► EDITO : Ceci n’est pas un jeu de société

Aujourd’hui, je ne vous parlerai pas tellement de jeux de société.
Enfin, si, mais ils ne seront que des points de départ pour lancer des petits grappins vers d’autres œuvres, sachant que nous restreindrons cette fois l’exercice au cinéma (et aux séries).
Thématiquement, dans l’ambiance, dans leur façon de fonctionner, il y a comme une connexion lointaine, une parenté inconnue qui peut s’imaginer. C’est nébuleux dit comme ça, certes, mais vous allez voir ; mon but avéré est avant tout de partager avec vous des oeuvres que je trouve pas trop mal, voire top, et pas trop évidentes, histoire d’être si possible dans la découverte plutôt que dans le captain obvious. Si vous allez fouiner du côté de mes recommandations, j’ai gagné mon pari ! Parce qu’après tout,
sharing is caring!

 

 

Mysterium (Oleg Sidorenko, Oleksandr Nevskiy – 2015) =>
Crimson Peak (Guillermo del Toro – 2015)

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Crimson Peak – Universal Pictures

 

Adderdale pourrait faire un joli manoir Warwick. Dans Crimson Peak, on aborde les codes du roman gothique et du récit fantastique tout en les rendant actuels. On y cause fantômes du passé, monstrueux humains et amours déchirantes dans un lieu lugubre, voire sépulcral. Guillermo del Toro offre ici un conte magistral et captivant, visuellement frappant avec ses tons de vert sombre, rouge et blanc. L’ensemble est presque un sans faute : les apparitions du monstrueux font figure de jump-scares de pacotille en regard de l’ambiance pesante instillée avec brio tout au long du long-métrage. Vous avez goûté l’ambiance noire de Mysterium ? Vous pourriez aimer vous rouler dans ce film.

 

Horreur à Arkham (& consorts chez FFG) => L’Antre de la folie (John Carpenter – 1994)

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In the Mouth of Madness – New Line Cinema

 

On connaît bien sûr Lovecraft et Cthulhu principalement pour les monstres à tentacules spongieux. Mais s’il n’y avait que ça ! Dans l’œuvre de l’écrivain de providence, on parle souvent de l’esprit qui déraille, de la folie rampante et au final, les Grands Anciens ne sont que des êtres impossibles à concevoir. L’Antre de la folie, donc, suit cette ligne-là. Pour retrouver un auteur de best-sellers d’épouvante brusquement disparu, John Trent, détéctive, va pénétrer dans l’univers romanesque et épouvantable de l’écrivain. Je vous laisse imaginer le topo : rien ne se passe comme prévu et ça merde bien correctement dans sa caboche. À voir bien concentré, parce que ça pourrait bien vous retourner le cerveau. Bref, un John Carpenter comme on les aime qui vous donnera envie de sortir vos boîtes poulpesques (et il y en a !).

 

Pandemic (Matt Leacock – 2008) => Helix (Cameron Porsandeh – 2014)

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Helix – Sony Pictures Television

 

Une base de recherche biologique privée en plein milieu de l’Arctique, quelques gardes (trop. Qu’ont-ils à cacher ?) et une épidémie inconnue qui dessoude trois des chercheurs. On appelle Alan Farragut, un des vieux de la vieille du CDC, pour empêcher une contamination et trouver un remède. Parce que le patient zéro, celui qui agonise bien fort, c’est son frère. Voilà pour le pitch de ce huis-clos angoissant qui n’est pas sans rappeler Pandemic et Pandemic Legacy.

Cette série en deux saisons fait écho aux thématiques du jeu : les responsabilités de l’humain dans les catastrophes sont là, les questions éthiques aussi. C’est sans doute là l’influence de Ronald Moore, le papa de Battlestar Galactica, que l’on retrouve un peu. La deuxième saison vous proposera un genre de dark thriller différent, avec une autre maladie et quelques surprises.

 

Trickerion: Legends of Illusion (Richard Amann, Viktor Peter – 2015) => Jonathan Strange & Mr. Norrell (série tirée d’un roman de Susanna Clarke – 2015)

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Jonathan Strange & Mr. Norrell par New line cinema

 

Gilbert Norrell est le plus prestigieux magicien d’Angleterre : le plus érudit, certes, mais aussi le moins pratiquant. Incapable du moindre sortilège mineur, Norrell compense par la taille de sa bibliothèque et de son savoir encyclopédique. Et quand toque à sa porte Jonathan Strange, jeune magicien disposé à apprendre mais tout à fait incapable de maîtriser ses pouvoirs débordants, Norrell craque.

Strange ira combattre dans les guerres napoléoniennes et le renouveau de la magie anglaise ne se fera pas sans heurts…

Roman et série sont dignes d’être consommés, même si ma préférence va au roman, qui prend le temps de s’installer et de placer des pointes d’humour anglais qui passe un tantinet moins bien à la caméra. En tout cas voilà qui donne envie de replancher sur son Trickerion et ses illusionnistes rivaux qui ont chacun forces et faiblesses.

 

Divinare (Brett Gilbert – 2012) => La caravane de l’étrange (série de Daniel Knauf – 2003)

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La caravane de l’étrange produit par Daniel Knauf & John J. McLaughlin

 

Divinare explorait un panorama un peu bizarre : celui des freak shows américains, du Weird West, que l’on ne retrouve guère que dans Shadows of Brimstone, Doomtown (qui s’est arrêté) ou Grimslingers. On y incarne des oracles et… laissez-moi maintenant vous parler de Carnivale (la Caravane de l’étrange en VF).

Cette série en deux saisons, c’est l’histoire (entre autres) de Ben, un forçat évadé qui fuit les forces de l’ordre en allant dans une caravane, un cirque itinérant. Femme à barbe, magicien aveugle, nains, hommes-serpents, tout le freak show est là. Mais Ben a cette étrange capacité à soigner les pires afflictions… Et que dire du révérend Justin, atteint de visions prophétiques, que l’on suit en parallèle de Ben ? Cette série, lente et poussiéreuse, insiste sur son ambiance, parle d’humain, intimement, par de belles images tournées en Californie du Sud. Bref, c’est beau et c’est bien. Faut juste pas avoir peur des ambiances à la Raisins de la Colère, avec beaucoup de misère humaine dedans, vu que ça se passe pendant la crise de 29 en plein Oklahoma/Kansas.

 

Sea of Clouds (Théo Rivière – 2015) => Stardust (Matthew Vaughn – 2007)

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Stardust – Paramount Pictures

 

La bonne ambiance, des éléments un peu foufous et des pirates en bateau volant. Voilà ce qu’on retrouve de commun dans les deux oeuvres. Bon, d’accord, le jeu n’est qu’affrontement et escales avec du draft sauce Rochester, tandis que le film (et le roman de Neil Gaiman avant lui) parle d’amour mièvre-mais-pas-si-facile entre une étoile et un jeune homme. Mais voir De Niro en capitaine pirate autoritaire, ça n’a pas de prix allons bon !

Je trouve les imaginaires de Stardust et Sea of Clouds tous deux foisonnants, forts, légers, farfelus, intrigants. On aimerait en savoir plus, pour l’un ou pour l’autre !

 

Android: Netrunner (Richard Garfield – 2012) => Hacker (Michael Mann – 2015)

This photo provided by Universal Pictures shows, Chris Hemsworth, left, as Nicholas Hathaway, and Viola Davis, as FBI Special Agent Carol Barrett, in Legendary’s film, "Blackhat," from director/producer Michael Mann. (AP Photo/Legendary Pictures - Universal Pictures)

Chris Hemsworth dans le rôle de Nicholas Hathaway, & Viola Davis, en agent du FBI Carol Barrett (AP Photo/Legendary Pictures – Universal Pictures)

 

Netrunner aurait certainement pu nous conduire à Ghost in the Shell (une évidence !), à Matrix (là aussi, trop facile…), ou encore à Mister Robot (oui bon, mais quelle claque !). Si je vous recommande ces films et séries, je vous encourage aussi à regarder du côté de Blackhat (Hacker chez nous), de Michael Mann.

Netrunner n’est pas qu’une simple histoire de hacking : tous les enjeux du piratages dérivent sur des problématiques sociales, si l’on va chercher un peu plus loin. Les criminels piratent les entreprises car c’est là qu’est détenu l’argent, et les anarchistes le font pour casser le système. Pour rendre le pouvoir au peuple ou par nihilisme, en tout cas, pour une cause qui leur est propre. Mais ce n’est pas tout : du côté corporatiste, on a ce contrôle total, par la désinformation, le bluff, la spéculation ou l’oppression. Bref, ce jeu raconte une histoire…

…Qui n’est pas sans rappeler Blackhat, qui parle de pirates, donc. Mais en réalité Blackhat est un étrange oiseau : c’est à la fois un film de hackers et un film de Michael Mann. En tant que film sur le piratage, il s’avère plutôt bancal, mais en tant que critique sociale, c’est autre chose. Michael Mann a une façon de filmer vraiment particulière : large, panoramique, écrasante, comme s’il voulait parler de la big picture plutôt que des destins individuels. C’est exactement ce qui se joue dans le jeu de cartes Netrunner, avec le pouvoir de l’individu (runner) contre celui de la collectivité organisée (corpo).

 

 

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8 Commentaires

  1. TheGoodTheBadAndTheMeeple 26/04/2017
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    Mais quel superbe édito ! Bravo.

    Je n’ai pas le temps de creuser, mais je me le garde au chaud pour le jour ou j’aurai du temps !

    La caravane de l’étrange et hacker me tentent… j’aime le bizarre 🙂

    • morlockbob 26/04/2017
      Répondre

      la caravane de l étrange est une grande série, hélas torpillée au bout de deux saisons par manque de moyen….En gros, ça se finit comme ça peu…Mieux vaut savoir gérer sa frustration ..

      • Djinn42 26/04/2017
        Répondre

        Faute de moyen intellectuel des téléspectateurs américains, pour être plus précis. Plebiscité en Europe, vite oublié chez eux.

  2. Dr. Jacoby 26/04/2017
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    Carnivale est l’une des meilleures séries TV jamais réalisées, ambitieuses, originales et profondes, avec une performance de Clancy Brown absolument époustouflante !

  3. Umberling 26/04/2017
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    Content que ça vous plaise !

  4. ReiXou 28/04/2017
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    Pandemic => Contagion de Steven Soderbergh ça le fait aussi

  5. Damien Andre 29/04/2017
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    C’est un bon travail, original et cultivé, qui mériterait vraiment une suite.

  6. KUROFUNE 01/05/2017
    Répondre

    C’est marrant ça, il y a deux jours j’ai regardé sur Netflix « Priest », et le truc à quoi j’ai pensé dans les toutes premières minutes c’est le jeu « Claustrophobia ». Bien sûr c’est pas la même époque, c’est des Vampires à la place des Démons, mais pour le reste c’est plutôt ça (surtout quand ils sont dans les galeries des monstres), je me disais même que si il devait un jour y avoir « Claustrophobia » au cinéma c’est comme ça qu’ils devraient faire.

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