Hasard : Jouer ou jouet ? à vous de choisir !

« Nul vainqueur ne croit au hasard.  »
de Friedrich Nietzsche
 
« On est toujours forcé de donner quelque chose au hasard.  »
de Napoléon Bonaparte
 
« La plupart des hommes ont, comme les plantes, des propriétés cachées que le hasard fait découvrir.  »
de François de La Rochefoucauld
 
« J’ai vraiment pas de moule. »
de Eolean
 
 
 
 
 
Attention, si vous pénétrez plus avant, vous vous exposez à perdre du temps de votre vie ! Cet article est rigoureusement I-NU-TIL-EUH  !
Donc s’il vous reste quelques neurones en bioactivation différentielle, ne lisez pas ce qui suit !!
 
Car nous allons ici-bas parler du Chaos, oui, du hasard dans notre hobby préféré ! Arrêtez de faire des bonds ! Je sens votre visage rubicond déjà prêt à exploser ! 
 
Parce que, soyons honnêtes, le hasard est l’excuse favorite qui explique pourquoi on a perdu ou pourquoi c’est l’autre qui a gagné et pas moi. C’est notre doudou ludique à nous, ce qui nous rassure lorsqu’on doute de nos capacités. Ce qui explique rationnellement la branlée que je viens de prendre, la petite voix dans ma tête qui me dit que j’aurai facilement pu gagner si ça s’était passé autrement, que non, mon adversaire n’est pas meilleur que moi, j’ai juste manqué de chance…
 
Gagne-t-on parce qu’on a de la chance ou perd-t-on parce qu’on en manque ? Peut-on gagner sans chance ? Ou bien perdre quand on en a ? 
Le destin est-il seul maître à bord du plateau ou nos neurones ont-ils une carte à jouer ? Quel est l’intérêt du hasard dans un jeu de réflexion ?
Les actions des autres peuvent-elles s’apparenter à une part de hasard ?
 
Vous avez 4 heures…
 
Mais non, très humblement, je vous propose d’amorcer un débat avec quelques éléments de réflexions sur le sujet. 
 

Chapitre Un : Introduction.

 
Je me suis interrogé sur la façon dont j’allais aborder ce débat et au final, je voudrai commencer par distinguer 3 catégories de jeux :
 
– les jeux où le hasard est absent.
 
– les jeux où le hasard est présent et contrôlable.
 
– les jeux où le hasard est présent et non contrôlable.
 
 
C’est bien beau de tout classifier monsieur Q, mais vous mettez quoi dans vos petits tiroirs ?
 
 
  •  D’abord les jeux sans hasard :
 
Ce sont les jeux où tous les paramètres sont devant nous au début de la partie. Les règles, les éléments, qui commence, avec quoi on va jouer, etc… Il n’y aura pas de surprise. Et ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de hasard à la mise en place, mais une fois qu’on commence la partie, il n’y en a plus. 
 
C’est la catégorie la plus stricte (qui a dit la plus ennuyeuse ?!!). On va y retrouver pour beaucoup les jeux abstrait (go, echec, etc…), mais également certains jeux plus récents (Russian Railroads ou L’année du Dragon par exemple). Cependant, il faut sortir de cette catégorie tous les titres avec des tirages de dés, de cartes ou de tuiles durant la partie, ce qui réduit déjà considérablement l’éventail des jeux…
 
Quelques part, on pourrait croire qu’on est dans la catégorie reine des experts. Tout se joue sur les neurones pourrait-on se dire. Mais ce n’est pas tout à fait vrai, j’y reviendrai plus tard. 
 
  
  •  Les jeux avec du hasard dedans mais qu’on peut contrôler  :
 
Ce sont les jeux qui comportent une part de hasard, mais dont l’auteur a prévu un mécanisme pour pouvoir contrôler ce hasard. Par exemple : les +1/-1 aux Châteaux de Bourgogne, les dieux à Bora Bora, les larves à Myrmes, etc… 
 
Bref, vous avez compris le principe ! Dans ces jeux, l’auteur vous donne la possibilité de choisir entre vous remettre entre les mains du destin ou tenter de le contrôler sinon de l’infléchir. Bien sûr, cela a un coût. Que ce soit en terme de ressource ou d’action, il faudra choisir. 
 
Jouer ou être un jouet, à vous de faire votre choix.
 
Dans ce type de jeu, le hasard peut presque être considéré comme une ressource, avoir un oeil sur le potentiel de contrôle (« Epsilon Delta 12 » de son petit nom, soyons professionnel s’il vous plait !) de ses adversaires, rajoute une variable dans votre réflexion et peut influer directement sur les actions que vous allez prendre ou non.
 
Si je joue aux Chateaux de Bourgogne et qu’il me faut absolument un 5 au tour suivant, je vais aller chercher des assistants pour être sûr de pouvoir faire ce que j’ai prévu. 
 
 
  •  Les jeux avec du hasard qu’on ne peut pas contrôler :
 
C’est la catégorie la plus large. Parfois c’est de toutes petites touches de hasard non contrôlables, parfois celui-ci est prédominant.  
C’est également certainement dans cette catégorie qu’il y a le plus de controverses. Et c’est ici que nous pouvons nous poser quelques questions existentielles !
 
L’étendue des jeux est alors très large, on va du 421 (99% hasard, 1% contrôle) jusqu’à Madeira (99% contrôle, 1% hasard), pour donner une idée. 
 
Cependant, la notion de « contrôlable » est relative. A condition de connaître le jeu, on peut anticiper, prévoir, gérer l’imprévu. Par exemple, si je joue à 7 Wonders et que je vois les joueurs autour de moi jouer sur la science, je sais qu’il va me falloir changer de stratégie si je veux des cartes qui vont m’intéresser. Autre exemple, quand je joue à Clash of cultures, je ne sais pas si je vais être attaqué par les barbares, mais j’ai toujours le choix de construire une forteresse pour m’aider au cas où…
 

 

Chapitre Deux : le bon, la brute et le chaos

 
Bien, maintenant qu’on a dit ça, on a rien dit, vous avez perdu 10 minutes de votre vie à lire un truc inutile ! 
Ou alors, vous vous aventurez un peu plus loin avec nous dans les méandres de la discussion…
 
  • Le bon côté du hasard :
 
Soyons clair, je sais pas pour vous, mais moi, les lignes droites, les lois, l’ordre immuable, l’absence d’imprévu, de petit grain de sable, tout ce qui est net, etc… ça m’ennuie, mais d’une FORCE !!! oO 
 
Ce que j’aime quand on m’explique les règles, c’est comprendre comment le microcosme ludique se met en place, comment on y évolue, commencer de ci de là certaines conjectures sur la stratégie possible, puis, soudain, on introduit l’élément X, l’étranger, le non prévisible, ce petit côté qui fait que la partie d’aujourd’hui, bien qu’avec les mêmes joueurs sera différente de celle d’hier. Ce petit élément, qui fait partie des règles, et qui vient mettre un peu le boxon dans la toute belle stratégie qu’on s’était fait dans notre monde de bisounours rien qu’à nous. 
 
En fonction du jeu, il va falloir anticiper le manque de chance, voire pour certains prier la déesse schkoumoune pour qu’elle nous épargne ! 
 
Beaucoup d’auteurs s’appuient sur le hasard pour augmenter la longévité d’un jeu. On ne met pas toutes les tuiles, on tire les cartes au hasard, on lance des dés, etc… 
Ce sont des promesses de parties sans cesse renouvelée ! Selon moi c’est plus ou moins vrai, plus ou moins artificiel selon les jeux. Les échecs n’ont pas une once de hasard (sauf si vous avez « tempête sur l’échiquier » ^^) et nous comptons des millions de joueurs dans le monde. D’autres comme Evo par exemple modifie l’ordre de sortie des tuiles climat, mais ne renouvellent pas selon moi les sensations de jeu. Par contre, la sortie des tuiles de Praetor changera complètement la physionomie de la partie !
 
Au final, une sortie aléatoire d’une ressource sur un jeu n’est pas aussi impactante que les joueurs avec qui vous jouez et leurs positions autour de la table. 
 
Vous avez tous fait cette expérience où vous jouez juste après un ami qui a exactement les mêmes idées que vous, mais juste avant vous ! Ce que ça peut être FRUSTRANT ! Il faut vite le voir et changer de stratégie, pour éviter de galérer toute la partie ! Et là, votre partie est vraiment différente. Enfin bref, je m’égare et disgresse éhontément ! 
 
Le hasard c’est également ajouter un élément des plus complexes à prendre en compte dans une partie. En dehors de toute logique, vous allez devoir appréhender l’ensemble des possibles et le prendre en compte dans vos calculs, ça rajoute un élément excessivement calculatoire… ou pas. Chacun est libre de le prendre en compte ou pas. A Troyes par exemple, je n’aime pas calculer les futurs besoin de mes adversaires sur mes dés et j’ai de fait beaucoup de mal à anticiper, du coup, je fais sans ça et je ne calcule pas mon coup trop à l’avance. Je ne gagne pas, mais je m’amuse à mon rythme ^_^
 
  • Le mauvais côté du hasard :
 
Le problème du chaos, c’est qu’il a une fâcheuse tendance à vous bousculer. C’est parfois pas trop grave, et même parfois prévu par le jeu. Mais celui-ci a tendance à jeter une ombre, un voile de frustration sur la partie, une sombre ignominie, j’ai nommé : Injustice.
 
Parce que c’est un fait, parfois, on est clairement plus désavantagé que notre voisin, qui, bizarrement va mettre en avant sa science du jeu ! Le fourbe !  Et c’est là que le débat fait rage, précisément. 
 
Ceci dit, l’injustice ne peut avoir lieu si personne ne rend justice, le hasard ne peut pas provoquer d’injustice parce personne ne tire les ficelles. Il n’y a donc personne de favorisé au détriment d’une autre par une entité tierce… A méditer :p 
 
Certains joueurs ont établi des règles sur la quantité de hasard maximum d’un jeu par des formules complexes :
 
 Si [le nombre d’heures de jeu] / [nombre de tirage hasardeux] > 0,63    alors je veux bien jouer à ton jeu ! 
 
Ce sentiment nait de la frustration. Quand on joue à un party game, un jeu apéro rapide où on va juste lancer quelques dés pour s’amuser entre deux binouzes, ce n’est pas bien grave. On passe rapidement à autre chose. 
 
« C’est le temps que tu passes pour ta rose qui fait ta rose si importante »  (Antoine de Saint-Exupery)
En effet, la part de frustration engendré par un manque de chance pourrait être lié au temps passé à réfléchir. Et donc un gros jeu qui repose uniquement sur un coup de dé, c’est sûr que ça a de quoi frustrer. Mais, la question est de savoir si vous aviez la possibilité d’être moins affecté par ce coup de dé. Si je joue à Goa et que j’ai absolument besoin de 3 colons pour mon action colonie, j’aurais peut-être pu jouer autrement pour m’assurer ou augmenter mes chances en allant en chercher plus avant.
 
Mais si mon pote a eu 3 colons au tour d’avant et que moi je n’en ai qu’un, alors évidemment, je pourrais toujours le regarder d’un oeil torve, j’aurais une différence parfaitement arbitraire de deux colons sur lui…
 
  • Jouer ou être un jouet ?
 
Je pense pour ma part que le plaisir de jouer est directement lié au pouvoir que l’on a sur son jeu. Si nous avons le loisir de choisir notre destin malgré les aléas du hasard alors celui-ci ne représente qu’un facteur de risque qu’il faudra appréhender. 
 
Dans tous les jeux où il y a une part de hasard non contrôlable, on a tous potentiellement la même chance d’être affecté par la malmoule. Certaines parties, se passeront comme un cauchemar, avec que des trucs vilains ourdis par une machination internationale pour vous faire perdre. Moi je vous le dis, parfois, le destin a le sens de l’humour !
 
Quand vous avez cette impression de vous battre dans le vide, alors la partie peut en devenir désagréable. Mais uniquement d’un point de vue ludique !
 
 

Je souhaite d’ailleurs faire ici un petit focus sur les jeux coopératifs. Est-ce que vous avez remarqué combien le manque de chance est mieux vécu à plusieurs ? Peut-être est-ce parce qu’elle est partagée, mais mon mauvais fond pencherait plutôt pour dire qu’on le vit mieux parce qu’il n’y a pas ce sentiment d’injustice ou alors il est dirigé contre le jeu et non personnifié… 

 

 
 

Chapitre Trois :  Mawashi Geri neuronal

 
Bien bien bien, où en étions-nous ? Ah oui ! Les questions existentielles !
Si vous devez passer un chapitre, c’est celui-ci, je vous aurai prévenu ! 
 
Reprenons un peu notre liste de questions et essayons d’y répondre voulez-vous !
 
– Gagne-t-on parce qu’on a de la chance ou perds-t-on parce qu’on en manque ? 
 
Ce serait si facile n’est-ce pas ? Accuser la malchance alors que nous avions tout prévu et planifié ? Non, la chance n’est qu’un des nombreux paramètres d’une partie. Elle peut avoir plus ou moins de poids en fonction du jeu, mais très souvent, il y a bien d’autres paramètres à prendre en compte : les joueurs avec qui vous jouez, la part de contrôle, le positionnement autour de la table, les différentes stratégies utilisées sur la partie, les erreurs des autres, nos erreurs, est-ce qu’il pleut, est-ce qu’on est lundi, est-ce qu’on est en forme ou pas, et les autres le sont-ils, les affinités de chacun avec les différents mécanismes, les rebondissements dans la partie, qui est le premier joueur, aurait-on pu faire une stratégie avec moins de risques, etc….
 
Le hasard n’est pas tout puissant.
 
– Parfois, il impacte fort une partie, ces les règles, le jeu est-il mauvais pour autant ?
 
Je crois sincèrement que non, pour plusieurs raisons :
– il impacte potentiellement tous les joueurs, donc les chances sont les mêmes pour tous au départ. 
– la plupart du temps, c’est du poil à gratter, du sable, ça nous oblige à nous adapter, à jouer autrement pour arriver au résultat voulu
– Si une stratégie est plus dépendante du hasard, alors vous savez où vous mettez les pieds, à vos risques et périls
 
Cependant, je veux bien croire que certains jeux soient mal calibrés. Si certaines stratégies plus hasardeuses, se révèlent plus dangereuses et moins payantes à terme, alors elles ne seront jamais utilisées et le jeu en sera amoindri. Mais je pense sincèrement que les auteurs et les éditeurs calculent bien leur coup pour que les joueurs s’amusent. Et il arrive souvent qu’une stratégie qui paye bien soit plus fragile, soit par le hasard soit par les bâtons que les autres peuvent nous mettre dans les roues…
 
Si je fais toute ma partie de Bruxelles 1893 axé sur l’architecture, que d’autres le font, et que malheureusement les cartes qui me permettent d’augmenter mon échelle d’architecte arrivent toutes en fin de partie, alors je risque fort de ne pas la maximiser autant que prévu ! Le hasard ne m’aura pas aidé, mais j’aurai pu choisir aussi de mixer ma stratégie en milieu de partie pour moins en souffrir. La spécialisation est bien souvent fragile…
 
– Le destin est-il seul maître à bord du plateau ou nos neurones ont-ils une carte à jouer ? 
 
Je pense que les joueurs de poker peuvent répondre à cette question. L’important n’est pas votre jeu, mais ce que vous allez en faire. Comme on l’a vu plus haut, le hasard n’est qu’un paramètre. Quand on ne peut pas le contrôler, alors il faut l’anticiper, le contourner, changer nos plans, etc…
Dans l’immense majorité des cas, le hasard se gère.
 
Je crois que nos neurones sont beaucoup plus stimulés dans le cas avec du hasard dans un jeu. Cependant, pour cela il faut connaître l’ensemble des valeurs que le hasard peut prendre. Nefertiti est un bon exemple dans ce cas précis. On ne sait pas quels cadeaux vont sortir mais on connait le nombre de chaque cadeau. On peut donc anticiper.
 
– Quel est l’intérêt du hasard dans un jeu de réflexion ?
 
Il s’agit d’un des paramètres du jeu, de la partie. Mais de part son côté imprévisible, il est l’un des facteurs principaux de la faculté d’adaptation des joueurs. Il modifie en bien ou en mal notre environnement. Dans les deux cas, alors on peut tenter de s’adapter. On recalcule, on reprévoit, on change nos actions pour nous adapter à la nouvelle situation. 
 
De fait, je reviens à ma remarque du début (si si souvenez-vous !), les jeux où le hasard est absent, ne sont pas nécessairement les plus difficiles et les plus prises de têtes. Un jeu avec un peu de hasard est souvent plus compliqué, parce qu’on lutte contre les autres mais également contre le jeu et on dispose généralement de peu de temps pour nous adapter. C’est pas toujours facile. La nouvelle position des tuiles à Madeira peut nous demander beaucoup d’énergie ! 
 
De plus, comme on l’a vu, le hasard peut considérablement augmenter la longévité d’un jeu. Mais attention toutefois, cette ficelle doit améliorer l’expérience de jeu en proposant des sensations différentes et pas juste un nouveau plan de table. Parfois ce renouvellement est artificiel et n’apporte absolument rien à l’expérience de jeu.
 
 Les actions des autres peuvent-elles s’apparenter à une part de hasard ?
 
Les actions des autres joueurs, vu qu’elles interviennent sur la partie sans que nous ayons un contrôle dessus peuvent êtes rapprochées du hasard. Cependant, nous pouvons dans une certaine mesure, les prévoir, les anticiper et donc nous adapter. Oui, ça rentre presque dans du hasard « contrôlable ». Et là, c’est sans considérer tous les aspects psychologique de la chose ! :p
 
L’établissement du camp à Lewis et clark par exemple m’a plusieurs fois donné des maux de têtes ! Mais en regardant le jeu de nos voisins, on peut essayer d’anticiper ce qui serait le mieux à faire pour eux, et donc on peut tenter de prévoir quand ils vont établir leur campement. C’est pas facile ! Et on n’est pas à l’abri de joueurs jouant dans une logique différente de la notre !
 
 

 

Chapitre Quatre :  LA conclusion (qui a dit enfin ?!!)

 
Bien, nous arrivons au terme de notre voyage dans lequel nous n’avons fait qu’effleurer le sujet. 
 
Au final, nous gérons tous plus ou moins la frustration que peut parfois engendrer le hasard d’une partie. Mais le hasard c’est la vie, c’est ce qui est rigolo, amusant et qui en même temps, peut mettre nos nerfs et nos neurones à rude épreuve !
 
Il y aura toujours ceux qui n’ont jamais de chance, tout comme les moulus de nature. Est-ce pour autant que nous arrêtons de jouer ? Non…
 
Parce que d’une part, même si nous nous servons beaucoup de notre doudou ludique, nous savons au fond de nous que les chances étaient les mêmes au départ. Et d’autre part parce que dans jeu de société, il y a société. 
 
Et que si nous avons des amis avec lesquels jouer c’est bien que nous avons pu faire fi de notre frustration pour nous concentrer sur l’essentiel : les autres. 
 
Je vous laisse avec un certains poème de Rudyard Kipling que je trouve de circonstance : 
 

 
 
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie 
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir, 
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties 
Sans un geste et sans un soupir ; 
 
Si tu peux être amant sans être fou d’amour, 
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre, 
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour, 
Pourtant lutter et te défendre ; 
 
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles 
Travesties par des gueux pour exciter des sots, 
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles 
Sans mentir toi-même d’un mot ; 
 
Si tu peux rester digne en étant populaire, 
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois, 
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère, 
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ; 
 
Si tu sais méditer, observer et connaître, 
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur, 
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître, 
Penser sans n’être qu’un penseur ; 
 
Si tu peux être dur sans jamais être en rage, 
Si tu peux être brave et jamais imprudent, 
Si tu sais être bon, si tu sais être sage, 
Sans être moral ni pédant ; 
 
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite 
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front, 
Si tu peux conserver ton courage et ta tête 
Quand tous les autres les perdront, 
 
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire 
Seront à tous jamais tes esclaves soumis, 
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire 
Tu seras un homme, mon fils.
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28 Commentaires

  1. Arthelius 12/08/2014
    Répondre

    Un très bon article de fond, que j’ai eu grand plaisir à lire. Bravo car je sais le travailo qu’il y a derrière.

    • eolean 12/08/2014
      Répondre

      Merci ! ça fait plaisir venant d’un maître en la matière !  ^_^

      • Arthelius 12/08/2014
        Répondre

        Merci beaucoup ça me touche, mais je pense pas mériter ce titre. Il me reste beaucoup de chemin à parcourir ^_^
        En tout cas j’ai hâte lire ta prochaine intervention sur Ludovox 😉

        • eolean 12/08/2014
          Répondre

          Bon allez Arthie, on sort les violons et on se fait un buf ? 🙂 

          Merci en tout cas ^^

  2. Shanouillette 12/08/2014
    Répondre

    Oui very good job Eolean …(Et du Rudyard Kipling pour conclure siouplé !^^)

    « L’important n’est pas votre jeu, mais ce que vous allez en faire. » tellement vrai. une véritable leçon de vie !

    • eolean 12/08/2014
      Répondre

      Merci M’zelle Shanouillette ! Et un grand merci à toi pour ton aide !!!  

  3. Himuraken 12/08/2014
    Répondre

    un trés bel article , agréable à lire .

    • eolean 12/08/2014
      Répondre

      Merci, il était également agréable à écrire quoi qu’à la fin je le détestais :p 

  4. Cormyr 12/08/2014
    Répondre

    Grande question que le hasard. Pour moi tout est question de dosage et de à quoi sert le hasard.

    Dans certains jeux, le hasard se limite au tirage de cartes, de tuiles. Il rend les parties différentes, il oblige à s’adapter et il participe au renouvellement des parties et à la diversification des stratégies. C’est un hasard heureux qui enrichie le jeux. Ce ressort ludique est d’ailleurs bien décrite dans ton article.

    Cette part de hasard ne me gène nullement, et est même appréciable.

    Autre type de jeux avec du hasard, les ameritrash ou la plupart des actions (devrais-je dire des combats) sont résolus avec des dés. On retrouve cette mécanique dans les jeux de rôle également. Là le hasard simule la glorieuse incertitude de la vie, les maladresses imprévues, les coups formidables, l’inspiration soudaine et imprévisible, … le hasard participe au côté épique de l’aventure. Un tel jeu sans hasard serait bien triste. Il est d’ailleurs souvent pondéré et donne une bonne probabilité de réussir à quelqu’un de plus fort et une faible probabilité d’arriver à ses fins à un incompétent. On est loin du Risk où le hasard total n’est que très très peu compensé par la supériorité numérique du fait du système de résolution.  Souvent ce hasard est honni de beaucoup de joueur. On retrouve ici la catégorie de joueurs, que tu décris, qui accuse le hasard comme responsable de leur défaite. Le hasard seul responsable d’une victoire ou d’une défaite est une chimère qui oublie les jets chanceux obtenus précédemment dans la partie, et bafoue les lois de la probabilité. En effet dans ce genre de jeux, les jets de dés sont tellement nombreux qu’il est très fortement improbable qu’un joueur n’accumule que des mauvais résultats. J’encourage tous ceux qui le pensent à noter lors d’une partie tous les jets de dés pour s’en convaincre.

    J’aime ce hasard. C’est celui qui fait qui raconte une histoire, qui crée une épopée, qui nous fait se souvenir d’une action héroique ou d’un loupée formidable qui a relancé toute la partie. 

    En revanche, il y a quelques jeux où le hasard me semble mal dosé, où le hasard est insupportable. Heureusement les jeux de ce genre sont peu nombreux. Ce sont les jeux où il y a très (trop?) peu de hasard et pire, ceux ou ce peu de hasard peut rapporter gros et permettre parfois de faire la différence. En effet, en voulant limiter le hasard certains auteurs ne font qu’augmenter son influence. Car rien de mieux pour compenser le hasard que le hasard lui-même. Limiter les jets de dés font que la loi des grands nombres ne s’applique plus et l’incertitude augmente alors grandement. Je vais en faire réagir plus d’un, mais c’est une des raisons pour lesquelle je n’aime pas du tout Trajan (aïe, pas taper wink). En effet, très peu de hasard, beaucoup de calculs, cependant le tirage des cartes du port peut permettre en quelques cartes de marquer beaucoup de points, quand d’autres vont devoir répéter de nombreuses fois cette opération pour y arriver. C’est un schéma que j’ai vu se répéter plusieurs fois sans pour autant en être vraiment victime ou bénéficiaire fuyant cette action. Pourquoi un joueur obtiendrait-il rapidement le bon résultat alors que l’autre non ? Surtout alors que le mécanisme central oblige à une réflexion profonde et rend le jeu très calculatoire. Autre exemple, d’une moindre portée : à Clash of Culture je joue avec la variante proposant de démarrer avec deux cartes actions et deux cartes objectifs et de ne pas en tirer au dernier tour. En effet, il pourrait arriver qu’un tirage malheureux empêche en un tour de réaliser l’objectif alors qu’un autre joueur verrait son objectif déjà réalisé ; avec cette variante, le dernier tirage d’objectif se fait à l’avant-dernier tour et on a donc 2 tours complets pour arriver à remplir ce dernier objectif. Ne pas faire intervenir cette part de hasard trop tard permet de laisser le temps limiter son effet.

    En conclusion, de mon point de vue, le hasard fait partie de la vie, du jeu et peut procurer du challenge, du plaisir des émotions. Mais il vaut mieux beaucoup de hasard que très peu, car le hasard ne doit pas être un élément totalement erratique venant mettre à mal une réflexion ou un calcul complexe. Le hasard doit donc être contrôlé, soit par la loi des grands nombres et venir appuyer la thématique et l’épique, soit par des ressources permettant d’en limiter les effets, soit par le temps laissé aux joueurs pour s’adapter à son aléa.

    • eolean 12/08/2014
      Répondre

      Boudiou !!! ça c’est du commentaire ! Te sachant amateur de gros jeu, j’espérai bien avoir ton avis et je ne suis pas déçu ! 🙂

      J’ai particulièrement aimé la partie sur la quantité de hasard et ses conséquences. Il est vrai que j’aime beaucoup Trajan, et vrai également que celui qui a beaucoup de chance peut profiter pleinement du commerce alors qu’il y investit beaucoup moins. Cependant, je crois aussi, que celui qui base une partie de se stratégie sur le commerce peut également jouer sur les tuiles du sénat pour rentabiliser ses nombreuses actions commerces… (mais c’est un autre débat :p)

      La multiplication des parties aura également un effet sur ce peu de hasard, puisque mécaniquement, comme tu le dis, ça diluera les « coups » de chance ou de malchance dans les stats par la loi des grands nombre.

      Celà étant, on ne joue peut-être pas non plus suffisament à ces jeux pour arriver à cette dilution et je comprends ce que tu dis sur la frustration du « peu » de hasard. Cela dit, en connaissant le mécanisme, libre à nous après de prendre le risque ou non en fonction du jeu. Mais effectivement on peut y lire un problème de dosage et ça peut nuire au plaisir des premières parties. Peut-être celui qui explique les règles peut-il compenser ce point en appuyant ou non sur les avantages/inconvénient de ce genre d’actions… Mais ça révèle peut-être également un problème de dosage.

      Je te rejoins totalement sur le temps nécessaire pour gérer les aleas qu’il engendre, en amont ou en aval d’ailleurs. Lorsqu’on est pris à la gorge trop tôt par un coup du sort et qu’on rame toute la partie ensuite, c’est moins drôle ! 🙂

      Hier justement je faisais une partie de libertalia avec une personnage qui n’avait jamais joué. A la fin, il fait intervenir l’espion espagnol, je l’alerte sur le risque que cela provoque, il tire un totem maudit (-3 points). Il perd la partie à 1 point. Je ne dirais pas qu’il a perdu sur un manque de chance, c’était une question de risque calculé. Mais comme je lui ai dis, étant moi-même joueur, j’aurais fait la même chose ! 

      Parce faut avouer qu’on aime bien tenter le diable quand même de temps à autre… 🙂

  5. Sha-Man 12/08/2014
    Répondre

    Personnellement je suis un adorateur du chaos !

    Dernière cette accroche marketing honteuse se cache mon goût pour l’incertitude dans le plan, l’action d’éclat ou l’échec cuisant qui peut s’interpréter de beaucoup de manières différentes thématiquement.

    J’aime les jeux ou le hasard est présent clairement (comme le deckbuilding ou les jeux à l’affrontement résolu aux dés), mais bien sur et je vois que je ne suis pas le seul à le dire, il faut une part de contrôle, sinon on est dans la frustration pure et on subit.

    Le poker, comme le deck building ou comme les tuiles d’amélioration de vaisseaux dans éclipse ou les emplacements que l’on choisit sur le terrain à Cathane (par exemple) permettent de contrôler le destin des dés et de la pioche par les probabilités.

    Ce n’est pas une science exacte et parfois on se retrouve dans un extrême statistique et c’est moche (une main de 5 pièces 1 or pour se défendre, 5 dés sur 5 sur la face 1…etc.), et en plus un extrême statistique est quelque chose qui peut se traduire par 10 lancers de suite foireux…

    ça arrive, d’autant plus que de multiples facteurs affectent les probabilités (j’ai écrit un mémoire en école d’ingé sur les statistiques de lancers de dés plus ou moins équiprobables), allant de la manière de lancer les dés, la méthode de mélangeage de cartes (parlez-en à un magicien tiens ^_^), voire même les caractéristiques intrinsèques de l’objet.

    Mais il faut l’accepter, et pour le coup j’adore ça.

    Même si un dé semble avoir plus tendance à tomber sur le 1, ça veut rien dire, je le croirai quand j’aurai vu un tableau d’1 million de lancers. Mon lancer prochain fera 4+ et puis c’est tout ! J’ai potentiellement (et probablement à tort mais je m’en fous) 50% de chance que ça arrive ! Arf 1…

    C’est pas grave ! Pas de moule ? Je me prends un +1, ça améliorera les statistiques en ma faveur.

    J’ai lu un jour dans une critique qu’Eclipse était un jeu totalement hasardeux et ce jour même j’ai fait une partie en poussant une stratégie plus ou moins débile à son comble ce qui m’a amené à lancer une vingtaine de dés lors de mes combats ou il fallait faire en moyenne 4+, les statistiques sont globalement assez bonnes et j’ai pu démontrer en quelques combats que la part de hasard dans ce jeu était parfaitement maitrisable.

    L’attaquant peut augmenter son nombre de dés et ses chances de toucher, quand le défenseur peut tenter d’augmenter la difficulté pour être touché jusqu’à forcer l’adversaire à faire des 6.

    Eclipse est particulièrement intéressant (attention virage dans le propos) car il donne le choix dans la manière dont on va s’adapter à la stratégie de l’autre avec ou sans prise de risque dans le hasard et c’est là qu’arrive toute la magie et le tempérament de joueur.

    La non prise de risque consiste à empiler des points de vie pour être capable d’absorber le bourrinage adverse, mais ne sauvera pas d’un bon jet de dés (aaah les extrêmes statistiques sont parfois dans le bon sens aussi), la prise de risque consistera à mettre des boucliers qui vont rendre plus difficile à toucher, augmentant le score nécessaire au dé pour l’attaquant, réduisant ainsi ses probabilités.

    Je ne parlerai évidemment pas de la stratégie non prise de risque qui consiste à éviter son adversaire dans la galaxie que je qualifierai de technique « ptit kiki ».

    L’attaquant aura des choix du style +de dés, +d’un coup mais one shot ou à tous les tours, amélioration du score pour toucher, voire dés plus bourrins qui font plus de dégâts quand ça touche.

    En ça ce jeu est magnifique parce qu’il comporte une grande part de hasard avec la résolution des combats aux dés, mais permet à tous les profils de joueurs de venir y apporter leur style de jeu.

    Moi bien sur vous l’avez compris j’aime quand je peux dire des phrases du style « y reste des dés dans la boîte, j’en ai pas assez pour mon attaque là », mais parfois je me surprends a calculer si ajouter 2 dés est meilleur que rajouter +1 au toucher de tous ceux que j’ai.

    Au delà de ça, les coups de pas de bol arrivent et c’est sur que c’est frustrant, mais y a-t-il plus grand plaisir que d’avoir ses dés en main, être prêt à retourner une tuile inconnue ou à repiocher ses cartes et de frémir dans l’attente insoutenable du dénouement ?

    Plus grand plaisir également que de faire un lancer de la dernière chance sachant que même si les probabilités ne sont pas avec nous, il nous reste la possibilité infime de réussir ? Voire suivre attentivement le lancer de son adversaire dans le cas improbable ou il dévierait une attaque parfaitement exécutée ?

    Plutôt que de faire face à la morne constatation de la défaite ou victoire certaines car déjà calculées ?

    Allez quoi ! Amusons-nous, faisons-nous peur un peu et tremblons dans les mains du destin, ça n’en fait que de plus belles histoires de parties à raconter !

    Bref qu’est ce que je disais ?

    Ah oui ! J’aime le chaos !

    • eolean 13/08/2014
      Répondre

      Et les mecs ! Vous me faites un concours ? 🙂  Je ne comprends que trop bien ce que tu dis là ! Quand je jouais mes démons à Warhammer 40000, je trouvais drôle le fait que la moitié de l’armée se faisait atomisé juste par chance ou pas au début de la partie :p  Faut aimer vivre dangereusement ! ^_^

      Mais il y a une chose que j’ai remarqué avec le hasard, je trouve beaucoup plus jouïssif de faire un jet de dé ou un tirage de carte avec toutes les chances contre moi et finalement de tirer LA bonne carte ou LE 6 au dé qu’il me fallait plutôt que de gagner en contrôlant le moindre souffle d’air expirer par mon adversaire… 

      Le hasard amène la tension autour de la table, ça aussi on pourrait en parler !

      Merci pour ton commentaire ! Et si un jour vous me proposez un eclipse à 9…. Je passe :p (à noter que l’appli Imachin est très bonne)

  6. Sha-Man 12/08/2014
    Répondre

    PS : superbe article !

  7. Shanouillette 13/08/2014
    Répondre

    Finalement gérer le hasard nécessite plus de calculs et de finesse que de jouer un jeu qui est dépourvu d’ aléas..?

    • Cormyr 13/08/2014
      Répondre

      Plus de calcul peut-être pas, mais plus de finesse, d’intuition, d’adaptabilité sûrement, oui. 

      • eolean 13/08/2014
        Répondre

        Effectivement pas nécessairement plus de calcul. Je suis toujours effaré par ces grands maitres aux echecs qui peuvent te dire ce que tu vas jouer sur tes 38 prochains coups et comment tu seras echec et mat au 39eme !

        Je plussoie cormyr, l’adaptabilité est la clé, en fonction du hasard chez nous ou chez les autres, il faut revoir ses plans ou pas.

        En plus, il y a 2 types de hasard, l’imprévisible comme un tirage de dés par exemple et une sortie aléatoire mais unique d’éléments prédéfinis (par exemple les tuiles de praetor sortent au hasard, mais on sait qu’elles vont toutes sortir, du coup ça rajoute un élément qu’on peut prévoir).

         

  8. zedzed 13/08/2014
    Répondre

    J’aime quand le hasard est présent mais de façon contrôlé et sans que ce soit trop avantageux ou désavantageux.

    Un bon exemple en jeu récent est Istanbul, hasard sur les cartes (mais on peut aussi prendre celles de la défausse et qui sont visibles), hasard sur quelques cases qui demandent de lancer les dés (mais on peut au préalable choper une tuile nous facilitant les jets, et dans le pire des cas on gagne quand même un petit quelque chose).

    Au contraire, je ne suis pas fan de l’ajout du dé dans l’extension de Tokaido. Un bon lancé donnera un avantage considérable là où un mauvais peut vous pourrir la partie.

    Si le hasard est très dominant, il faut que les parties soient courtes et rejouables comme un Minivilles.

     

    Le cas du coopératif est effectivement particulier. On se sent beaucoup moins lésé quand c’est partagé par toute la table. Au contraire, la « rage » fera même place aux sourires.

    Pas plus tard que lundi on s’est fait un Pandémie à 4. La partie était tendue, il restait 10 cartes dans la pioche, 2 remèdes à découvrir, on passe pas mal de temps à prévoir nos actions et trouvons LA solution. On est sûr de nous, on est content, on va sauver la planète … et là c’est le drame. La propagation du virus se déclenche pile poile sur la mauvaise ville, c’est la fin de la planète sans qu’on ait à peine eu le temps de rejouer après notre longue réflexion ! Tout ça sur un « mauvais » remélangeage de cartes suite à une épidémie !

    Hé bien ça nous a fait marrer …

     

    Enfin, il faut aussi avouer que le hasard, c’est aussi ce qui fera qu’un débutant gardera quelques chances de gagner face à un vétéran ou au moins que la partie peut être un minimum serrée.

    • eolean 13/08/2014
      Répondre

      C’est vrai que le cas du jeu coopératif est intéressant. Le hasard est toujours le même, mais en groupe on le vit différement, on partage la joie ou la frustration, ce qui augmente le premier et diminue le deuxième. Le phénomène de l’esprit d’équipe je pense. Une étude plus poussée sur ce type de réaction serait intéressante 🙂

      Je ne suis pas un gros joueur de jeu coop, mais il me semble qu’il y a un peu le même esprit qu’on retrouve autour d’une table de jdr. 

  9. MeepleGaut 19/08/2014
    Répondre

    Le Hasard, c’est la Vie!

    Mon meilleur souvenir: Battlestar Galactica: un dernier saut à effectuer, plus que 1 de population, obligé de faire un saut PRL forcé sinon on est mort de toute façon (je suis humain), la victoire ne tient qu’à ce fracking jet de dé qui nous dira si on perd de la pop ou non. Une partie de 4 heures tenue par ce jet de dé, une chance sur 4 que ça passe. Et c’est passé!

    Mais sinon, ça n’aurait rien changé: on a frissonné tout du long, et les revers du hasard nous ont parcouru l’échine avec délice.

    Le moment le plus jouissif de ma vie ludique.

     

    Super article, félicitations!

    • eolean 15/12/2014
      Répondre

      Oups, je ne t’ai pas répondu à l’époque, j’suis désolé 🙂

      Donc, je n’ai jamais joué à Battlestar Galactica (mais j’ai adoré la nouvelle série ^^),  mais il est vrai que pour avoir fait de nombreuses parties de Warhammer 40k, l’Ave Maria sur un unique jet de dés, c’est toujours un moment d’émotions intenses ! Et seul le hasard peut te donner ça, je plussoie !!

  10. Opyros 14/12/2014
    Répondre

    Je me permets de réagir à rebrousse poils, pour ne pas dire complétement à la bourre. Je suis assez d’accord avec le contenu de l’article et des commentaires mais il y a quelque chose qui mériterait d’être ajouté, je pense. Tout d’abord, il faut poser la distinction entre hasard et chaos, un système chaotique n’est pas un système hasardeux au sens strict, on parlera volontiers de variations aux conditions initiales (et ce genre de choses) mais pas réellement de hasard. Un système hasardeux se traduirait par des variables aléatoires, et un chaotique par certaines variables inconnues, variables qui permettrait de décrire l’évolution d’un système de manière plus précise si elle étaient connues (et comme on ne les connait pas on dit que c’est chaotique !). A mon sens, le paramètre chaotique d’une partie n’est pas le jeu, entendu comme un système, mais les autres joueurs. Car leurs actions vont directement impacter mes décisions pour autant je ne peux avoir connaissance de toutes les variables concernées. J’ai à ma disposition toutes les informations sur table (tuiles, tirage de carte, etc) mais je ne peux connaitre par exemple le contenu de la main de mon adversaire s’il y a des cartes et ce qu’il ourdit malicieusement dans sa tête, s’il en a une. Si le hasard est individuel et interindividuel, le chaos est systémique. Autre distinction, là où le hasard est une donnée finie et parfaitement calculatoire (tout est objectivement calculable, car il n’existe pas un nombre infini de face sur un dés ou de carte dans un jeu) ; le chaos quant à lui se détermine, car il fait entrer le joueur (l’adversaire) en tant que variable dynamique (avec toute la psychologie que cela implique). Un peu comme au poker, je peux déterminer quelles sont les probabilités d’avoir la meilleure main par rapport à mes cartes, celles de mes adversaires et celles déjà révélées, mais la propension d’un adversaire à miser pré-flop avec une petite paire servie n’est pas mesurable. Pour un jeu il s’agit alors de se demander si le hasard agit comme une variable locale ou s’il a un impact systémique et régulier. Dans le deuxième cas c’est chiant, dans l’autre c’est mieux (grâce à la loi des grands nombres évoqué plus haut par exemple).

    • eolean 15/12/2014
      Répondre

      Dans l’article je dessine à demi mot que les joueurs autour de la table apportent également une part de hasard. Si je comprends bien l’idée que tu exprimes, il faut différencier le hasard de la partie, avec le chaos qu’apporte les joueurs. 

      Je n’ai jamais été bon en probabilité ^^ Mais je te rejoins néanmoins sur cette idée.

      D’une certaine manière, le hasard obéis à des règles, on sait qu’on a 1 chance sur XXX de tirer la carte qui nous intéresse, etc… Les probabilités (même si je trouve ça chiant au possible) sont calculable à chaque fois.
      Par contre, deviner ce que mon adversaire va faire est bien plus compliqué. Il peut réagir comme nous mais on est tous différend et notre logique n’est pas forcément celle de notre pote ! Et là ça devient gore parce que le nombre de variables augmente largement !

      Je joue toutes les semaines avec les mêmes personnes depuis plusieurs années, mais s’il y a des tendances assez forte qui se dégagent, il m’arrive encore d’être surpris par certains de leurs choix. Est-ce qu’ils ont passés une mauvaise journée ? Est-ce qu’ils ont le moral ? Est-ce que les couleurs du plateau vont influencer leurs choix ??? Le nombre de variables devient impossible à contrôler. Alors peut-être peut-on parler de chaos…

      Le chaos serait-il le hasard dans un monde où on ne maîtrise pas l’ensemble des règles ? Une sorte de hasard ++  ?

      Si le hasard est un noeud de probabilité dans un monde aux règles connues, le chaos serait-il un noeud de probabilité dans un monde où on ne connait pas les règles ? Voir un monde où elles sont trop nombreuses pour être toutes appréhendées… Bobo tête là oO

  11. Shanouillette 15/12/2014
    Répondre

    >> la dissert’ de l’incontournable Faidutti sur le sujet : par ici

    • eolean 16/12/2014
      Répondre

      Merci pour le lien, la « dissert » de monsieur Faidutti est très intéressante. Il installe le chaos comme étant les relations entre personnes par opposition au hasard des lois régissant le jeu. Contrairement à lui je préfère un peu plus le hasard (contrôlable :p) au chaos ^^ J’avoue ne pas être un fan absolu des jeux type mascarade, love letter, citadel et consort (même s’il m’arrive d’y jouer avec plaisir de temps à autres ^^)

  12. atom 27/07/2016
    Répondre

    je viens de relire pour une énième fois, cette superbe chronique. Et je pense que je la relirais encore. je la cite régulièrement pour les amis qui me sou heu me parlent du hasard pour justifier leur appréciation réussie d’un jeu ou pas.

    Pour ma part j’adore le hasard quand il est contrôlable, c’est ce qui met du piment, et un jeu ou comme l’année du dragon c’est ennui mortel pour moi. Le chaos est intéressant aussi si ce n’est pas trop long ou si le jeu s’y prête. tellement plus amusant de gagner sur un coup de poker que sur un truc que l’on a calculé depuis x tours. tellement plus jouissif que de se lancer dans un baroud d’honneur ou ça passe ou ça casse et ça passe parce que le dieu moule a eu pitié de nous, ou a l’inverse a décidé que ce n’était pas notre tour. « A vaincre sans péril on triomphe sans gloire »
    En tout cas cet article est a lire et relire et partager.

    • eolean 28/07/2016
      Répondre

      Hé bien je ne m’attendais plus à recevoir de commentaire sur cet article 🙂 Je suis content qu’il te plaise. Après relecture, je me retrouve toujours dedans. J’aime les jeux avec du hasard contrôlable, voir « devinable » lorsqu’il s’agit des actions des autres joueurs ^^

      Par contre, j’ai toujours beaucoup de mal à jouer une partie sur un jet de dé unique. Certes c’est bonheur quand ça passe, mais alors quelle frustration quand ça ne passe pas !

      Quand je joue, j’aime bien considéré le hasard comme une variable et pas comme un péril. Une façon d’introduire une donnée supplémentaire à prendre en compte. C’est intéressant parce que ça demande des facultés d’adaptation tout en gardant sa stratégie en ligne de mire… J’aime bien pour ma part 🙂

  13. Chrys 20/07/2019
    Répondre

    Merci pour cet article !

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