Holi : et en route pour la joie !

L’hiver se termine. Au revoir la grisaille. Il faut voir la vie en bleu, en rouge, en jaune, en vert ! C’est ce que nous propose HOLI. Émerveillez vos sens à travers des myriades de couleurs, dans le bonheur et l’allégresse. C’est bon ? J’ai bien mis en avant la joie ? Jouons maintenant.

 

Dans HOLI, nous allons répandre de la joie. Celle-ci se symbolise par de la couleur. Chaque joueur va essaimer ses jetons de sa couleur, non pas sur un unique plateau de jeu, mais dans les étages qui composent les zones de jeu. Car le plateau est en 3D, et il se compose de trois étages disposant de grilles transparentes et de cases, où nous pourrons placer nos peintures.

Il ne va pas s’agir de les placer n’importe comment. En plus des contraintes de pose, il faudra être astucieux pour prétendre aux meilleurs placements tactiques.

A tour de rôle, les joueurs vont placer des jetons de couleur selon une des trois cartes qu’ils auront en main. Les cartes montrent des positionnements possibles par rapport aux cases du plateau sur lequel on va jouer.

Première particularité : il n’y a pas de notion d’adjacence à des jetons préalablement posés. Non, cela se fera par rapport à votre petit avatar que vous pourrez mettre où vous voudrez. La carte jouée indiquera où placer vos couleurs par rapport à votre pion, pour peu que cela ne recouvre pas une case déjà colorée.

Par contre il est tout à fait possible de placer son jeton de couleur sur l’avatar adverse. En plus d’une certaine jouissance de lui avoir envoyé de la peinture à la figure (de l’avatar, hein ! Pas du joueur), cela vous donnera un point de bonus immédiat, plus un point en fin de partie. Votre jeton se retrouvera dans la réserve du joueurs aspergé, qui ne pourra rien en faire, à part maugréer.

 

Au lieu d’utiliser la forme proposée de sa carte, le joueur peut aussi refuser le placement et placer un unique jeton de couleur à l’emplacement de son choix. Pourquoi faire cela, alors que ça semble bien moins intéressant que placer plusieurs jetons d’un coup ? Pour plusieurs raisons :

  • parce que il n’y a plus de place,
  • parce que le joueur ne veut pas poser trop de jetons sur un niveau inférieur (scorage plus lucratif en fin de partie),
  • mais surtout pour encadrer son avatar de jetons de couleur. Être entouré de couleurs c’est bien, ça nous fait ressentir de la joie et donc surélever notre esprit. Plus platoniquement, cela permettra de monter notre avatar sur la case équivalente du plateau supérieur.

Jouer une carte est une action obligatoire, mais deux autres actions supplémentaires sont possibles, optionnelles et jouables n’importe quand pendant votre tour : Déplacer son avatar sur n’importe quelle case libre du plateau, et se surélever comme précédemment expliqué.

Prenons de la hauteur

Le début de partie se fera sur le plateau du bas. Mais rapidement, il faudra monter dans les strates. D’autant que  les jetons posés sur les cases vaudront leur niveau en points de victoire.

Tout ne sera pas si simple. D’une part, il faudra se surélever. Il faudra aussi prendre en compte ce qui a été fait sur le plateau en dessous. En effet, si un jeton de couleur est placé sur une case d’un niveau N, il faudra regarder la case aux mêmes coordonnées sur le niveau  N-1. Si cette case est vide, alors notre jeton tombera dessus. Ainsi, un jeton du troisième niveau peut très bien tomber au premier niveau.

A noter qu’asperger un autre joueur par le haut marche aussi (et c’est encore plus jouissif « Tu ne l’avais pas vu arriver, celui-là ! »).

La partie s’arrêtera pour un joueur dès qu’il aura placé tous ces jetons, les autres continueront à jouer tant qu’ils le peuvent. C’est une raison pour ne pas précipiter sa pose de jeton en premier. En effet, il est probable que vous ne puissiez en poser que peu sur le dernier plateau, et vous laisserez toute latitude aux autres joueurs pour placer les leurs. 

Un autre moyen d’engranger des points est de récupérer des bonbons (car une fête sans bonbon, c’est comme une soirée jeux sans meeples). Des jetons Bonbon seront parsemés en début de partie sur les deux plateaux inférieurs. Positionner son avatar sur ces cases permettra de les récupérer. C’est une contrainte de pose supplémentaire, me direz-vous. Certes, mais avoir la majorité de ces friandises en fin de partie apportera un bonus compensatoire non négligeable de 5 points par joueur en ayant moins que vous. De quoi attiser la convoitise.

Prêt pour une bataille colorée ? A vos pistolets à peinture et arrosez les cases !

 

Y’a d’la joie

Attention, préparez-vous à un scoop : HOLI est un jeu abstrait. La cover de la boîte nous vend une espèce de rituel exalté fêtant la fin de l’hiver en Inde.

Soyons honnête, ce n’est pas de la joie que nous ressentons pendant la partie. On s’oriente plus vers un léger mal de tête, associé à nos yeux qui sortent de nos orbites. Le thème est donc assez vite oublié, même si on a conscience de mettre de la couleur partout sur les plateaux. C’est peut-être cela qui nous met en joie.

La première partie de HOLI est difficile. Il faut s’habituer à regarder sur les trois tableaux, visualiser où vont tomber nos pions de couleur, anticiper les mouvements qui permettront les meilleurs placements.

 

Mais de manière surprenante, cette difficulté s’estompe grandement dès la seconde partie. Les actions deviennent plus fluides, on a compris ce qui est un bon ou un mauvais placement. On prévoit mieux quand et comment faire la surélévation de notre avatar. Tout le potentiel du jeu se révèle alors. Il ne faut donc surtout pas s’arrêter à la première impression.

Le matériel de HOLI intrigue, surtout lors de la découverte du jeu. Il commence par nous attirer l’œil avec son plateau coloré en 3D. Il faut lui reconnaître une édition particulièrement soignée. D’un autre côté, il effraie presque un petit peu car on comprend vite qu’il faudra jouer sur les trois plateaux. Oubliez la version plate de la grande majorité de nos jeux, ici on prend de la hauteur. Au propre comme au figuré car, pour plus de visibilité sur le jeu, je recommande de placer le matériel de jeu sur la boîte afin d’avoir une meilleure vue d’ensemble.

Les plateaux transparents et les coordonnées permettent assez facilement (une fois qu’on a pris le coup) d’identifier où placer nos jetons, et surtout où ils vont tomber. Une petite remarque sur les polices de caractère des lignes de coordonnées, où la lettre « b » correspond à la « d » en inversé, ainsi que la lettre « a » et « e », ce qui m’a gêné dans la lisibilité du jeu au début.

Le gameplay est plutôt agréable. Les parties, si elles dépassent rapidement la 1/2 heure annoncée, n’excèdent pas une heure, car limitées au nombre de jetons et de cartes que nous aurons à jouer. HOLI est un exercice de placement tactique très sympathique. On ne sera jamais véritablement bloqué, même si tout ne se passe pas toujours selon nos plans.

L’observation des plateaux sera déterminante pour pouvoir réaliser les meilleurs coups, et il pourra y avoir des moments de frustration si les cartes de sa main ne nous satisfont pas. Le jeu demande un effort mental important pour voir le meilleur positionnement tactique.

Attention, la partie peut être ralentie si un joueur a du mal à visualiser ces placements dans l’espace (il faut avoir conscience que nous ne sommes pas tous au même niveau dans cette perception en 3D).

Le nombre de joueurs sera impactant sur les parties. En effet, à quatre joueurs, les espaces se rempliront vite, on tentera d’asperger plusieurs joueurs d’un coup. Il y aura une interaction assez forte. Ce qui se sent moins à deux joueurs où les placements tactiques pourront être préparés.

Ainsi, le nombre de joueurs a une importance particulière sur la manière de jouer. La configuration à quatre n’a pas été pour moi la plus convaincante, car les plateaux se remplissent rapidement, nous mettant dans des situations de blocage, imposant des coups plus opportunistes, mais surtout empêchant une stratégie sur plusieurs tours, les emplacements étant rapidement pris. Ainsi, le joueur attendra son tour pour voir quoi jouer en fonction de l’évolution du plateau. Ce sentiment est moins présent à trois joueurs.

La course aux bonbons n’a pas été la mécanique qui m’a le plus emballé (sans jeu de mot). En effet, le gain de points en fin de partie est conséquent pour celui qui gagnera cette course, au détriment de ceux qui, à dessein ou pas, auront négligé ce scoring. Sur mes quelques parties, sans l’assurer de façon systématique, la victoire s’est souvent revendiquée par ce biais. En ne comptabilisant pas ces points, les écarts de score se réduisent significativement.

 

Une fois la première partie d’initiation passée, il est possible de jouer avec des cartes objectifs, de une à trois selon le choix des joueurs. Celles-ci sont de deux natures : soit des modifications de règles, soit un autre moyen de faire des points, sous réserve d’une contrainte de pose supplémentaire. Par exemple, positionner une couleur dans un coin permettra de doubler les points gagnés.

Autre exemple : une carte impose de déplacer son avatar de une case au lieu de pouvoir se mettre sur la case de son choix. Ou encore faire tomber des jetons de couleurs permet d’en récupérer et faire tomber ceux situé au-dessus. Les modifications de règles peuvent changer énormément la façon de jouer.

Ces cartes renouvellent complètement les parties et sont plutôt à utiliser une fois le jeu maîtrisé. Le jeu aurait pu se suffire par lui-même, mais ces cartes assurent une rejouabilité importante sans le dénaturer. Un vrai plus, mais à doser avec précaution.

 

Moi qui ne suis pas particulièrement friand de ce genre de jeux abstraits, j’ai ainsi été agréablement surpris et satisfait de l’expérience que m’a apporté HOLI. Une impression de liberté dans mes choix, une interaction forte. Avec un bémol sur la configuration à quatre et l’analysis-paralysis de certains joueurs sur la projection du plateau 3D. Les joueurs aimant ce genre de mécanique abstraite y trouveront assurément leur joie. Les autres risquent de barbouiller leur cerveau de peinture. 

 

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3 Commentaires

  1. Fredovox 28/03/2022
    Répondre

    Pour ma part, j’ai eu des expériences très mitigées.
    Un grand plaisir de découverte lorsqu’on a joué à 2, avec le fait de se dire que ca doit être mieux à 4.
    Une partie catastrophique à 4. Contrairement à toi, un plateau qui ne se rempli pas vite du tout, et ou la partie stagne au 1er étage 85% de la partie, car il est bien plus rentable de s’asperger (1 point direct + 2 points en fin de partie) que de monter. Du coup tu vises des coups ou tu peux asperger 2 voir 3 adversaires, ce qui fait des points, mais ne fait pas avancer le jeu puisque la peinture ne reste pas sur le plateau. Du coup bien refroidit par cette mauvaise partie, je ne suis pas sûr de lui donner une 3eme chance.

     

    • Meeple_Cam 28/03/2022
      Répondre

      Il me semble que, en aspergeant, c’est un point direct puis un point en fin de partie (j’ai plus la règle sous les yeux). Du coup, monter au 2eme etage (3 points par jeton placé) est interessant, et tu peux asperger les autres joueurs du haut, même si c’est moins évident visuellement. Mais tu as une carte objectif qui, effectivement, bonifie le fait d’asperger. D’ailleurs, je n’ai pas bien compris l’intérêt de séparer les points en 2 fois quand on asperge un autre joueur… Je suis par contre surpris que le plateau ne se soit pas remplis rapidement, car plus on a de joueurs, plus on place de jetons. Dans tous les cas, le jeu à 4 est celui que je recommande le moins. C’est mieux à 3.

  2. AtomChris 31/03/2022
    Répondre

    Vu les commentaires, cette review et une autre que j’ai pu lire (je vous prie de bien vouloir m’excuser) mais je reste AU LIT !

    Pardon.

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