Gods Love Dinosaurs and dinosaurs want to eat

Localisé chez Catch Up Games et édité par Pandasaurus Games, Gods Love Dinosaurs est une création de Kasper Lapp, auteur danois connu pour Magic Maze. Dans Gods Love Dinosaurs, il propose un jeu de placement de tuiles à interaction forte. Si cette dernière n’est jamais directe, durant chaque partie, les joueurs ne manqueront pas de se gêner voire de s’embêter volontairement.

Le thème est simple : chaque joueur incarne une divinité dont le but est de construire un écosystème propice à la reproduction des dinosaures. Nous alimentons notre chaîne alimentaire grâce à la pose de tuiles de différents types. Le joueur gagnant est celui qui a accumulé le plus grand nombre de dinosaures et d’œufs de dinosaures à la fin de la partie.

 

Les règles : pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?

La première impression en feuilletant le livret des règles, c’est qu’il n’est pas bien épais. Celui-ci tient en une dizaine de grandes pages, avec de jolies illustrations en prime et, surtout, des exemples qui permettent d’appréhender le jeu facilement. Il ne faut pas s’y tromper : Gods Love Dinosaurs est bien un jeu de stratégie et pas des plus simples d’ailleurs. Simplement, on n’a pas toujours besoin de règles compliquées pour se creuser les méninges.

Il est alors agréable de pouvoir prendre en main ce jeu rapidement puisqu’un joueur habitué pourra en comprendre le fonctionnement en un quart d’heure. Chaque joueur commence avec une tuile de départ qui se compose de deux terrains de chaque type (lac, forêt et champ), et d’un terrain montagne avec un nid sur lequel il pourra faire éclore ses œufs. Sur ces terrains, il posera une grenouille, un rat et un lapin ainsi qu’un dinosaure.

Notre but est d’accumuler des points en faisant reproduire et pondre des œufs à nos dinosaures. Pour que nos dinosaures se reproduisent, ils doivent manger des prédateurs (aigles et tigres). Ces derniers se reproduisent quand ils mangent plus d’une proie à leur activation. Chaque proie se reproduit sur une tuile adjacente et vide du terrain correspondant. Tout cela n’est pas bien compliqué, mais manque de cohérence d’un point de vue scientifique, ce qui pourra  dérouter les spécialistes.

 

Lorsqu’ils sont activés, les prédateurs (aigle et tigre) doivent terminer leur déplacement sur une proie.

 

Pour récupérer des tuiles et les poser sur son aire de jeu, chaque joueur choisit une tuile sur le plateau commun. Quand les tuiles d’une colonne sont épuisées, on active l’animal correspondant indiqué en bas de la colonne. En bref, les règles sont simples et les tours de jeu fluides, on ne passe pas son temps à attendre les autres joueurs, et nos méninges chauffent régulièrement sans surchauffer pour autant.

Si vous souhaitez vous faire une idée plus précise des règles, je vous invite à regarder notre Ludochrono.

 

Tout dieu qui se respecte veut bien nourrir ses bêtes

Autant les proies (grenouilles, rats et lapins) ne réclament aucune nourriture, autant les prédateurs et les dinosaures ont besoin de remplir leur ventre. C’est pas compliqué : s’ils ne mangent pas quand ils sont activés (c’est-à-dire quand on a retiré toutes les tuiles de la colonne qui leur correspond), ils meurent, et là, on a beau être un dieu, on se sent quand même un peu idiot. Le hic, c’est qu’on ne peut pas toujours anticiper le moment où chaque animal sera activé. En effet, selon la stratégie et les besoins de tuiles des autres joueurs, certaines colonnes risquent de se vider très rapidement, tandis que d’autres, moins intéressantes pour les besoins du moment, ne se videront que bien après.

Il est d’ailleurs de l’intérêt de chaque dieu de choisir les tuiles aussi en fonction de la situation de son écosystème et de la probabilité que tel ou tel animal soit activé par les autres joueurs. Sans compter que les autres dieux ne sont pas forcément sympathiques ! Déjà ils vous chipent les tuiles sur lesquelles il y a des animaux pour engranger de la boustifaille. En plus, ils peuvent s’amuser à activer tout exprès les grenouilles, alors que vous n’avez plus que des lapins sur votre plateau ou, pire encore, activer des aigles alors que votre aigle à vous ne pourra pas manger de proie à ce tour et mourra.

 

Un extrait du plateau où l’on voit les tuiles permettant de récupérer des animaux supplémentaires, ainsi que les symboles au bas de chaque colonne qui indiquent l’animal à activer lorsque celle-ci est vidée. Pour activer le dinosaure, il faudra vider la colonne sous laquelle il est placé.

 

Enfin, tout en réfléchissant attentivement aux choix de vos tours de jeu et en gardant à l’œil vos divins concurrents, il vous faudra aussi ne pas perdre de vue votre but ultime : disposer du plus grand nombre de dinosaures et d’œufs de dinosaures, tout en n’oubliant pas de disposer d’assez de nourriture pour vos amis les dinos. Sans quoi, ceux-ci ne seront plus qu’un souvenir au moins aussi lointain que votre victoire. C’est important de le préciser car, au début, on peut se tromper de but et chercher à faire reproduire les animaux indéfiniment pour avoir un écosystème foisonnant. Or, ici l’écosystème sert uniquement à assurer la survie et la reproduction des dinosaures et ne rapporte strictement aucun point. Il est donc plus exact de parler de chaîne alimentaire.

 

Lose to lose ?

À deux, Gods love… se joue bien, bien qu’on ressente le manque d’un troisième joueur pour pimenter le tout. La meilleure configuration est, à mon sens, celle à trois joueurs. À quatre joueurs, en revanche, Gods Love Dinosaurs peut devenir punitif : s’il est vrai qu’on ajoute les tuiles pour trois et quatre joueurs et que chaque colonne s’enrichit d’une troisième tuile, on risque d’avoir à terminer la partie en serrant les dents si les autres joueurs nous ont distancié.

Concrètement, les joueurs qui activent les animaux ou les dinosaures sont ceux qui ont intérêt à le faire, c’est-à-dire ceux dont les animaux ou les dinos se reproduiront, s’ils sont activés – c’est logique ! Si une espèce animale vient de se reproduire, vous n’aurez, en règle générale, pas grand intérêt à choisir des tuiles avec des animaux dessus, sauf si vous êtes à court d’un type d’animal bien précis, auquel cas il faudra prier pour qu’un adversaire ne prenne pas la tuile tant convoitée.

 

Cet écosystème n’est pas très diversifié puisqu’on n’y trouve que des aigles et des rats. À l’exception de l’aigle et du dinosaure en bas à droite, il est en revanche très bien organisé puisque, non seulement les dinosaures et les prédateurs ont de quoi se nourrir, mais ils ont aussi de quoi se reproduire.

 

 

D’autre part, si un joueur est en grande pénurie, il cherchera plutôt à restaurer son écosystème et essayera donc de choisir les tuiles qui lui apporteront des animaux. Toutefois, comme elles ne sont pas très nombreuses, il se retrouvera bien souvent à choisir le moindre mal. La restauration d’un écosystème prend souvent trop de temps pour que le joueur loin derrière puisse avoir l’espoir de revenir dans le jeu. C’est d’autant plus le cas que les autres joueurs ne vont pas se gêner pour activer les animaux, alors même que le joueur désavantagé n’en aura aucun à faire reproduire ou devra en sacrifier un ou plusieurs.

Certes, l’auteur a fait un effort en ordonnant les tuiles de A à D, pour s’assurer que le jeu reste équilibré et que des tuiles avec animaux reviennent régulièrement en jeu. Dans les parties à quatre joueurs (et parfois aussi à trois) que j’ai jouées, cet effort semble toutefois insuffisant au vu du sentiment de punition éprouvé par le joueur qui n’arrive pas à rattraper son retard malgré sa bonne volonté. Puisque Gods love… est prévu pour des joueurs à partir de dix ans, il faut penser aussi aux adolescents qui pourraient être vite découragés et avoir envie d’interrompre la partie.

 

De jolies tuiles pour nos bébêtes !

La boîte est bien organisée puisque le thermoformage évite la dispersion du matériel du jeu. Chaque tuile est composée de deux hexagones contigus et représente de façon claire et agréable à l’œil chaque type de terrain (lac, forêt, champ, montagne et joker). L’éditeur a également pris le soin d’inclure dans la boîte de petits animaux en bois pour les proies (lapins, grenouilles, rats), les prédateurs (aigles et tigres), et les dinosaures.

De façon générale, on apprécie la qualité et l’ergonomie du matériel puisque les tuiles de départ, Écosystème et Nid sont aussi de bonne facture. Bref, c’est une jolie chaîne alimentaire propre et colorée. On s’étonne que nos dinosaures soient si polis et ordonnés qu’il n’y a même pas une petite cuisse de grenouille ou une carcasse de lapin qui traîne. Eh oui, ce ne sont pas n’importe quels dinosaures que nous, les dieux, aimons.

 

Les bons dieux ont le bon timing

En somme, bien que les règles de Gods Love Dinosaurs soient simples, une stratégie précise et réfléchie demeure indispensable pour tirer son épingle du jeu. Les joueurs qui auront fait peu d’erreurs pourront toujours se rattraper les uns les autres et aucun joueur ne peut jamais être complètement sûr de gagner jusqu’à la dernière tuile. En revanche, il risque d’y avoir un mouton noir qui perdra quasi-certainement, surtout si ce joueur est peu expérimenté et qu’il a cumulé les erreurs et la malchance en début de partie.

La mécanique du jeu épouse bien le thème mais la reproduction de la chaîne alimentaire suit une logique peu vraisemblable qui peut s’avérer déstabilisante pour certains.

 

Pour la reproduction de ses dinosaures, au début de la partie, chaque joueur récupère un joli nid. L’œuf plus foncé est doré et rapporte cinq points. Vous avez dit « dinosaure aux œufs d’or »?!

 

Je réserverais Gods Love Dinosaurs aux initiés : les parties auront le mérite de durer moins d’une heure et d’être fluides. L’apprentissage des règles est rapide et sans accroc. De ce fait, les néophytes pourraient avoir le sentiment d’avoir été leurrés en croyant qu’un jeu aux règles simples est nécessairement un jeu facile. Enfin, pour les plus jeunes, il faudra que ceux-ci aient de l’appétence et de la patience pour les jeux et qu’ils soient un tant soit peu habitués aux jeux de stratégie.

Pour ma part, je trouve que Gods love…  propose un casse-tête stimulant, agréable lorsqu’on aime élaborer une stratégie de jeu efficace et engranger des points. J’y rejouerais volontiers entre amis, surtout si ceux-ci ont un peu de familiarité et de goût pour les jeux. J’éviterais en revanche de le sortir pour des parties entre ludistes experts car j’ai l’impression qu’il pourrait manquer de profondeur et devenir répétitif du fait de la simplicité relative de sa mécanique. Je le recommande pour des parties d’au moins trois joueurs, sinon l’interaction risque de ne pas être assez forte.

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