Maxime Fihey, des Nomades du Jeu : le confinement du côté des animateurs j2s

Maxime Fihey a crée son projet d’animation ludique des Nomades du Jeu en 2013, structure qui est devenue une entreprise en 2015. L’idée ? Valoriser le métier d’animateur professionnel et intervenir dans les cafés-jeux, mais aussi les écoles, les mairies, les entreprises, et auprès des éditeurs qui en font la demande pour mettre en avant leurs jeux sur leurs stands des festivals et des salons ludiques de France et de Navarre. 

Les Nomades du Jeu, c’est pas moins de 25 personnes qui interviennent ponctuellement (en CDD ponctuels ou microentreprises), un salarié à mi-temps, et Maxime, qui s’y consacre à temps plein.
Comme ses confrères de chez Eludd ou encore Linkkipeli et tous les animateurs travaillant à leur compte dans ce domaine d’activité, la période de confinement s’avère extrêmement délicate pour le secteur de l’événementiel… 
Discussion. 
 
Bonjour Maxime, peux-tu nous raconter comment sont nés les Nomades du Jeu ? 
 
« À l’origine, le projet s’est monté avec mon ancien associé, Lionel Lopez (animateur socio-culturel de formation). Nous avions pour objectif de faire de l’animation dans les bars. Au lieu de monter une structure où les gens ne venaient que s’ils connaissaient, nous prévoyions de nous déplacer voir les gens, joueurs comme non joueurs. Nous souhaitions être complémentaires des bar à jeux. À l’époque, on voyait ces établissements comme un lieu de développement du jeu de société, mais dans un cercle plutôt fermé. Les gens venaient car ils connaissaient le lieu et le concept de jeu de société moderne. Au mieux, c’était des amis qui les y amenaient. Notre objectif était plutôt de proposer à des personnes qui ne connaissent rien au jeu de le découvrir en venant directement à eux.
 
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Le concept a bien pris et nous avons monté une SAS assez rapidement tout en gardant des valeurs relativement associatives : développement du jeu de société contemporain et création de lien social par ce biais. Le projet a débuté fin 2013 et s’est transformé en entreprise en mars 2015. C’est également à cette période que nous avons développé nos activités en nous orientant également vers les écoles, les mairies, les entreprises, les établissements spécialisés (j’ai une formation d’éducateur spécialisé), etc. Puis dans le même temps, nous avons commencé à nous orienter vers les festivals et à valoriser le métier d’animateur ludique professionnel. Mon associé est parti sur un autre projet en 2018, et je continue à travailler avec de nombreux éditeurs différents et avec plusieurs dizaines d’animateurs. »
 
 
Comment décrirais-tu la plus-value d’un animateur professionnel sur un salon ?
 
« L’animation pro, c’est des personnes qui souhaitent vivre de leur activité et en faire un métier à part entière.
Ce sont des animateurs ou animatrices qui cherchent à mettre en avant des compétences relationnelles, de gestion de groupe, de transmission de règles au service d’un éditeur. Le fait qu’ils soient payés permet à l’éditeur de transmettre un cahier des charges et d’attendre qu’il soit respecté.
Tel bénévole n’aime pas un jeu et ne veut pas l’animer, tel bénévole ne peut plus être disponible la veille ou souhaite s’arrêter 3 heures avant l’horaire. Tel bénévole ne connait pas les jeux à animer ou les discrédite, etc. Il est compliqué de lui faire une remarque car il n’est pas lié à l’éditeur.
De plus, des bénévoles très compétents et investis existent (et heureusement ! 😉 ) mais les éditeurs peuvent les perdre à tout moment. La fidélisation est complexe pour des personnes qui travaillent par et pour la passion et qui peuvent en changer ou avoir d’autres priorités. »

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Le recours aux bénévoles tend-il à disparaître sur les festivals ?
 
 
« La très grosse majorité des animateurs sont à leur compte. Notre travail est de les accompagner vers une formation qui nous parait qualitative, de les mettre en lien avec les éditeurs qui en font la demande et de nous occuper de la gestion des événements où ils sont amenés à intervenir. C’est un petit monde mais c’est un univers en développement rapide ! Les éditeurs et distributeurs de jeux se sont rendus compte de l’importance des festivals depuis longtemps. Ils se sont rendus compte plus récemment qu’une personne professionnelle avait des engagements et une responsabilisation que n’ont pas forcément les bénévoles. De plus, sur des gros salons, les chiffres sont très importants chez les éditeurs qui passent d’un coup en animation professionnelles concernant le nombre de ventes. »
 
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Comment as-tu appréhendé le confinement d’un point de vue professionnel ? 
 
« Depuis fin février, nous avons vu l’ensemble des festivals s’annuler peu à peu. Mon salarié est en chômage partiel. Je n’avais pas de contrat en attente pour des festivals à venir. Les micro-entrepreneurs sont sans emplois dans ce secteur du jour au lendemain. Mon activité est au point mort et mon dernier contrat s’est officiellement arrêté le 14 mars. Actuellement nous n’avons pas d’idée pour maintenir notre activité donc nous faisons le dos rond ! Une fois qu’un déconfinement commencera à poindre, nous pourrons sans doute reprendre quelques contrats (animations auprès des CE, écoles, animation en magasin…) mais je ne crois pas à un retour à des rassemblements publics avant 2021. »
 
 
As-tu observé des solidarités ? Des conseils à partager ? 
 
« Oui, j’ai eu plusieurs retours de chargés d’événements de diverses éditeurs qui nous soutiennent. Et ça nous fait chaud au cœur ! Je leur dis encore une fois merci d’ailleurs ! 😉
Après, si j’avais un conseil à partager, pour les micro entrepreneurs, il ne faut pas qu’ils hésitent à aller faire leur demande concernant la prime d’aide exceptionnelle de 1 500 € pour les entreprises forcées à la fermeture. »
 
 
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Actuellement Birmingham (prévu fin août) et Essen (prévu fin octobre) semblent maintenus. Quel est votre positionnement par rapport à ça ? 

« Ce n’est pas encore tranché… Faut-il accepter les contrats et nous permettre de faire rentrer de l’argent ou faut-il renoncer à ces possibilités et contribuer ainsi à la limitation des contacts…? Ces deux festivals sont d’autant plus « questionnant » qu’ils se trouvent dans deux pays différents et donc avec des mesures gouvernementales différentes… »
 
Comment vis-tu le confinement personnellement au quotidien ? 
 
« Pour moi, je ne le vis pas spécialement bien. J’ai monté une entreprise qui ne tourne plus. Pour les indépendants, créateurs de petites structures, la vie professionnelle est intimement liée à la vie personnelle. Je n’ai actuellement aucune rentrée d’argent, si ce n’est l’aide de l’état qu’il offre aux entreprises. Mais je ne vis pas bien le fait d’être dépendant.
Après, quand je ne pense pas au boulot, j’initie ma coloc aux jeux de société en espérant que nous puissions jouer à des gros jeux d’ici fin mai 😉 Je m’occupe en faisant à manger et en prenant du poids ! »
 
 
Un vœux à formuler pour le mot de la fin ? 
 
« J’aimerais bien que les mesures soient respectées pour que le virus régresse rapidement. Et j’aimerais bien que les personnes qui continuent à percevoir des rémunérations actuellement gardent en mémoire que ce n’est pas le cas de tous ! »
 
 
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2 Commentaires

  1. fouilloux 04/05/2020
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    Je dois dire qu’il y a deux choses qui me gêne un peu là dedans.

    D’abord, la mise en comparaison bénévole/animateur: d’abord, pour faire partie d’un bar à jeu associatif qui ne fonctionne QUE grâce à ses bénévoles et avoir fait un peu d’animation pour des éditeurs, je suis pas d’accord avec le sous entendu qu’ils ne sont pas de confiances/pas motivés etc… Au contraire, ceux-ci sont souvent disponibles et motivés sinon ils ne seraient pas là.

    J’applaudis des deux mains le fait que les animateurs lors des salons soient rémunérés et que ce ne soit pas des bénévoles. Mais la raison ce n’est pas que les bénévoles ce n’est pas assez bien! C’est qu’il s’agit d’un travail qui comme tout travail doit être rémunéré. C’est là la vraie raison pour laquelle les animateurs ne doivent pas être bénévole. Je trouve assez curieux qu’elle ne soit pas mentionnée.

    D’autre part, je trouve assez bizarre de se plaindre que les micro-entrepreneurs soit sur le carreau (même si je suis bien sûr désolé pour eux et pour le chef d’entreprise): ce n’est pas pour rien qu’on s’est battu pour obtenir un droit du travail qui protège les salariés. Quand on veut le contourner en utilisant le statut de micro-entrepreneur pour des gens qui devraient peut être plutôt avoir des contrats de travail (ou un statut d’intermittent du spectacle tiens pourquoi pas?), il ne faut pas s’étonner qu’ils ne soient pas protégés quand la tempête souffle. Uber l’a appris à ses dépend récemment il me semble. Alors oui, ça coûte plus cher, mais c’est pas pour rien.

    • TheGoodTheBadAndTheMeeple 04/05/2020
      Répondre

      Bien dit !

      J’ai longtemps anime a Cannes comme benevole defraye, et il est evident qu’il y a un monde entre un benevole motive auquel on ne peut rien imposer et qui donc peut etre excellent comme en inadequation avec le stand.

      Les animateurs remuneres sont payes, et sont de fait a l’ecoute de leur employeur, en general plus efficaces et plus controlables. Mais j’ai dans l’idee qu’ils ont moins de ferveur et d’envie qu’un benevole.

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