Katana – kikoup et ninjas en folie

Katana est une version allégée de Bang (ou Wanted !) d’Emiliano Sciarra, par… Sciarra lui-même. Bang n’était pas trop mal à sa sortie, mais il souffrait de nombreux écueils : durée de partie trop longue, rôles trop évidents une fois que l’on connaît le principe, élimination trop rapide aussi, puisqu’on pouvait mourir dans les cinq premières minutes pour une partie allant jusqu’à une heure.

Et puis, il partait qu’il y a eu des histoires de droits compliquées. Sciarra a donc réemployé les mécanismes de Bang pour forger un Katana, d’une durée plutôt plus courte ; de vingt à trente minutes, avec une attention toute particulière à remettre le jeu aux standards actuels. Le maître a-t-il réussi son coup ? Réponse dans les lignes qui suivent.

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AAAAA. Oui, le ninja parle avec les lettres en rouge. C’est comme ça qu’on fait dans le clan des gens en pyjamAAAAA.

 

Rôles cachés

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Les photos du livre de règles se tournent par elles-mêmes. Photo non contractuelle.

On reprend la logique de rôles cachés de Bang, mais avec beaucoup plus de finesse. Le shogun est le seul face visible, alors que le samurai, le rônin et les ninjas sont face cachée. Le changement, dans tout ça ? Les conditions de victoire, en fait. Le but est d’avoir le plus d’honneur, et chaque personnage commence avec un certain nombre de jetons d’honneur. La partie s’arrête lorsqu’un joueur n’a plus aucun jeton en face de lui.

 

Tous les rôles ont un multiplicateur, et chaque camp multiplie l’honneur de son personnage par son multiplicateur (évidemment), et additionne les scores de son équipe. Donc, le samurai aura un multiplicateur plus haut que le shogun, ce qui incite à bichonner son vassal (alors que dans Bang, les adjoints volaient allégrement). De même, les ninjas ont des multiplicateurs différents. Quant au rônin qui fait bande à part, c’est lui qui a le plus fort des modificateurs. Si son rôle reste le plus délicat d’entre les quatre, il n’a plus besoin que les astres s’alignent parfaitement pour gagner.

 

 

Tirer sur l’ambulance

Tout ça entraîne des attaques opportunistes assez finaudes, et on se plaira à tirer sur l’ambulance pour lui soustraire un point d’honneur avant que les adversaires le prennent, ou à tirer sur son pote ninja si on sait avoir le plus haut modificateur.

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Je suis un peu mi-figue mi-raisin sur la direction artistique. Jolie, cohérente, mais pas époustouflante.

Pour le tour, on reste sur du Wanted assez classique. Deux cartes piochées en début de tour, une attaque jouée avec une portée (en fait, on joue les armes en one-shot), et roulez jeunesse. Certaines cartes permanentes boostent les dégâts ou le nombre d’attaque, et d’autres permettent de les défausser. Un effort a été fait sur la restitution de points de vie, certes plus puissante puisqu’elle rend toute la vie d’un personnage, mais avec un peu de kingmaking d’un autre côté (oblige un autre joueur à piocher). Et, comme c’est moins courant que les bières de Bang, on s’y retrouve…

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Mais c’est très esthétique quand même.

 

Côté artwork et lisibilité, c’est plutôt joli, en mode crayonné oriental, mais ne vous attendez pas non plus au jeu le plus classe du monde. Certains joueurs pas très nippophiles auront du mal avec les armes un peu compliquées (genre kusarigama), mais le goût d’Extrême-Orient est bien là.

 

Différences avec l’ancêtre

Disons-le sans ambages : Katana n’est pas le simple placage de Bang sur un nouveau thème. En vérité, le système s’affine, tant dans les objectifs que dans la résolution de la partie. Katana élague pour revenir à ce qui fait le sel de son ancêtre, mais en simplifiant le tour. Plus de taille de main alambiquée en fonction de la vie restante, on est à 7. Plus de cartes dépendantes d’une valeur de poker, on est dans une résolution immédiate.

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Aide de jeu pour les multiplicateurs de PV.

De même, les armes permanentes et les cartes bang (moteurs du jeu) disparaissent au profit d’armes deux en un. Une arme est un coup, et on la défaussera immédiatement après l’avoir résolue. Cela vous permettra de toucher un adversaire à une certaine distance, pour un certain nombre de blessures à chaque fois.

Quant aux actions qui affectent l’ensemble de la table, là encore, elles mettent toujours les joueurs face à un choix : défausserez-vous une arme, ou perdrez-vous un point de vie ? Voilà le genre de dilemme présenté. Et si cela peut sembler simpliste au premier abord, ce n’est pas des plus évidents. On fonctionnera souvent à l’économie.

On est cependant toujours tributaire de sa pioche, et la tactique ne fait pas tout. Il faut avoir de quoi répondre et de quoi attaquer au bon moment, et toutes les armes ne se valent pas. Il devient donc (un peu trop) facile de prendre l’ascendant si on a de la chance et que le camp opposé n’en a pas. Le format du jeu est pourtant bien meilleur que celui de Bang, et on ne se sentira pas aussi lésé lors d’une mauvaise main.

La non-immédiateté de la mort est en partie responsable de ce phénomène, mais aussi une meilleure gestion des objectifs de jeu, puisque les ninjas auront intérêt à se tirer dans les pattes s’il le faut, et que le rônin sera là pour veiller à l’équilibre de la partie, bien plus que le renégat de Bang.

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Attention, jeu volant.

 

Verdict

Je dois m’admettre assez convaincu par ce revamp, qui dépasse la simple réédition, pour vraiment apporter de nombreuses subtilités à un système vraiment sympa pour un jeu d’ambiance gamer. (Les novices en jeux de société pourront également l’apprécier, car ce Katana est également simple d’abord. La cible me semble cependant être les joueurs réguliers en mal de parties rapides plutôt que les occasionnels, quoi que ceux-ci y trouveront carrément leur compte.)

Si vous avez joué à Bang, ça peut valoir le coup de remettre le couvert : c’est plus fin, mais ça ne va pas non plus trop vous dépayser : on parle bel et bien du même système réemployé et amélioré.

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Un habillage sexy, des cartes qui marchent bien mieux que Bang!, qui était un peu vieillot. Bon reboot, quoi.

 

Un jeu de Emiliano Sciarra
Illustré par Werther Dell’Edera
Edité par DV Giochi
Distribué par DV Giochi
Pays d’origine : Italie
Langue et traductions : Italien, Francais
Date de sortie : 01/07/2013
De 3 à 7 joueurs
A partir de 8 ans
Durée moyenne d’une partie : 40 minutes

 

Plus sur ce jeu :

Fiche du jeu

Ludochrono

Test

 

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