Rising 5 – 5 bonnes raisons de sauver la galaxie

Rising 5, de Gary Kim et Evan Song, illustré par Vincent Dutrait, envoie de 1 à 5 joueurs sur la planète Astéros pour sceller un portail retenant d’indicibles horreurs depuis des millénaires. Le Portail faiblit et des forces obscures sont décidées à précipiter les sombres événements qui s’annoncent…

Précision : J’ai joué avec la version boutique. La version Kickstarter propose beaucoup de contenus supplémentaires. Si vous êtes fan, surveillez le marché de l’occasion, mais c’est pas un jeu qui est souvent proposé. C’est d’ailleurs plutôt bon signe.

Le futur au passé

Dans ce jeu les joueurs vont devoir coopérer pour retrouver la bonne combinaison de Runes en activant à tour de rôle un des cinq agents du Rising 5. Ils pourront bénéficier de l’aide de compagnons d’aventure rencontrés en chemin ou devront affronter des monstres et leurs Seigneurs. D’anciens Artefacts et autres Reliques bien cachées leur permettront de retourner les situations les plus difficiles à leur avantage. Le tout se pratique avec une application (ou un maître du jeu) qui seule connait la réponse de la bonne combinaison. 

Si vous avez (repéré et) apprécié la palette de Vincent Dutrait, un article de Shanouillette vous en dit plus sur son travail d’illustrateur sur Rising 5. Comme c’est ce qui attire l’œil en premier et que le monsieur est plutôt doué dans son domaine, on peut s’attarder un peu sur le sujet.

Si je parle de « futur au passé », c’est pour deux raisons.

► La première c’est pour les nombreuses inspirations conscientes ou inconscientes dans les dessins.

À l’époque, certaines m’ont sauté aux yeux, d’autres m’ont demandé une petite recherche. Mais ça fourmille de clins d’œils. Et le fait que Vincent Dutrait ait à peu de choses près mon âge n’est pas pour rien dans ces bouffées de nostalgie.

 

 

Pour HAL le robot, on pense évidemment à HAL 9000 dans 2001 l’Odyssée de l’espace. Un clin d’oeil à IBM quand on décale les lettres d’un rang vers la droite dans l’alphabet. J’étais certain d’en avoir croisé un sosie dans Les maîtres du temps de René Laloux, dessiné par Moëbius en 1982. Et finalement non. On reste encore dans le cinéma avec le dos du livret de règles qui offre une composition très proche des Star Wars avec des personnages au premier plan devant un profil en gros plan. On retrouve d’ailleurs cette composition dans Ready Player One sorti très récemment. Et beaucoup d’autres affiches comme celles de Star Wars.

 

affiches

 

On ne peut pas passer à côté du ver des sables emblématique de Dune par Frank Herbert. Et d’autres subtilités sur les cartes…

Évidemment, ce que je propose est probablement très subjectif. Et de son côté, Vincent Dutrait avoue une partie consciente de son travail sur ce jeu, mais consent une partie inconsciente devant le nombre d’interprétations qu’on lui a soumis. Quoi qu’il en soit, si on a 40 ans ça parle, ça évoque, ça suggère.

 

► La deuxième raison réside dans l’inspiration ludique. C’est une revisite complète du Mastermind.

Niveau matériel on est clairement en 2016 déjà.

Niveau matériel on est clairement en 2016 déjà.

Une version légo parce que c'est rigolo.

Une version légo de l’ancêtre, parce que c’est rigolo.

 

Évidemment ça n’a plus rien à voir. On est en 2016 quand Rising 5 sort et, déjà, le jeu propose une application qui jouera le rôle ingrat du gardien des Runes. Application qui fonctionne plutôt bien à condition d’avoir un bon éclairage. La reconnaissance automatique des symboles déconne un peu si l’environnement est trop sombre. Dans ce cas on peut passer en commandes manuelles.

Autant c’était amusant en 1972 quand sort le jeu d’origine, surtout que les parties étaient courtes, autant c’est un peu embêtant de jouer ce rôle dans Rising 5. Certains amis joueurs m’ont dit être un peu refroidis par les « jeux à appli », mais pour le coup, dans ce titre-ci, c’est un véritable plus. Surtout en solo d’ailleurs.

 

En route pour l’Aventure

Le principe du jeu est donc assez simple sur le fond. Il faut retrouver la bonne combinaison de Runes. Le jeu en propose 7 et il faudra trouver les 4 qui font partie de la combinaison et surtout les mettre à la bonne place. L’application nous indiquera par un jeu d’icônes si notre combinaison comporte une ou plusieurs Runes à la bonne place, si elles font partie de la combinaison mais mal placées ou si elles n’en font pas partie.

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L’idée c’est qu’on ne va pas pouvoir passer notre temps à soumettre des combinaisons comme dans le Mastermind d’origine. Il y a une couche narrative par dessus. Il faudra à chaque fois réunir un cube sur chacun des quatre Autels. Après chaque soumission de combinaisons, ces cubes repartent dans la nature et on doit remettre la main dessus.

Évidemment, en route, on va taper aux portes d’Astéros (la planète sur laquelle se déroule l’aventure). On tombera parfois sur des compagnons bienveillants qui nous apporteront leur aide et parfois ce seront des monstres. Voire un Seigneur. Mais qui dit Seigneur, dit récompense ! Alors n’ayez pas peur d’aller les affronter.

À son tour un joueur peut diriger un des cinq agents du Rising 5 (c’est le nom de l’équipe) et faire autant d’actions qu’il a de cartes à son effigie en main.

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Chacun des personnages a un pouvoir qui lui est propre. Que ce soit pour se battre, opérer sur les Runes, etc. Un peu comme dans un Pandemic si ce n’est que chaque personnage est jouable par tous. D’ailleurs, un peu comme dans un Pandemic, on se bat contre le temps. Dans Rising 5, c’est matérialisé par les Éclipses.

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Sur la droite du plateau, un marqueur monte et descend selon l’apparition de certains icônes en jeu. D’autant plus fort vers le bas qu’on a laissé des monstres sur la plateau. Encore plus fort si il y a parmi eux des Seigneurs. Si le marqueur atteint le bas de l’échelle, la partie est perdue. L’éclipse annonce l’ouverture du portail par les forces du mal. Terminé.

On a plutôt intérêt à aller taper du monstre pour les récompenses mais donc aussi pour éviter de tomber trop bas sur cette échelle.

 

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Mieux vaut jouer HAL.

 

À chaque tour, on pioche au moins une carte, on peut même refaire sa main à 5 (ou 6 selon nombre de joueurs). Piocher c’est bien, ça permet de faire potentiellement plein d’actions avec un personnage le tour suivant. Mais si on vide la pioche la partie est aussi perdue ! Et pour ajouter aux ennuis, au milieu des cartes qu’on pioche, on tombera de temps en temps sur une carte Lune Rouge qui déclenche des choses pas très sympa. Qui a dit épidémie ?

 

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Le dos des cartes Personnages…

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… qui cachent des cartes Lune Rouge

 

Coopère hâtif

Un peu pressés par le temps, chacun devra décider à son tour quoi faire, en fonction de ses cartes, parfois par nécessité malgré peu de cartes. Heureusement on peut compter sur les copains. Pour les déplacements (pour une action, sans notion de distance) on peut compter sur EHKO qui peut déplacer les autres personnages pendant son tour, soit pour préparer un personnage pour un autre joueur à son tour, soit pour l’amener sur la même zone de jeu. Car en combat, les Rising 5 se serrent le coudes.

Attention, allergiques au hasard, sachez que les combats sont gérés avec un dé. Sachez aussi qu’il y a une face Fumble (échec critique). Mis à part ça on peut mettre toutes les chances de notre côté en augmentant notre force de +1 pour le tour si on est au moins deux dans la zone, et +1 par carte à l’effigie de notre personnage que les autres joueurs défaussent. On peut largement préparer nos coups, même les plus difficiles. Mais il y aura toujours le couperet de cette maudite face « échec critique ». Et le fait d’avoir gaspillé une carte pour un combat au lieu de faire une action plus tard… pendant ce temps, la pioche se vide.

On peut malgré tout compter sur de puissants objets (Artefacts, Reliques) mais pas faciles à obtenir et surtout à usage unique. Chacun des joueurs peut l’utiliser avec n’importe quel personnage, il n’est pas équipé sur l’un d’eux en particulier. C’est la seule souplesse offerte et c’est pas du luxe. Se déplacer pour se donner des objets aurait été un peu rébarbatif.

 

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Tous pour un

La cible du jeu est clairement familiale. Quand on pense coopératif, on a souvent en tête Pandémie et ses personnages aux pouvoirs spécifiques. Ici chaque joueur peut diriger le personnage de son choix parmi les cinq de Rising 5 pourvu qu’il ai au moins une carte correspondant. On peut craindre une certaine confusion pour des joueurs qui débuteraient mais dans la pratique, ça fonctionne assez bien. À mon tour, je suis limité par mes cartes en main (5 ou 6 max selon le nombre de joueurs). Ce qui fait que je serais plutôt orienté vers le personnage dont j’ai le plus de cartes en main. Ça me permettra généralement d’augmenter le potentiel de l’action. Rien n’empêche, par contre, de jouer un autre personnage de ma main pour moins de cartes. Et de toute façon, je ne peux pas incarner un personnage pour lequel je ne peux défausser aucune carte.

 

Tension

Rising 5 offre un bonne tension dès la première partie. Rien de pire qu’un coopératif sans challenge. Si, en fait : Un coopératif injouable.

J’ai joué la première partie à deux en mode facile et une autre tout seul en mode difficile. Comme très souvent en solo, c’est sympa mais… c’est tellement mieux de partager une aventure à deux ou plus ! Ça reste plaisant, tout de même. J’essaye toujours au moins une fois tout seul quand un mode solo est proposé, ne serait-ce que pour se faire la main.

Jusqu’ici c’est donc un très bon jeu coopératif, très plaisant à partir de deux joueurs. Au-delà, ce sera plus bruyant / rigolo / difficile. Question de goût.

Petit à petit on finit par mieux maîtriser le rythme. On connaît mieux les cartes. Le monde d’Astéros est découpé en trois régions chacune représentée par une pile (I, II, III). On finit par en connaître la composition par cœur et on sait un peu mieux où chercher telle ou telle carte Relique (obtenues en gagnant un combat contre un seigneur, toujours lié à la même zone de jeu).

Il se peut donc qu’au début, surtout si vous n’êtes pas habitué aux jeux coopératifs, vous vous fassiez rouler dessus par le jeu. Même en mode facile.

 

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A priori il ne se transforme pas. A priori…

 

Mais petit à petit vous finirez par le maîtriser. On peut alors augmenter graduellement la difficulté pour conserver le challenge intact. En mélangeant plus (5) ou moins (3) de cartes Lune Rouge et en les mélangeant complètement aléatoirement dans la pile de cartes Personnages. La règle est un peu floue sur ce point quand elle propose de répartir de manière équilibrée ces maudites cartes.

Un petit mot sur l’effet leader. Vous savez, cet effet qui vous donne envie de faire bouffer ses cartes au joueur qui explique à tout le monde ce qu’il doit faire dans les jeux coopératifs. Même quand il a raison, ça gâche vraiment le plaisir. Dans Rising 5, c’est un peu atténué par les possibilités d’actions liées aux cartes qu’on a en main. Si jamais ce type de comportement vous fatigue, avant de vous fâcher pour toujours avec le joueur-marionnettiste, vous pouvez cacher ce que vous avez en main pour faire comme vous l’entendez !

En tout cas, cet effet moins présent que dans d’autres coopératifs plus anciens. Les éditeurs font aujourd’hui plus attention à ce phénomène qui a tendance à être mal vécu.

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Un bon thermoformage pour les maniaques du rangement, ça fait plaisir.

 

Après les premières parties

On se pose souvent la question de la rejouabilité d’un jeu. Mon point extrême de rejouabilité – il y a longtemps que je ne l’ai pas casé, c’est l’occasion – est Race for the Galaxy. Il est loin d’être accessible mais pour le reste, les nombreuses combinaisons, l’ordre de tirage des cartes et la durée modérée à deux joueurs (ma configuration préférée, mais à 4 ça reste correct), on peut enchaîner une infinité de parties sans se lasser (si on n’est pas rebuté par le genre).

À l’autre bout du spectre, sans les mettre en opposition, Rising 5 est bien plus accessible. Étant un titre coopératif, on peut aider un joueur un peu perdu à se décider. La partie n’est pas très longue, même à cinq. Du point de vue du propriétaire de la boîte, il pourra la sortir relativement souvent à différents groupes de joueurs sans trop se soucier de savoir s’ils sont novices.

Par contre, pour une groupe de joueurs chevronnés qui aiment bien tout décortiquer, optimiser, déconstruire, un peu gamers, ce sera moins intéressant. On finit par connaître par cœur les lieux contenant tel ou tel boss et donc artefacts. Et on sortira du thème pour se battre contre le tirage plus que contre un ennemi démoniaque. Je le disais, ce type de public n’est clairement pas la cible.

Je ne serais pas étonné qu’une petite extension pointe un jour le bout de son nez pour approfondir le jeu, mais le jeu est resté assez discret. En tout cas, on serait content de pouvoir l’enrichir. 

 

Conclusion

Voici donc les 5 bonnes raisons de sauver la galaxie (et la dernière va t’étonner) :

  1. Tu es né dans les années 70 et tu vas tirer une larme devant les illustrations.
  2. Le coopératif ça fait pas revenir l’être aimé mais c’est rigolo. Et puis y a une vie après Pandemic.
  3. Y a pas que les jeux de gestion dans la vie mais regarde, y a de jolis cubes sur Astéros.
  4. Si tu aimes diriger les autres joueurs, tu vas t’amuser. Mais mâche bien avant d’avaler.
  5. C’est un très bon jeu, pas une simple déclinaison du Mastermind.

 

 

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4 Commentaires

  1. Mahg 01/08/2018
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    Il me donne très envie ton petit Mastermind dopé aux hormones. Je l’ai vu en occaz pas loin de chez moi, je crois que je vais me le prendre. Je sens poindre d’ici le jeu dont on se lasse assez vite, mais j’ai terriblement envie d’y jouer quand même :3

    Merci pour cet article!

  2. atom 09/05/2019
    Répondre

    j’ai profité des promos pour l’acheter. On en a fait deux parties avec mon fils. il a vite compris le principe de la déduction. Je pense qu’on s’en lassera vite, mais malgré tout il va tourner un peu. Par contre je ne regrette pas de ne pas avoir gardé mon pledge, ça m’aurait fait mal pour un jeu avec si peu de profondeur finalement. Ah oui ! Sauf erreur de ma part l’application n’est pas traduite. Et petit déception, pendant notre partie j’ai reçu une notification qui a fait planter le jeu et on n’a rien pu faire, on a du arrêter alors que l’on était au bout de celle-ci. Au moins dans Alchimiste on te donne un code pour retrouver ta partie en pareil cas.

  3. Mac 12/07/2019
    Répondre

    Bonjour, j’ai acheté le jeu récemment et j’ai pas bien compris les indices donnés par l’application….

    J’avais compris qu’on pouvait inverser des runes, mais impossible des les actualiser dans l’appli….ou alors je n’ai pas trouvé comment !

    Help….

    • Djinn42 12/07/2019
      Répondre

      L’échange de runes se fait sur le plateau, l’appli est simplement là pour tester les configurations qu’on lui soumet.

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