Le retour attendu des pirates de Libertalia : Libertalia: Winds of Galecrest

C‘est une grande nouvelle pour tous les fans de ce jeu devenu depuis longtemps introuvable : Libertalia du remarquable Paolo Mori (Blitzkrieg, Pandemic la chute de Rome, Unusual Suspects, Via Magica, Fairy Tale Inn…) revient du côté de Stonemaier Games (Scythe, Wingspan, Viticulture…) dans une toute nouvelle édition nommée Libertalia: Winds of Galecrest.  

Cover – Edition 2012

 

Dans Libertalia, les joueurs jouent le rôle de pirates qui rivalisent entre eux pour récupérer le plus de trésors de navires pillés. Ils essaieront d’employer les services de leurs membres d’équipage pour obtenir les meilleures marchandises chaque jour. À la fin de chacune des trois manches (des semaines), les joueurs feront le total de leur butin. À la fin de la partie, le joueur ayant le plus de doublons l’emporte.

On débute tous avec les mêmes cartes, tirées d’un ensemble plus vaste, mais nos paquets vont devenir peu à peu différents selon nos choix et les rebondissements de la partie. Le mécanisme de base consiste à choisir un personnage avec des capacités uniques à utiliser à chaque tour, comme on pouvait le faire dans Citadelles et comme on le fait désormais dans Oriflamme

Libertalia édition 2012

 

Le plateau central est en premier lieu rempli de jeton trésors : par exemple, dans une partie pour 5 joueurs, on placera 5 jetons de trésor pour chaque jour de la semaine (ce qui fait 6 cases car le dimanche, c’est repos, même chez les pirates, argh!). On voit de manière identifiée pour quoi nous allons nous battre chaque jour : des trésors brillants, des bijoux rutilants, des cartes aux trésors intrigantes, des tonneaux de marchandises sympathiques (qui valent plus ou moins de points) mais parfois des reliques maudites gâchent un joli lot prometteur. Dans la première version du jeu, ces biens étaient des jetons qui n’avaient qu’un seul côté utile. Pas optimal. Le nouveau jeu de Stonemaier comprendra 48 jetons de butin double face, chacun ayant une couleur et une icône uniques pour les daltoniens, dans une conception en bakélite coloré clairement inspirée d’Azul.

Mais revenons au cœur du jeu. Nous voyons les trésors en place, maintenant il va falloir essayer de les récolter. Chaque joueur va choisir secrètement une carte de son paquet. Dévoilées de façon simultanée, elles sont placées sur le plateau, par ordre croissant, marquant l’initiative. Chacune des cartes de personnage a un rang allant de 1 (le perroquet) à 30 (le gouverneur espagnol). Certaines cartes ont un effet spécial de Jour qui devra alors être résolu avant toute chose. Par exemple, si vous avez joué le Mendiant, le propriétaire du personnage ayant le rang le plus élevé sur le navire vous donne de suite 3 doublons ; la Brute permet de défausser le personnage ayant le rang le plus élevé sur le navire, etc. Voilà qui peut déjà rabattre un peu la donne avant même que les choses sérieuses commencent !

Vous le comprenez, dans Libertalia, il va falloir astucieusement jouer des effets de nos cartes au bon moment. Chaque membre d’équipage a une capacité spéciale qui s’active à un instant particulier, avant, pendant, ou après la récolte du butin. Certains peuvent tuer d’autres pirates, d’autres ressuscitent les morts, et d’autres encore vous permettent de jouer un autre personnage après avoir pris connaissance des cartes jouées. 

En début de partie, les égalités sont monnaie courante, puisque les decks sont exactement symétriques, c’est donc aussi un élément à intégrer dans vos décisions. Guessing et double guessing sont bien au menu à côté du rhum et du poulet aux bananes plantains. Libertalia est un jeu psychologique, à l’ambiance enlevée, un party game stratégique. Il est à noter que Stonemaier a repensé la règle de départage des égalités pour la nouvelle édition, on espère pour le mieux. Quoi qu’il en soit, plus la partie avance, plus les decks des joueurs se diversifient, et si les égalités s’amenuisent, les coups de théâtre se multiplient.

Une fois que les effets de Jour ont été exécutés, le Crépuscule tombe et les joueurs vont pouvoir ramasser leurs lots, selon un ordre cette fois décroissant (autre élément à bien anticiper !). Et là encore, il peut y avoir des effets qui s’activent juste à ce moment. Puis vient la phase de Nuit, où d’autres effets viennent mouvementer le déroulé.   

Après 6 jours de pillage, chaque capitaine comptabilise son butin et les scores sont ajustés sur le plateau principal. Chaque capitaine a toujours trois membres d’équipage à sa disposition, le plus souvent trois différents pour chaque joueur. Le plus jeune capitaine tire maintenant six nouvelles cartes au hasard, et chaque joueur ira chercher les mêmes cartes et on est ainsi repartis pour un tour. On recommence derechef, chaque joueur ayant toujours trois cartes et six nouvelles cartes ajoutées.

De la sorte, lors de la troisième semaine, les decks de chacun seront devenus nettement plus asymétriques et difficiles à anticiper. Car Libertalia oblige les joueurs à devancer chaque mouvement. Vous réfléchissez à ce que les autres tentent de faire tout autant à ce qu’il vous faut accomplir – et souvent les deux sont difficilement compatibles sinon ça ne serait pas drôle. Le tout n’est donc pas exempt de rebondissements et de petits cris de désespoir, quand vous vous retrouvez obligé à récupérer une relique maudite, ou quand une carte clef se trouve détruite au moment où vous en aviez le plus besoin… 

En 2012, le jeu édité par feu Marabunta avait fait sensation. Recommandé au Spiel des Jahres, finaliste chez Tric Trac, et nommé aux Luccas Games Best Card Game, il avait su trouver son public (même si certains y étaient également allergiques, le trouvant trop chaotique), ce qui ne l’avait pas empêcher de disparaitre des radars avec la dissolution de sa maison d’édition, Marabunta, présentée à l’époque comme le nouveau studio de création d’Asmodee dédié à des jeux riches adressés aux gamers. Autant dire que l’annonce de son grand retour, chez un éditeur avec pignon sur rue de surcroît, ne laisse pas la communauté de marbre.   

En outre, Stonemaier n’hésite pas à mettre les mains dans le cambouis et à repenser assez fortement l’œuvre d’origine, ce qui laisse certains amateurs inquiets par ailleurs ; notamment en passant d’une main de départ de neuf cartes à une main de six, l’éditeur semble vouloir simplifier le gameplay, ce qui n’est pas pour rassurer la fanbase du jeu. 

Le communiqué annonce « un artwork entièrement nouveau de Lamaro Smith, 40 personnages par joueur, un système de réputation pour résoudre les égalités, des jetons de butin premium, un mode solo robuste, et bien plus encore. » Même le thème de la piraterie a été largement édulcoré, passant d’un angle cru et réaliste à une approche nettement plus fantasque et chamarrée. « Dans le monde de Galecrest, les pirates du ciel naviguent sur les vents à la recherche d’aventures, de trésors et de gloire… » nous dit le pitch.

Néanmoins, Stonemaier a de quoi rassurer celles et ceux qui aimaient le côté féroce du jeu initial. L’éditeur a en effet développé une nouvelle mécanique qui autorise trois modes de jeu : « Vous pouvez choisir de jouer en mode « calme » pour un jeu plus paisible que l’original, en mode « orageux » pour un jeu encore plus sournois que l’original, ou en mode « inexploré » pour un mélange de capacités calmes et orageuses. (…) Cette mise à jour ajoute également une énorme quantité de variabilité et de rejouabilité au jeu, en particulier en mode inexploré. »
Un dernier léger changement à noter : un petit moyen de conserver des éléments d’un tour sur l’autre est ajouté. 

 

Un manque de croc ? 

Que faut-il penser de cette nouvelle édition ? Est-ce pertinent maintenant qu’Oriflamme existe de ressortir ce titre ?
Ne nous y trompons pas, il s’agit sans l’ombre d’un doute d’une bonne nouvelle tant le jeu avait fait des émules. Il avait injustement disparu des étals, et par la même, de la connaissance des nouveaux joueurs. Néanmoins, nous pourrons regretter une chose : le premier Libertalia assumait son parti pris cru et féroce, que l’on perd nettement avec ce thème repensé de façon adoucie, porté par les couleurs claires de Lamaro Smith. Difficile d’imaginer la même atmosphère autour de la table. Cela dit, c’est avec intérêt et curiosité que nous regarderons comment le gameplay a été modifié à travers les choix de Stonemaier (en particulier les trois modes), pour plus de modernité sans doute !
 

Pour info, si vous demandez une notification au sujet du lancement de la précommande sur ce formulaire avant le 14 février, Stonemaier Games fera un don de 1 $ à Sea Shepherd, une organisation non gouvernementale internationale maritime à but non lucratif, vouée à la protection des écosystèmes marins et de la biodiversité. Pour le moment, aucune localisation française n’a été annoncée mais il est facile d’imaginer que Matagot sera sur le coup. 

Mise à jour : Matagot a annoncé la localisation de ce nouveau Libertalia

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4 Commentaires

  1. atom 04/12/2021
    Répondre

    Preview mise à jour : Matagot a annoncé la localisation de ce nouveau Libertalia

  2. Morlockbob 03/02/2022
    Répondre

    Avec. Stonemaier ça va encore coûter un bras (ou une jambe…de bois)

    • L. de Nantes 11/02/2022
      Répondre

      Ce n’est pas tant avec SMG, dont je dirais que les MSRP sont tout à fait corrects au regard de la qualité (habituellement) fournie, qu’avec ses localisateur et distributeur français attitrés, Matagot et Surfin Meeple. Avec ce duo presque infernal, en effet, la facture risque, comme de coutume, de bien s’alourdir (en gros: même prix en € qu’en US$). Et aussi peut-être, en prime: le jeu d’arriver avec du ou des retards (dernier bel exemple en date: Everdell) et/ou d’être très vite en rupture de stock (dernier bel exemple en date: Red Rising).

  3. Stéphane GANDAR 12/02/2022
    Répondre

    Nouvelle version jouable à 2 ?

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