Sukimono, tout pour le thé

Dans mon précédent article sur le Tokyo Game Market, je vous disais que je vous parlerai des jeux que j’avais ramené dans ma valise. Et bien on commence aujourd’hui. Le premier jeu dont je vais vous parler est Sukimono. Je vous ai déjà dit que ne parlant pas japonais, il avait été un peu difficile de savoir quoi choisir. C’est donc sur les conseils d’Izobretnik (le conseil d’ailleurs, et assez concis : « Prend celui là, il est bien ») que nous avons ramené Sukimono. Du coup, avant d’ouvrir la boîte, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Alors, ai-je eu raison de lui faire confiance ? Découvrons le tout de suite !

L’élégance est dans la sobriété

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La boite est jolie

 

Puisqu’on parle de la boîte (si si j’en parle deux phrases plus haut), commençons par elle. Tout d’abord elle est énorme… pour un jeu japonais. C’est la plus grosse parmi celle des autres jeux qu’on a ramené. En vrai elle est plutôt petite. Et très sobre, comme vous pouvez le voir. Je suppose que le nom du jeu est écrit dessus, mais je n’en suis pas sûr. D’ailleurs, je ne savais même pas comme s’appelait le jeu en l’achetant. Bon, en tout cas, moi ça me donne envie de l’ouvrir. Et quand on l’ouvre, qu’y trouve t-on?

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Les régions du Japon, joliment illustrées

Tout d’abord un chouette plateau de jeu, mais dont le rôle est encore un peu flou. Ensuite, des cartes, représentant différents ustensiles pour le thé. Les illustrations sont assez jolies, les cartes ont deux dos possibles : rouge uni ou avec un nombre.
Il y a également 8 cartes représentant des régions du Japon. Enfin, le dernier élément de matos, et qui est pour moi le vrai plus à ce niveau là, est constitué de petites tuiles représentant la monnaie de la fin de l’époque Edo, à savoir les ryos, qui ont une forme très particulière.
La finition sur les tuiles est assez sympa, leur donnant une texture toute douce très agréable à manipuler. Il y a également des tuiles numérotées de 1 à 6, avec la même finition.

Au cas où ça ne serait pas clair à la lecture du paragraphe précédent, le matériel m’enthousiasme pas mal. Bon, voyons maintenant à quoi il sert.

Même avant, c’était dur le métier de commercial

Un petit mot sur le thème d’abord : les joueurs incarnent des serviteurs d’un marchand d’ustensiles à thé. Il vous envoie à travers le japon pour lui ramener des objets qu’il se chargera de revendre. Bon, voilà pour le thème, vous pouvez l’oublier maintenant. Regardons comment on joue.

Le but du jeu est d’être le plus riche à la fin de la partie, sachant que celle-ci survient dès qu’un joueur obtient 50 ryos à la fin du tour.

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Des sous, des sous, plein de sous.

Bon, au début de la partie, les cartes avec un nombre au dos sont réparties en 8 tas, à peu près égaux. On pose une carte représentant une région du Japon sur chaque tas, ce qui permettra de les différencier. Les joueurs vont alors chacun choisir un tas, ce sera la région qu’ils vont explorer à la recherche d’ustensiles à thé ce tour ci.

Quand tout le monde est prêt, au top départ les joueurs parcourent frénétiquement le tas qu’ils ont choisis pour trouver des cartes intéressantes. Ils mettent de côtés celles qu’ils veulent garder. Dès qu’un joueur a terminé, il pourra prendre un jeton d’ordre de tour. Et on verra plus loin qu’il est très important de finir rapidement.

Une fois que les joueurs ont tous terminés, ils vont devoir payer pour les cartes qu’ils ont choisis. Vous avez devinez, c’est le chiffre au dos de la carte. Le petit piège, c’est qu’un même objet ne coûte pas toujours le même prix. Bon, là je donne mon seul carton rouge au jeu : nulle part dans la règle il n’est précisé ce qui se passe si un joueur n’a pas assez pour payer les cartes qu’il a choisi. Il faut donc penser à se mettre d’accord avec les joueurs sur comment on gère ce cas, qui arrive souvent lors du premier tour. On règle ce problème facilement en disant que dans ce cas là, le joueur fautif repose tout.

Enfin, les joueurs vont pouvoir revendre les cartes achetées, en fonction des jetons d’ordres de tour qu’ils ont récupéré. Et c’est là que le plateau central entre en jeu. Sur ce plateau sont placées des cartes (à fond rouge cette fois) représentant les objets recherchés par le maître des joueurs. Plusieurs niveaux existent, qui déterminent le prix auquel les joueurs vont revendre leurs objets.

Mais attention, à chaque fois qu’un joueur va revendre un objet, celui-ci va perdre de la valeur, voire sortir définitivement du plateau. Et c’est là qu’on comprend pourquoi il est important d’être le premier pour vendre. Une fois que tout le monde a vendu, on procède à la mise à jour du plateau, en le complétant, en enlevant une des cartes et en augmentant la valeur des cartes déjà présentes. Et on est reparti pour un tour, chaque joueur choisi un tas, etc. À noter qu’à chaque début de tour, les joueurs gagnent 5 ryos. On ne peut donc pas se trouver bloqué parce que l’on a tout dépensé sans réussir à vendre quoi que ce soit.

Au final, on s’amuse ?

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Quelques cartes

Vous avez compris (enfin j’espère, sinon je suis vraiment une quiche en explication) que Sukimono est un jeu simple, qui fait appel à de la rapidité et de l’observation, lors de la recherche des cartes. Mais il faudra aussi avoir un peu de mémoire : en effet, certaines cartes sont plus rares et valent dès le début un peu plus cher à la revente (et coûtent souvent plus cher à l’achat). Il peut donc être intéressant de se rappeler les avoir déjà vues dans un des tas de cartes pour y revenir si elles apparaissent sur le tableau central. Ce qui est « rigolo », c’est qu’on se rappelle souvent avoir vu une carte donnée, mais jamais dans quel tas.

Il est intéressant de noter que les illustrations sont assez bien faites pour que les objets, bien que différents, aient quand même tendance à se ressembler, ce qui peut facilement induire les joueurs en erreur. La difficulté vient par conséquent du fait qu’il faut être rapide dans ses choix, tout en évitant de se tromper sur les cartes qu’on a choisies. En effet, la partie est trop courte et les objets trop nombreux pour pouvoir compter sereinement sur le fait qu’un objet acheté par erreur pourra être revendu. Il faut également faire attention au coût auquel on achète les objets, parfois plus élevé que le prix de revente ! Il n’est pas rare qu’un joueur ne fasse pas attention aux prix des cartes qu’il achète et se retrouve à perdre de l’argent.

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le plateau du jeu

Il ne faut donc pas aller trop vite, mais pas traîner non plus, parce qu’évidement, si les autres joueurs vendent les mêmes objets que vous…

De plus, astucieusement, quand un objet atteint le prix de revente maximum, un seul exemplaire pourra être revendu avant que l’objet ne soit retiré du tableau définitivement. On peut donc encore une fois se retrouver le bec dans l’eau si on se fait doubler. On va donc voir un peu de prise de risque aussi.

Je dis donc merci à Izobretnik pour m’avoir conseillé ce jeu et merci à Stéphane Athimon pour avoir réalisé la traduction des règles. Il s’agit d’un petit jeu d’apéro très agréable et que je trouve très joli. Je suis de plus très sensible aux jeux qui vont un peu plus loin que juste une mécanique, et qui me font voyager. Avec Sukimono, on met un petit pied dans la culture japonaise. Et si vous ne me croyez pas, allez jeter un oeil sur boardgamegeek, vous trouverez une description de toutes les objets du jeu, qui ont tous vraiment existés. Merci encore Monsieur Athimon pour cette traduction!

Bon malheureusement, je n’ai pas la moindre idée d’où trouver le jeu en France mais je suppose que les boutiques habituées à l’import de petites perles rares pourraient le proposer. Si vous êtes sur Lyon, je pourrais vous le prêter ou le faire découvrir à la Triche [NDLR : Moi je m’en fous, je triche, le bar-associatif]. Sinon, si vous êtes éditeurs, penchez vous sur ce jeu !

 

  • Sukimono est un jeu de rapidité, d’observation, de mémoire et de prise de risque
  • Le matériel est très agréable à manipuler
  • Des parties de 15-20 minutes
  • Un moyen de découvrir un aspect de la culture japonaise intéressant

 

 

 > La fiche du jeu

Un jeu de Masao Suganuma
Illustré par Noboru Hotta et Hideaki Takamura
Edité par Grounding & Japon Brand
Pays d’origine : Japon
Langue et traductions : Anglais, Japonais, Allemand, Français
Date de sortie : 2013
De 2 à 6 joueurs
Prix boutique constaté : 20¥

 

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3 Commentaires

  1. Shanouillette 29/04/2015
    Répondre

    je me joins à toi : merci à Izobretnik de t’avoir fait découvrir ce jeu ! bel article ! C’est sur le thé, ça me parle.. 🙂

  2. Izobretenik 30/04/2015
    Répondre

    Oui, très bon article sur Sukimono ! Je ne me souvenais pas que mon conseil était aussi court mais je vois qu’il n’ y avait pas besoin de te faire l’article pour te convaincre ! 😀

    A noter qu’il s’agit de la deuxième édition de Sukimono. Le jeu, après avoir été présenté à Essen par Japon Brand, est tombé en rupture et est resté introuvable pendant de très longs mois. Tout le monde pensait d’ailleurs que G-Rounding ne le rééditerait pas. L’année dernière, cette deuxième édition est sortie.

    C’est l’un des jeux que nous préférons dans notre ludothèque nippone. Les règles sont simples, le jeu joli et le thème invite effectivement au voyage. Dommage qu’aucun éditeur ne se soit penché dessus. Je suppose que le thème est un frein.

    Dans tous les cas, content que le jeu vous plaise ! Et au plaisir de vous revoir à Tokyo ou ailleurs !

     

    • fouilloux 30/04/2015
      Répondre

      Héhé, c’était juste avant qu’on parte, tu n’avais pas franchement le temps. Et puis ton conseil était appuyé par Manu alors pourquoi hésiter?

      Ah, si on pouvait retourner à Tokyo…

      Au fait, tu joue comment toi le cas où un joueur a pris plus de cartes qu’il ne pouvait en acheter?

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