Momiji : un joli jardin, des feuilles d’automne et des glands

Amoureux de l’émerveillement et des belles couleurs, Momiji est peut-être fait pour vous ! Il s’agit d’un jeu de collection de cartes dans lequel nous ordonnons les feuilles d’un même type dans l’ordre croissant. Bellement illustré par Apolline Étienne, ce jeu est la création de Dario Massarenti (primo-auteur) et de Francesco Testini (auteur de Murano Light Masters et Xi’an). Il est publié chez Deer Games et distribué par Sylex Édition, en France.

Le but de chaque joueur sera de constituer les piles de feuilles les plus conséquentes et les mieux ordonnées, d’accumuler le plus grand nombre de jetons Gland, et de remplir les objectifs de fin de partie activés durant le jeu.

Comme nous allons le voir, Momiji (érable du Japon en japonais) peut paraître simple, mais, dans la pratique, on se rend compte qu’il cache une certaine complexité.

 

Des règles feuillues

Si le principe du jeu est simple – il s’agit d’ordonner des feuilles en formant une pile par type différent -, on se rend compte assez vite que les règles de Momiji sont un peu comme un millefeuille : plus on l’explique, plus il y a des détails à expliquer. La lecture, la compréhension et l’explication des règles prennent plus de temps que ce à quoi l’on s’attend pour ce genre de jeu.

On joue donc tour à tour, en sens horaire, et chacun doit faire une action parmi trois : collecter des cartes Feuille du jardin (la rivière placée au milieu de la table), poser un tas de feuilles sur son jardin, acheter un jeton objectif et l’activer. Il faudra faire attention aux jetons qu’on active car, une fois activés, les objectifs peuvent être remplis par n’importe quel joueur.

 

Au début de chaque partie, on tire au hasard un nombre de jetons Objectif correspondant à la somme des joueurs + 2. Une fois un jeton activé, tout joueur pourra le remporter à la fin de la partie et gagner des points de victoire.

 

Deuxième subtilité : en fonction du type de feuilles, on peut en poser un nombre différent et on gagne ou non des jetons Gland (la monnaie du jeu). Il y a également des actions supplémentaires permettent de renouveler les cartes de la rivière, d’échanger deux cartes contre un jeton Gland ou d’activer des bonus « one-shot » (les cartes Paysage).

Bref, au fur et à mesure des explications, on découvre des détails qui risquent de dérouter les néophytes (voire les habitués, je vous promets !). À ce titre, une aide de jeu aurait peut-être été utile pour faciliter la prise en main et rendre plus fluide le déroulement des premières parties.  Cette Ludochrono pourrait vous aider à comprendre les règles.

 

Effeuiller l’érable

Une fois que le jeu est installé et que les règles sont à peu près comprises, le déroulement du jeu est assez rapide. Comme la rivière de cartes n’est renouvelée que quand elle est épuisée, on rajoutera assez régulièrement quatre cartes en échange d’un jeton Gland avant de collecter une pile de feuilles.

On est donc redevable du hasard de la pioche et de l’ordre du tour pour pouvoir continuer d’amasser des feuilles voire pour terminer un tas. Chaque tas sera composé de feuilles ayant une valeur de zéro à trois. Quand on ajoute une feuille, il faut que celle-ci ait la même valeur ou la valeur immédiatement supérieur à la feuille déjà posée. Ce qui veut dire que, pour poser votre 3 orange, il faudra d’abord poser le 2, sans quoi vous êtes coincés.

Or, ceci n’est pas anodin car, à la fin de la partie qui coïncide avec la fin de la pioche, on marquera nos points en multipliant le nombre de cartes de chaque tas par la valeur la plus haute. Vous le devinez peut-être : des cartes 0 et 1, on peut en ramasser à la pelle, par contre les 2 et 3 sont plus rares. Ne vous attendez donc pas à terminer tous vos tas à la fin de la partie.

Voici un aperçu d’un « jardin » de cartes assez fourni, avec les jetons glands au-dessus, les jetons Tori (permettant de terminer une pile de feuilles) et les jetons objectifs.

 

Marcher sur des feuilles

Pour parvenir à remporter la partie, il faudra faire preuve d’adaptabilité et éviter de tout miser sur un trop petit nombre d’objectifs. Parfois, cela passe par commencer une pile d’une nouvelle couleur car beaucoup de cartes sont disponibles et personne ne semble en vouloir. D’autres fois, il faudra faire une concession pour l’objectif qu’on a activé et laisser un autre joueur le remplir à notre place. 

Une bonne dose d’opportunisme est également indispensable : on peut, par exemple, faire le choix de dépenser le moins de jetons Gland possible et de laisser les autres joueurs renouveler la rivière à notre place. Ou alors, certaines cartes Paysage peuvent s’avérer particulièrement utiles pour réorganiser ses tas de feuilles ou pour réaliser une action supplémentaire. 

Surtout, il faudra saisir les occasions permettant de récupérer plusieurs cartes de la même couleur d’un seul coup. C’est grâce à ce mélange d’adaptation et d’opportunisme que vous parviendrez à réaliser les piles les plus rentables tout en empêchant indirectement les autres joueurs de marquer trop de points.

Cette joueuse s’est bien débrouillée puisqu’elle est parvenue à terminer trois piles de feuilles, en profitant du bonus d’une carte Paysage qui l’a autorisée à sauter un numéro pour les feuilles vertes.

 

De beaux paysages variés, pas toujours ergonomiques

Les magnifiques illustrations d’A. Étienne sur des cartes en papier texturé nous permettront de voyager dans l’automne japonais. Sans coller de près au thème, Momiji ne présente pas d’incohérences majeures avec le thème du jardin japonais. De nombreuses variantes permettent d’assurer une rejouabilité importante et de faire varier les niveaux de complexité. 

On relèvera tout de même un manque d’ergonomie pour les pictogrammes des cartes Paysage, et de certains jetons Objectif. Ceux-ci m’ont semblé contre-intuitifs et difficilement déchiffrables sans le livret de règles – pour certains, même après plusieurs parties. Or, je trouve que l’ajout d’objectifs de fin de partie et de bonus temporaires contribue à ajouter de la profondeur à Momiji en autorisant quelques petites réflexions stratégiques et tactiques. Sans les cartes Paysage, on perd notamment la possibilité de faire des combos intéressantes et efficaces.

Pourtant, à cause de ces pictogrammes, il m’est arrivé plus d’une fois de renoncer à utiliser les cartes Paysage pour que l’explication du jeu ne prenne pas trop de temps. Cela a été le cas, à une table de néophytes, mais aussi à une table d’experts. J’avais alors proposé Momiji comme un « petit jeu » pour terminer la soirée. L’impression qu’on a eu autour de la table, c’est qu’entre les règles multi-couches et les pictos peu ergonomiques, Momiji est un « faux petit jeu ».

 

De très beaux paysages… on repassera en revanche pour la clarté des pictogrammes !

 

N’entre pas au jardin de Momiji qui veut…

Même si j’ai bien aimé l’expérience de jeu qu’il procure, je vous avouerai que je ne sors pas très souvent Momiji car je trouve que les règles « multi-couches », l’absence d’aide de jeu et les pictogrammes peu ergonomiques rendent l’explication des règles trop longue et compliquée si on la compare à la durée d’une partie.

Si Momiji a quelques allures d’un casse-tête interactif, sa rejouabilité et la présence d’un nombre relativement important d’actions et de bonus le rendent plus intéressant et plus complexe que cela. Il se joue en trente minutes, après une prise en main un peu laborieuse et semble appartenir à la catégorie des jeux familiaux.

J’ai du mal, personnellement, à cerner le public auquel s’adresse ce jeu : sur la boîte, l’âge minimum indiqué est de huit ans. On pourrait donc penser qu’il s’agit d’un petit jeu. Dans les faits, pour que la première partie soit fluide, il faut que les joueurs aient une certaine familiarité avec les jeux de collection et de gestion de main, sinon il faudra beaucoup (trop) se répéter.

J’aurais donc tendance à penser que Momiji convient davantage à des initiés pas pressés, amoureux de la forêt et des couleurs automnales, qui recherchent un jeu court et stimulant. Mais il faudra aussi qu’ils soient prêts à s’adapter au hasard de la pioche et aux choix des autres joueurs !

 

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2 Commentaires

  1. morlockbob 27/05/2022
    Répondre

    J’avoue que j ai abandonné Momiji au profit de Cascadia

    • El Duderiño 02/06/2022
      Répondre

      J’ai joué à Cascadia une ou deux fois et chaque fois j’ai beaucoup aimé. Dans mes souvenirs, c’est un jeu facile d’accès, assez rapide, sans pour autant être dénué de profondeur (à son niveau). Momiji, une fois pris en main, est loin d’être désagréable, mais j’ai du mal à le sortir facilement à cause de certains défauts dont je parle dans l’article.

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