Essen 2023 : des retours ! Eternitium, Altered, Fit to Print, Prey Another Day, Kiri-Ai, All Roads, 890, It’s a bomb!, Sunrise Lane, Tangram City, Havalandi, Neotopia, The Flames of Fafnir

Essen est certes la grand messe du jeu, mais elle est également celle du consumérisme. On y achète du jeu de société à tour de bras, des gens courent pour aller récupérer le jeu qui buzze, ou du business s’y conduit… 

La réorganisation des halls, avec deux entrées cette fois-ci, a fait beaucoup de bien au salon, qui aura été bondé : 193 000 visiteurs de 85 pays différents, selon l’organisation. Le réagencement des halls par pôles s’est aussi avérée payante, sauf peut-être pour certains perdus au fond du hall 4, au beau milieu des fabricants, qui avaient un peu moins de passage. Le traditionnel classement Fairplay a été également découpé en deux, avec les halles 3-4 d’un côté pour l’expertise et les halls 1, 2, 5 et 6 pour les jeux plus familiaux. Quelques hics sont à noter, par exemple les Tribus du Vent dans le classement familial et 5 Towers dans le classement expert. Mais bon, les aléas de distribution… 

Le classement Fairplay est le suivant :

Halls 1, 2, 5 & 6

  1. Faraway
  2. Les Tribus du vent
  3. Kulfstein
  4. Bonsai
  5. Quicksand
  6. Drachenhüter
  7. Sea salt and paper
  8. Lacrimosa
  9. Mycelia
  10. Scgnitzel Jagd (Prey Another Day)

 

Halls 3 & 4

  1. Revive
  2. Darwin’s Journey
  3. Forêt Mixte
  4. 5 Towers
  5. Path of Civilization
  6. La Guilde des expéditions marchandes
  7. Archeologic
  8. Le Château blanc
  9. Tipperary
  10. Earth

 

Fit to Print

Fit to Print est le premier jeu que j’ai pu jouer sur le salon. Et j’ai bien fait de me précipiter : non seulement il buzzait et les tables étaient toujours combles, mais en sus il a été épuisé à la vente, et son éditeur, AEG, a donc normalement proposé d’autres jeux à la démo.

Dans une société d’animaux anthropomorphes, les joueurs sont éditorialistes et composent des unes de journaux. Prenez des manches de quatre minutes et un peu de frénésie calculatoire et vous obtenez un jeu. Le fait que l’on doive placer ses tuiles sur son établi avant de les mettre en page fait perdre un peu de clarté et de lisibilité sur la quantité à placer, sur les divers symboles à collectionner et équilibrer. Une fois le tout collecté, on agence ses tuiles en pestant contre soi-même : pourquoi a-t-on été si aveugle et obstiné ? À chaque manche, quelques menus changements brouillent les pistes : le journal s’agrandit, et notre pièce centrale a un petit pouvoir supplémentaire. Je ne sais pas si les parties seront terriblement différentes les unes des autres mais l’intensité de l’une d’entre elles aura su me plaire (et me stresser un tant soit peu). À venir chez un éditeur francophone encore non annoncé.

 

Schnitzel Jagd (ou Prey Another Day)

Schnitzel Jagd (ou Prey Another Day) rentre dans la sacro sainte catégorie des petits jeux moches et malins. Malin étant un terme marketing totalement galvaudé, que reste-t-il à dire ? Eh bien que ce titre est probablement un des jeux les plus violents que j’ai joués de cet Essen. On joue une carte (allant de 1 à 5) face cachée, on annonce les valeurs en ordre croissant, style Citadelles. Vous êtes appelé ? Vous vous révélez. Si vous êtes seul, vous annoncez une valeur plus haute qui sort de la manche. Si vous êtes plusieurs, nada. En fin de manche, vous additionnez les valeurs survivantes et gagnez des points si vous avez le meilleur total. La déduction féroce et l’élimination (quoi que pas définitive, ici) font fort penser à Quickshot, mais en encore plus pur. Amateurs et amatrices de mind games et de déduction, à vos marques, prêts, partez ! Pas de localisation annoncée, mais ça devrait (et j’espère que ce sera moins hideux).

 

Eternitium

Eternitium, de Haumea Games, est un deck-building avec le temps pour ressource. Pour gagner, vous devez traverser une série de paysages, franchissables chacun par un portail (carre, triangle, rond…) mais vous devez explorer et révéler ces paysages, ou tenter votre chance au hasard, ce qui a de grandes chances d’échouer et d’arrêter votre tour.
Vous devez prendre des cartes basiques à votre tour, mais vous pouvez, en plus, récupérer des cartes avec des pouvoirs. Pour évidemment faire des combos, ralentir vos adversaires… Mais à chaque achat, un paysage (ou deux) rejoint votre deck d’épreuves. Ce deck-building tente quelque chose d’un peu nouveau et plaisant, mais m’a semblé manquer d’un peu de coffre pour vraiment briller. En revanche, la direction artistique somptueuse devrait aider à jouer même si l’ergonomie est à retoucher. Arrivée en financement participatif bientôt.

 

The Fall of Fafnir (renommé The Flames of Fafnir)

Chez Lucky Duck, on montrait le proto de Terraria, mais aussi celui de The Fall of Fafnir pour sa première sortie en salon. Alors, c’était un proto trèèèès en développement, donc des choses pourraient changer. Vous êtes de vaillants héros vikings et un dragon, Fafnir, crache des boules de feu sur votre village. Ni une, ni deux, vous vous jetez à la baston et allez vaincre le vilain. Sauf que le feu, ça fait mal, et qu’il y a des monstres sur le chemin. Et ça craint si toutes les chaumières crament. Eurotrash coopétitif, The Fall of Fafnir vous demande de développer votre personnage en construisant des améliorations et structures permettant de dévier les tirs de que Fafnir et de vous protéger les miches. Des monstres viennent s’ajouter au mix, et même la possibilité de s’allier à Fafnir. Parce que dans l’optique où ça sent le roussi, vaut mieux être le barbecue que la barbaque, vous voyez.

The Fall of Fafnir veut réunir trois inconsolables du jeu : le côté jouet et chaotique des billes et du dragon, la quête épique de l’ameritrash et son empowerment brutal et enfin la collecte et gestion de ressources plus propres à l’eurogame. La sauce a pris : les différents aspects se combinent bien les uns les autres et le jeu ne devrait que bénéficier du développement qui devrait suivre, les devs étant à l’écoute des retours de chacun. 

La présence de table est beaucou plus qu’ok 😉

 

Neotopia

Dans les jeux présentés par Arcane Wonders, je me suis assis à la table de Neotopia un peu par hasard. Et grand bien m’en a pris ! Ce jeu de pose de tuiles (de jetons, à vrai dire) est un poil frais et propose un bon équilibre entre tactique et stratégie. Les trois actions de votre tour permettent de piocher des objectifs ou de placer des jetons provenant d’usines séparant les tiers du plateau. 

Finir un objectif nous fera marquer des points sur cette zone, et le plus grand groupe des pions de votre couleur sur cette zone aussi. Ah, et le plus bas score de vos zones sera triple. Ouep. Et certains emplacements vous donnent des jetons d’action supplémentaires pour plus d’opportunités de combos et de ludovictoriopuntos.

Plus tendu qu’il y paraît, interactif mais zen, Neotopia aura été une bonne pioche sans être la grande révélation du salon.

 

Havalandi

Dr Knizia frappe encore avec cette fois-ci des montgolfières. Le thème un peu aléatoire n’est justifié que par une figurine qui se balade autour d’un plateau au gré d’un dé bien capricieux. Vous posez vos jetons de montgolfières dans une des deux lignes pointées par la montgolfière centrale. Aléatoire ? Que nenni : on peut suivre ses propres montgolfières comme un chemin. Agrandir ses montgolfières au sol ou lancer une flotte rapportera des points, et il s’agira d’optimiser divers objectifs pour remporter la partie. Relativement plaisant, mais cent pour cent aseptisé. On aura connu Knizia en meilleure forme.

 

Tangram City

Uwe Rosenberg sort de l’agriculture et vient en ville ! Plutôt que des polyominos, les joueurs doivent placer des pièces de tangram dans une grille ; challenge de spatialisation certes, mais il faut aussi harmoniser les cases pleines de deux couleurs, sachant que les couleurs sont les faces de votre tangram. Jouez donc pour remplir optimalement en ayant le même nombre de verts et de rouge (je ne sais pas si on leur a dit, pour les daltoniens).

Mignon mais un peu oubliable et plat.

 

All Roads

Chez les finlandais de Lautapelit, un genre de Carcassonne où l’on doit construire des bâtiments ayant chacun des conditions de construction. À son tour, on pose deux tuiles hexagonales bardées de routes, tant que l’une d’elles va jusqu’à la tuile de départ, Rome. La plupart des bâtiments se placera sur une cellule fermée, et sur des impasses de routes. Evidemment, on se fait des cadeaux les uns les autres, à notre corps défendant. Plus astucieux qu’il en a l’air, le jeu rappelle une partition un peu classique interprétée avec un petit twist rigolo. Signé Markus Kettunen dont c’est le premier jeu. 

 

Altered

J’ai rejoué à Altered en suivant un autre créateur de contenu. Comme nous avions tous deux joué les paquets de démarrage, l’équipe d’Équinox nous a gentiment proposé de jouer avec des decks de démo construits par une équipe de joueurs pro de Magic. On pouvait dès lors voir un gameplay plus nerveux, plus fin aussi, et des archétypes que nous n’avions pas encore vus.

Pour rappel, Altered est un jeu de cartes à collectionner qui sortira l’an prochain avec un modèle hybride fort intrigant : propriété numérique des cartes et appli dédiée (plus marketplace), génération de certaines cartes très rares de façon algorithmique, print on demand de votre collection si vous le souhaitez, et dans la langue de votre choix. On y explore des lieux soit avec son héros, soit son compagnon, et il faut les faire se rejoindre en gagnant des duels de majorité contre votre adversaire. Chacun des archétypes jouables représente une typologie de joueurs et un genre de mécanisme : programmation pour les Axiom, hasard pour les Lyra, contrôle pour les Ysmir ou encore aggro pour les Bravos. Petite particularité : les cartes sont éphémères et ne restent qu’un tour en jeu. Ensuite, elles vont dans une zone de réserve, d’où on peut les réinvoquer une fois avant qu’elles soient parties pour de bon.  On vous en avait parlé à Vichy déjà

Bilan : L’effet waouh a été renouvelé. (Et devinez qui n’a pas pris de photo alors que la DA est à tomber ? Bon je vous mets quand même une petite image). 

 

Kiri-Ai

Chez Lucky Duck, on pouvait jouer aux samouraïs à deux, avec un jeu de dix huit cartes qui aurait pu être un Microgame ou un Button Shy. Vous avancez ou reculez sur une ligne, essayez de porter des coups en un jeu de programmation à la fois délicat et violent : une des cartes jouées est écartée pour de bon, certaines cartes demandent une posture (garde haute ou basse) pour être jouées, vous donnant de l’information sur ce que peut jouer votre adversaire. En plus, chaque joueur a une carte coup de maître, utilisable une fois par partie, histoire de donner de la surprise et du relief à vos duels.

Vraiment chouette, mais pas d’une profondeur insondable : on le sortira volontiers en attendant d’autres joueurs, voire même en terrasse de café, mais à deux seulement.

 

Sunrise Lane

Reiner Knizia récite encore son par cœur avec un jeu de construction dans lequel on joue des cartes pour égrener des bâtiments dont la hauteur peut varier et qui donnent des points. Curieusement, malgré la maîtrise de l’ensemble, j’ai peine à être séduit, préférant de loin le premier jeu boutique de Monolith par les Lartinchon, que nous avons vu à Vichy. Ici, le consommé de classicisme aura décroché un joli bâillement, avec une mention spéciale au « tour Ethos/Archeos Society’ de « Je pioche deux cartes » quand le reste des joueurs fait des trucs cool. Chez Horrible Guild et du coup, Gigamic.  

Je pense aussi que ce ressenti s’explique par le fait que le couple avec lequel j’étais tenait à ce qu’on soit VRAIMENT très civils dans la pose des immeubles.

 

 

890 Anno Domini 

Les Sarrasins arrivent à Provins ! Dommage, les joueurs sont plus occupés à cultiver leur pré carré… On pourrait résumer ainsi ce 890. À chaque tour, prenez une tuile de l’offre, la première étant gratuite, les autres non, et placez-la dans votre carré de trois par trois. Puisqu’on a une tuile de départ, on ne jouera que huit tours. Certaines tuiles proposent de construire une tour de guet, d’autres font progresser des Sarrasins. Lorsque ces derniers envahissent, le joueur ayant le moins de tours de guet perd une tuile, qu’il retourne face cachée. Bien entendu, certaines tuiles auront des effets plus positifs et si vous avez un alignement horizontal, vertical ou diagonal de tuiles de cultures identiques, vous récupérez un personnage utile pour son scoring mais aussi pour son pouvoir en jeu ! 

Si rien dans ce pitch mécanique ne vous a surpris, bienvenue au club. Par contre, le ressenti est plus fin qu’il y paraît : les différentes couches de gameplay sont bien imbriquées pour un puzzle à la fois cruel et accessible, court et intense. Plutôt bonne surprise ! Chez GateOnGames. 

 

It’s a bomb!

GateOnGames propose ici un démineur à mi-chemin entre Keep Talking and Nobody Explodes et Timb Bomb. Coopérativement, il s’agit de désamorcer une bombe composée de tuiles face cachée. Un maître de jeu répondra aux questions des joueurs sur les lignes et les colonnes. Le jeu est très avare en tours de jeu, et donc très tendu, mais une fois les obstacles passés, il reste une bonne dose de chance et de fifty fifty pour couper tous les fils qui vont bien. Pour ne pas s’ennuyer, le maître de jeu a des cartes à pouvoirs à utiliser quand il le souhaite. Rien de répréhensible dans le game design, rien qui dépasse, ni en bien ni en mal : cela fonctionne sans soulever beaucoup d’émotions ou d’émerveillement.

Crédits Andrea Pasquinelli

Le petit mot de la fin

Il faut se dire que ces retours n’incluent pas tous les jeux joués, ni tous les jeux qui ont buzzé : je me suis tenu à l’écart des jeux trop longs même s’ils me tentaient (Kutna Hora, Evacuation, Voidfall et d’autres) et qui arriveront indubitablement en français, ou que j’avais déjà joués (Path of Civilization, Point City et d’autres). On a noté des stocks qui fondaient comme neige au soleil, comme ceux de Faraway, The Vale of Eternity ou Dracula vs Van Helsing, malgré des efforts par les éditeurs pour en avoir un maximum…!

 

 

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6 Commentaires

  1. le Rabouin 11/10/2023
    Répondre

    C’est moi ou ESSEN, c’était pas ouf cette année (en terme de nouveautés, j’entends) ?

    • Doc.Fusion 11/10/2023
      Répondre

      Un peu le même ressenti, je n’ai pas vu d’instant-buy… Là je me tâte même pour un achat de Living Forest ou Heat, tellement les nouveautés m’attirent.

      • atom 11/10/2023
        Répondre

        En même temps les deux sont intéressants dans leur genre.

  2. atom 11/10/2023
    Répondre

    Kiri Ai et Fit to Print m’intéressent pas mal (suffisamment pour avoir envie de les essayer).

  3. Govin 12/10/2023
    Répondre

    Petite correction pour Prey Another Day, rien de bien grave, mais quand un prédateur est seul, il cible un animal dont le chiffre est supérieur (et non inférieur). Les animaux les plus faibles ont une valeur plus forte. c’est important sinon les joueurs n’auraient aucun intérêt à les jouer.

     

    Pour ce qui est de ce dernier Essen, je dirais qu’il était très intéressant: les gros jeux, en nombre, m’ont semblé moins « plats » que ceux de l’an passé et l’offre en petits jeux, de plis notamment, était riche.

    • Natosaurus 12/10/2023
      Répondre

      Ah ah, y en a qui suivent ! Merci pour la précision, c’est modifié.

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