Natacha Deshayes, regard sur Ilinx

Ilinx, natachasi vous ne connaissez pas, c’est une maison d’édition (de livres, non de jeux !) fondée l’an dernier par Adèle Perché et Natacha Deshayes.
Son sujet ? La culture ludique, sous toutes ses formes. Concrètement, cela signifie des livres-jeux, mais aussi des livres sur le jeu, sur l’art dans le jeu et tout ce qui gravite autour des nouveaux penseurs de ce support conceptuel. 

L’artbook Pierô, qui fait partie du catalogue depuis le début de l’entreprise, a démontré d’entrée une volonté forte de mettre les illustrateurs au coeur du projet éditorial. Nous profitons de notre Semaine spéciale de l’Illustration pour tendre le micro à Natacha Deshayes qui fait avec nous un point sur leur première année, regarde devant, évoque l’importance et la particularité du métier d’illustrateur de jeux de société. 

 

Nous avions annoncé l’arrivée de Ilinx éditions en juin 2016, les premiers ouvrages devaient arriver via le distributeur Blackrock en boutique pour l’automne 2016, puis s’en est suivi la campagne KS de l’artbook de Pierô… Si l’on fait le point aujourd’hui, environ un an après votre arrivée, que nous diriez-vous sur cette première année ? 

Natacha Deshayes : Cela a été une première année extrêmement enrichissante et pleine de bonnes surprises. Tout a commencé par le prix du Réseau Entreprendre qui nous permet à la fois d’avoir une reconnaissance en notre projet mais également de pouvoir être accompagnée dans cette nouvelle expérience de création d’entreprise.
Puis, la réussite de la campagne Kickstarter et l’accueil pour l’Artbook de Pierô qui a été excellent et, en plus de nos projets éditoriaux, nous avons eu l’immense chance de voir Charles Chevallier et Laurent Escoffier nous proposer CAP10 qui est un produit naturellement passerelle entre jeux et livres.

 

Packaging_artbook

Avez-vous eu des surprises et des embûches particulières ? 

N.D. : Hormis les surprises évoquées plus haut, la meilleure des surprises a été l’accueil du milieu du jeu pour notre projet puisque nous avons eu énormément de relais pour nous faire connaître. Pour ce qui est des embûches, pour le moment rien de particulier hormis les classiques aléas de création d’entreprise, les problèmes de logistique…

 

Quel bilan financier tirez-vous aujourd’hui ? Ou est-ce trop tôt pour en tirer un ? Est-ce que le marché est assez mûr pour une expérience comme Ilinx ?

N.D. : Il est beaucoup trop tôt pour tirer un bilan financier dans la mesure où nous n’avons mis en commercialisation que très peu de produits et que les résultats sont forcément inégaux car les cibles sont différentes et donc également les canaux de distribution.

Pour ce qui est de la maturité du marché ou plutôt des marchés, je ne me sens pas aujourd’hui la capacité de répondre à cette question dans la mesure où nous ne sommes qu’en phase de décollage du projet et où nous ne sommes pas encore « sortis » du milieu ludique, milieu forcément plus captif pour nos produits.

 

Le communiqué récent sur le départ d’Adèle n’a laissé personne indifférent, quelles sont les raisons de ce changement ?

N.D. : Il est tout à fait logique que ce départ ne laisse personne indifférent dans la mesure où Adèle est une actrice du milieu ludique depuis bien longtemps (sans vouloir la vieillir ;-)) tant via le Centre National du Jeu que via Repos Production. Adèle habitant Bruxelles, il était devenu de plus en plus difficile pour elle de concilier sa vie personnelle avec l’évolution d’ilinx dans la mesure où nos différentes gammes ainsi que la multiplication des canaux de distribution, la communication… réclament beaucoup de présentiels.

 

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Pouvez-vous nous parler des premiers livres sortis et de leur accueil ? 

N.D. : L’artbook de Pierô a été très bien accueilli, la qualité de l’ouvrage est unanimement reconnue, ce qui nous positionne très favorablement en termes d’image pour cette collection de beaux-livres. Nous sommes un peu déçus en revanche des retours sur le cahier de coloriage, je pense que notre circuit de distribution n’était pas forcément adapté. Reste le projet CAP10/CAP Color qui a reçu un excellent accueil lors de PEL et par les précommandes du n°0, nous amenant à effectuer un retirage et nous confortant dans notre volonté de récurrence.

 

Justement, est-ce que Cap 10 a eu l’exposition qu’il méritait ? [Cap10 est la version solo « casse-tête pour fins stratèges » du nouveau jeu de Charles Chevallier et Laurent Escoffier éditée par ilinx éditions.]

N.D. : CAP10 a un potentiel incroyable que nous n’avons pas voulu enfermer trop rapidement dans une forme figée et c’était le sens de ce numéro 0. Car l’aventure de CAP10 ne fait que commencer… Nous allons moduler la difficulté, lancer également CAPColor, la version multijoueurs. Blackrock, notre distributeur, œuvre pour qu’ils soient présents en boutiques spécialisées et nous accompagne pour que CAP10 et CAPcolor accèdent à longévité qu’ils méritent !

 

auteurs

 

Pouvez-vous nous parler de « Auteur de jeux de société » de Michel Lalet ? 

N.D. : L’ouvrage avec Michel Lalet est quasiment achevé. Ce livre est un manifeste pour la reconnaissance du jeu comme objet culturel et la défense du statut de ses auteurs. Je peux d’ores et déjà vous dire qu’il sera proposé en prévente avant la fin de l’année.

couverture

Il y a pas mal de littérature ludique outre-Atltantique. Vous imaginez faire des traductions un jour ? 

N.D. : Concernant les traductions, nous travaillons avec une société spécialisée, Kiwiworld, fondée par Yann Bartelheimer, pour nous aider à acquérir certains droits étrangers et nous avons déjà quelques pistes. Essen sera relativement important à ce sujet, nous pourrons en parler plus avant la fin de l’année.

 

Vous avez mis d’emblée le travail des illustrateurs au centre de votre ligne éditoriale, pouvez-vous nous expliquer ce choix ? 

N.D. : L’illustrateur permet de donner à un jeu toute sa dimension artistique. Il apporte la lumière à un projet. Pendant des années les auteurs de jeux n’apparaissaient pas sur les boîtes et personne ne savait qui était l’auteur de tel ou tel jeu. Puis un jeu a commencé à être identifié par un auteur et les initiés ont pu commencer à reconnaître la « patte » d’un auteur. Désormais les illustrateurs sont également connus et reconnus.

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Ilinx éditions souhaite parler du monde contemporain ludique, de ses mutations, de ses acteurs. À travers son parcours, Pierô qui a été le premier illustrateur à dédicacer sur les salons et à se faire connaître du public, a voulu montrer la spécificité de son métier. Qu’est-ce qu’un illustrateur de jeux de société ? Comment travaille-t-il avec un éditeur ? Quelles collaborations avec l’auteur ?
Le livre permet à la fois de découvrir les illustrations de Pierô en pleine page et de le suivre sur dix ans de carrière mais les contributions d’Hicham de Matagot côté éditeur, de Bruno Cathala côté auteur ainsi que l’hommage rendu à Pierô par cinq de ses confrères : Naïade, Ani, Miguel Coimbra, Djib et Arnaud Demaegd font de cet ouvrage bien plus qu’un artbook.

 

En quoi les illustrateurs ont aujourd’hui une part importante dans la culture ludique selon vous ? Est-ce que cela permet d’asseoir un peu plus l’idée du jeu de société comme produit culturel ? 

N.D. : Le marché du jeu est souvent comparé au marché de la BD. Aujourd’hui, un jeu c’est un éditeur, un auteur et un illustrateur clairement identifiés. C’est donc la résultante de la mise en commun de ces talents. Ainsi, pourquoi le jeu ne pourrait-il pas être considéré comme un produit culturel ?

À l’occasion du Games Tours Festival, ce week-end, nous présenterons une exposition consacrée à Pierô sur le stand d’ilinx. Et je vous assure, nul besoin de connaître les jeux que Pierô a illustrés pour être touché par ses réalisations.

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Quel est votre regard sur les illustrateurs dans le domaine ludique actuelle, leur reconnaissance et leur production ? Des envies, des souhaits pour la suite en la matière ?

N.D. : Je préfère ne pas trop dévoiler la suite d’ilinx dans l’immédiat pour instaurer un effet de « surprise » mais nous serons bientôt dans l’actualité et nous aurons très probablement l’occasion d’échanger de nouveau !

 

Pouvez-vous nous dire de façon plus globale, aujourd’hui, en quoi consiste les projets d’ilinx ? 

N.D. :  Avancer sur tous les fronts : celui des beaux-livres, des essais ou celui de CAP10/CAPcolor, celui des boutiques spécialisées ou celui de la distribution grand public.

Des acteurs ou ex-acteurs du milieu ludique sont venus rejoindre le projet afin de faire bénéficier ilinx de l’ensemble des compétences requises et des expériences acquises au fil du temps.

 

Nous vous souhaitons une excellente continuation !

 

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1 Commentaire

  1. Damien Andre 05/10/2017
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    Très curieux du Michel Lalet et globalement de la suite de l’aventure.

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