First Empires : Un Risk maîtrisé ?

Il est des jeux qui marquent l’histoire ludique, mais qui au regard de la production actuelle ont indéniablement vieilli. C’est le cas de Risk, les parties sont (trop) longues et le hasard est beaucoup trop impactant, et puis ce n’est tout simplement pas amusant. Avec First Empires, on dirait que l’auteur avait pour cahier des charges de réaliser un jeu qui a l’ADN de Risk avec du contrôle de territoire, mais tout en restant dans un cadre familial et un timing ramassé. Mission réussie ?

Eric B Vogel, c’est l’auteur de Kitara, et puisque l’on parle d’ADN, on va dire que First Empires porte les mêmes caractères génétiques que son premier jeu, en plus léger car plus de hasard. En effet, chaque joueur va prendre le contrôle de civilisations et s’installer sur des territoires. Nous allons aussi développer notre civilisation sur cinq axes qui nous permettront de lancer plus de dés, bénéficier de plus de relances, avoir plus de déplacements, plus de soldats et piocher des cartes. En fin de partie, on marquera aussi des points selon l’avancée sur ces pistes.

First empires - Cinq couleurs de territoire

 

Chaque joueur commence sur son petit lopin de terre et va aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Au début nous n’avons que trois pauvres meeples (quatre pour les oranges, car oui, il y a une petite asymétrie). Le tour de jeu est simple : nous lançons les dés, effectuons ou non des relances, et nous pouvons déplacer nos meeples pour aller sur d’autres territoires. C’est là que les dés sont intéressants, car à la fin de notre tour, si nous contrôlons les territoires représentés par nos dés, nous pourrons monter notre curseur sur la piste correspondante, par exemple, la piste orange nous permettra de lancer plus de dés. Pour plus de précisions vous avez le Ludochono.

 

Cette mappemonde est trop petite pour nous tous 

Certes, tout se joue sur un lancé de dés. Mais nous gardons quand même un sentiment de maîtrise avec la possibilité de relancer et également, en dépensant une carte, celle de retourner un dé sur la face de notre choix.

Petit à petit nous allons nous développer en fonction de nos choix évolutifs, et il va être temps de chatouiller les autres joueurs. Le combat est simple : il faut amener strictement plus de troupes que l’adversaire pour le déloger. Il part alors se réfugier dans une région qu’il contrôle. Comme dans Kitara, on ne subit pas de perte de troupes.

Les faces de dés avec un symbole épée donnent un bonus de combat, ainsi nous pourrons envahir un territoire avec autant de troupe que l’adversaire, ou moins. En dépensant une carte nous pouvons aussi retourner une carte sur sa face épée. Si le territoire envahi comprend un jeton cité, il est à nous, et nous offrira entre un et trois points de victoire en fin de partie.

Et les cartes me direz-vous ? Elles ne servent pas qu’à être défaussées, elles offrent également des points de victoire selon une condition, c’est aussi pour cela que l’on se rend sur deux îles, ou bien que l’on contrôle un territoire jaune etc. Par conséquent, ça peut être un crève-cœur de s’en séparer. Même si parfois à l’inverse on le fait avec plaisir, c’est circonstanciel.

Les dés sont jetés ?

L’édition est ultra léchée, les plateaux des civilisations sont double couche, chaque joueur a son étui avec le matériel de sa civilisation (meeples différenciés, cartes, cubes et jetons). Le marqueur de tours est un pion colonne en résine couleur marbre bien imposant. Tout a sa place dans la boite et rien ne bouge. On n’est pas loin de la perfection éditoriale. Chaque civilisation est illustrée par Jeremy Fleury dans un style aquarelle très clair et propre. L’illustrateur parle d’ailleurs de sa collaboration avec l’éditeur dans cette vidéo). 

On n’a pas pu s’empêcher de remarquer des espaces vides qui pourraient laisser de la place pour une extension (pour l’instant ce n’est qu’une hypothèse). 

 

First Empires est un jeu clairement calibré pour la famille, les règles sont très simples, le jeu est vite pris en main et tout est ultra lisible. Étant donné qu’il y a de l’affrontement, j’ai eu peur que ce soit punitif, mais pas du tout en fait, puisque l’on ne perd jamais de meeples, et surtout, tout le jeu est axé sur le développement. En ayant fortement développé sa civilisation, nous pouvons même gagner sans avoir beaucoup de cités.

Entres joueurs confirmés ça tombe un peu à plat, car les parties peuvent durer plus longtemps. Ces derniers cherchant à optimiser le moindre coup, le temps de réflexion des autres joueurs crée un temps mort avant son tour. Les lancés de dés peuvent être ressentis comme subis aussi. Il s’agit de voir le jeu opportuniste : s’adapter à son lancer de dés et choisir entre remporter une région ou se consolider. 

Sand Castle Games avait réussi son entrée de fort belle manière avec Res Arcana qui a reçu un accueil chaleureux du public, mais aussi une consécration professionnelle avec l’As d’or expert en 2020. L’éditeur était attendu au tournant car il n’est jamais aisé de passer après un tel succès, d’autant que ce nouveau titre ne cible pas forcément les mêmes joueurs, mais de notre point de vue c’est une réussite.

First empires réussit son pari d’être un jeu de contrôle de territoires avec du développement. Qu’on gagne ou qu’on perde, on est heureux d’avoir fait évoluer ses curseurs, de voir sa civilisation progresser. L’interaction est bien présente, sans être punitive. La stratégie n’est pas en reste ou plutôt la tactique car on va surtout s’adapter à nos lancers de dés, et les territoires que l’on souhaite contrôler. Toutes les configurations ne se valent pas (comme les civilisations ? ^^). L’affrontement est possible à deux joueurs mais manque un peu de piquant, tandis qu’à cinq joueurs le jeu devient un peu chaotique. Préférez le à donc à trois et quatre joueurs.

 

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1 Commentaire

  1. frédéric ochsenbein 05/04/2022
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    J’ai découvert Kitara par hasard chez des amis et quel sacré jeu. Je trouve qu’il n’a pas l’aura qu’il mérite, c’est un jeu d’une grande richesse derrière des règles très simples et un temps de jeu court. Hâte de tester ce First Empires car mes potes m’en ont fait un retour mitigé (comme dit dans l’article quand on connait le jeu ca tombe un peu à plat et le hasard du jet de dés devient trop proéminent)

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