être sur leurs tablettes depuis 2010. Le nombre et la qualité de ses dernières sorties le propulsent cependant sur le devant de la scène.

Bonjour Alexander. Je ne pense pas que le public français te connaisse très bien, peux-tu te présenter ? Qu’est-ce qui t’a amené aux jeux de société, et quel type de joueur es-tu de nos jours ?

J’ai 44 ans, je suis marié et j’ai une fille de 6 ans. J’ai commencé à jouer dès mon enfance, à l’âge de 10 ans environ. Mes jeux préférés ont rapidement été les jeux économiques comme 1830, Acquire, Automobile für die Welt (édité en allemand uniquement). Nous jouions fréquemment toute l’après-midi, et beaucoup de parties n’ont jamais été terminées !
A l’heure actuelle, j’aime les jeux qui durent environ 90 minutes tout en impliquant de nombreux choix, mais un peu de chance ne me dérange pas. Heureusement, nous avons un club de jeux à Vienne où je peux essayer la plupart des nouveaux titres.

Je suppose que tu n’es pas auteur de jeux à temps plein. Combien de temps cela représente-t-il et comment t’organises-tu ?

Créer des jeux est un loisir pour moi, mais j’y consacre désormais plus de temps qu’avant, car mes derniers succès m’ont bien motivé. Avant d’être reconnu, c’était beaucoup plus difficile de convaincre un éditeur de tester mes jeux.
J’ai deux soirées par semaine dédiées aux tests de mes propres jeux, et deux autres soirs où je joue à des jeux terminés. Donc, on peut dire que j’y passe beaucoup de temps.

Tu as publié un peu moins d’un jeu par an en moyenne depuis 2008, mais tout d’un coup, l’année 2015 semble avoir été beaucoup plus prolifique avec 4 titres. Est-ce que cela reflète une recrudescence d’activité de ta part, ou est-ce seulement dû aux aléas des plannings d’édition ?

L’éditeur et moi avons travaillé sur Mombasa depuis 2011. Nous voulions le terminer pour 2014, mais nous n’avons pas pu le faire dans les temps. Donc, c’était juste une coïncidence qu’il soit également publié en 2015.
Broom Service et Isle of Skye ont par ailleurs été tous deux réalisés avec Andreas Pelikan, ce qui accélère grandement le processus.

Tu sembles créer principalement des jeux moyens à moyen-légers (si l’on se réfère à l’échelle de « poids » de BoardGameGeek). L’exception notable est Mombasa. Faut-il y voir un one-shot, ou une tendance future à sortir des jeux plus lourds ?

Ma première version de Mombasa était bien plus légère, c’est l’éditeur qui a souhaité enrichir le jeu. Généralement, je me situe sur une durée de partie inférieure à 90 minutes. Cependant, mon nouveau jeu Great Western Trail sera lui aussi publié par Eggertspiele et n’est pas beaucoup plus léger que Mombasa.

Revenons en à ta collaboration avec Andreas Pelikan : peux-tu nous préciser le lien entre vous et comment vous travaillez ensemble ?

Andreas et moi habitons dans la même ville. Nous nous sommes rencontrés par les jeux. Au début, nous testions mutuellement nos créations, puis de fil en aiguille, nous avons commencé des projets en commun.
Nous sommes généralement du même avis, donc nous n’avons que peu de discussions acharnées. Je pense que nous parvenons à créer des jeux beaucoup plus rapidement quand nous faisons équipe.

Concernant Isle of Skye, qui a fait quoi sur ce jeu et comment en êtes vous arrivés à un thème « écossais » ?

Le thème est venu de l’éditeur, mais nous avons tous les deux été très contents de cette suggestion. C’est Andreas qui a amené l’idée d’un jeu de tuiles au scoring changeant. Le principe d’achat des tuiles était je crois mon idée. Je me rappelle que nous avons essayé différents mécanismes de distribution des tuiles.
Lorsque nous avons terminé le jeu, je ne m’attendais pas à ce qu’il rencontre un tel succès. Il a même initialement été refusé par un autre éditeur. Et maintenant, il est sélectionné pour le Kennerspiel des Jahres !

Comment avez-vous équilibré le jeu ? Est-ce que vous faites des tableaux excel compliqués, ou bien est-ce que tu considères que le mécanisme de fixation des prix fournit un équilibre naturel ?

En effet, comme les tuiles sont mises aux enchères, les bonnes tuiles vont coûter plus que les mauvaises tuiles. Mais la décision de fixer le bon prix n’est pas facile. Le jeu est nominé au Kennerspiel, et non au Spiel !

Justement, bravo pour cette sélection. Votre duo est en course pour deux Kennerspiel de suite ! As-tu joué aux autres sélectionnés et qu’en as-tu pensé ?

J’ai joué uniquement à T.I.M.E. Stories, et j’ai bien aimé. Il procure des sensations complètement différentes d’un jeu de société classique. Cependant, nous avons résolu le premier scénario en environ deux heures, sans rejouabilité possible. D’un autre côté, si tu vas au cinéma, tu payes de la même manière pour un divertissement de deux heures.

Peux-tu nous en dire plus sur ton travail en cours ?

J’ai récemment sorti Broom Service – le jeu de cartes, encore avec Andreas Pelikan. Commes son nom l’indique, c’est un jeu de cartes, rapide et facile à jouer, très fun. Il contient également quelques cartes qui forment une mini-extension pour Broom Service.

En octobre, il y aura trois autres jeux de moi :

  • Port Royal – Das Mitbringspiel : Port Royal est mon jeu qui a eu le plus de succès, et cette version contiendra seulement 60 cartes. Elle sera bon marché et distribuée dans de nombreux magasins non spécialisés. J’espère que cela pourra contribuer à amener de nouveaux joueurs vers notre formidable loisir.
  • Oh My goods! – Extension & version Deluxe : la version Deluxe contiendra l’extension, qui sera également disponible séparément. Le jeu va raconter une belle histoire et introduit un nouveau concept.
  • Great Western Trail : c’est donc mon prochain gros jeu dans la veine de Mombasa. Les joueurs sont des éleveurs de bétail rivaux dans l’Amérique du 19e siècle. Vous achetez et vendez du bétail, prenez des cowboys et des ouvriers à votre service, achetez des bâtiments, faites du commerce avec les indiens… il y a beaucoup de choses en jeu 😉

 

Merci Alexander, on espère voire plus de versions françaises de tes jeux sur nos étals !

De rien, j’espère que les lecteurs et toi ont et auront du plaisir avec mes jeux !

 

Ludographie

 Broom Service – Le jeu de cartes (2016)
 Isle of Skye (2015)
 Mombasa (2015)
 Oh My Goods! (2015)
 Broom Service (2015)
 Port Royal (2014)
 Handler der Karibik (2013)
 Meins (2012)
 Mines of Zavandor (2010)
 Yvio : Freibeuter der Karibik (2008)
 
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8 Commentaires

  1. morlockbob 01/06/2016
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    Sacrées machines de guerre ceux là… Et un bon thème qui à l air de bien coller pour « western Trail ».

    on l’attend de pied (tendre) ferme…

  2. ReiXou 01/06/2016
    Répondre

    Merci pour l’interview d’une des révélations de ces dernières années.

    On va regarder en détail ce Great Western Trail

  3. TheGoodTheBadAndTheMeeple 01/06/2016
    Répondre

    yes belle interview merci !

  4. Wraith75 01/06/2016
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    Merci Grovast, c’est toujours chouette les interviews d’auteurs.
    Je « connais » Monsieur Pfister depuis que j’ai découvert Port Royal, que j’adore, et j’ai essayé Broom Service sans savoir que c’était de lui ; excellente surprise aussi, il m’a bien plu (surtout avec un grand nombre de joueurs).
    Je dois encore essayer Mombasa, sans parler des autres.

  5. Dr. Jacoby 01/06/2016
    Répondre

    En réponse à la dernière phrase, il n’y a pas justement une VF de Oh My Goods de prévu ? il me semble avoir vu ça quelque part …

  6. Dr. Jacoby 01/06/2016
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    ah ouais effectivement c’était encore moins loin que je ne l’imaginais, merci !

  7. Chabousse 03/06/2016
    Répondre

    Belle interview, merci de mettre en lumière l’auteur le plus en vue en 2015 !

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