Game Market : et si on parlait jeux ?
Comme je l’ai écrit dans mon précédent article, cette édition du Game Market présentait pas moins de 270 nouveaux jeux. Alors, évidemment, je ne suis pas allé les compter un par un, mais le responsable du site japonais TGIW, une référence dans le monde ludique nippon, a découvert ce chiffre fou en discutant avec les organisateurs du salon. Parmi les 270 jeux, seuls quelques dizaines étaient vraiment disponibles… Il me faut rappeler sans cesse que le nombre d’exemplaires d’une majorité des jeux ne dépasse pas la vingtaine ou la trentaine.
Fort de mes précommandes, j’ai pu me procurer un nombre de jeux conséquent et ai décidé de réaliser deux Tops : un top des meilleurs jeux du salon, selon moi, et un top WTF, de l’expression américaine désormais connue de tous les amateurs de séries US sans bip.
Comment fonctionne ces tops ? Et bien, c’est facile ! Quelques photos, une description succincte et la raison pour laquelle le jeu en fait partie.
A noter que le classement est arbitraire. N’ayant pas suffisamment joué aux différents jeux présentés sur cette page, je ne prendrai pas le risque de les classer selon l’ordre allant de 1 à l’infini (et au-delà).
Lost Legacy Legend
Celui-là, je peux dire que je l’attendais de pied ferme. 4500 yens pour quelques paquets de cartes, il n’y a pas à dire, ça me semblait abusé. Et pourtant, devenu contre mon gré collectionneur de jeux japonais, me voilà avec une grande boîte en carton noir, de qualité mouais mouais, avec plein d’air libre dedans. Lost Legacy, vous connaissez sans doute déjà. Trois boîtes sont sorties ces dernières années, avec à chaque fois deux sets de 16 cartes, reprenant ainsi le principe désormais classique de Love Letter, de Seiji Kanai. À la tête de ce projet au long cours, Hayato Kisaragi. Les deux initiateurs de ce projet ont réussi à chaque fois à se rapprocher d’auteurs intéressants. Dans le deuxième set, I Was Game, auteur de Vorpals (qu’attendez-vous pour réaliser une version française de ce jeu, bordel !) et Dungeon of Mandom. Dans le troisième set, Hisashi Hayashi, auteur génial de Trains, Isaribi et autres simples coups de génie ludique. Mais dans dernier set de cartes, on défonce tous les records jusqu’à présent atteints… Je vous laisse lire la liste :
オリジナルゲームデザイン:木皿儀隼一&カナイセイジ
■「暗黒議会」ルール・カードデザイン:常時次人(操られ人形館)
■「偽典」ルール・カードデザイン:まこと(転がる運命亭)
■「宇宙の真理」ルール・カードデザイン:寺島由人(遊星からのフリーキック)
■「赤ずきんは二度寝る」ルール・カードデザイン:佐藤純一(Junias)
■「天の羽衣」ルール・カードデザイン:林尚志(OKAZU bland)
■「無我の境地」ルール・カードデザイン:笠輪弘樹
■「人狼は眠らない」ルール・カードデザイン:中村誠
■「最終決戦」ルール・カードデザイン:カナイセイジ(カナイ製作所)
■イラスト:杉浦のぼる・人数:2~4人(「人狼は眠らない」3~4人/「最終決戦」2人)
・時間:10分(1セットのプレイ時間)
・年齢:10才以上
Un truc de ouf non ? Quoi, vous savez pas lire ?! Hum, excusez-moi. Un moment d’égarement. Alors, je reprends la liste du coup pour les analphabètes du coin :
Le premier set, c’est de Yokouchi, auteur de The Majority et du récent Tricks and Desert, puis Makoto, suivi de Terajima, deux auteurs dont les jeux sont uniquement sortis au Japon. On arrive ensuite aux chefs de file du jeu japonais : Junias, auteur de Mange-moi si tu peux, Hisashi Hayashi, encore lui, Kasawa (?), auteur de Lola et la Forêt Magique, exclusif au Japon lui aussi, Nakamura Makoto, organisateur du préGM et auteur de nombreux jeux, Seiji Kanai et… pis c’est tout, mais c’est déjà pas mal.
A savoir quand même qu’il y a un neuvième set intégré à la boîte mais je ne vous en dirai pas plus (vous attendrez l’article).
Honnoji
Honnoji est un jeu qui me faisait de l’œil depuis un bon moment. J’ai craqué dessus directement pour son graphisme, très japonisant mais vraiment envoûtant. Je vous laisse jeter un œil aux illustrations :
Honnoji est aussi, et surtout, le nom d’un temple à l’origine de l’un des incidents les plus célèbres de l’histoire du Japon. Si vous cliquez ici, je vous ai même trouvé un lien sur un petit site qui monte ces temps-ci. Je ne sais pas si vous connaissez, c’est un truc de niche : Wikipédia. Le jeu nous plonge vraiment dans ce moment dramatique de l’histoire japonaise et les illustrations réussissent parfaitement à rendre cette impression. Je n’en dirai pas trop parce que celui-là mérite aussi une vraie critique ! Soyez juste un peu patients.
Catalogue 2nd Edition
Catalogue fait partie de ces objets ludiques non identifiés. C’est d’une simplicité déconcertante et en même temps un très bon moyen de lancer des conversations en famille autour de sujets qui nécessitent du choix ! Vous voulez aller acheter un gâteau pour l’anniversaire de mémé, mais tout le monde a un avis différent, Catalogue !, vous hésitez entre la dernière Chery et une BMW tout confort, Catalogue ! Bref, un jeu/objet joliment réalisé, malin et qui fonctionne très très bien. Le pitch pourrait être le suivant : comment donner envie de faire des choix en famille en s’amusant (et sans divorcer).
Pour la bonne nouvelle, vu que je possède deux exemplaires, j’en ferai sûrement gagner un à un chanceux ou une chanceuse. Je réfléchis dès à présent aux modalités d’un mini concours !
Tricks and Desert
Je vous ai déjà parlé plusieurs fois de l’intérêt que je porte à Yokouchi, auteur de plusieurs jeux dont un à été récemment Kickstarté avec succès (mitigé et tout juste mais avec succès quand même). Cette fois-ci, l’auteur sortait Tricks and Desert, un jeu de pli malin et vicieux dans lequel les joueurs vont se battre pour faire augmenter ou baisser la valeur des différentes factions présentes lors du comptage final. Les illustrations sont plus ou moins comme d’habitude, avec un air de manga peu original, mais la mécanique de jeu, avec ses effets retors et son côté « surprise finale » m’a beaucoup plu.
Globetrotter
Ce jeu n’est pas signé par un auteur japonais. Eh non. Alors, me demandera-t-on avec raison, pourquoi figure-t-il donc dans ce top ? Et bien, c’est assez simple. Banesto, un magasin de jeux de société tenu par le célèbre Nakano, s’est mis à éditer des jeux. Ce premier jeu est signé par un auteur italien : Silvano Sorrentino. Sa page BGG nous donne deux pages de jeux créés par cet auteur mais je n’en connaissais aucun. Nakano répondra à la question du « pourquoi cet auteur » dans l’interview qui sera mise en ligne dans quelques temps.
Voici le pitch :
You had too many cocktails with these millionaire friends of yours at your Club, and you find yourself involved into a rash bet: go around the world with any means using very few money. Who will succeed first?
This racing game uses the basic mechanism of the public domain card game Dernière (also known as Crazy Eights, and used as a basis for Uno) in a more strategic way; in your turn you try to play cards of the same color of the same suit of the last one played, but playing many cards in not always the best option: you may want to test your luck and try to get a better hand for next turn.
En bon français :
Vous avez bu trop de cocktails avec vos amis du club de millionnaires, et vous vous retrouvez dans un pari stupide. Faire le tour du monde, en n’utilisant que peu d’argent. Par n’importe quels moyens. Qui y parviendra en premier ?
Ce jeu de course utilise le mécanisme de base du jeu de cartes Dernière (dans le domaine public, et aussi connu sous le nom de Huit américain, utilisé comme base pour Uno) de façon plus stratégique. Tour à tour, vous essayez de jouer des cartes de la même couleur et de la même valeur que la dernière jouée, mais parfois, jouer n’est pas la meilleure option. Peut-être vaut-il mieux tenter sa chance et essayer d’avoir une meilleure main pour le tour suivant.
Du classique mais les composants sont de très bonne qualité et les illustrations ont un côté Ghibli qui plaira à pas mal de monde. Si je dis une connerie sur Ghibli, dites-le moi, je ne suis pas expert en la matière. Disons que ça m’a fait penser à Lupin Sansei.
Nathan Hunley, de Cafe Meeple, un café jeu situé à Kyoto, où Antoine Bauza est venu faire une séance de dédicace d’ailleurs, a traduit les règles en anglais : clique ici, jeune fou !
Otetsudai Quest
Alors là, je dois dire que les petits gars du groupe Chaga Chaga Games ont décidé de me rendre la tâche difficile pour rentrer chez moi… La boîte du jeu fait une bonne cinquantaine de centimètres et s’ajoute à la boîte une autre boîte avec pleins de composants dedans. Otetsudai Quest rejoint donc les rangs déjà assez populaires des jeux de ce collectif : Catalogue, Stamp Graffiti… et j’en passe.
Le principe de Otetsudai Quest ? Un jeu familial mais surtout pour les enfants. Vous qui vous plaignez d’avoir des enfants qui vivent comme des chats : des branleurs, en somme, qui ne font que dormir, jouer et manger, et bien, ce jeu est fait pour vous. Les enfants incarnent de jeunes aventuriers qui vont devoir aller résoudre des quêtes : vaincre des monstres, gagner des objets… en participant aux tâches quotidiennes de la maison : ranger sa chambre, faire la lessive… A chaque fois que vos enfants réaliseront avec succès une tâche que vous leur aurez confiée, le résultat positif de leur quête sera intégré aux tableau de l’aventure (idéalement posé sur le frigo). Ils ont fait la lessive sans grignoter 17 fois du chocolat entre deux cintres ? Une potion remportée ! Ils ont réussi à faire la vaisselle sans casser de verre ? Un monstre vaincu.
Je trouve le principe excellent. L’auteur est vraiment parvenu à trouver une solution pour investir les enfants dans la tenue de la maison, et ce n’était pas une tâche facile.
Bible Hunter Advent
Bible Hunter fait clairement partie des jeux WTF, et il se trouvera sûrement dans le top suivant mais… parce qu’il y a toujours un mais. Bon je pourrais la faire à la Rahdo avec un tonitruant BUT ! mais j’ai décidé de rester raisonnable.
Dans Bible Hunter Advent, de nouveaux personnages avec de nouveaux effets font leur entrée dans le jeu. L’ange Gabriel, Jésus, version ado, Goliath et bien d’autres en viendront aux mains, à coups de Bible Points pour s’attribuer les pages de la Bible qui leur apporteront des points positifs ou négatifs. Un jeu malin, influencé par la chance du tirage de cartes, mais malgré tout très plaisant. Et puis, rien que pour la possibilité de jouer Jésus ado affrontant Jésus version Mégajésus, il me fallait ce jeu !
Un top à 7 jeux, c’est quoi ce bordel ?!
Voilà pour ce premier top. A vrai dire, il me reste quelques jeux dont j’aimerais vous parler ou dont je vous ai déjà parlé. En ce qui concerne les seconds, j’aurais pu ajouter Pirates Code et Vampire Rader à la liste : cliquez ici pour lire la preview, fidèle aux jeux. Il y a aussi le dernier Jun Sasaki, Deep Sea Adventure que j’ai déjà présenté ici aussi ! Pour les premiers, disons que j’ai envie d’y jouer un peu plus et de leur laisser le temps de mûrir un peu avant de les ajouter au top. Ils viendront sans doute truster les deux ou trois premières places du classement. Je vous en dirai bientôt plus !
Et avant de repartir me réparer l’orteil que j’ai cassé avec talent il y a quelques jours, je vous laisse jeter un regard à quelques rééditions :
Love Letter, illustré par Ken Niimura :
Magi Arena, réédition de Cheaty Mages, toujours par Seiji Kanai :
madtranslator 02/12/2014
Beau boulot comme souvent dans des articles Izo ! Un orteil cassé avec Brio ? dois-je demander comment ou je laisse Shan le faire?
Content de voir que le jeu de Muneyuki Yokouchi soit dans ton top. Il me semble que ceux qui avait fait un certain pledge sur le KS de the Majority vont le recevoir bientôt aussi.
Shanouillette 02/12/2014
Rha Majority ..j’ai même pas encore regardé les règles ! j’ai demandé des journées de 60H au papa Noel mais je sais pas s’il pourra… ^^
Pour le pied d’Izo, ben je sais déjà comment il s’est fait ça moi ;p bon rétablissement d’ailleurs ça doit être très pénible !
Très très bel article en tout cas.