Comment j’ai adopté un dragon-gnou

Aloooors, il faut que je vous parle aujourd’hui d’un jeu un peu spécial, en fait de deux jeux, hélas, il vous faudra patienter un peu avant de me voir entrer dans le vif du sujet, car il me faut d’abord vous présenter leurs auteurs.

Je précise qu’il s’agit des mêmes pour les deux jeux en question, le second jeu n’étant qu’une variation du premier. Ah, j’oubliais : les deux jeux en question s’appellent Comment j’ai adopté un gnou et Comment j’ai adopté un dragon, leur but principal est de vous faire raconter des histoires, et dire des conner*es. Moi, tranquille, raconter des carabistouilles, je fais ça tout les jours. Bon, mais comme dirait ma mamie, les introductions les plus courtes sont les meilleures, passons donc au coeur du sujet !

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Le droit de perdre avec Fabien et Yves

Quand j’étais petit, j’adorais les clowns. Par clowns, j’entends les gens qui font des idioties pour amuser les autres. Et j’avoue que c’est resté en grandissant, mais bon, on en rencontre moins : les gens osent moins faire les clowns avec « des grands ».

Et puis je tombe un jour à Cannes sur le stand d’un petit éditeur, appelé Le droit de perdre.

Et là, Paf ! je découvre Yves Hirschfeld et Fabien Deleuze, qui présentent leur nouveau jeu, Taggle! Ils le vendaient bien, ça avait l’air d’être vraiment amusant. Alors voilà, on s’assoie, on essaie le jeu, et évidemment qu’est ce qu’on se marre ! C’est bien, c’est simple, on dit juste des trucs absurdes.

Sauf que c’est la fin du salon, et on a peu de temps pour rester, juste de quoi se faire dédicacer une boîte et mince, on doit partir. Et c’est bien dommage, car des jeux comme ça, ils en ont plein leur valise chez Le droit de perdre. D’ailleurs souvent, c’est Yves et Fabien derrière tout ça.

À ce moment là, je me suis bien noté que pour les prochains festivals, je prendrai le temps de faire un petit arrêt sur leur stand pour prendre une bonne tranche de rigolade. C’est un conseil : si à Cannes (ou aux autres festivals d’ailleurs) vous ne vous arrêtez pas pour faire une partie d’un jeu du droit de perdre, vous avez raté votre salon. Vous avez encore des doutes ? Checkez cette vidéo et on en reparle.

Bon, mais tu nous en parles de ces jeux oui ?!

thèmesVous savez maintenant que j’ai un petit faible pour les jeux de nos deux compères.

Mais qu’avons nous comme jeu ici ? Dans Comment j’ai adopté un <gnou/dragon>, on commence par lancer deux dés. Puis on pioche une des 4 cartes thème au hasard. On regarde ensuite les deux thèmes qu’on a tiré.

Vous allez me dire : mais comment on fait ça ? Bah c’est très simple, si mes dés font 4 et 2, j’ai le choix entre les thèmes numéro 24 et le 42. Si je fais un double, ce sont mes adversaires qui choisissent pour moi. Si je fais un double 6, mon thème, c’est le titre du jeu, donc comment j’ai adopté un dragon ou un gnou, c’est selon.

Puis, là ça se complique, car c’est le moment où il va falloir raconter une histoire sur le thème choisi. On prend alors le dé de la couleur la plus claire, on le lance, et il nous indique quelle est la formule qu’on va utiliser pour commencer notre histoire. Par exemple « Bon écoutez moi ». Et là on est parti, on peut commencer à raconter notre histoire. Quand on commence à bloquer ou qu’on souhaite se relancer, on prend le dé suivant dans l’ordre des couleurs (toujours du plus clair au plus foncé), on le jette, et on enchaîne.

Finalement, il faudra réussir à jeter tous les dés et à raconter une histoire cohérente/amusante (c’est le deuxième le bon choix). Mais attention, les autres joueurs peuvent à tout moment essayer de vous emberlificoter (vous aviez déjà vu ce mot écrit avant vous ? il est pas mal non ?) en lançant un dé qui leur est réservé et en vous forçant à incorporer un nouvel élément dans votre histoire.

Et le drame, c’est qu’ils peuvent faire ça à tout moment, les bougres. Comme c’est déjà assez compliqué, c’est une règle optionnelle. Mais bref, une fois votre histoire racontée, on passe au voisin. « Hop hop hop » me direz vous, et comment on gagne ? Comment on marque des points? Bon là, c’est simple. On jette un dé et on marque le nombre de points indiqués.

Si les autres trouvent que notre histoire mérite mieux, ils peuvent nous autoriser à lancer un deuxième dé et à additionner les points. Et voilà notre score.

C’est tout ? Oui c’est tout. Relisez le nom de l’éditeur : le seul objectif ici est de s’amuser, et pas besoin de compétition pour ça.

J’ai rien pané. Tu nous ferais une démo ?

Puisque le public le demande… Mesdames et messieurs, l’exercice que je vais réaliser ici est effectué par un amateur, vous pouvez sans risque le refaire chez vous.

Bon, alors je jette les dés et j’obtiens… 51 ! Ou 15. J’ai le choix entre « Pourquoi je suis une femme merveilleuse… » et « La machine à voyager dans le temps, mon expérience ». Bon, je suis un homme, et le voyage dans le temps c’est mon dada, mon choix est donc simple, je vais évidemment expliquer pourquoi je suis une femme merveilleuse. C’est parti, rendez-vous au tas de sable. 

(Entre parenthèse, vous trouverez des didascalies) (rholala qu’est ce que j’emploie des mots riches et compliqués).

« Vous allez pas me croire (tu m’étonnes), mais je suis une femme merveilleuse. J’ajoute que ça parait pas crédible, je sais bien, parce que vous aurez tous remarqué que j’ai une barbe bien trop fournie pour être une femme. En fait, finalement, qu’est ce qui fait une femme aujourd’hui ? Et bien c’est sortir du stéréotype de la femme au foyer. C’est pourquoi je suis une femme merveilleuse. »

« ça c’est faux ! Ce qui fait une femme aujourd’hui, c’est qu’elle soit jolie » (Je viens de lancer le dé des autres joueurs pour simuler mon pote misogyne).

« Et alors, je suis pas joli peut-être ? Tssss, désagréable personnage. Bon, je disais donc que ce qui fait une femme aujourd’hui, c’est de sortir du stéréotype de la femme au foyer qui fait toutes les corvées à la maison. Là ça se complique (parce que je sais pas avec quoi enchaîner), parce qu’il y a plein d’autres choses qui font une femme aujourd’hui. J’avais prévu le coup, et j’ai plein d’arguments pour vous montrer que même dans ces autres aspects je suis une femme merveilleuse quand même, mais on a pas beaucoup de temps là, alors on va rester à mon propos de tout à l’heure, l’émancipation des tâches domestiques. Et le drame (c’est que les dés sortent pas du tout ce que j’espère), c’est que du coup j’ai même plus le temps de vous expliquer pourquoi je suis une femme merveilleuse. La prochaine fois peut-être hein. »

Voilà voilà. Bon, vous le voyez des fois faut se rattraper aux branches comme on peut. Mon idée générale était de faire une histoire du genre « Je suis une femme merveilleuse car aujourd’hui les femmes sont heureusement plus cantonnée aux tâches ménagères, et ça tombe bien, moi non plus j’en fait aucune » (je suis marrant hein ?). Croyez moi sur paroles, j’ai joué le jeu en lançant les dés et en écrivant en même temps, sans corriger le texte après coup.

Bon et là niveau score, je jette le dé, et j’ai… 2 !

Arf, je sais que vous me donneriez plus. Je rejette le dé et j’ai.. 2 encore. Soit 4. Qui a dit que ça mérite pas mieux ?

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Mon tirage, sans tricher

 

Il est long ton article. C’est bien ou pas alors ?

Je vous ai jamais dit que ces jeux allaient plaire à tout le monde. Et pour cause, l’impro à l’oral, il y a pas mal de gens que ça bloque, dès le premier abord.

Alors moi, c’est clair que ça m’éclate, mais j’ai vu plusieurs personnes ne pas oser se lancer. C’est toujours un peu compliqué, parce que le premier réflexe c’est que celui qui connaît le jeu se lance, pour montrer que c’est pas si difficile. Mais en fait ça a parfois l’effet inverse et des gens se diront « j’arriverai jamais à faire ça. » Mon conseil, c’est donc plutôt de faire commencer un débutant qui a l’envie.

Et là tin tin tiiiiin, souvent ça va permettre aux autres d’essayer. Mais pas toujours, auquel cas il ne faut pas les forcer. Faut que ça vienne du coeur !

À mon avis, ce jeu est simple, très amusant, bien qu’on puisse s’interroger sur le fait qu’il s’agisse d’un « jeu » ou non.

Il n’y a pas vraiment de score, ni de but à atteindre (si ce n’est l’amusement), on ne va pas juger les autres. On est plus proche du jeu d’improvisation théâtrale que du jeu de société. Pas étonnant, car si je ne m’abuse, Yves Hirschfeld vient du monde du théâtre. C’est donc un peu un OVNI (le jeu, pas Yves Hirschfeld) (quoique) (j’étais obligé de la faire) dans notre milieu, à l’instar des autres jeux de l’éditeur. D’ailleurs, sur la boîte on peut lire « un super outils d’expression et d’imagination ». Et je crois que c’est la meilleure définition qu’on puisse effectivement en donner. Il est rajouté que c’est « du pur délire », et c’est vrai aussi, ne l’oubliez pas.

Ce jeu sort alors qu’il existe déjà beaucoup de jeux pour raconter des histoires, comme Story cube ou Il était une fois avec sa nouvelle édition. Si je dois le comparer à ce dernier, je dirais que « Comment j’ai adopté … » a l’avantage de proposer des histoires bien plus courtes, et de laisser plus de place à l’imagination. Trop de place peut-être pour certains, car les dés ne donnent que des éléments de transitions, pas de fond auquel s’accrocher. Pourtant, pour moi, c’est cela qui permet de raconter des histoires plus facilement, et on peut vraiment s’appuyer dessus. Mais il est vrai qu’il faut leur (se) faire confiance et se laisser guider. En plus, les thèmes sont clairement plus déjantés. Pour Story cube, je sais pas, j’ai jamais essayé. [NDLR : Story Cube propose un système de dés assez proche, il ne s’agit pas de mot, mais de symboles]. 

Sauf que, il y a quand même un petit bémol pour moi, c’est le dé « interruption ». Je crois que je ne sais pas trop m’en servir, et les interruptions tombent souvent à plat. Ce qui est peut-être dommage, c’est qu’il n’y a qu’une face vraiment délirante, et on espère à chaque fois tomber dessus. Mais bon, peut-être qu’avec l’expérience cela viendra : j’ai eu la chance de jouer la première fois avec Fabien Deleuze, et je me rappelle que ce dé avait bien marché. De toute façon, l’utiliser est tout à fait optionnel, et le jeu est très marrant même sans.

C’est qui le plus fort, le Gnou ou le Dragon ?

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Ze bonne idée

Je dois vous avouer que j’ai un peu occulté un aspect dans ces deux jeux, c’est leurs différences. Or il y en a un peu quand même. D’abord le titre (haha).

Plus sérieusement, les différences viennent des dés et des thèmes. Je précise que j’ai surtout joué à la version gnou. En effet, la version dragon a des thèmes et des transitions plus orientés enfant et monde fantastique. Du coup, ça bloque un peu plus les adultes qui se sentent moins à l’aise là dedans. Il faudrait voir ça avec des enfants. Le hic, c’est que je n’en ai pas sous la main pour le test.

Il y aussi une différence dans les dés : dans la version dragon, on n’a pas 6 dés, on en a 5 + un joker qu’il faudra placer entre le 1er et le dernier (librement). Ce dé là est une vraie bonne idée, car il permet de se relancer facilement, avec plutôt des interjections, il donne plus de rythme. C’est comme ça que j’en suis venu à penser que pour moi, le meilleur des deux c’est de prendre les thèmes du gnou avec les dés du dragon. Le mieux étant d’adapter votre choix à votre public, sachant que les deux boîtes peuvent aussi se mélanger.

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Team Gnou !

 

PS : Oui, chaque paragraphe de cet article a été écrit en utilisant les dés de l’un ou de l’autre des jeux, c’est un peu un exercice obligé non ? Et promis, j’ai pas (trop) triché.

PPS : Oui je met des PS dans des articles, parce que YOLO.

 

Comment j’ai adopté un gnou,

Un jeu de Fabien Bleuze, Yves Hirschfeld
Edité par Le Droit de Perdre
Distribué par Blackrock Editions
Pays d’origine : France
Langue et traductions : Français
Date de sortie : 2014
De 3 à 8 joueurs
A partir de 8 ans
Durée moyenne d’une partie : 15 minutes

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6 Commentaires

  1. TheGoodTheBadAndTheMeeple 27/06/2016
    Répondre

    Joli article 🙂

    Un bon jeu pour les enfants, pour les inviter a causer, je le sens. Un bon jeu pour les improvisateurs.

  2. TheGoodTheBadAndTheMeeple 27/06/2016
    Répondre

    merci pour l’article 🙂 je vois un bon jeu pour les enfants/ados. Pour les grands ca dépendra de qui !

    • fouilloux 27/06/2016
      Répondre

      Merci!

      Oui je crois que c’est clairement avec cet objectif que les auteurs ont imaginé le jeu, et c’est vrai que pour les adultes, ça dépend?

  3. atom 27/06/2016
    Répondre

    Tu ne vas pas me croire, je n’ai toujours pas joué a ce jeu, en fait il était a l’asso parmi les jeux pretés par les éditeurs, mais ce jour la une météorite est passé toute proche de la terre et ça a altéré notre jugement et nous avons préféré faire autre chose. J’ajoute que ce n’était pas trés malin car on a raté quelque chose et joué a une b.. heu pardon un jeu moyen. en fait je crois que je vais proposer a l’asso de le prendre ce n’est que parti remise. mais la ça se complique car je vais devoir convaincre les extrémistes des kubenbois. J’avais prévu le coup j’ai gardé une boite d’agricola pour assommer le premier qui m’embête.

    Désolé …

    • fouilloux 28/06/2016
      Répondre

      Ce message me plonge dans un abime de perplexité car le fond dit que tu n’a jamais joué, et la forme dit le contraire. Bravo!

      • atom 28/06/2016
        Répondre

        Haha, j’ai fait avec les faces des dés que tu avais, et sans trop réfléchir, donc ça vaux ce que ça vaut. par contre j’avais vu des gens jouer et j’avais bien rigolé, donc j’en avais une petite idée, je pense que je vais prendre le dragon pour mon fils.

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