Star Wars Bordure Extérieure : Hors-la-loi, mais pas hors-la-gloire !

Dans l’espace, on ne vous entendra pas crier… Ah, non, je me trompe de film. Dans Star Wars : Bordure extérieure, les joueurs incarnent des mercenaires aux prises avec les vils… les vils mercenaires en fait. Dans Bordure Extérieure, pas d’amour, pas de beauté : on cherche la gloire et puis c’est tout. Dix points de gloire pour l’emporter ! Et, aux manettes, on trouve Sire Coniezska. Monsieur Battlestar Galactica. Le tout en un jeu de course aux points de victoire sur lequel on pourrait appliquer l’étiquette bankable mais inexacte de « jeu bac à sable », à l’instar d’un Western Legends. En tous les cas, il s’agit bel et bien d’un titre où les joueurs pourront exprimer leurs envies et leur personnalité : marchands ou salauds, opportunistes ou partisans, le tout en grattouillant bien correctement la fibre Star Wars.

 

Il faut bien commencer

Avec votre personnage de départ, vous avez déjà une quête vous permettant de débuter quelque part : peut-être un colis illégal à livrer, peut-être une prime quelconque ou une vengeance personnelle… et le moins que l’on puisse dire, c’est que Bordure Extérieure cherche à tout prix à vous intégrer à son petit monde en vous donnant une réputation avec l’Empire, les Hutts, le Syndicat ou encore la Rébellion. Des patrouilles des factions sus-citées se baladent et pourront vous arrêter et redresser les torts, ou, si vous avez le bonheur de vous rendre sur une planète contrôlée par une faction amie, pourrez avoir des facilités.

 

La séquence de jeu est triple : d’abord, vous avez une phase de planification, qui vous permet soit de vous soigner, soit de gagner un minuscule pécule, soit de vous déplacer. Et si l’on choisira très souvent cette dernière option, aucune n’est à négliger. Ensuite vient une phase d’action, surtout si l’on atterrit sur une planète. On pourra l’explorer et acheter un équipement, puis procéder à la phase de rencontre, où l’on dévoilera une des personnalités cachées pour interagir avec, ou alors on piochera une carte correspondant à notre planète, sachant que chaque planète a ses marottes (allant de l’amélioration de vaisseau à la contrebande, en passant par l’affrontement entre joueurs, plus rare).

Et tout ceci jusqu’à la fin de la partie.

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Des têtes connues (ou pas) dans les jetons de PNJ.

 

Décortiquons un peu ce système : les cartes à acheter sont nombreuses (rien de moins que 6 tas), et forment toujours une offre homogène dans son hétérogénéité – et dans tous les cas, on peut faire dégager une carte d’un paquet pour en révéler une autre. Parmi ces achats, on dénombre surtout des équipements pour notre mercenaire, des modules pour notre vaisseau, des cargaisons à livrer… ou des missions à exécuter.
Ces missions font intervenir des compétences diverses et variées que l’on a et obtient grâce à notre mercenaire, et aux membres d’équipage recrutés par la suite. Vous pourrez jouer le gagne-petit ou, au contraire, tenter le jackpot, gagnant gloire et caillasse – crédits, pardon – à l’occasion.
Et puis, les vaisseaux. Lorsque vous achetez un nouveau rafiot, il s’agit tout bonnement d’un modèle de base, mais baroudez un peu et accomplissez un objectif annexe avec, et paf, il prend en poids. Vous vous retrouverez peut-être ainsi avec le Faucon Millenium… gagnant en avantages, mais encore une fois, en gloire aussi.

Et lorsque vous rencontrez une personnalité que vous pouvez recruter… il pourrait fort bien s’agir d’un malandrin sur lequel vous avez une prime. Si vous préférez livrer mort ou vif, vous avez l’option : combattre directement, ou vous acoquiner avec l’individu primé, profiter de ses compétences, puis le trahir par la suite.

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C’est grand c’est beau, ce plateau de jeu !

 

Naboo Express

On se sent inondé de possibilités dans cette Bordure extérieure qui fourmille de choses à faire : heureusement que le vaisseau de départ est lent et les moyens de notre mercenaire, limités, sans quoi on aurait un peu trop réfléchi et analysé le plateau au départ.
Et pourtant, une connaissance du jeu se tisse peu à peu : on apprivoise les paquets d’achat, de rencontres, on dévoile peu à peu les personnalités posées sur les planètes, on apprend leurs travers et leurs faiblesses, on s’arme et on s’équipe pour mieux affronter les dangers de l’espace, on louvoie en espaces troubles pour éviter que les patrouilles ne nous attrapent, pour venir les embusquer quand elles s’y attendent le moins et rafler la gloire associée.

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Un plateau joueur débutant : un vaisseau de départ, une carte perso avec la mission associée, les trackers gloire & réputation.

 

 

En même temps, la partie peut sembler mollassonne au début avant d’enfler en proportion, et de voir des derniers tours déments à trois points de gloire. On reprochera peut-être à Corey Konieczka d’avoir délayé la sauce avec ce début faible et longuet, car Bordure Extérieure se joue tout de même en deux-trois heures, mais cela permet aussi de donner une certaine mesure à l’aventure : on se sent satisfait de la progression entre le début et la fin de partie.

La grande surprise de Bordure Extérieure vient du paquet Base de Données : un paquet de cartes contenant beaucoup – beaucoup – de cartes introduisant des personnages, missions, déroulés d’événement. Ce paquet est une véritable boîte noire narrative à l’intérieur de laquelle le joueur n’est invité qu’à picorer à l’occasion d’une rencontre, mais délivre une véritable sensation d’appartenance à un univers.

Au rang des inconforts – notoires et notables –, le rangement de la boîte m’aura fait rager : j’ai beau ne pas être partisan du thermoformage à outrance, le manque de sachets de rangement ou d’espace pour stocker le matériel heurte véritablement l’expérience de jeu. Là où d’autres éditeurs rivalisent d’efforts pour livrer un produit pratique d’utilisation, FFG fait le minimum. Est-ce le prix de la licence, les multiples illustrations sur les cartes (toutes uniques, signalons-le) ? Bref, qu’on élargisse un peu cette gouttière, qu’on rajoute deux ziplocks et je serai comblé.

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Plateau de faction de fin de partie. Inflation de moyens. Come at me!

 

Outer Rim or not

Offrant une grande liberté aux joueurs, Bordure Extérieure n’en est pas moins un énorme jeu de livraison glorifié : qu’on emporte des marchandises ou que l’on s’occupe en allant débusquer et livrer les plus vils faquins des Mandaloriens, on va surtout naviguer ça et là en optimisant son trajet. Est-ce rédhibitoire pour autant ? Pas pour moi, qui pourtant ne suis pas un fondu de l’univers (étendu) de Star Wars. Au contraire, j’ai trouvé la balade fort plaisante, malgré ses caprices : reposant beaucoup sur les dés, les missions peuvent s’avérer frustrantes ; l’installation se fait laborieuse, car beaucoup d’éléments et beaucoup de types de cartes sont à utiliser ; parfois l’aléa du placement raccourcit et trivialise un contrat ; enfin les mécanismes manquent parfois (souvent) d’élégance et demandent des retours aux règles (touffues).
Inscrit autant dans les pas des jeux d’aventure à la Western Legends que dans son univers propre, Bordure Extérieure brille donc de par une narration forte et réussie, qui prouve que FFG sait s’y prendre quand il s’agit de raconter une histoire ludique (j’avais déjà beaucoup aimé le Horreur à Arkham 3e édition de Nikki Valens).

 

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2 Commentaires

  1. TSR 15/11/2019
    Répondre

    Merci pour l’article !

    j’ai vraiment besoin de comparer ce jeu à Xia (dont il semble… inspiré) avant de voir si je craque ou pas.

     

    TSR

  2. Pizzi 19/11/2019
    Répondre

    Je rejoins cet analyse, il y a une vrai immersion dans l’univers. L’immersion confirmée en solo mais en multi. aussi car la possibilité d’échanger ou monétiser certaines actions auprès des autres joueurs apportent vraiment un côté vivant. A chacun de tomber d’accord (ou pas 🙂 ) pour faire ces petits arrangements  (« tu me livres machins que tu as en équipiers et je te donne la moitié de la prime etc… »)

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