Street Fighter, le jeu de pladoken

Mais si cette tenue est appropriée à la baston

Bon, alors oui je sais, le jeu dont je vous parle aujourd’hui n’est pas un jeu de plateau, mais voilà, j’ai pas trouvé de jeu de mots avec deckbuilding et hadoken.

Après Naruto Shippuden le jeu de plateau, je m’attaque aujourd’hui à un autre jeu à licence et quelle licence ! puisqu’il s’agit de Street Fighter : the deck building game. Déjà, quand quelqu’un fait un jeu et se sent obligé de préciser la mécanique dans le titre, ça sent pas bon. Bon, alors pour ceux à qui la licence ne fait pas envie je rappellerais simplement ceci : on va avoir des nanas en tenues pas du tout adaptées pour se mettre sur la tronche, un gros russe barbu en slip rouge, un indien en pagne, un mec vert qui fait de l’électricité, le mec de Barbie, Desireless en GI américain, un dictateur néo-nazi thaïlandais… Non mais revenez ! Sérieusement, il n’y a que des bonnes choses qui ont été faites avec cette licence, je vous promets. Rhoooo mais revenez, je vous dis !

Start → Menu → Règles du jeux

Nous voilà donc face à une adaptation de la célèbre série des jeux de baston. Comme son nom l’indique, le jeu est un deckbuilding, le matériel est donc composé de cartes. La qualité est moyenne, mais la bonne surprise c’est que dans l’ensemble les illustrations sont plutôt chouettes. Je crois qu’elles sont tirées d’un des jeux les plus récents. En tout cas, c’est agréable.

 Street_Fighter_Logo

Au niveau des règles, on commence avec du deckbuilding très classique : à chaque tour on pioche 5 cartes, on en joue autant qu’on veut, puis on défausse à la fin toute sa main et ce qu’on a joué et on recommence. Toutes les cartes de notre deck seront des cartes actions à jouer, qui feront aussi marquer des points à la fin, souvent un par carte. La plupart des cartes permettent d’augmenter sa jauge de « power », qui nous sert à acheter d’autres cartes dans la rivière centrale ou des « kicks » des cartes toutes identiques qui font +1 power. On commence avec 10 cartes, 7 faisant +1 power et 3 ne servant à rien à part pourrir notre main. Bien sûr, le gagnant est celui qui termine avec le plus de points.

Les cartes de la rivière peuvent être des héros, des « vilains », des équipements ou des super-pouvoirs. Le type de carte ne change presque rien en fait, elles se jouent toutes de la même façon. Seules certains combos en dépendront.

super pouvoir

Là petite pause thématique : oui, on va tataner des ennemis, ou des objets, ce qui nous permettra de les utiliser ensuite. Vous la sentez l’immersion là ?

Bref, dans les grandes lignes, rien de particulièrement nouveau. 

niveaux

Les locations sont des cartes à effet permanent qu’on conserve devant soi une fois acquises

 

Voyons les quelques petits détails qui différencient ce jeu d’un autre deckbuilding non édité chez Cryptozoic :

  • Le jeu comportent 8 « niveaux ». Il s’agit de cartes à récupérer, coûtant plus cher que les autres, mais rapportant beaucoup plus de points. Les niveaux devront être récupérés dans l’ordre (le 1 puis le 2, etc.). Une fois récupérés, ils donneront des bonus permanent au joueur qui les a pris. La partie s’arrête dès que le 8ème niveau est récupéré. À noter que chaque fois qu’un joueur gagnera un niveau il recevra des dégâts d’un « boss » : soit il perdra temporairement des cartes, soit il recevra des cartes négatives.

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  • Certaines cartes autorisent des actions d’attaques, qui permettront d’embêter nos adversaires, principalement en leur faisant défausser des cartes ou en leur donnant des cartes à effets négatifs. Lors d’une attaque, le joueur attaqué peut jouer une carte défense qui le protège de l’attaque, et lui permet souvent de piocher une nouvelle carte.

defense

Une défense

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Une attaque

  • Au début, chaque joueur choisit un personnage. Il récupère une grosse carte qui montre quel personnage il incarnera et une carte « ultra » à mettre dessous. Cette carte ultra est donc différentes pour chaque personnage et seul le joueur qui joue ce personnage peut l’acheter. Toutes les cartes ultra permettent deux choses : une action, et une contre-attaque. Cela veut dire que la carte ultra peut être jouée comme une défense, mais qu’en plus l’adversaire qui nous attaque recevra une contre-attaque, détaillée sur notre grosse carte de personnage (les effets ressemblent à ceux d’une attaque), donc propres à chaque personnage. Là où cela devient rigolo, c’est qu’on peut contre-attaquer une contre-attaque. Et notons que les boss sont en fait les personnages que l’on n’a pas choisi : lorsque on passe un niveau, c’est donc un effet de contre-attaque qui est appliqué.

persos

Les cartes personnages et leur Ultra

 

Des boss, des niveaux, des attaques, défenses, contre-attaques, des personnages aux talents uniques… ça sent bon finalement non ?

 

streetfighter

La mise en place

 

Bas-avant-avant-B, Rhaaaaaa encore raté !

fei longEt c’est parti pour mon premier combat.

Face à moi Dhalsim et Mr Bison, quand je n’incarne que la frêle et peu vêtue Cammy.

Le combat commence : pour ma part, je m’oriente rapidement vers des kicks de façon à récupérer rapidement mon ultra. Je choppe aussi une carte qui va me permettre de virer les 10 cartes inutiles avec lesquelles on commence la partie. Riche idée, on en verra quasiment pas d’autres, et je réussirai à épurer un peu mon deck.

Dhalsim lui, commence par recruter Fei-Long, une carte qui lui permettra de piocher en moyenne 3 cartes à chaque fois qu’il la jouera. Il oublie en revanche de récupérer son ultra alors qu’il aurait pu, ce qui nous donnera plusieurs occasions de bien le chambrer. Mr Bison lui, subit d’assez mauvais tirages, que ce soit au niveau des cartes piochées et de celles disponibles dans la rivière, et commence la partie un peu difficilement.

On entame les choses sérieuses lorsque Dhalsim réussit à récupérer les deux premiers niveaux, grâce à Fei-Long. Avec leur bonus permanents, il passera ensuite la partie à se réserver des cartes sous son personnage que lui seul pourra acheter. Ce qui ne lui servira au final pas tant que ça, alors que la moitié du deck principal y est passé (j’exagère). Les deux niveaux suivants seront pour moi. Mr Bison reste lui un peu à la traîne. Les premières attaques ont lieu, mais elles sont quasiment défendues à chaque fois et ont peu d’impacts sur le jeu.

À partir de ce moment là, la partie s’enlise, et nous avons du mal à récupérer les niveaux suivants. C’est Mr Bison qui prendra le 5ème après un tour magistral, et le 7ème sera pour moi. C’est pourtant Dhalsim qui finira avec le plus de niveaux, récupérant le 6ème et 8ème, les deux fois grâce à Fei-Long, définitivement le MVP de la partie.

Au final, Mr Bison finit un peu derrière, et c’est Dhalsim qui l’emporte d’une courte tête de 3 points sur moi.

 

You win ?

Sur le papier, il y a de bonnes idées. En pratique, malheureusement la sauce n’a pas pris sur cette première partie. Pour gagner, il va falloir conquérir les niveaux. Problème, la très grande majorité des cartes plafonnent à +2 power. Avec 5 cartes en mains, il suffit de deux cartes parmi les 10 de base dans votre main pour vous empêcher d’obtenir le 3ème niveau, qui demande une valeur de power de 9. Et les autres sont de plus en plus difficiles à obtenir (les niveaux 4, 5, et 6 nécessitent 10 de Power, et il faudra 11 et 12 pour les deux suivants). Oui, ça se joue à rien, mais ce n’est pas suffisant. Et là, tous ceux qui ont fait un peu de deckbuilding doivent rigoler et se dire : « Hey mais t’es naze mec, il y a plein de moyens d’y arriver facilement en manipulant son deck ». En effet :

  • On peut choisir des actions qui nous font piocher d’autres cartes ou en ramener dans notre mains. Pas de chance, il y a peu de cartes qui le permettent, et on en a vu très vu dans la partie, ou alors c’est juste du remplacement (ex : une carte défense qui ne donne pas de pouvoir et qui permet de piocher une carte à son tour si on a pas défendu). Si, il y a une carte qui permet de pas mal piocher : Fei Long. Un lien avec le gagnant peut-être ?

    defense-pioche

    C’est pas de la pioche ça!

     

  • On peut épurer son deck, pour virer toutes les cartes qui donnent 0 ou +1. Idem, très peu de cartes le permettent, on en a vu une seule, en début de partie, ce qui ne permet pas d’aller très vite. C’est moi qui ai pris la première à sortir, et je me suis retrouvé deuxième. Et pourtant, il restait dans mon deck beaucoup trop de cartes du début. Les autres n’en ont pas vu d’autres.

epuration

C’est pas sufisant comme effet!

 

  • On peut combotter. Hé, on est dans Street Fighter, ça devrait le faire non ? Et bien non. Rebelote, il n’y a pas tant de combos que ça. Deux ou trois cartes augmentent notre jauge de power si on a fait certaines actions dans le tour, mais ça a été plutôt anecdotique en fait. Surtout que pour une première partie, comme on ne connaît pas les combos possibles, on a vite fait de noyer son deck avec des cartes qui rendent leur réalisation encore plus improbable. Pour un jeu basé sur un jeu vidéo de baston, ne pas sentir l’aspect combo sur une première partie, c’est quand même une grosse déception.

 

Le résultat, c’est que la partie a été longue. Trop longue. À tel point que j’ai cru qu’on arriverait jamais à la seconde condition de fin de partie : vider le deck de cartes disponibles. Triste pour un jeu basé sur une licence d’affrontements hyper nerveux.

Bon, mais il restait les combats avec les attaques et les défenses. Là aussi, ça n’a pas marché : il y a eu tellement plus de cartes défenses que de cartes attaque que les attaques ont très souvent fait flop. Et quand elles réussissaient, elles n’ont pas franchement d’impact, à part rallonger le jeu. Et comme on a beaucoup dilué nos decks, sans se rendre compte que c’était l’erreur à ne pas commettre, on n’a jamais vu de contre-attaques durant la partie.

Enfin, les différents personnages ne changent pas vraiment tant que ça, et les ultra sont finalement assez génériques et donc sans vrai intérêt. C’est un peu vrai pour chaque carte d’ailleurs : elles se ressemblent vraiment toutes dans leur effets, à part quelques unes qui sortent du lot et qu’il ne faut surtout, mais alors surtout pas rater. Le thème est plaqué et je suis bien incapable d’expliquer pourquoi tel personnage a telle capacité et pas un autre. C’est dommage, c’était ça la force du jeu vidéo : proposer des personnages très différents les uns des autres. Je l’ai toujours préféré à Mortal Kombat pour ça d’ailleurs.

Du coup, après cette première partie, j’ai vraiment eu le sentiment de jouer à un jeu qui espère se vendre grâce à sa licence. Il est compatible avec d’autres dans la même gamme des deckbuildings de Cryptozoic. Cela se sent dans le nom des cartes : on a des super héros, des super pouvoirs et des vilains. Cela donne vraiment l’impression d’une transposition de thème sans grand efforts.

En résumé, après cette première partie : la mécanique de deckbulding ne nous a pas emballée, on n’a pas eu l’impression de vraiment se battre et l’immersion n’était pas là. Trois combattants, trois combattants déçus. Mais bon, j’ai quelques joueurs sous la main très fans de deckbuilding, je vais quand même leur proposer, voir ce qu’ils en pensent. Il y a certainement une erreur à ne pas faire dans ce jeu, c’est d’acheter toutes les cartes qui passent. Voyons voir ce que cela donne après le round 2 !

 

Capcom Street Fighter Deck-building game

Un jeu de Erik V Larsen, Matt Hyra
Edité par Cryptozoic Entertainment
Pays d’origine : Etats-Unis
Langue et traductions : Anglais
Date de sortie : 2014
De 2 à 5 joueurs , Optimisé à 3 joueurs
A partir de 15 ans
Durée moyenne d’une partie : 45 minutes
Durée d’une partie entre 30 et 60 minutes

 

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8 Commentaires

  1. gusanoman 11/03/2016
    Répondre

    Pour avoir dans la même gamme DC Comics Teen Titans de Cryptzoide avec des mécanismes très similaires, je confirme tout ce que tu dis :  la partie s’enlise vite à 3 joueurs effectivement. Il n’y a pas beaucoup de cartes pour épurer ton deck, et elles n’offrent pas beaucoup de points. Il faut jouer avec les cartes Ongoing (ou Location) pour faire des combos.
     
    Bref, essaye à 2 joueurs, ça passe mieux, mais cela ne vaut pas Legendary. Upper Deck aurait du récupérer la licence Street Fighter après celles d’Aliens et Predator, je me serais jeté dessus.

     

  2. Sha-Man 11/03/2016
    Répondre

    Y a des gens, ils ont beau prendre des roustes aux jeux, ils persistent.

    @Fouilloux je te garde un badge « j’ai perdu, ce jeu est buggé » 😉

    #MauvaiseFoi

    • fouilloux 11/03/2016
      Répondre

      Ah rétablissons la vérité: tu m’as effectivement mis une rouste (et une belle avouons-le)… mais l’article était écrit avant!

      Depuis j’ai rejoué et gagné, mais sans vraiment changer mon avis: y’a effectivement des choses à faire (surtout à ne pas faire) et c’est vrai qu’il a un côté exigeant. Mais c’est surtout sur certaines cartes à prendre (le Saga’s eye patch par exemple) et d’autres à ne pas prendre, ce qu’on apprend après quelques parties, effectivement à cause du peu de pioche. Et si elles sortent pas bin bam. Le problème est probablement qu’il est non seulement exigeant, mais punitif. Voir quelques joueurs enchaîner les combos quand toi tu rames avec tes 2 weakness en main, ça a vraiment dégoûté la plupart des joueurs avec lesquels j’ai joué.

  3. Sha-Man 11/03/2016
    Répondre

    Même si je trouve ce Cryptozoic moins bon de par le manque de variété des cartes, je trouve aussi que c’est le plus exigeant de la gamme en terme de deckbuilding.

    Quelque part, je trouve qu’il a une certaine subtilité de ce fait. Le problème des cartes dépassant rarement +2 est une contrainte appelant au combo. Et les combos sont largement plus complexes que les DC comics qui ont beaucoup de cartes de pioche pour le coup.

  4. Shanouillette 12/03/2016
    Répondre

    Une seule partie à deux joueurs mais habituée aux Crypto que j’aime bien, j’avais pas trouvé ça si mauvais moi. Niveau combo, ça déroulait. C’était un tout petit peu trop long par contre c’est vrai.

  5. TSR 22/03/2016
    Répondre

    Je n’arrive toujours pas à m’expliquer pourquoi on n’a pas encore eu droit à une variante non officielle Street Fighter pour Battlecon… Le système de jeu est infiniment supérieur, par contre le thème aurait gagné a être plus accrocheur.

    Ceci dit si j’en crois le dernier sondage que j’ai reçu sur KS, il semblerait que l’idée fasse son chemin pour Exceed…

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