Dominaria – Magic retourne à ses sources ?

On peut dire que j’ai plongé dans le jeu de société moderne avec Magic. Comme pas mal de monde de ma génération, cela a été un révélateur. Ça, Hero Quest (yay), La Bonne Paye aussi… J’ai été logé à bonne enseigne. Et pourtant, Magic n’était pas simple. Je me souviens des règles tordues sur le regroupement. C’était à la fois une superbe idée de game design, et je la trouvais en même temps super naze car elle causait vraiment beaucoup de soucis d’interprétation et de cas particuliers. C’est sur Magic que j’ai fait mes plus grosses erreurs de règles, que je me suis fait plier en tournoi, et après une longue période à jouer, j’ai toujours gardé un œil sur le jeu, plus par curiosité intellectuelle que par réelle nostalgie.

magic-l-assemblee

Si je vous raconte tout ça aujourd’hui, c’est que Dominaria, la toute dernière extension de Magic, sortait le 27 avril. Et Dominaria, c’est précisément le monde d’origine de Magic, celui qui a été délaissé pour des voyages entre plans, avec Rajh, Kaladesh, Ravnica, Innistrad et j’en passe.

Ce retour aux sources veut-il rapatrier les vieux joueurs comme moi ? Ceux qui se gaussent des plans à thème “pirates contre dinosaures” comme Ixalan ? Faut-il faire du neuf avec du vieux ?

 

Power creep

Parfois, des cartes sont suffisamment emblématiques et bonnes pour qu’on les réédite telles quelles, comme, dans ce set, Bénédiction selon Gaïa ou les mythiques Elfes de Llanowar. Par contre, d’autres gagnent en puissance ; jugez plutôt cette stricte amélioration des Ombres, en termes statistiques. Pour information, l’ombre nantuko a longtemps été considérée comme une carte « trop forte pour être jouable ». Oui, l’obsolescence existe dans les jeux à collectionner et évolutifs, et non, c’est pas très marrant.

 

 

Légendaire

Le thème tout à fait avoué de cette extension – de ce bloc d’extensions, peut-on même supputer – est le permanent légendaire. Ce sous-type de carte existe depuis le début de Magic. Au lieu d’avoir des troupes anonymes et démons mineurs, on aura des dragons avec un nom, des chefs de guerre acclamés et des objets mythiques. Cela veut dire, en termes de jeu, que l’on ne pourra contrôler qu’un exemplaire de la carte en même temps. Cet état de fait permet de limiter des pouvoirs trop incontrôlables, mais diffuse également de l’histoire, du fluff. Et Dominaria, avec sa foule de cartes légendaires, vous oblige à y faire attention, et bouleversera probablement un peu la façon de jouer à Magic. En revanche, ceux qui s’adonnaient au Commander (mode de jeu avec des paquets limités à un exemplaire de chaque carte) s’en donneront à cœur-joie.

 

MAGIC_Dominaria_Header

 

Dominaria utilise les cartes légendaires de plusieurs façons : avec des sorts légendaires, qu’on ne peut lancer que si on possède des créatures légendaires, et un nouveau sous-type sur lequel s’appuient certaines cartes. Le type historique désigne les permanents légendaires et les artefacts et la grande nouveauté de ce cycle, les sagas.

 

 

Sagas

Les sagas sont des enchantements (comprenez, des sorts qui restent sur la table) avec des effets ponctuels.

Lorsqu’une telle carte est jouée et à chacun de vos tours, un effet se déclenchera et l’histoire progressera. Au bout d’un moment (pour l’instant, trois étapes), l’histoire finira. Ce côté “timé” et contraint change le rythme des parties et oblige à jouer autour de cela.

 

Bilan

dominaria-magic-assemblée-jeu-de-societe-ludovox-saintes-ecritures-phyrexianes

J’ai fait un scellé de ce Dominaria. C’est-à-dire qu’à base d’un nombre limité de cartes, j’ai constitué un paquet et joué contre un adversaire qui avait fait de même. Et nous avons fait quelques parties avant de débriefer. Comme moi, c’est un joueur de longue date. Notre avis ? Sans appel. Dominaria est très loin de renouveler Magic.

Bien au contraire, la récurrence des mots-clefs déjà vus et pas très inspirés (le Kick, ici) sent la naphtaline. L’appui sur les permanents légendaires permet d’affirmer une volonté de raconter une histoire qu’on conçoit, très présente, avec pas mal de bonnes pistes (très bon design des factions, peut-être un chouïa trop de fan service). Bref, Wizards of the Coast continue d’imprimer la dynamique narrativiste (qui n’aura jamais été aussi bien gaulée qu’avec Amonkhet). Les sagas incarnent de bonnes idées, imprimant à la partie une couleur très forte, demandant une réponse de l’adversaire.

Malgré tout, je crois que l’on peut dire que Magic a atteint un point de rupture où l’expérience est si familière qu’elle en perd une partie de sa saveur. Car on fait le tour de ce qu’il y a de nouveau dans le set relativement rapidement.

Mais Magic est toujours dans son éternel dilemme : tout casser pour refaire invalider des milliers et des milliers de cartes implique la perte d’une grande partie de la base des joueurs. Et pour moi, ce retour aux sources sonne l’alerte : Magic ne peut pas continuer à créer de nouveaux univers n’importe comment. Il devient dès lors nécessaire de se mordre la queue…

L’expertise des équipes de développement permet une expérience lisse et agréable, avec une histoire bien présente, mais les mécanismes ont indéniablement perdu de leur saveur et de leur modernité.

Si tout cela vous intrigue, sachez que vous trouverez à cette adresse la liste des boutiques organisant régulièrement des événements Magic que ce soit pour vous mettre le pied à l’étrier ou pour vous remettre en selle. 

 

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15 Commentaires

  1. TheGoodTheBadAndTheMeeple 02/05/2018
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    Le jeu reste beaucoup beaucoup joue aujourd’hui malgre des chiffres en berne cette annee chez Wizard of the Coast.

    Wizard devrait a mon avis sortir un spin off a collectionner, completement nouveau. Pour assurer la releve aupres des nouveaux joueurs…

    • Umberling 03/05/2018
      Répondre

      Wizards a aessayé de surfer dessus assez fort : le Heroscape Magic, des ventes de licence pour des applis de match 3, et Magic Arena (qui essaie une énième fois, cette fois-ci avec plus d’ambition que les autres fois à transformer Magic en concurrent de Hearthstone).

  2. Gougou69 02/05/2018
    Répondre

    Hou, que je suis content de détester ce genre de jeu compétitif et surtout dévoreur de budget !! 😉

  3. nemesis 03/05/2018
    Répondre

    tu as une source avec les chiffres de wizard Themeeple ? ca m’interesse pas mal 🙂

    • Umberling 03/05/2018
      Répondre

      J’ai trouvé la même info : explosion du nombre de joueurs jusqu’à 2016, avec 21 millions à date, avec une baisse depuis. Mais la stat n’était pas super étayée donc… Je me méfierais.

      • nemesis 05/05/2018
        Répondre

        possible mais je trouve ca étonnant.

        le nombre de joueurs à des Gp ne cesse d’augmenter et autour de moi beaucoup de gens joue de plus en plus.

        Maintenant faut voir les stats, si elles se réfèrent à ceux qui joue en compétition régulièrement, peut-être que le chiffre stagne, 21 millions c’est déjà enormissime.

        A mon niveau par exemple, je joue depuis 1996 sans interruption mais ca fait 4-5 ans que je ne fais quasiment plus de tournois (je ne fais plus que des fnm).

  4. eolean 03/05/2018
    Répondre

    C’est toute la question des blocs qui ont été créé, jouer en open ou dans un bloc, pouvoir repartir sur des bases nouvelles en invalidant les anciennes cartes, et donc au risque de dégoûter des joueurs qui ont investit, etc…

    La bonne question, c’est de savoir si c’est inévitable. Perso je pense qu’au bout d’un moment, on peut difficilement sortir de nouvelles cartes indéfiniment sans créer des paradoxes, déséquilibres, choix thématiques improbable, etc…

    • Umberling 03/05/2018
      Répondre

      Oui, c’est nécessaire pour continuer à attirer le chaland. Si le joueur n’a pas d’avantage à acquérir de nouvelles cartes, le jeu meurt. 🙁

    • nemesis 05/05/2018
      Répondre

      possible mais je trouve ca étonnant.

      le nombre de joueurs à des Gp ne cesse d’augmenter et autour de moi beaucoup de gens joue de plus en plus.

      Maintenant faut voir les stats, si elles se réfèrent à ceux qui joue en compétition régulièrement, peut-être que le chiffre stagne, 21 millions c’est déjà enormissime.

      A mon niveau par exemple, je joue depuis 1996 sans interruption mais ca fait 4-5 ans que je ne fais quasiment plus de tournois (je ne fais plus que des fnm).

       

  5. Pierre_Fitzroy 03/05/2018
    Répondre

    Merci pour cet excellent article. C’est super d’avoir l’avis d’un expert sur ce jeu.

    Je viens d’acheter deux decks d’intro de Ixalan après mettre pris au jeu grâce à un deck gratuit (trop fort Wizard). Nous jouons en famille et sommes pour le moment très pris par ce jeu même si le thème est un peu racoleur (vampires et dinosaures).

    Si le thème est plus classique, je vais basculer sur Dominaria mais alors que faire de Ixalan. Tout ça me parait en effet très (trop) commercial.

     

    • Umberling 03/05/2018
      Répondre

      Tu t’apercevras vite que combiner tes cartes Ixalan et Dominaria est avantageux, et tu vas sombrer dans le deckbuilding. Le plaisir à Magic, c’est aussi hors des parties, on essaie d’affiner les mécanismes. Mais ça vaut pour tous les JCC et JCE, et ce n’est pas @Fouilloux qui dira le contraire, avec ses stats démentes sur le Seigneur des Anneaux. 🙂

      • fouilloux 03/05/2018
        Répondre

        C’est sur. Le temps de jeu est finalement bien inférieur au temps passé à penser au jeu. C’est pour ça que je touche à aucun autre JCC ou JCE. Enfin c’est une des raisons. Parce qu’il faut arrêter de me dire qu’il y a des dinosaures dans Magic s’il vous plaît, sinon je vais craquer 🙂

        • Shanouillette 04/05/2018
          Répondre

          Il n’y a pas de dinosaures dans Magic. Il n’y a pas de dinosaures dans Magic. Il n’y a pas de dinosaures dans Magic. Il n’y a pas de dinosaures dans Magic. Il n’y a pas de dinosaures dans Magic.

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