Junk Art, un beau bric-à-brac

Junk Art est le deuxième titre de la toute fraîche maison Pretzel Games. Ils ont sonné leur arrivée le monde ludique avec un retentissant Flick ‘em Up, qui mettait en scène des westerns spaghetti bourrés de meeples cow-boys que l’on déplaçait à coups de pichenettes. Car oui, Pretzel est un éditeur se spécialisant dans le jeu d’adresse. Pas si dégueulasse ! Et du coup, à la GenCon 2016 sortait Junk Art.

Cette fois-ci, point d’affrontement pan-pan boum-boum, nous sommes des artistes construisant nos sculptures à partir de divers débris. Un thème frais, radical, qui change des constructions de villes trop souvent vues dans ce genre de jeu.

Junk Art est certes sorti en août dans les Amériques, mais il est aussi sorti en France via Asmodée, pour un prix recommandé de 64€. Cher. Oui. Au vu du matériel de qualité et en bois qui plus est, on n’est tout de même pas lésé. Brick Party, de chez Iello, est certes une alternative moins chère, mais elle est aussi moins riche en sensations.

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DR Donald Edwards. Le Junk Art, c’est ça.

 

Matériel

Comme Flick ‘em Up!, Junk Art s’emballe dans une jolie boîte en bois, donnant ainsi un certain cachet au jeu – et un certain poids ! Cela dit, lorsqu’on l’ouvre, la profusion de pièces multicolores bouleverse l’œil trop habitué à la forme régulière des Legos ou des Kaplas. Quelques cartes carrées et un mètre ruban parachèvent le tout, et donnent une impression de grande matière première. Les pièces seront mises en tas au centre de la table : empilement impossible, certes, mais hautement satisfaisant.

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J’aurais voulu être un artiiiiiste !

Le but est d’avoir le plus de fans possible en réalisant des expositions (autant de manches) dans différentes villes tout autour du globe. Chaque exposition est représentée par une carte récapitulant les règles. On en joue trois, sur les douze proposées. Si vous n’aimez pas une règle, vous pouvez ne pas la sélectionner, ou vous pourrez même concevoir vos propres expositions : trois cartes vierges sont là pour ça, et l’initiative est bienvenue. Autant vous dire que le scoring n’est pas très important. Au final, on regarde plus qui parvient à gagner une manche, qui réussit à réaliser une belle œuvre, quelle esthétique globale se détache de la manche, ce que représentent les structures. (« Oh, un surfer avec un haut de forme ! » « Regardez mon tank ! » « On dirait un quartier d’affaires vu de dessus. »)

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Bon, la pièce de droite ne ressemble pas à sa carte (ou l’inverse), mais c’est bien la seule.

 

Chaque exposition vous donnera des règles différentes, et je vais de ce pas m’attarder sur ce qu’elles apportent.

Souvent, il vous faudra être le dernier en lice, et les joueurs seront éliminés lorsqu’ils auront fait tomber un certain nombre de pièces. Également au menu, un concours de hauteur, ou un nombre de pièces posées sur une construction. La vôtre, ou celle que vous érigez en commun avec les autres artistes. Jusque-là, vous me direz, rien de bien folichon : on a affaire à de la construction toute bête. Sauf que… Ce qui change la donne, ce qui rend Junk Art si particulier, c’est le système de sélection de pièces, et les pièces elles-mêmes.

On dispose d’un paquet de cartes représentant chacune des pièces : chaque carte est unique. Cela vous permettra de ne pas bâtir avec une pièce déjà prise. Mais cela permet des mini-jeux, ou des choix plutôt rigolos. Du jeu de plis au simili-draft, les manches se renouvellent en vous proposant des sensations de jeu différentes. Vous pourrez même tourner autour de la table, échangeant ainsi de construction avec les autres joueurs ! Bon, cette dernière règle n’est celle qui m’a le plus convaincu, mais c’est tout de même rigolo de changer d’œuvre d’art au cours de la partie.

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Des exemples. Cela dit je vais toujours dans le livre pour expliquer les règles…

 

Les pièces, elles, sont à l’image du thème. On construit bien en débris, et les trous et autres empiècements s’emboîtent rarement ensemble. Ou alors un cylindre est trop large pour être maintenu de façon stable. Ce pot de fleurs tient de plusieurs manières, mais vous embêtera toujours lorsque vous voudrez bâtir dessus. Cette planche trouée est un biseau. La pyramide tronquée est généralement une pièce à la suite facile, mais il suffira de la coucher pour obtenir un angle impossible.

Bref, dès que l’on commence à tâter du bois, on comprend qu’on va devoir jouer de précision, d’équilibre et qu’avoir le compas dans l’œil risque fort d’être un pré-requis. Non, construire une tour n’est pas chose aisée. N’est pas Jenga qui veut ! (D’ailleurs, Junk Art veut être tout sauf Jenga : rien, vraiment rien, n’est totalement régulier.)

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Autant vous dire que l’équilibre est précaire.

 

Bilan

Junk Art est complètement, « désespérément » familial. Et pourtant. J’y ai surtout joué avec des joueurs aguerris, avides de combinaisons de cartes, de stratégies fines, de cubes de ressources. Et eux m’ont dit « Ouah, c’est super fun ton truc ! »

Pourquoi Junk Art fonctionne-t-il aussi bien ? Je me suis posé cette question un moment, et j’en ai conclu qu’au final, tout cela est lié à son dosage très particulier de choix et d’obstacles. Lorsque le joueur A (appelons-le Marco) veut mettre des obstacles à son voisin (disons Polo), on va souvent lui donner deux cartes, et le choix sera effectué par Polo. Comment le mettre face à un dilemme : voilà la question à laquelle Marco fait face. Polo, lui, devra optimiser pour essayer d’obtenir un tour correct et, en même temps, devra planifier la suite des opérations (en gros, il endossera le rôle de Marco le tour suivant).

Que l’on soit dans la rapidité ou dans le calcul, nous avons toujours une sorte de défi, et ce défi est extrêmement bien dosé. Bref, Junk Art fait fonctionner la dextérité, mais aussi les méninges, et c’est carrément satisfaisant. Un beau jeu, intergénérationnel, peut-être plus que le précédent titre de Pretzel, Flick ‘em up. Je vous laisse, j’ai de l’art à créer !

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Concours de hauteur ! Ici, 30 cm.

 

Junk Art,

Un jeu de Jay Cormier, Sen-Foong Lim
Edité par Pretzel
Distribué par Asmodee
Langue et traductions : Anglais
Date de sortie : 2016
De 2 à 6 joueurs

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3 Commentaires

  1. -Nem- 18/11/2016
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    ça a l’air vraiment chouette, mais 65 euros pour ce genre de jeu ça fait un peu cher je trouve (même si ça a l’air de les valoir au niveau matériel).

  2. motlockbob 19/11/2016
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    Jusqu au choix des couleurs plus subtil qu’ il n y paraît et qui font de belles photos. Mais oui le prix… sinon y a splash pour 10 e

  3. Umberling 20/11/2016
    Répondre

    Alors oui, le jeu est cher. Mais son aspect protéiforme est vraiment cool. Pour moi, ça les vaut.

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