Starship captains – Live long and prosper

« Monsieur Spock, activez les réacteurs, s’il vous plaît, l’aventure nous attend ». C’est exactement la proposition que nous amène Starship Captains.

Faisant partie des jeux de gestion qui ont bien buzzé lors du salon Essen 2022, il arrive sous la bannière Iello pour Cannes 2023, le temps d’un saut dans l’hyperespace.

 

Edité par Czech Games Edition et créé par Peter B. Hoffgaard, Starship Captains est un jeu de gestion d’ouvriers … disons plutôt gestion d’équipage, où vous allez naviguer dans un secteur de la galaxie en assignant des tâches aux membres de votre équipe. L’objectif final, même si on peut le résumer basiquement à faire des points de victoire, est de réussir des contrats pour le bien et la prospérité de la fédération  coopération, république fédérale interplanétaire locale.

 

Vous prenez le commandement d’un vaisseau spatial (aux formes étrangement proches d’un USS Enterprise) pour naviguer dans l’univers, réaliser des missions, combattre des pirates, le tout avec l’aide précieuse de votre équipage, ensemble hétéroclite d’hommes, femmes et aliens. Le job classique d’un talentueux capitaine de navire, en somme.

Votre vaisseau, en plus d’être un pion sur le plateau central, sera votre plateau joueur. On y gérera les marchandises acquises, les dommages reçus lors des combats contre les truands de l’espace, ainsi que les technologies construites. Mais surtout, on y retrouvera tout votre équipage, positionné soit dans la salle de commande en l’attente de vos ordres, soit dans la file d’attente après l’exécution d’une tâche, où il sera au repos jusqu’à une prochaine manche.

 

Un tour est donc simple, on prend un membre d’équipage disponible (ou plusieurs pour les contrats), il fait son action et va rejoindre la file d’attente. Une fois que tout le monde a utilisé toutes ces actions, la manche prend fin et nos petites figurines avancent dans la file tel un actionloop, jusqu’à ce qu’il en reste trois.

 

Mon beau vaisseau, roi des vaisseaux...L’équipage justement. Ils vous permettront de réaliser des actions selon leur compétence, qui correspond à leur couleur. Les jaunes seront dédiés à l’attaque contre les pirates qui parsèment le plateau, les rouges au déplacement entre les planètes, et les bleus à l’acquisition de nouvelles technologies pour votre vaisseau. Les gris sont les enseignes qui ne savent pas bien quoi faire de leur dix doigts à part réparer le vaisseau des dommages subis, mais ils pourront évoluer vers une des spécialités.

C’est en effet très simple de changer la couleur d’un membre d’équipe. Il suffit d’utiliser une médaille (qu’on obtient de multiples façons) et hop, on change de job. Si seulement c’était si facile dans la vraie vie ! Trois médailles permettent même de passer une figurine capitaine, ce qui la rend encore plus efficace dans les actions qu’il mène (en général, doubler le gain).

 

Notre fier vaisseau va ainsi se promener de planètes en planètes pour y réussir les contrats proposés, source importante de points en fin de partie. C’est extrêmement simple de réussir un contrat, il suffit d’y affecter n’importe quels membres d’équipage pour le revendiquer (ou éventuellement avec des droïdes acquis de-ci de-là). Mais si on utilise les figurines des couleurs attendues par le contrat, on gagne de juteux bonus sur lesquels on aurait tort de faire l’impasse. Marchandises, médailles, déplacements gratuits… Cela sera aussi le moyen le plus efficace de progresser sur trois pistes de factions, octroyant d’autres bonus et points de victoire finaux.

 

Les technologies obtenues permettent, elles, d’avoir de nouvelles actions activables, ou un pouvoir passif généralement intéressant (réduire le nombre de médailles requises pour une promotion, par exemple). Les acheter n’a pas de coût, juste utiliser une figurine spécialisée bleue. Et placer une technologie sur son vaisseau permet aussi de débloquer un bonus si on réussit à faire coïncider deux symboles, c’est souvent à ne pas négliger.

Mais tout cela ne se fait pas sans dommages. Contrats et pirates pourront endommager la soute de votre vaisseau et bloquer le stockage de vos marchandises. Il faudra alors penser à réparer pour ne pas avoir une épave interstellaire, incapable de charger la moindre marchandise. En plus, c’est pénalisant sur le score final.

 

 

Après avoir bien écumé le système planétaire du jeu, apporté la bonne parole de la fédéra..euh.. coopération aux espèces aliens, et dégommé quelques pirates, vous pourrez déterminer le Starship Captain le plus talentueux, en fonction essentiellement des contrats et des pistes de factions. So say we all (ah, non, ça, ce n’est pas dans Star Trek…).

 

Espace, frontière de l’infini

L’univers bande dessinée et décalé dans lequel nous emmène Starship Captains est la première chose qui m’a frappé. Si on prend un peu de recul, on pourrait se dire que n’importe quel thème pourrait prendre la place de ce Star Trek qui ne dit pas son nom. On aurait pu faire des commandes de denrées diverses sur des villes du Moyen-âge (thème sur-utilisé dans les jeux de placement d’ouvriers).

Mais, bien au contraire, CGE réussit brillamment à intégrer le thème SF humoristique au jeu.

Les noms des technologies, le design des vaisseaux, les illustrations des missions. Tout est fait pour qu’on se sente dans ce petit coin d’espace, imaginant nos moteurs à distorsion à l’œuvre. On y retrouve presque une similitude avec Galaxy trucker (du même éditeur), mais le thème est assurément porté sur Star Trek, avec une multitude de références incrustées à tous les endroits du jeu : la forme des vaisseaux proche des iconiques USS Enterprise, le code vestimentaire kitch et coloré de l’équipage , différents nommages, et même certains contrats dont les aficionados retrouveront la référence avec certains épisodes de cette série culte. Pourtant, Star Trek n’est jamais nommé, alors que c’est une adaptation libre grandement réussie.

L’univers dans lequel nous plonge starship Captains nous raconte une histoire, et j’ai presque un petit désappointement qu’on ne nous emmène pas plus loin que le jeu.

La mécanique roule comme un moteur à fusion. Les actions de base, qui seront les plus utilisées sont d’une fluidité détonante, et évidente sur le plateau. Tout est simple dans Starship Captains. Tout a été pensé pour qu’on ne soit pas bloqué. On a besoin d’un membre d’équipage rouge ? On utilise une médaille. On veut faire un contrat mais on n’a pas les bons membres d’équipage ? Ce n’est pas grave, on peut le faire avec n’importe quelle autre figurine, on n’aura juste pas les bonus. Acquérir une technologie ? Il suffit d’un membre d’équipage bleu, ces dernières n’ont pas de coût.

Mais que les actions soient simples ne veut pas dire que le jeu est simpliste, et qu’il ne faut pas un minimum préparer nos coups. Plus que dans l’optimisation de ressources, Starship Captains met en avant l’ordre d’activation de notre équipage. En effet, Il faut bien ordonner les actions pour maximiser les exécutions de contrats, profiter des bonus au bon moment, ou ne pas se faire prendre un pirate par un autre joueur.

On cherchera à maximiser les bonus présents sur presque toutes les actions, car ils seront la clé de la victoire.

On ne perd pas de temps dans Starship Captains. Dès la première manche, on est au cœur de l’action et des contrats peuvent être directement réalisés. On pourrait penser que le jeu ne va pas beaucoup monter en puissance, car vous n’aurez en plus que deux membres d’équipage supplémentaires (éventuellement un troisième si vous progressez bien sur une piste de faction), et vous n’aurez jamais assez de membres d’équipage pour tout faire. Mais il existe de multiples moyens de gagner des actions supplémentaires, que cela soit via certains bonus de contrats, les droïdes, les liaisons des technologies ou les duos de marchandises de même couleur.

 

Pourtant, Starship Captains est presque trop court, pour les quatre manches qu’il propose. Les parties sont rapides et dynamiques (il faut compter une petite heure) dans un plateau en renouvellement de contrats incessant, mais on aimerait presque un tour de plus pour mieux en profiter. On pourra aussi lui reprocher une rejouabilité limitée car les contrats finissent par se ressembler, l’avancement sur les trois pistes est assez similaire, et une interaction assez faible.

Il faut positionner ce jeu dans son créneau : un jeu d’optimisation sans trop de prise de tête. Mais je dois avouer que je ne serai pas contre une petite extension apportant un peu de variété au jeu, sans pour autant le complexifier.

 

Comme de nombreux jeux maintenant, un mode solo est proposé, sous forme d’un joueur contrôlé par le jeu : Captaine ténèbre dont les actions sont dictées par un set de cartes. Le but ici est d’obtenir le score le plus haut. Ce mode est assez réussi, sans lourdeur, même si il n’apporte pas grand-chose au jeu (à part celui de pouvoir jouer tout seul). On y retrouve les sensations d’une partie, au moins sur la mécanique.

Starship Captains est assurément un de mes coups de cœur de ce premier semestre 2023. Accessible, sans lourdeur, décalé, il se place à la porte d’entrée des eurogames, avec un système de roulement d’ouvriers d’équipage sympathique. Le travail d’édition donne toute son âme au jeu, sur une fluidité mécanique qui secoue quand même les neurones, sans qu’ils aient le temps de surchauffer. Si Monsieur Spock jouait au jeu, il aurait peut-être pu dire : « fascinant ! ».

 

Petit plus que j’ai particulièrement apprécié : une page du livret de règle vous propose un journal de bord, c’est-à dire une liste de petites phrases humoristiques en fonction du score obtenu. Exemple, à 28 points, nous avons « Alors que vous commenciez votre approche de la station mère, une version future de votre vaisseau désactive son camouflage et détruit votre vaisseau actuel. Vous êtes sûr que vous aviez/aurez une bonne raison ». Cela ne rajoute rien au gameplay, mais cela fait toujours sourire en fin de partie. 

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2 Commentaires

  1. frédéric ochsenbein 23/05/2023
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    Du fun du fun et encore du fun. J’adore ce jeu. Simple à prendre en main, il offre quand même des choix intéressants mais vaut surtout pour son ambiance. D’ailleurs quand on lit le livret de règle avec ses ajouts humoristiques on sent qu’ils ont du bien rigoler aussi à créer le jeu ^^.

  2. Fabien 26/05/2023
    Répondre

    tres bon jeu familial j’avoue.

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