Les petits joueurs #22 : Morris le dodo, Très futé Kids, Safari Splash !, Zenda

Chaque mois, notre chronique Petits joueurs vous propose plusieurs jeux pour différents ages de l’enfance. Joués entre parent chroniqueur et enfant.

 

Sim’Meeple est un petit joueur de 6 ans. Il ne joue pas (encore) à Agricola, mais il est tombé dans le chaudron ludique depuis ses 2 ans (bien aidé par son papa). Sortir une boîte de jeu est un vrai plaisir pour lui. Ne pas faire un jeu au retour de l’école ? Impensable. Par contre, si comprendre des règles ne lui pose pas de difficultés, ne pas gagner est encore difficile à accepter.

Tutur : 6 ans biberonné aux jeux de société : ses deux parents sont fanas, et il les voit jouer depuis la maternité. Alors il a toujours très envie de jouer aux jeux de grands, d’avoir ses cartes, et de manipuler le matériel. Bon public, il aime à peu près tout.

Maxiloutre : Bientôt 7 ans, nourri aux cubes en bois par son papa voxien & auteur de jeu, Maxiloutre a commencé à baigner dans les jeux de société dès 2 ans. Jouant principalement à deux avec papa ou maman, il refuse rarement une partie.

Roxy : 2 ans1/2. Trop petite pour jouer à la majorité des jeux, mais saute sur les genoux de ses parents dès qu’un jeu est sur la table. Alors, toujours partante pour les jeux de son âge.

 

Très futé Kids 

 

Très futé kids est la déclinaison de Très futé de Wolfgang Warsch pour nos petits joueurs. Sur une thématique de fête d’anniversaire (là où son aîné brille par son absence absolue de thème), Très futé kids est un Roll & Write dans lequel il va falloir cocher des cases objets festifs sur différentes zones pour gagner des étoiles. Le principe est simple, il faut lancer cinq dés dont les faces représentent les zones de sa grille de jeu et les objets qu’on peut y trouver. Les zones répondent à des règles de remplissage spécifiques, soit cocher une suite de symboles, soit faire des colonnes. Des bonus peuvent être gagnés au fur et à mesure qu’on rempli sa grille, qui donnent soit des coches gratuites dans d’autres zones, soit des étoiles. À son tour, le joueur lance les dés et choisit toutes les dés d’une même zone. Les autres joueurs prennent les dés d’une autre zone parmi ceux restant. La partie se termine quand une zone d’un joueur est complétée, et le joueur avec le plus d’étoiles gagne.

 

Encore Kids (autre titre Roll & Write du même auteur, déclinaison de Encore) avait été un grand succès à la maison, Sim’Meeple demandant régulièrement à y jouer. Peut-être le jeu le plus joué en 2022. Très futé Kids apporte des sensations proches, voir encore plus gratifiantes car il est très facile d’obtenir des suites de combo, s’enchaînant avec les différents bonus. Le thème d’anniversaire, festif et coloré, n’est que très visuel, mais beaucoup plus marqué que sur Encore Kids (où on remplit des zones d’animaux, mais qui s’effaçait complètement derrière la mécanique du jeu). Les illustrations ont tout de suite attiré l’œil de Sim’Meeple. La compréhension des règles a été immédiate, et s’adapte parfaitement à un enfant de 6 ans. Bien sûr, la rejouabilité est moindre que son aîné, et il n’y a pas un renouvellement fou sur les parties, mais le plaisir ludique est suffisant pour que Sim’meeple ait envie d’y revenir régulièrement (et souvent à son initiative), d’autant que les parties sont rapides. On notera aussi que les choix sont assez évidents à chaque lancé de dés. On ne peut pas vraiment parler de réflexion stratégique à sélectionner les bons dés qui mèneront à la victoire, ce qui fait des parties assez linéaires. Mais cela suffit pour un p’tit meeple de 6 ans. Wolfgang Warsch avait réussi un hit avec Très futé, l’alchimie semble donc la même pour nos petits joueurs avec Très futé kids.

Un jeu de Wolfgang Warsch
Illustré par Glen Viljoen
Edité par Schmidt

À partir de 5 ans

 

Morris le dodo

3 ans, c’est vraiment pas une cible facile pour proposer des jeux. C’est pourtant celle que vise Morris le dodo. Après Dodo, ces volatiles ont la côte cette année.

Comme nous l’explique la rigolote petite histoire fournie dans le livre, Morris doit protéger les œufs de sa colonie d’un méchant explorateur. Il a alors une idée géniale (non, elle est stupide) : se jeter dans la cascade avec les œufs pour les mettre dans des cachettes.

À notre tour, on va mettre un œuf sur la tête ou les ailes de Morris, et le pousser dans la cascade. L’œuf va évidemment tomber : mais soit il arrive côté indemne, et on le met dans une cachette, soit il arrive côté cassé et alors malheur, il faudra avancer l’explorateur sur la prochaine case de la couleur de l’œuf. Mais si on rempli une cachette, on pourra le faire reculer, plus ou moins, en fonction de la taille de la cachette. La partie est gagnée si on a évacué tous les œufs du nid (qu’ils soient cassés ou non, on comprend pourquoi l’espèce a disparue) avant que l’aventurier ne l’atteigne (bon ok, en vrai c’est lui et ses copains les responsables de la disparition de l’espèce).

Il s’agit donc d’un jeu de… plein de trucs en fait. Et c’est là sa grande force. Il y a tout d’abord un peu de manipulation : on met l’œuf, on pousse le dodo, il glisse et on a la surprise du résultat. Rien que ça, pour l’enfant c’est déjà un bonheur. À cet age là, le côté tactile est très important, et faire glisser un dodo sur une cascade, quoi de mieux ? On ajoute le côté aléatoire qui est le plaisir ludique le plus important à cet âge là, parce que cela suffit à créer de la tension et des retournements de situations. Il y aura un petit apprentissage sur où placer un œuf pour qu’il ait plus de chance de tomber du côté mais c’est très léger. On pourrait en rester là et avoir déjà quelque chose de sympathique, mais non, le jeu propose en réalité pas mal de choses en plus.

Tout d’abord, on a la classique mécanique de jeu de parcours « j’ai une couleur, je me déplace sur la prochaine case de la couleur en question ». Toujours simple, mais c’est une bonne initiation à cette mécanique pour les enfants et leur apprentissage des couleurs.

On a ensuite une mécanique de loto : Quand on a un œuf indemne, on le met dans une des cachettes en fonction de sa couleur. Il faudra bien choisir la cachette, pour pouvoir la compléter et faire reculer l’aventurier. On aura donc aussi un choix : des petites cachettes vite complétées, ou des plus grandes mais qui le feront plus reculer. On fera aussi attention à ne pas les compléter trop tôt, au cas où il n’aurait pas avancé encore.

Le jeu propose donc de nombreuses choses pour éveiller l’enfant et l’amener à des mécaniques de jeux. Et en grandissant, un autre aspect va apparaître : le choix de la couleur de l’œuf ! Est ce que je le prends pour compléter une cachette, ou est ce que je prends celui qui va faire avancer le moins possible notre méchant aventurier ? Clairement, il faut avoir une certaine maturité pour voir cela. La question étant de savoir si, quand les enfants ont cette maturité suffisante, le jeu leur plaît encore. Avec le coté manipulation, je pense que oui.

Reste quand même une ombre au tableau : il y a 28 œufs à évacuer dans la partie pour autant de tours de jeux. Avec des tours relativement longs, cela donne une partie qui dure alors beaucoup trop en longueur, pour les parents mais aussi pour les enfants qui finissent par ne plus être dans le jeu et faire n’importe quoi. Mine de rien, c’est un certain frein à le sortir et c’est bien dommage. Néanmoins, le jeu propose une variante qui accélère le jeu, où on met deux œufs sur le dodo d’un coup. Je ne l’ai pas encore essayé, mais je pense que cela deviendra la façon « officielle » de jouer.

Reste que Morris le dodo est une proposition solide, qui va proposer un large panel d’intérêts ludiques pour les enfants. C’est sans aucun doute mon nouveau conseil pour cet tranche d’âge, et il détrône mon premier verger et Little Coopération. Ce n’était pourtant pas gagné.

Un jeu de Emilie SoleilJérome Soleil
Illustré par Gyom
Edité par Blue Orange Games

Ludochrono

À partir de 3 ans

 

Safari Splash

Cannes est toujours l’occasion de découvrir des jeux à côté desquels on serait largement passé sinon. Durant mes déambulations j’ai été alpagué par un copain me disant « Viens essayer ça, la partie dure 1min30 ». Vraiment ? Vraiment. Safari Splash est un jeu d’observation et de rapidité (ça va souvent ensemble) dans lequel on va créer une rivière en plaçant des cartes les unes après les autres. Si on réussi à mettre des animaux identiques adjacents, on marque des points. Chacun aura aussi une carte de départ qui donnera des points si on ajoute certains animaux dans notre rivière, et en fera perdre si on en choisit d’autres. Le nombre de ces animaux bonus/malus dépend du niveau de difficulté choisi. On aura donc 1min30 pour choisir nos cartes : pour cela, on aura que leur dos, sur lequel sont représentés trois animaux, dont seulement deux apparaîtront finalement sur le verso de la carte. Quelques cartes splash nous forcent à échanger une carte avec notre voisin.

 

On a donc un proposition assez originale : les règles sont simples d’accès, et les parties, comme annoncé, sont très courtes et très efficaces. On comprend vite comment on joue, mais il faut quelques parties pour apprendre à bien jouer. Au début les enfants se focalisent sur leurs animaux bonus, avant de voir que ce sont les combinaisons qui rapportent des points. On pourra ainsi petit à petit monter dans les niveaux en rajoutant donc plus d’animaux bonus/malus. Les animaux choupinets et l’ambiance musicale (et bruitée) de l’application rajoutent un côté sympathique au jeu. L’application ne sert que de chronomètre, mais pour le coup il est très bien fait : on a un décompte inclus dans la bande son, avec une accélération de la musique à la fin qui rajoute cette petite tension bienvenue.

On regrettera un peu le manque d’interaction du jeu, mais en même temps, en 90 secondes… Il faudra aussi prévoir de la place, car nos rivières deviennent rapidement très grandes, et avec le tas de cartes du début en plus, le jeu s’étend assez vite.

On ne le répétera jamais assez, le succès d’un jeu pour enfant dépend non seulement de sa capacité à capter les enfants mais aussi leurs parents. Et c’est une réussite côté Safari splash !  : nous aussi en tant qu’adultes on apprend comment s’organiser pour placer nos cartes, on râle quand on n’a pas les bons animaux et… on s’amuse. C’est donc une chouette réussite que cette petite boîte qui s’emmène partout.

Un jeu de Eloi PujadasEugeni Castaño
Illustré par Clémentine DescampsOliver Cereto
Edité par 2Tomatoes

À partir de 6 ans

 

Zenda

Les jeux de l’éditeur Placote ne sont pas des jeux classiques, permettant à l’enfant de découvrir de nouvelles mécaniques de jeu ou de jouer avec du matériel original. Non, ce sont des jeux à but pédagogique, c’est clairement l’objectif marqué sur la boîte, et si l’enfant y prend du plaisir, c’est encore mieux.

Habitué de ces jeux, j’aime à les découvrir occasionnellement avec mes enfants afin de les faire communiquer ou progresser ensemble sur certains éléments concrets : le langage, l’expression, le socio-éducatif… Ici, j’ai mis la main sur Zenda, un jeu qui a pour but d’aider les enfants à maîtriser leur stress, indiqué à partir de 7 ans. Ayant un enfant particulièrement anxieux, j’ai trouvé que c’était une bonne idée pour travailler ensemble sur ce point de difficulté qu’il rencontre.

 

Côté contenu, c’est plutôt classique chez Placote, une piste en format plateau puzzle, et des questions à poser à l’enfant. Le but est d’arriver tout en haut. On débute avec un petit mode d’emploi pour aider l’enfant à cerner ce qu’est le stress. Tout de suite je me suis heurté à un soucis, car mon enfant ne connaissant pas ce mot, j’ai essayé d’utiliser leur mode d’emploi pour lui faire comprendre. Malheureusement, leur explication était pour un tout autre niveau que mon fils de 7 ans, à base de recettes du SPIN et de ses quatre causes (sens du contrôle faible, personnalité menacée, imprévisibilité et nouveauté). J’ai dû compléter cela avec des éléments beaucoup plus terre à terre pour l’aider à comprendre, du genre “passer au tableau devant la classe”, “sursauter car un oiseau s’envole devant toi…”

Passons aux questions proposées par le jeu. Il y en a de deux niveaux, 1 et 2. 

On a bien sur commencé par les question de niveau 1, que j’ai trouvées terriblement conceptuelles pour un enfant de 7 ans : “À quoi sert ton corps lorsque tu es stressé ?”, ”Que veut dire la lettre S dans l’acronyme SPIN des ingrédients du stress”. On était dans l’ultra pédagogique, et l’enfant a vite commencé à décrocher, car il n’y avait aucun fun à jouer à cela. Il m’a fallu creuser et écarter de nombreuses cartes pour aller chercher des questions que l’enfant peut vraiment s’approprier : “Alexia est stressée car elle va se faire vacciner aujourd’hui. Elle a mal au ventre. Est-ce une bonne idée de demander un câlin à un ami ?”. Là enfin, l’enfant commence à se mettre dans la peau des personnages présentés, et essaye de répondre avec ses mots et sa compréhension de la situation. Certains exemples marchent vraiment bien, et l’enfant est satisfait quand il trouve la bonne réponse (même si bonne ou mauvaise, il n’y a aucune influence sur l’avancement du pion de victoire, qui n’est qu’un chronomètre de partie déguisé).

Les questions de niveau 2 proposent de la mise en situation avec questions à choix multiples, et souvent la feinte de plusieurs bonnes réponses possibles, ce qui est assez perturbant pour l’enfant qui comprend tout juste les questions. Souvent des questions assez complexes, plutôt destinées à des enfants de 10/12 ans. La boîte indique 7 ans sur la couverture, mais il est clairement plus destiné à la tranche supérieure de 9/12 ans, ne serait-ce que pour la compréhension des questions. Il y a quelques “gages” saupoudrés par ci par là, consistant à chanter, souffler, faire de l’exercice, qui permet à l’enfant de découvrir plein de manières de se déstresser. Ça ouvre une parenthèse entre les questions.

Finalement, je n’ai pas complètement accroché à cet opus. Même si la proposition était intéressante, il est plutôt compliqué à prendre en main pour un enfant dans la tranche d’âge basse de celle visée, et est resté un peu trop pédagogique à mon goût. C’est assez frustrant de trier la moitié des cartes pour en trouver une qui fonctionne vraiment avec son enfant. Mon enfant a moyennement apprécié, rebuté par certaines questions bien trop difficiles, mais valorisé par d’autres plus adaptées.

Illustré par Nathalie Laganière
Edité par Placote

À partir de 7 ans

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3 Commentaires

  1. manu 29/03/2023
    Répondre

    Bonjour,
    quand est ce que va sortir Safari splash ? je n’ai trouvé aucune info sur internet.

    • fouilloux 29/03/2023
      Répondre

      Bonne question: je ne sais pas si un éditeur français est sur le coup.

  2. Gaume 29/03/2023
    Répondre

    Merci pour cet article très chouette.

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