FIJ 24 – partie 2 : Quoi de neuf sur la croisette ? Marabunta – Prey another day – Le monde de reterra – Infiltraîtres – Rêvelune – link city – pixies – aurum

Du 22 au 25 février avait lieu la 37e édition du Festival International des Jeux de Cannes. Nous avons partagé dans une partie 1 nos premiers retours sur une série de jeux, puis un article consacré au festival et la cérémonie des As d’or. Vous nous retrouvez également en débrief vidéos chaque jour, la première et deuxième partie sur sept sont déjà à visionner.

Nous voilà reparti pour une nouvelle brochette de jeux joués sur le salon, les impressions sont toujours celles à chaud, nous pourrons revenir plus tard sur une analyse plus fine de ces jeux avec plus de parties au compteur.

 

 

couverture Pegasus

Prey another day

Dans Prey another day on a cinq cartes en main, un ours, un loup, un lynx, une chouette et une souris. On joue face cachée et on appelle dans l’ordre l’ours. Si un joueur a choisi de jouer cet animal il va  alors choisir dans la chaîne alimentaire en dessous qui il souhaite manger, si des joueurs avaient choisi cet animal, ils sont mangés et éliminés de la manche.

On descend ensuite au loup qui mange ce qu’il peut, puis le lynx… Ceux qui ont survécu à leurs prédateurs jouent une deuxième manche avec leurs cartes restantes, Idem, certains risquent d’y laisser leur peau. Puis une troisième manche, et on regarde enfin dans les survivants qui a le plus de points. Et oui un ours c’est fort mais ne ramène que 1 point, la souris, toute petite et proie facile en fait 5. On distribue alors au majoritaire un jeton. Cinq jetons c’est gagné. 

Je vous passe les tout petits détails de décompte, mais tout est là, dans cinq cartes, cinq cartes qui créent un choix basé sur le guessing, la déduction, la prise de risques. C’est fun, c’est la traque, c’est brillant tellement c’est épuré. le binôme Brett J. Gilbert, Matthew Dunstan qu’on connaît pour Pyramids ou La guilde des expéditions marchandes nous propose une création très différente et délectable.

Pour la version française, Blackrock s’offre une nouvelle touche graphique, j’avoue que je préférais de loin l’originale. Et vous ?

 

-Natosaurus

Un jeu de Brett J. GilbertMatthew Dunstan
Illustré par Nele Brönner
Edité par Edition SpielwieseGood Little Games

Sortie prévue en juin 

 

 

Harmonies

Harmonies est le prochain jeu de Johan Benvenuto signé chez Libellud, un éditeur réputé pour ses jeux d’association d’idées. Rien de ce type ici, dans Harmonies on va construire des paysages avec des jetons en bois à placer sur notre plateau. Ces paysages sont des habitats pour des cartes animaux qui nous demandent de respecter un pattern pour marquer des points. On est dans un jeu d’optimisation avec très peu de contraintes. C’est nous qui nous les imposons, pour optimiser et placer nos animaux et marquer le plus de points. Thématiquement tout fait sens, on gagne aussi des points pour nos chaînes de montagnes, pour nos rivières, les buissons, arbres et arbustes. 

J’ai beaucoup apprécié Harmonies, on se sent très libre dans notre placement et dès le début on comprend les erreurs que l’on a pu faire, et l’on perçoit très vite la marge de progression. Rapidement, on se casse la tête pour agencer au mieux nos jetons. Un jeu familial ou initié (je n’arrive pas à trancher) avec une direction artistique sublime de Maeva Da Silva. Le public semble l’avoir plébiscité, car il fallait être patient pour pouvoir s’asseoir à une table. Nul doute que l’on en reparlera dès que possible.

grande patience nécessaire le dimanche matin pour jouer à Harmonies.

 

-Atom

Un jeu de Johan Benvenuto
Illustré par Maeva Da Silva
Edité par Libellud

Sortie prévue le 19 avril

 

 

Link City

Il y a des jeux comme ça qui ne me donnent pas envie de m’asseoir à la table durant un salon, souvent parce que le jeu ne m’attire pas visuellement. Mais je le fais quand même, parfois poussé par la difficulté à trouver un jeu libre, ou juste parce que j’ai besoin de me poser 10 minutes. Et c’est comme cela qu’on peut faire de belles découvertes de manière fortuite. C’est exactement ce qui m’est arrivé avec Link City. Dans ce jeu d’association d’idées, vous allez ensemble construire une ville en positionnant des quartiers : l’école, le tribunal, la caserne des pompiers, les logements des super héros… Un joueur (le maire pour le tour en cours) va, secrètement choisir où placer trois quartiers, orthogonalement aux quartiers déjà présents dans la ville. Les autres vont devoir deviner où le maire a bien pu les placer. « Le parc, c’est forcément à côté du marchand de glace », « Mais pas du tout, c’est le camping qui doit être mis là. Un camping sans marchand de glace, c’est nul », « Et tout le monde est d’accord pour qu’on mette la caserne de pompiers à côté de la maison de retraite pour réveiller les vieux la nuit ? ». Fou-rire et propositions cocasses attendent le plan d’urbanisme de votre belle ville, l’objectif étant bien sûr de placer correctement les quartiers selon l’esprit parfois tordu du maire du tour en cours. Prévu pour mi 2024, c’est une surprise originale et loufoque dans la gamme des jeux d’association d’idées par Bandjo, ex Le droit de perdre.

-MeepleCam

Un jeu de Emilien Alquier
Illustré par Mathieu Clauss
Edité par Bandjo

Sortie prévue pour mai

 

 

Marabunta

Un petit format pour ce Knizia de prise de territoire avec une mécanique de split and choose. Dans Marabunta, le principe de cette mécanique est qu’à tour de rôle les joueurs vont faire deux lots, avec les six dés jetés et la tuile en cours. Le lot peut être inéquitable, c’est l’adversaire qui choisit de toute façon. Et on remporte des hexagones avec nos fourmis, afin de prendre des majorités et du scoring sur les six provinces de couleur. On cherchera à atteindre des cupcakes (je sais pas, les fourmis, les cupcakes, doit y avoir un truc), et des caisses pour un jour déclencher des bonus.

Ça semble sympa cette guerre de tranchée, de prise de majorité, ce partage de lot, tout ça en principe sont des choses qu’on aime bien voir dans les jeux, mais mettre tout ensemble, c’est proposer aux deux joueurs un arbre de possibles assez infini. Ce qui donne un jeu pas très nerveux : la réflexion pour partager le lot est longue car beaucoup de possibilités (six dés plus une tuile), puis la résolution par chacun des joueurs peut également prendre un certain temps, les choix étant là aussi assez larges. Trop larges. J’aime avoir le dilemme du choix, mais surtout être restreinte. Ce Roll & divide (son ancien nom de code) ne me contraint pas assez, et c’est dommage, l’avancée des fourmis, la guerre de tranchée, les blocages sont des aspects intéressants du jeu.

 

-Natosaurus

Un jeu de Reiner Knizia
Illustré par Ingrid Desmidt
Edité par Space Cowboys

En boutique

 

Le monde de Reterra

Le monde de Reterra est la nouvelle proposition de Éric Lang (Rising Sun, Blood Rage), accompagné ici par Ken Gruhl. On sort des gros jeux avec figurines pour un familial beaucoup plus abordable. Sur un thème Solar punk (post apocalyptique où la nature a gagné), nous allons recréer nos communautés humaines en posant des tuiles terrain sur un pattern de 4×4, nous permettant de construire des bâtiments, récupérer des artefacts (le dernier Iphone 32 ?), ou encore poser des colons. Il faudra bien positionner les tuiles pour poser les bâtiments car les fondements seront des formes en polyomino. La force du jeu est dans les différents sets de bâtiments à choisir pour chaque partie. Ceux-ci pourront être générateurs de points, pour des parties en douceur, jusqu’à être agressifs pour plus d’interactions. À vous de choisir la partie que vous voulez jouer. Très accessible, Le monde de Reterra inaugure la gamme eurogame de Hasbro, et il faut reconnaître que c’est une belle entrée en matière. Les illustrations surprennent au premier coup d’œil, mais sont bien adaptées au thème. Jouable en une bonne demi-heure, le binôme nous offre un agréable jeu de tuiles, simple et efficace.

 

 

-MeepleCam

Un jeu de Eric M. LangKen Gruhl
Edité par Hasbro
Distribué par Pixie Games

Sortie prévue mi mars

 

 

Infiltraîtres

De la déduction coopérative s’inscrivant dans la digne lignée de The Crew avec des missions évolutives, eh bien voilà qui sonne bon à nos oreilles ! Chaque joueur doit faire deviner un ou plusieurs traîtres (représentés par une carte de couleur et de valeur uniques). Pour glaner des indices, vous jouez des cartes devant vous et les inclinez ou les laissez droites pour indiquer que, respectivement, il n’y a aucun point commun avec votre traître, ou au moins un. Savoir quelle carte donner à qui, quelle carte jouer devant vous pour donner l’indice discriminant, observer les cartes déjà passées, voilà qui ne manque pas de saveur.

Avec un petit feeling de jeu de plis, Infiltraîtres est, au final, toujours enveloppé d’un certain mystère : on a envie d’y revenir pour les missions.

Par contre, on doit bien dire que notre monde n’est pas bouleversé comme lorsqu’on a découvert The Crew (difficile de se mesurer au maître).

 

-Umberling

Un jeu de John KeanLiam Kean
Illustré par Man-Tsun
Edité par origames

Sortie prévue fin mars

 

 

Rêvelune

Un Rêveur perdu dans son étrange rêve, et des coéquipiers qui vont lui raconter ce qu’il se passe… Rêvelune est un jeu hautement narratif en coopération. Le rêve commence par un visuel qui nous immerge dans le lieu, et une quête à poursuivre. Chacun interviendra quand bon lui semble pour placer un mot choisi parmi les quatre de sa carte, en même temps qu’une Intention dictée par une autre carte. C’est cette Intention que le Rêveur doit trouver. Le Rêveur possède les mêmes cartes que tous les joueurs réunis, et d’autres qui ne serviront pas. Parmi elles se trouvent par exemple un obstacle qui fait piétiner l’avancée de la quête, ou un danger, un objectif, ou bien d’autres éléments qui rendront la reconnaissance de l’Intention du narrateur pas si aisée. Si le Rêveur ne trouve pas les bonnes cartes, l’équipe aura du mal à finir le rêve, soit à gagner la partie.

C’est un thème complètement adapté, le rêve ! On n’est pas très loin d’un jeu comme Il était une fois, mais en coopératif. Le rêve offre la possibilité de ne pas être cohérent, de sauter sur les nuages, se faire attaquer par des loups et être sauvé par des aigles, en voyant passer sa meilleure amie de CM2 et sa trahison ! Et c’est fun, c’est mémorable même !

L’auteur du Colt Express et de Star Clicker, Christophe Raimbault – ici accompagné de Frédéric Dorne, surtout connu pour ses Escape Box – a toujours une approche très organique dans sa création, et Rêvelune en est un bel exemple. Raconter une histoire peut faire peur à certaines personnes, qu’elles se rassurent ici, le rôle du Rêveur ne demande pas d’imaginer et de parler, mais de comprendre. Un bon moment à passer tous ensemble, à se raconter un rêve imaginaire pour le plaisir.

-Natosaurus

Un jeu de Christophe RaimbaultFrederic Dorne
Illustré par Anne Heidsieck
Edité par BLAM !

Sortie prévue fin mars 

 

Pixies

On en parlait dans cette news, le but dans Pixies est de faire un tableau de 9 cartes, récupérant une carte chacun notre tour et en la plaçant dans notre tableau virtuel. En fin de manche on marquera des points selon notre collection de couleur la plus grande, les valeurs des cartes et le différentiel entre les spirales et les croix. Au bout de trois manches, on a un gagnant. Alors c’est malin, car on a quelques choix à arbitrer, mais ça c’est plutôt à deux joueurs où l’on va révéler deux cartes, en jouer une, puis notre adversaire etc. À plus de deux joueurs, le premier a un choix fort (autant de cartes que de joueurs) et le dernier prend ce qui va rester. À deux joueurs pourquoi pas, car il peut y avoir un peu de contre draft, et les dilemmes existent mais à 3 ou 4, on n’a pas été convaincu, pas assez de choix.

 

-Atom

Un jeu de Johannes Goupy
Illustré par Sylvain Trabut
Edité par Bombyx

Sortie fin février

 

Aurum

Aurum est un jeu de plis de Shreesh Bhat. On y jouera à trois chacun pour sa peau ou à quatre en équipes. Si vous aimez être pris de court et à rebrousse-poil, Aurum a en stock quelques arguments : on ne peut jouer dans le pli qu’une couleur n’ayant pas été jouée. La plus petite carte d’un pli remporte une carte d’atout disponible de sa valeur (qui est placée devant le joueur, et qui marque des points de victoire), et relance le pli suivant. Ajoutez à cela un genre de scoring de whist dans lequel on estime les plis qu’on doit faire (contrat échoué, zéro point, réussi exactement : on double sa valeur, on excède : on ne marque que sa valeur). Et les atouts peuvent nous permettre d’ajuster la valeur du contrat. Bref, déroutant. Une fois que vous aurez lutté contre tous vos instincts de joueur de jeu de plis, que reste-t-il ? Un sentiment impalpable, instable : une maîtrise qui fuit, qu’on retrouve et qui s’étiole parfois sur les fins de manche. Une lutte pour contrôler un courant d’air. Difficile de « saisir » le jeu, mais il nous échappe plus qu’il ne nous résiste. On y reviendra avec plaisir et dépaysement.

 

-Umberling

 

Un jeu de Shreesh Bhat
Illustré par Stevo Torres
Edité par Pandasaurus games

Sortie prévue en juillet

 

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10 Commentaires

  1. atom 28/02/2024
    Répondre

    J’ai beaucoup aimé Infiltraitres, d’autant qu’à cause de son nom je croyais que c’était un jeu à rôle cachés avec un traître quoi ^^

    Je comprends l’allusion à The Crew, même si je ne les trouve pas si comparable, infiltraitres jouant plus du côté de la déduction, tandis que The Crew est un jeu de plis (même s’il y a un peu de déduction). j’y rejouerais avec plaisir en tout cas.

    J’ai beaucoup aimé Aurum, mais à 4 joueurs. À 3 joueurs c’est moins dynamique je trouve. On a une grosse année de jeux de plis on dirait, avec Robotrick, Blot ou même Aurum.

     

    • Shanouillette 29/02/2024
      Répondre

      ouais Infiltraitres m’a bien séduite aussi, il a un petit côté Hanabi + Similo qui me le rend sympathique

    • Djinn42 05/03/2024
      Répondre

      Blot c’est mon second bébé avec les copains auteurs de Roanne. J’espère qu’il vous plaira.
      Mon coup de coeur du salon restera Harmonie. J’ai complètement craqué pour ce jeu. Le plaisir dans l’accomplissement d’un beau plateau, le rythme, l’engagement demandé. Et au final la gagne pas si importante, juste le petit plus. Mais quel plaisir d’optimiser son coin de verdure.

  2. Doc.Fusion 29/02/2024
    Répondre

    Les nouvelles cartes de Prey another day ne me choquent pas, elles sont moins flashy.

    • atom 01/03/2024
      Répondre

      Je préfère aussi la nouvelle, ils sont chelous ces animaux 🙂

  3. Starfan 01/03/2024
    Répondre

    Bonjour à tous! J’ai fait quelques parties de Pixies dans toutes les configurations et je trouve que c’est l’un des meilleurs jeux de cartes de l’année. Et le jeu est juste magnifique!

    • atom 02/03/2024
      Répondre

      Je suis pas fan, mais je reconnais son efficacité, si ça remplace Skyjo je prends ^^

      • Doc.Fusion 08/03/2024
        Répondre

        Idem, je trouve que ça manque de choix et une fois sur 2/3 on subit complètement.

        Mais c’est beau, rapide et efficace.

        • atom 08/03/2024
          Répondre

          C’est moins vrai à deux, ou tu va avoir le choix entre 4 cartes si tu est premier, en sachant que tu peux anticiper la prochaine carte que tu auras

    • Djinn42 05/03/2024
      Répondre

      La petite subtilité de devoir valider une carte pour qu’elle compte, la zone de couleur la plus grande et l’interaction. Plus le fait qu’il est très original graphiquement. Effectivement, il tape un grand coup.

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