Iki : L’art de vivre à la japonaise arrive en français

Iki est une création du japonais Koota Yamada, un Eurogame dit à l’allemande avec une mécanique épurée comme je les affectionne. Il avait été financé sur la plateforme Kickstarter en 2015 et avait un peu disparu de la circulation depuis, n’étant jamais sorti du Japon et se trouvant finalement que sur le marché de l’occasion. Si j’en parle aujourd’hui, c’est parce qu’il revient bientôt dans une nouvelle édition et en français s’il vous plait chez Sorry We Are French avec des illustrations de David Sitbon ! À ce stade, je dois vous prévenir que je suis un grand fan de ce jeu, je dirais sommairement qu’il se glisse dans mon Top 10 sans sourciller.

Si j’adore le jeu, je ne suis pas pour autant aveugle. La version de 2015 souffrait de quelques petits problèmes d’ergonomie et de lisibilité qui gâchaient un peu la fête. L’éditeur français travaille depuis un an sur cette réédition. Non seulement il a repensé cette ergonomie, mais il promet aussi quelques améliorations – notamment une configuration pour deux joueurs et d’autres surprises sont à venir.

 

 

Iki, c’est quoi ?

C’est l’art de vivre à la Japonaise à l’époque d’Edo. Vous incarnez un Oyakata (un chef de quartier) qui désire vivre avec cet idéal philosophique. Nous allons collecter des points de « Iki » qui ne sont autre que des points de victoire, et pour ce faire, nous n’avons que l’embarras du choix : marché au poissons, pipes et tabacs, quelques artisans et enfin, les bâtiments. Nous avons 13 tours, les 12 mois de l’année plus un treizième qui représente le Nouvel An. Eh oui 13 tours et pas un de plus, c’est peu, et il faudra optimiser tout cela mais aussi s’adapter au jeu des joueurs.

Une mécanique épurée : à son tour, un joueur peut soit engager un des artisans présents, soit récolter un salaire de 4 mons (la monnaie de l’époque). Quand on recrute une carte artisan, celui-ci est placé sur le plateau dans les quartiers de Nihonbashi, et pour matérialiser le fait qu’il travaille pour nous, on y place un meeple à notre couleur sur sa piste d’évolution. Enfin, on se déplace de 1 à 4 cases autour de ce marché, et on active le lieu où l’on est arrivé, mais aussi un des artisans présents.

 

Edition Yutsuroi

 

Iki est ce que j’appelle un jeu à écosystème, un peu comme Brass, c’est-à-dire que vous allez jouer en fonction de ce que font les autres joueurs. Impossible de jouer dans son coin et d’ailleurs c’est pour cela qu’à deux joueurs c’est plutôt fade (d’où mon attente sur ce mode-là).

Quand vous activez un artisan d’un adversaire vous faites évoluer le meeple sur sa piste d’évolution, et si celui-ci quitte la piste, il est mis dans la zone du joueur et lui procurera du revenu et des points de victoire en fin de partie (on dit alors qu’il part en retraite). Autant dire qu’on ne le fait pas pour le plaisir mais parce que l’on y trouve son intérêt. Attention, quand vous utilisez votre propre artisan, celui-ci n’évolue pas. Mais il évolue toutefois si notre Oyakata fait un tour complet du marché. Et oui, nous avons ici une mécanique de roue (ou rondelle).

Chaque quartier a son importance et les dilemmes sont toujours intéressants : quel artisan dois-je prendre, où vais-je le placer, où vais-je me déplacer…? Est-ce que je décide de faire des petits déplacements ou au contraire je préfère traverser le marché au pas de course pour faire évoluer mes artisans ? Choisir renoncer… mon mantra !

 

 

Dernier élément délicieux : nous sommes au Japon à l’époque Edo, les bâtiments étaient en bois, et il n’était pas rare que des incendies se déclenchent avec les ravages que l’on peut imaginer. Dans le jeu, nous allons devoir faire face à trois incendies qui se déclareront dans un des coins du plateau. Ils vont se propager s’ils ne sont pas arrêtés, brulant sur leur passage bâtiment et artisans. Pour éviter ça, il faut donc avoir évolué sur une piste d’incendie qui régit aussi l’ordre du tour. Passage obligé ? Non, pas forcément, on peut aussi placer son artisan derrière l’artisan d’un autre joueur qui a une maîtrise suffisante de l’incendie avec le risque néanmoins qu’il soit envoyé à la retraite avant le déclenchement de l’incendie…

 

Les modifications 

Comme dit plus haut, l’ergonomie a été totalement revue et le jeu gagne en lisibilité. Le meeple que l’on place sur sa carte artisan évolue sur une piste en hauteur (vertical) et non de la gauche vers la droite : cela n’a l’air de rien, mais comme on tourne autour d’un plateau, il y avait fréquemment des erreurs de manipulation (c’était logique mais pas forcément intuitif). Du bas vers le haut, plus de soucis.

Les illustrations sont plus lumineuses et dans un style plus moderne et réaliste. Certains pourront regretter les estampes Japonaises qui collaient bien au thème et à son époque, mais qui, il faut le dire, pouvaient rebuter au premier abord (il n’était pas facile de convaincre des joueurs que derrière cette boîte aux couleurs un peu ternes se trouvait un grand jeu). J’attends aussi beaucoup du mode deux joueurs comme je l’ai mentionné ci-dessus. Bref, bien hâte !

Iki est un jeu fluide, épuré, profond, avec plusieurs stratégies possibles, où l’on ne joue certainement pas dans son coin. Un petit bijou qui revient donc mi 2021. Nul doute qu’on en reparlera sur nos pages ! 🙂

 

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18 Commentaires

  1. Umberling 30/11/2020
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    La partie que j’ai faite m’a beaucoup plu. J’y rejouerai avec plaisir ! 🙂

  2. Shanouillette 30/11/2020
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    voilà qui est une bonne nouvelle !

  3. Flemeth 30/11/2020
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    Ohlala, quelle nouvelle merci ! Découvert et adoré aussitôt, un grand jeu avec des règles pourtant simples. Par contre je regrette le visuel d’origine, zut.

  4. -Nem- 30/11/2020
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    Super nouvelle ! Mais par contre déçu car j’aimais beaucoup l’atmosphère et les illustrations d’origine…

    • atom 30/11/2020
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      Certes mais jeu quasi insortable. j’ai proposé une partie à pleins de joueurs différents et le résultat est sans appel. Par contre une fois le jeu joué il convainc  les joueurs, mais faut passer le cap du visuel et pourtant on est loin du look à la Klemens Franz 🙂

      • -Nem- 30/11/2020
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        Oui c’est vrai. J’y suis moi même un peu aller à reculons la première fois. Mais une fois dans le jeu, il se dégageait vraiment une ambiance particulière… Espérons que ça sera encore le cas dans cette nouvelle version 🙂

  5. ric 30/11/2020
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    Moi je resterai sur ma version originale qui est magnifique.

  6. 6gale 30/11/2020
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    Excellent jeu !

  7. bgarz06 02/12/2020
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    Excellente nouvelle^^
    Merci les SWAF.

    • morlockbob 05/12/2020
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      et ben Atom penses à moi si tu le vends 🙂

  8. Grovast 03/12/2020
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    Count me in.

  9. Loïs 07/09/2021
    Répondre

    Iki est un très bon jeu, actuellement introuvable… bonne idée donc de le re-sortir !

    MAIS Par contre changer les visuels est vraiment je trouve très très très dommage… surtout pour faire un truc, si j’en juge par les visuels dispo, plutôt quelconque.

    L’édition originale est particulièrement jolie, et assez logiquement quand même fortement inspirée de l’estampe japonaise ! (et fait parfaitement référence donc, graphiquement, à l’univers déployé dans le jeu : le japon de l’époque edo – on pourrait même imaginer que le jeu date de cette époque, en un mot, on s’y croit).

    Je lis plus haut que ce jeu rebute par son aspect, perso c’est exactement l’inverse, ce jeu m’avait attiré immédiatement par son visuel et j’avais hésité à le backer… j’ajoute que dans les deux clubs où je joue le jeu est joué sans pb et avec grand plaisir.

    Et quand même de nombreux jeux ont créé leur réputation aussi grâce à la qualité de leurs graphismes qui participent à l’expérience ludique (Scythe, Root, Troyes…). Yokohama, dont on parle plus haut, je n’ai pas franchement l’impression que son visuel (que j’apprécie bien aussi, et qui est tout à fait thématique là encore) l’empêche d’être joué ou de se vendre !

    Donc pour résumer, et après avoir vu quelques images (parce que depuis cet article que je découvre ils ont publié pas mal de choses) du nouvel Iki sur le site de SWAF; bah c’est vraiment dommage ce relooking je trouve.

    Je ne sais pas s’ils auraient pu garder les graphismes du premier, mais en plus à priori c’est un coût supplémentaire conséquent qui se ressentira sur le prix de la boîte.

    Enfin de mon côté je vais pouvoir trouver l’original en occasion à bon prix, ce qui me va… je suis quand même content malgré ma déception ^^

    • atom 07/09/2021
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      Comme on dit, les gout et les couleurs… Je pourrais comprendre que l’on préfère l’ancienne version, mais au delà des visuels, l’éditeur a effectué un énorme travail ergonomique, ainsi que quelques modifications mécaniques intéressantes qui à mon sens dynamisent le jeu. C’est un jeu que j’adore mais il a pleins de petits soucis qui ont été corrigés.

       

      Les nouveaux bâtiments offrent des parties diversifiées, avec notamment deux bâtiments que l’on a envie de construire assez tôt dans la partie, ce qui donne potentiellement une saturation de l’espace plus rapide, mais aussi des risques accrus en cas d’incendie. modifications qui ont été faites avec l’accord de l’auteur.

       

      De même j’ai pu essayer la version pour 2 joueurs et là encore les apports sont intéressants, on a toujours des dilemmes à arbitrer, alors qu’à 2 sur l’ancienne on s’était vraiment ennuyés. 

       

      L’éditeur a fait le choix de retravailler complètement le jeu pour le rendre meilleur et plus lisible. Alors que souvent les éditeurs se contentent de juste copier coller sans tenir compte des retours possibles, ils se contentent de l’imprimer, et de traduire la règle, je caricature mais on a l’idée.

       

      Je ne discute pas le goût qui reste une affaire personnelle, mais pour le coup je trouve dommage de rester focalisé sur une version moins bonne, alors que l’éditeur a fait cet effort.

  10. morlockbob 07/11/2021
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    comme il n y a que les idiots qui ne changent pas d avis, je remets un commentaire. certes je regrette le design suranné de la version 1, mais il faut aussi avouer que D.S à fait un très bon boulot, tout comme l’éditeur , la règle est d une grande clarté. J’aime moins les noms anglais sur les cartes. Et le jeu est un bon jeu. Plutôt que de courir après des chimères, profitons de ce qu’on nous propose, c’est d une grande qualité

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