Il est parmi nous : Julien Nesme, dessinateur gamer
Nem, ou Julien Nesme de son vrai patronyme, vous commencez à le connaître puisque tous les 15 jours vous découvrez une de ses planches de BD « gamer » avec Joueurs : Ils sont parmi nous. Mais qui est-il ? D’où vient-il ? Comment travaille t-il ? Que pense t-il du monde du jeu ? Bref, on a eu envie d’en savoir un peu plus sur le monsieur !
Rencontre.
La question que tout le monde se pose : Quel joueur es-tu ?
Question difficile car j’ai le sentiment que ça change chaque mois ! À la base, je jouais surtout à des jeux de cartes (belote, tarot, et beaucoup de poker…) et à des classiques du jeu de société familial (7 Wonders, Catane, Dixit…). Mais depuis environ trois ou quatre ans je joue à tout ce que je peux trouver. Du party game le plus débile à des jeux de stratégie méga chiants captivants, tout y passe.
Néanmoins, deux choses sont pour moi de plus en plus importantes : j’aime les jeux où le thème n’est pas seulement un prétexte mais participe vraiment à la mécanique et à l’expérience ludique, et j’ai aussi tendance à privilégier les jeux où l’interaction entre joueurs ne se limite pas à relever la tête toutes les demi-heures pour voir la piste de score.
Le seul domaine (et pas des moindres) où j’ai absolument zéro expérience, ce sont les jeux de rôle. Ça m’attire pas trop mais qui sait, peut-être que dans 5 ans je ferai plus que ça.
Quand es-tu devenu dessinateur de bande dessinée ?
Avant d’être dessinateur, je suis avant tout un lecteur passionné de bande dessinée. J’en lis des tonnes depuis tout petit. À l’adolescence j’ai commencé à en dessiner moi-même pour faire marrer mes potes.
Puis, après le bac, j’ai voulu essayer d’en faire mon métier et j’ai intégré une école de dessin sur Lyon. Du coup, depuis 2008 je suis officiellement dessinateur de bande dessinée et de presse. Bon, faut pas se leurrer c’est pas évident d’en vivre (en tout cas pour ma part). Mais j’adore raconter mes petites histoires et je me sens pas prêt d’arrêter.
Quel fut ton parcours jusqu’ici ?
Mon parcours de dessinateur commence donc en 2008. Avec une bande d’amis on fonde les éditions Arbitraire à la sortie de l’école, articulées autour de la revue éponyme. Mine de rien, ça nous a tous pris pas mal de temps et d’énergie. Faut dire qu’à 14 (le nombre maximum qu’on ait atteint) la moindre décision à prendre devient un vrai casse-tête.
Parallèlement à ça, j’ai commencé à dessiner des pages pour un site de poker. Je pensais pas alors que ça allait durer aussi longtemps, mais aujourd’hui encore je publie plusieurs strips par mois.
À coté de ça j’ai participé à quelques revues et j’ai illustré un jeu de société avec mes potes d’Arbitraire. Ça s’appelle HandiDéfi pour ceux que ça intéressent. [NDLR : Il s’agit d’un jeu de plateau sur le thème du handicap ; HandiDéfi propose aux joueurs de plus de 8 ans de préparer un voyage pour aller observer les poissons des récifs coralliens].
Qu’avais-tu envie de nous dire à travers tes planches « Les joueurs : ils sont parmi nous » ?
Aïe ! J’avais pas encore vraiment réfléchi à ce que je voulais dire [rires]… Alors je crois que ce que je veux, c’est surtout montrer un peu qui sont ces «joueurs». Les profils sont très variés, du gros passionné qui joue à tout tout le temps, au joueur occasionnel qui va sortir son scrabble une fois tous les deux mois avec sa grand-mère…
Dans le fond je pense que tout le monde a une part de joueur, mais celle-ci est parfois refoulée par la peur d’être ridicule, de perdre ou pire encore, d’être pris pour un enfant.
J’aime aussi tout particulièrement montrer et grossir certains défauts inhérents aux joueurs et au monde du jeu. Je le fais parce que évidemment ça m’amuse, mais aussi parce que je trouve que c’est ça qui rend les gens atypiques et attachants.
Que penses-tu du paysage du web ludique ?
Je le trouve très vaste ! Beaucoup de passionnés partagent sur leur passion et c’est tant mieux car avec la profusion de jeux c’est dur d’y voir clair tout seul. Évidemment il y a des choses moins intéressantes que d’autres, mais personnellement quand je veux acheter un jeu j’adore lire le plus d’articles possibles. Donc je farfouille partout à la recherche de tests, avis, vidéos… En général je suis servi !
Je suis aussi très friand d’articles stratégiques qui pour le coup sont un peu plus rares sur la toile (faut dire que je suis habitué au poker où les sites de stratégie sont légions). Par exemple j’ai dû relire 30 fois la page Ludovox sur Tzol’kin de Grovast. Ça m’a permis d’enfin devenir « bon joueur » sur Board Game Arena [À lire : Tout savoir sur Board Game Arena] !
N’as-tu jamais eu envie de passer du côté édition du jeu de société ?
Non pas encore. Avec ma copine on réfléchit sur un projet commun de manière très sporadique. Peut-être que d’ici 2060 on aura terminé le proto et on a bon espoir de le sortir d’ici 2090.
Que penses-tu de la place de l’illustrateur dans le milieu du jeu aujourd’hui ?
N’étant pas moi-même illustrateur de jeu j’ai surtout un regard de joueur : Comme tout le monde je trouve que les jeux d’aujourd’hui sont de plus en plus réussis du point de vue graphique. Les illustrateurs m’ont l’air mieux considérés et mieux choisis. Les éditeurs sont obligés de soigner tous les aspects d’un jeu pour pas qu’il se noie dans la masse, et c’est tant mieux.
Après, je vais faire un peu mon difficile mais je trouve que parfois ça manque encore un peu d’une certaine originalité ou prise de risque. Je viens de la bande dessinée et c’est peu dire que certains auteurs ont des univers graphique très marqués. Je ne retrouve pas ça dans l’univers du jeu (en tout cas trop rarement à mon goût). Peut-être que je me fais des illusions et qu’un Colt express se doit d’avoir une charte graphique réaliste familiale s’il veut toucher sa cible. Mais perso ça me frustre un peu car les dessins m’ennuient alors que j’adore le jeu.
Je rêverais tellement de retrouver mes dessinateurs favoris dans l’univers ludique. Un Ludovic Debeurme pour la prochaine extension Dixit, un Charles Burns sur Time stories ou encore un Christophe Blain aux commandes du prochain 7 Wonders ! Mais bon tout ça sont surtout des fantasmes d’un passionné de bande dessinée.
As-tu un processus créatif particulier ? Une routine de travail peut-être ?
Alors j’ai plusieurs petits carnets dans lesquels je storyboard plein d’histoires plus ou moins longues. Ça me permet de garder une trace de tout, même de ce qui est à priori sans intérêt.
Puis quand je me suis arrêté sur une histoire je passe à la réalisation. J’ai changé assez récemment de technique. Pendant longtemps j’ai travaillé exclusivement au crayon, maintenant je fais tout directement sur Photoshop. Le rendu est sans doute plus froid mais ça me permet d’évoluer un peu. J’avais le sentiment de m’enfermer dans un dessin bancal et je n’aimais plus du tout ce que je faisais, là je recommence à prendre du plaisir à dessiner, ce qui est quand même assez important [sourire].
Je n’ai pas vraiment de routine si ce n’est que quand j’ai du temps pour dessiner (le matin ou le soir) je travaille dans un atelier que je partage avec d’autres amis dessinateurs. Ça me permet de bosser ailleurs que chez moi, car ça je n’y arrive pas du tout.
Retrouvez les planches de Nem Les Joueurs : Ils sont parmi nous tous les 15 jours sur Ludovox.
Déjà publiés :
- Dixit
- Comment éduquer vos enfants
- Le cas Love Letter
- TIME Stories
- Les Loups-garous de Thiercelieux
- Le collectionneur
- La règle
- Blood rage
- L’impatient
- Ces joueurs insupportables
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-Nem- 08/10/2016
Merci pour cet interview ludovox !!
Shanouillette 08/10/2016
Merci à toi ! !
atom 08/10/2016
On ne savait pas qui était derrière les pinceaux c’est fait, chouette portrait interview ^^
J’adore le dessin sur Agricola, tellement ça les jeux a l’allemande.
Grovast 08/10/2016
Je suis bien d’accord, il n’y a pas assez de guides stratégiques 🙂
En tous cas tu nous régales tous les 15 jours, honnêtement ça mériterait un album (si le public n’était pas si ciblé 🙂 )
J’ai lu/subit/vu de loin des BD « humoristiques » bien moins drôles.
Fredovox 24/10/2016
Merci c’est vraiment cool de te lire