Les petits joueurs #14 : Hâpy Families, La Soupe des Ecureuils, Le voyage de Toby, Team Team, Tenta Color, Miam Miaou

Cette rubrique « enfant » vous est présentée grâce au concours de Roxy un an et demi, Axelosaurus 3 ans, Sim Meeple 5 ans et Maxiloutre 6 ans.

Disons que ce sont nos petits cobayes (joyeux et consentants) toujours prêts à essayer de nouveaux jeux ! 



- Profil des petits joueurs -

Sim’Meeple est un petit joueur de 5 ans. Il ne joue pas (encore) à Agricola, mais il est tombé dans le chaudron ludique depuis ses 2 ans (bien aidé par son papa). Sortir une boîte de jeu est un vrai plaisir pour lui. Ne pas faire un jeu au retour de l’école ? Impensable. Par contre, autant comprendre des règles ne lui pose pas de difficultés, autant ne pas gagner est encore difficile à accepter.
 

Roxy a un an et demi. Sa principale caractéristique est donc d’être trop petite pour jouer à des jeux, mais de vouloir jouer avec son frère et ses parents. Mais… Est elle vraiment trop petite ?

Maxiloutre : Bientôt 6 ans, nourris aux cubes en bois par son papa voxien & auteur de jeu, Maxiloutre a commencé à baigner dans les jeux de société dès que son âge le permettait, c’est-à-dire 2 ans. Jouant principalement à deux avec papa ou maman, il refuse rarement une partie.

Axelosaurus : Tout juste 3 ans, il commence doucement à découvrir le jeu de société. Jusqu’alors adepte des memory, il s’ouvre doucement aux jeux modernes.

 

 

 

Team Team est un jeu qui est difficile à classer. Entre le jeu d’ambiance et le jeu pour enfants, pas évident de dire quel public il cible réellement. Pour ma part, je n’ai pas eu envie d’y jouer entre amis, mais beaucoup plus avec mon garçon de 5 ans et demi. Nous avons donc utilisé ce jeu en mode coopératif, en jouant pour le plaisir, plus comme des casse-têtes pédagogiques à résoudre, que comme un vrai divertissement, mais si vous voulez voir les règles, c’est par ici.

En effet, le ludique est aussi présent dans ce jeu, que l’apprentissage qui en découle. Le but étant de replacer le plus rapidement possible dans un certain ordre, des tuiles de couleur/forme/illustrations différentes, cela avec une communication ultra limitée puisque l’on ne peut communiquer que par onomatopées (1 pour oui, 2 pour non, 3 pour fini).

Mon garçon a très facilement compris le but du jeu, et s’est tout de suite amusé à utiliser les onomatopées. Il apprécie le petit casse-tête intellectuel qui est de replacer les éléments dans le bon ordre. Alors bien sûr, chaque mouvement est le sujet d’une réflexion intense de 6 à 10 secondes pour vérifier qu’il est approprié, au lieu d’une demi seconde que l’on prendrait entre adultes, mais on sent son implication et son plaisir à valider l’action avec son petit « Wouaf ». Au fil des parties, il aime mieux diriger en ayant le modèle sous les yeux, que d’être celui qui doit deviner et proposer les mouvements. Ce rôle lui permet aussi d’être plus rapide, car il peut arriver qu’il bloque à proposer des mouvements identiques lorsqu’il incarne l’autre rôle.

Au final, il me demande régulièrement de faire une petite partie de « yop yop » comme il l’appelle, que j’accepte avec plaisir puisque le jeu est plaisant, vite mise en place, et permet d’enchaîner trois ou quatre manches avant de retourner dans la boîte. Même si je pense que l’on ne jouera jamais le jeu en mode compétitif par équipe, cela reste une belle surprise, et un jeu bien apprécié.

 

 
 
 
Un jeu de Gary Kim
Illustré par Cyrille Bertin
Edité par Studio H

 

 

Lors de la découverte du Ludochrono de ce petit jeu indiqué pour 5 ans, j’ai été très impatient d’y jouer avec mon garçon de presque 6 ans. Une petite boite sympa, des illustrations très réussies, un principe basé sur une revisite du jeu des 7 familles, tous les voyants étaient au vert.

Une fois des explications de règles moyennement faciles pour mon garçon, nous avons attaqué la partie. Passés les premiers tours découverte où nous commençons à accumuler des cartes, nous sommes rapidement tombés sur des points de blocage.

En effet, même si le principe peut paraître simple, en tentant d’accumuler des cartes de même famille pour en faire des collections, le jeu se dévoile diablement plus malin qu’il ne le laissait paraître. On a d’une part le côté mémoire de ce que le voisin a pris les tours précédents, dont il faut se rappeler pour essayer de lui chiper la carte convoitée. On a ensuite l’aspect inconnu, avec le fait que la moitié des cartes sont cachées. Et du coup, on se retrouve à expliquer à son enfant qu’il faut en fait déduire des cartes visibles, ainsi que de celles qu’il a, qu’elles sont les valeurs de cartes à demander pour qu’il ait une chance de les trouver – en prenant en compte la possibilité qu’elles soient encore cachées. Une gymnastique intellectuelle terriblement intense et difficile pour un enfant de cet âge. On a pris du temps ensemble, pour essayer de déchiffrer l’information et la déduction qui découlait de chacun des choix, mon fils a vite été mis en grand difficulté devant les choix et les déductions qu’il fallait faire pour demander les bonnes cartes. On est passé d’une demande qui est censée durer quelques secondes, à une phase d’analyse et de déduction très stressante pour lui, durant plusieurs minutes, ou il se bloquait à ne plus savoir quoi demander.

Bref, un moment qui n’était plus ludique du tout, où l’enfant avait plus de peine que de plaisir à jouer.

Ajoutez à cela un choix de personnages pas forcément très pertinents, où les chats ressemblent beaucoup trop aux chacals (animal inconnu des enfants), et on perd définitivement l’enfant.

Au final, malgré un 5 + sur la boite, un enfant ayant presque 6 ans et joueur régulier, a été confronté à un jeu qui lui proposait des dilemmes bien trop évolués pour son âge, et qui l’ont mis en grande difficulté. Le système des 7 familles a beau être un jeu pour petits, la revisite qui est faite ici est bien trop poussée à mon goût pour le proposer à partir de 5 ans. Alors oui il est probablement possible d’y jouer sans jamais réfléchir, et juste demander des cartes au hasard sans prendre en compte ce qui est sur le plateau, mais le jeu perd tout son intérêt. Pour le coup, vu que très souvent c’est un adulte qui joue avec l’enfant, l’enfant ne pourra pas du tout jouer au niveau de la lecture que peut faire l’adulte du jeu, et c’est un vrai problème pour le plaisir de jeu proposé aux deux joueurs.

À vouloir être accessible aux plus petits, le jeu rate sa cible, et je ne le conseillerai qu’à partir de 7 ans pour ma part.

 
 
 
Un jeu de Olivier Cipière
Illustré par Anthony Moulins
Edité par Loki
 

 

 

De premier abord, cette grosse boite de Miam Miou, avec son gros logo Ravensburger, semble tout droit issue des rayons d’un supermarché. Et une fois déballé… et bien cela conforte notre idée. Un énorme socle de jeu en plastique représentant un fromage fait office de piste et de « tour à dés », dans laquelle vous allez pouvoir glisser vos souris pour les faire atterrir sur des cases aléatoires.

Le jeu est étiqueté 3 ans, du coup n’en attendez pas grand-chose concernant les règles du jeu. On va se contenter de lancer le dé, d’avancer du nombre de cases indiquées, et de faire l’effet de la case d’arrivée, à savoir collecter du fromage, sauter dans la meule de fromage, ou tomber sur le chat et du coup perdre des fromages. Rien de foufou donc qu’une sorte de revisite des petits chevaux (en bien plus rapide), mais il faut avouer que l’effet whaou de la meule de fromage a parfaitement fonctionné sur mon enfant de 3 ans au moment de l’ouverture de la boîte.

En effet, le matériel du jeu est très qualitatif, tant la meule, que les pions souris et chat, que les petits morceaux de fromage à collecter. L’enfant se projette tout de suite dans l’univers proposé. Il faut noter un petit temps pour que l’enfant se fasse aux règle du jeu, car autant collecter X fromages c’est facile, autant tomber sur une case où il y a le chat, on a deux règles différentes selon qu’on avance dessus ou qu’on y arrive via la descente de la meule, ce qui est confusant tant pour l’adulte que l’enfant…

Au final les parties sont plutôt rapides et l’enfant apprécie lancer ses dés, même s’il n’a aucun choix de toute la partie. Du coup, je pense que le jeu est vraiment à limiter pour un âge de 3 à 4 ans max, puis il passera à autre chose. À noter que le jeu propose également un mode coopératif, mais sans grand intérêt au goût de mon fils, qui préfère le mode compétitif – tout comme moi.

Un jeu qui fait le job sans rien révolutionner, et qui malheureusement ne propose pas d’impliquer l’enfant dans des choix à faire durant la partie. Il a la bonne idée d’être fonctionnel dès 3 ans, mais risque d’être vite oublié.

 

Edité par Ravensburger
Langue et traductions : Allemand, Anglais, Français

 

 

 

Second jeu de la gamme de Loki pour les tout tout petits que j’ai la chance d’essayer avec Roxy. Nous partons en vacances et il faut remplir la valise avec le matériel nécessaire. Au début du jeu, on choisit notre destination de vacances parmi quatre, en prenant la carte qui nous convient. Au dos de cette carte, tout ce qu’il faudra mettre dans sa valise : les moufles et autre bonnet si on va au ski, les maillots de bains, serviettes et bouées si on va à la plage. L’enfant va alors devoir retrouver les éléments qui sont dessinés pour les mettre dans la boîte du jeu, en forme de valise.

Pour cet âge là, on est plus proche de l’activité que du jeu. Mais on commence déjà à apprendre aux enfants à suivre des instructions: choisir la carte, puis prendre les éléments les uns après les autres. La difficulté viendra surtout de la capacité de l’enfant à retrouver les éléments: au début, il voudra tout mettre dans la valise et il faudra le guider pour qu’il se limite à ce qui est dessiné. Pas facile pour lui, et pas forcément amusant pour les parents non plus. Certes, c’est souvent le cas des activités à cet âge, mais Comme des petits singes, autre jeu de la gamme, permettait pourtant aux parents de passer un bon moment aussi. En tout cas, Roxy n’a pas été emballé par le jeu, on a fait deux parties pour voir mais on sentait bien que rapidement elle voulait passer à autre chose, à savoir La soupe des écureuils.

 

 

 

Edité par Loki
Distribué par Iello

 

 

Tenta Color est un jeu de la gamme LOKI, et premier jeu de son auteur Davide Panizza. Dans ce petit jeu (qui est dans une petite boîte), les joueurs vont partir sous les eaux pour construire une méduse (ou une pieuvre, ou une Hapalochlaena maculosa, c’est vous qui voyez). Bref, il va falloir agrandir les tentacules de la bestiole.

Le jeu étant bien coloré, les tentacules sont multicolores. Plus exactement, chaque carte tentacule dispose de deux couleurs. Chaque joueur va construire sa tentacule, et l’objectif du jeu est d’être le premier à aligner cinq morceaux de tentacule présentant une même couleur. Pour cela, une petit mécanisme de draft est mis en place. Le joueur dispose de trois cartes en main. Une de base, une piochée en début de tour, et une fournie par son voisin au tour précédent. Le petit joueur va choisir une carte de sa main, si possible présentant une couleur déjà présente sur la carte posée au tour précèdent, et donner une des deux cartes restantes au prochain joueur.

Quelques petits effets pourront s’activer au moment de la pose si une créature marine est présente sur la carte posée. Le requin fera défausser la dernière carte posée d’un adversaire, le poisson fera rejouer et le banc de fritures poissons fera défausser la carte conservée par un adversaire.

Le premier point plaisant de Tenta Color est son aspect coloré et apaisant. Cela s’apparente aux albums illustrés qu’on lit à nos bambins le soir. Il n’y a rien d’effrayant, c’est coloré, enfantin, et lisible. Rien à dire, nous avons ici un très joli petit jeu.

La mécanique est une première initiation au draft. Elle n’a rien de très compliquée, mais c’est une première approche, et présente deux aspects intéressants : notre petit joueur devra veiller à conserver si possible un carte qu’il pourra jouer au prochain tour, et ne pas donner une carte utile à son adversaire (particulièrement une avec un animal marin).

Cette mécanique a plutôt bien été comprise par Sim’meeple, qui a pris du plaisir à faire progresser sa tentacule et à maîtriser une main de trois cartes. Par contre, détestant perdre, il a été plutôt difficile pour lui d’accepter de ne pas pouvoir continuer une tentacule et recommencer de zéro. Cela dit, je partage sa frustration, car devoir recommencer à une ou deux cartes de la victoire s’avère désagréable. Néanmoins, le jeu est fluide et efficace, même si l’aspect stratégique est au final assez limité et souvent contraint au hasard de la carte piochée. Cela dit, il n’en fallait pas plus pour une initiation au draft pour un enfant de 5 ans.

Une petite variante expert est proposée, demandant de finir sa tentacule par une carte acrosphère (extrémité de tentacule) à trois couleurs. Notre suite de cartes devra donc être d’une des trois couleurs en question, ce qui rajoute une contrainte (mais pas grand chose au jeu).

 
Un jeu de David Panizza
Illustré par Cécile le Brun
Edité par Loki

 

 

 

La soupe des écureuils est un jeu très proche du voyage de Toby : même gamme, même cible, même mécanique. On pioche une recette qui nous indique les éléments à mettre dans la soupe, et il faut les mettre dans la boîte qui sert aussi de chaudron. La petite différence, c’est qu’on mettra parfois plusieurs ingrédients du même type mais surtout, surtout, il faudra les mettre dans une cuillère en bois avant de les mettre dans notre chaudron.

Et ça, ça change tout ou presque. Comme pour le voyage de Toby, on retrouve la nécessité d’observer et de retrouver le bon ingrédient, mais c’est la partie dextérité qui a plu à Roxy. Cela ressemblait beaucoup plus à quelque chose qu’elle fait d’habitude et elle s’est donc beaucoup plus vite prise au jeu. Bon bien sûr, elle voulait tout mettre dans la marmite, mais là aussi cela fait partie de l’apprentissage. On en profite d’ailleurs pour enrichir son vocabulaire avec les différents ingrédients du menu.

L’autre bonus du jeu c’est que lorsque l’enfant grandira, il pourra aussi se mettre à commencer à dénombrer les ingrédients qu’il a mis pour savoir quand s’arrêter. Il y a donc une marge de progression et d’apprentissage qui me semble assez intéressante et qui permettra peut être au jeu de rester plus longtemps dans une ludothèque qui, à cet âge, bouge beaucoup. Je lui préfère toujours Comme des petits singes, mais cela reste une proposition sympathique.

 

 
Edité par Loki
Distribué par Iello
 

Prochains # Petits joueurs le dernier mercredi de chaque mois.

 

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3 Commentaires

  1. skyvince 29/06/2022
    Répondre

    Miaou est la réédition d’un jeu qui s’appelait « La course au Fromage ».

    Loin d’être oublié à la ludothèque, il est joué toutes les semaines et ce par des enfants de 7 ou 8 ans facile… Finalement, comme « Croque-Carotte » et compagnie. Il a cette rapidité de prise en main, l’attrait de la grosse boîte et de la structure plastique…

    On présente un crossing, ou Mole Rats in space à un groupe de 4 enfants de 8 ans ? dès qu’on s’éloigne, ils range le Matt Leacock et se prennent un Croque-carotte ou un Course au Fromage (miaou-miaou)…

  2. Pierrick 30/06/2022
    Répondre

    Bonjour !

    Merci pour la revue de ces différents jeux.

    Je trouve juste dommage qu’il n’y ait pas le nom des auteurs des jeux.

     

     

  3. atom 19/07/2022
    Répondre

    Bonjour Pierrick,

    Merci pour ton retour sur la rubrique. On a pris en compte ta demande, et on va intégrer en dessous de chaque jeu les éléments tel que les auteurs et autrices, mais aussi illustrateurs et illustratrices et éditeurs. C’est déjà ce que l’on fait pour certains articles comme les retours de Festivals.

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