Edité par Plaid Hat Games
Distribué par Asmodee
Langue et traductions : Anglais
Date de sortie : 2018-04
Thèmes : Science-fiction
Mécanismes : Déduction, Objectif secret
Types de jeu : Jeu d'ambiance, Jeu de cartes
Complexité du jeu : Amateur
Crossfire est un jeu à rôles cachés… d’équipe. Un peu comme les Loups-garous pour une nuit, pourrait-on dire, puisque les rôles de chacun sont échangés et nous n’avons qu’une poignées de secondes pour décider qui est qui et qui nous abattrons. En conséquence, le format des parties est très court.
J'ai craqué sur Crossfire chez un de mes vendeurs locaux. Un peu pour l'auteur (Emerson Matsuuchi, que l'on connait pour Specter Ops ou Century), beaucoup pour l'illustratrice, Jen Zee. Et j'ai pu tester ça avec des vrais novices du jeu, pour qui c'est un peu compliqué (mais pas plus qu'autre chose), ou les habitués qui eux comprennent vite et bien.
ACCESSIBILITE DES REGLES 15
Le livret de règles est assez bon, à un détail près : la mise en place. En effet, le nombre de rôles et leur échange en début de partie dépend fortement du mode de jeu (il y en a deux) et du nombre de joueurs. Et ce détail se trouve au milieu du livret de règles. C'est certes court, mais pourquoi ne pas faire de rappel en 4e de couverture du livret pour un accès plus facile, à défaut d'une aide de jeu ?
QUALITE DU MATERIEL 14,5
L'ergonomie de Crossfire est plutôt bonne, quoi que les esprits chagrins trouveront des choses à redire (effets de texte un peu petits pour les plus myopes alors que les cartes ont de généreux bords qui rognent sur les boîtes de textes et l'illustration). Rien à redire sur la qualité des cartes : c'est de la bonne. Vu leur propension à tourner autour de la table, il vaudra mieux les plastifier, qu'on apprécie ou non cette pratique. Côté boîtage : on va à l'efficace, et vu le prix du jeu on ne demande pas plus. Enfin, concernant les illustrations, je les trouve – malgré mon amour pour le boulot de Jen Zee – un peu en dessous de ce qu'elle fait d'habitude. Un peu trop hâtives, certaines proportions et raccourcis mal fixés, et aussi un dos de carte totalement froid et décorrélé de l'univers chamarré présenté en illustration. Dommage.
THEME 15
Pour son habillage minimaliste, Crossfire joue pourtant la carte du thème et on se prendra à imaginer une foule ou un gala de bienfaisance avec un sniper, des assassins très cyber, des gens qui n'ont rien à faire là et un VIP qui joue double jeu... La seule dissonance thématique provient alors du rôle des leurres, qui souhaitent mourir pour gagner... Mais hors cette fausse note, Crossfire tire son épingle du jeu et joue la partition des rôles cachés à merveille : paranoïa au menu.
DUREE DE VIE 16
Autant le dire : on croque les parties de Crossfire comme des petits fours à l'œil quand on est étudiant. Le format très court incite à faire plus d'une partie, à retenter le coup une fois que les joueurs autour de la table ont bien compris comment on jouait, et ce que l'on faisait. Les parties pourraient se ressembler un peu, mais dès lors qu'on varie les joueurs (en nature ou en nombre), les choses changent pas mal. Ensuite, le mode de jeu classique touche vite ses limites : les joueurs sont prêts à étrenner les rôles spéciaux. De l'artificier qui gagne seul s'il survit au sniper qui peut dégommer plusieurs cibles, ou au pacificateur qui gagne si aucun-e passant-e ne meurt, on n'a là que du très classique, certes, mais aussi du très efficace. Le jeu de devinettes est encore plus complexe qu'au départ, et le bluff avec. Ça tombe bien, c'est pile ce que l'on demandait.
MECANISMES 15,5
Une fois passée l'étape un peu laborieuse (pour ce format) de l'échange de cartes, on est carrément dans un rush, à essayer de deviner qui a quelle d'information, qui ment... En effet, les joueurs, une fois leur rôle consulté, vont pouvoir s'annoncer en orientant leur carte rôle (face cachée) sur un des bords, indiquant leur prise de position de départ. Si trois personnes prétendent être la VIP alors qu'il n'y en a qu'une dans le jeu... bon, on sait qu'il va falloir détricoter le vrai du faux.
En conséquence, le jeu peut être trop facilement contrôlable si les gens autour de la table ne mentent pas, ou carrément bordélique s'ils disent n'importe quoi ; l'équilibre à trouver entre chaos et contrôle est fragile, et demande donc un peu de tact de la part des joueurs. Mais qu'on ne s'y trompe pas, on s'amuse bien dans Crossfire, quoi qu'il soit moins profond que les ténors du genre, The Resistance et Secret Hitler en tête.
Sans réinventer les poncifs du genre, Crossfire tire décemment son épingle du jeu à rôles cachés. Étant donné qu'il se déroule en temps limité, les parties pourront être chaotiques et moins profondes que si vous êtes un habitué des classiques du genre, mais il parvient à trouver des solutions à des problèmes souvent évoqués (comment créer la conversation et le conflit initiaux, comment renouveler l'expérience, comment donner un peu d'info mais pas trop).
Le format, modeste en temps et en volume, excusera certains des menus défauts que l'on pourrait imputer à Crossfire, et on saluera tout particulièrement le mode éponyme – le mode avancé – qui est en fait LE mode pour lequel on sortira la boîte. Transportable, jouable un peu n'importe où et avec à peu près n'importe quel public, c'est là une tentative pour Plaid Hat Games de faire un jeu se voulant réinventer les Loups-Garous & co.
J'ai donc joué un nombre confondant de parties sans vraiment m'en rendre compte, et il me prend assez régulièrement l'envie de le ressortir : signe d'un jeu réussi ? Oui, clairement.
- Dense et frénétique
- Un univers graphique original
- Le mode de jeu avec le sniper
- Un peu volatile
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