Les Contrées de l’Horreur : journal de bord

Aujourd’hui, nous venons de recevoir le successeur (?) du célèbre jeu Horreur à Arkham ! Cela faisait un moment que l’idée de l’acquérir me trottait dans la tête, mais jusqu’alors je n’avais pas osé franchir le pas. C’est maintenant chose faite, et il me tardait de découvrir la bête ! Malgré mon manque de sommeil dû à mes levers répétés à 3h30 du matin (vous savez, la vie, celle qui vous oblige à travailler plutôt qu’à jouer), je ne peux résister à la tentation et m’acharne avec frénésie sur le carton qui renferme mon précieux.

Après une séance de dépunchage réalisé avec dextérité par ma femme (au grand dam de mes enfants qui auraient adoré mettre la main à la patte… mais que voulez-vous, c’est son domaine réservé !), nous sommes partis pour une petite heure de mise en place et d’explications de règles. Je ne sais pas si cela vous rassure, mais la mise en place a pris beaucoup plus de temps que la présentation des règles tant il y a pléthore de matériel.

Bref, c’est parti pour un tout premier combat contre un des quatre grands anciens que contient la boite de base. Nous sommes 4 investigateurs prêts à en découdre malgré les réticences familiales quand ils apprennent la durée théorique d’une partie…

 

Journal de Jim Culver de l’année 1926

26 Juin :

Ces derniers jours, j’ai du mal à dormir. Je ne parviens pas à savoir si la chaleur des nuits de ce début d’été m’empêche de trouver le sommeil, ou si quelque chose de plus profond et de plus diffus me prend aux tripes. Je ressens comme une présence qui plane au dessus de la ville lorsque le soleil décline, comme si une brume oppressante prenait ses quartiers au-dessus des immeubles aussitôt les derniers rayons dissipés. Pourtant, le ciel est complètement dégagé, et il n’est pas tombé une seule goutte de pluie depuis longtemps.

Plus d’une fois, je me suis réveillé en sueur au milieu de l’obscurité de mon petit appartement, vidé de mon énergie comme si j’avais été roué de coups par des gens de piètre compagnie. Même la musique ne parvient plus à me redonner la joie de vivre qui emplissait mon existence. Je sens que quelque chose d’inhabituel se trame, à l’insu de tous, terré à l’abri de la lumière.

Il faut que j’en ai le cœur net : c’est décidé, demain je prends contact avec mes compagnons d’infortune. Je n’aime pas l’idée de devoir leur annoncer une telle nouvelle, mais j’ai la conviction qu’il va nous falloir agir rapidement. Je refuse de prendre le risque de ne pas écouter mon instinct. J’espère me tromper…

 

29 Juin :

Comme prévu, j’ai pris contact avec Léo Anderson, Silas Marsh, et Lily Chen. J’étais inquiet à l’idée de les alarmer inutilement, mais finalement eux aussi m’ont fait part de leurs angoisses. Tout recommence comme quelques années plus tôt… la lutte qui s’annonce me terrorise ! Repenser à ce cauchemar dont je peine à me remettre est un véritable calvaire, et de nombreux frissons me parcourent le corps au moment où j’écris ces quelques mots. J’espérais ne jamais revivre de tels moments, mais je me dois de prendre sur moi et de rejoindre mes camarades dans ce combat. Que Dieu nous vienne en aide !

 

 

03 Juillet :

 

J’ai terminé mes préparatifs, et c’est la mort dans l’âme que je m’apprête à prendre la route et à quitter mon appartement dont le relatif confort ne parvient plus à me rassurer. Je ne suis plus à l’abri nul part, car le pouvoir obscur qui cherche à émaner des ténèbres sait que nous nous sommes lancés à sa poursuite.

Je ne peux plus faire confiance à personne : mes compagnons sont ma seule famille désormais, à moins que… non, je dois lutter contre ces pensées qui tentent d’affaiblir ma santé mentale ! Si je ne peux plus me reposer sur le travail de mes amis, alors autant en finir tout de suite ! Je dois me reprendre, même si c’est difficile.

La présence du pistolet 45 automatique me rend extrêmement nerveux. Je ne suis pas à l’aise avec les armes à feu, et savoir que j’ai dû jouer des pieds et des mains pour me la procurer amplifie ma sensation de malaise. Je sais que je dois absolument pouvoir me défendre, mais j’ai peur de devoir payer cher l’acquisition de cette arme. J’espère pouvoir rapidement rembourser le prêt que j’ai été obligé de contracter, mais je doute que la route sur laquelle je m’élance soit très lucrative… 

 

04 Juillet :

La situation dégénère plus rapidement que prévu, et les nouvelles que je peux lire ce matin dans le quotidien local sont troublantes. De nombreux événements étranges se produisent à San Francisco où les meurtres et disparitions en tout genre se sont multipliés. Il n’y a aucun doute possible : ceci est le prélude d’une incursion du Mal sur notre Terre. Je pensais prendre la route ce matin même pour le sud du pays, mais je dois changer mes plans, aucun de mes compagnons n’étant en mesure de se rendre à San Francisco. Je tremble à l’idée de devoir me précipiter sur le front, mais j’ai l’intime conviction que mon voyage ne sera pas vain et que je pourrai découvrir des indices sur l’entité que nous affrontons.

Je vais vérifier une nouvelle fois mon arme : il se pourrait que l’occasion de prouver que je sais m’en servir se dévoile à moi dans peu de temps…

 

06 Juillet :

Le chemin a été moins long que prévu, et mon arrivée dans le centre ville s’est fait sans tambour ni trompette. L’oppressante atmosphère que je ressentais dans mon Texas natal est ici encore plus présente. Le ciel s’est couvert et l’amoncellement de nuages noirs qui recouvrent San Francisco n’augure rien de bon. Luttant contre mes peurs viscérales, je me lance à l’assaut des rues étroites de la cité. C’est très probablement dans cette partie isolée de la ville que je trouverai des réponses à mes questions.

 

07 Juillet :

J’ai passé une nuit horrible, et la fatigue cumulée de ce manque de sommeil et du voyage commence à troubler mes facultés. J’ai réellement besoin de repos, même si j’aborde avec anxiété le moment où je me laisse basculer dans le monde des songes : qui sait ce qui pourrait m’arriver pendant mon endormissement ?

Mon moral s’étiole alors que je m’efforce d’engloutir un sordide petit déjeuner : le rade dans lequel j’ai temporairement élu domicile est plus que douteux, et la seule compagnie des cafards et des rats au cours de la soirée, n’a pas été des plus réconfortantes. Je suis las de parcourir les allers mal famées de San Francisco.

Pourtant, un vacarme retenti soudainement dans la chambre voisine, alors que le soleil déclinant annonce une nouvelle nuit de terreur. Je déglutis difficilement, avant de m’emparer de mon pistolet sagement rangé dans son étui. Se pourrait-il que je sois déjà sous surveillance ? Un violent mal de crâne se diffuse avec force dans ma tête, faisant augmenter la pression sanguine dans mes tempes. Je ressens la puissance des battements de mon cœur dans tout mon être, comme si la fragile mécanique de la vie prenait conscience de la menace imminente de la mort. De vifs grincements remontent dans le couloir et se propagent inexorablement vers la porte de ma chambre, alors qu’une voix caverneuse résonne dans mon esprit, menaçant de me faire sombrer dans la folie.

Je vais devoir faire face à la chose, quelle qu’elle soit, qui approche de moi. Ma main se crispe sur la crosse de mon arme, alors que la sueur perle sur mon front. Mon souffle se fait de plus en plus court, alors que je me demande ce que je fais dans cette galère. Les grincements disparaissent soudainement, mais je sais que la créature se trouve juste derrière la fine porte qui me sert de protection de fortune. Le temps semble suspendu, alors que mes oreilles bourdonnent, m’empêchant de percevoir le moindre bruit extérieur : je suis seul, isolé de tous, livré à moi-même face à l’horreur !

Sans émettre le moindre son, le bois de mon dernier rempart se fissure de toute part, lentement, comme si l’être qui en voulait à ma personne prenait un malin plaisir à me torturer… puis, la porte explosa dans un fracas assourdissant, dévoilant à mon regard toute la cruauté et l’immondice de mon assaillant. Sans réfléchir, comme déconnecté de la réalité, je parviens à appuyer sur la détente…

 

08 Juillet :

Vivant ! Je suis vivant ! Mes souvenirs sont encore obscurcis par cette rencontre d’un autre monde, mais je suis parvenu à m’extirper du taudis dans lequel j’avais passé la nuit. Fuyant la chose que je ne parviens pas à décrire avec de simples mots, tant la puissance de l’horreur qui émanait d’elle était importante : j’ai réussi à bondir dans l’escalier de secours, alors qu’une douleur atroce se répandait dans mon bras. A bout de souffle, je quittais ce quartier dont j’avais l’impression qu’il n’était plus qu’une énorme gueule qui tentait de me dévorer.

Prenant quelques instants afin de calmer les pulsations de mon cœur, je m’attardais sur la blessure que la chose m’avait faite : une large cicatrice d’un noir profond striait mon bras gauche. Il n’y avait pas la moindre goutte de sang, comme si la créature avait névrosé ma chair de l’intérieur !

Il est clair que je ne peux demeurer à San Francisco plus longtemps : la ville est perdue !

 

15 Juillet :

La traversée jusqu’en Europe a été particulièrement éprouvante ! Impossible pour moi de véritablement profiter d’un sommeil réparateur. Je me sens observé en permanence et craint encore pour ma vie. Ma blessure me lance terriblement, et la noirceur de ma peau à cet endroit me terrifie.

 

J’ai décidé de quitter le continent afin de rejoindre Londres où j’espère que mon enquête pourra enfin avancer. Cela fait une quinzaine de jours que mes amis et moi nous sommes lancés à corps perdus dans cette lutte pour la survie de l’humanité, mais aucun d’entre nous n’est parvenu à mettre un nom sur le péril qui nous menaçait.

Mon seul réconfort est d’avoir obtenu des nouvelles de mes compagnons. Léo a trouvé un précieux artefact en Amazonie, Silas revient d’un périple en Antarctique, alors que Lily se trouve à Rome. Cette dernière a localisé un mystérieux portail occulte qu’elle va tenter de refermer. Je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour elle, même si je sais que ses connaissances en arts martiaux l’aideront probablement dans sa tâche.

 

 

16 Juillet :

Apprenant la veille au soir la réussite de Lily dans sa volonté d’entraver la déferlante de créatures diaboliques à Rome, je me réveille d’excellente humeur. La nuit a été l’une des plus reposantes que j’ai pu vivre depuis longtemps, comme si Lily était parvenu à porter un coup fatal au Mal. Est-ce le bout du chemin ? Sommes-nous parvenus à empêcher l’horreur de s’incarner sur Terre ?

Je décide de profiter de mon séjour à Londres afin d’assister à une représentation de théâtre. Pour l’occasion, je pioche dans mes dernières économies et pars louer un costume. Revenir dans le monde civilisé après ce long combat me paraît complètement impromptu, mais il faudra bien tôt ou tard laisser le passé derrière nous.

Confortablement installé dans un luxueux fauteuil, je me laisse totalement porter par la représentation : le spectacle est à la hauteur, et je suis surpris par l’intensité avec laquelle les acteurs portent la pièce. Je ne suis pas le seul à profiter de la soirée, et la ferveur s’empare lentement du public qui semble basculer progressivement dans un monde imaginaire, entièrement déconnecté de la réalité. Pourtant, mon récent passé se rappelait à mon esprit, et la naissance d’une vive douleur dans mon bras gauche me réveillait. A mes côtés, les gens étaient comme happés par ce qui se passait sur scène. Ils auraient dû être horrifiés par les filets de sang qui s’écoulaient du plafond, mais au lieu de cela, ils semblaient prendre du plaisir à assister à ce drame.

Mon bras était entièrement paralysé par la douleur, et je rassemblais toute mon énergie pour m’arracher à mon fauteuil alors que dans ma tête raisonnait un son sinistre… « Azathoth sera bientôt parmi nous ! Tremblez mortels ! ».

 

20 Juillet :

J’ai énormément de mal à me remettre de cette sinistre représentation, même si je n’ai trouvé aucun mot sur ces événements dans la presse locale : c’est comme si j’avais rêvé tout cela. Pourtant, en contactant mes compagnons, il fallait me rendre à l’évidence : nous avions enfin mis un nom sur notre ennemi commun.

Un peu désoeuvré, je décidais de me rendre à l’Eglise, espérant pouvoir y trouver un soutien psychologique et spirituel. Cela faisait très longtemps que je n’avais pas assisté à une messe, et la cérémonie tranchait radicalement avec le spectacle morbide auquel j’avais pris part. Les cantiques me redonnaient du baume au cœur, et je sortais de l’Eglise avec un courage décuplé, comme si Dieu en personne m’apportait sa force.

Pourtant, cette vigueur renouvelée n’était que de courte durée, et les rumeurs en provenance du Nord Américain me faisaient craindre le pire… On signalait une vague de disparitions alors qu’un froid inhabituel s’était abattu sur la région : j’allais devoir quitter l’Europe !

 

27 Juillet :

A peine avais-je débarquer aux USA que j’apprenais encore de mauvaises nouvelles, comme si Azathoth avait décidé de livrer un ultime combat afin de s’incarner sur Terre : Shanghai avait basculé dans le chaos ! Encore une fois, seule Lily était en mesure de s’occuper du problème, car elle demeurait proche de cette vaste cité.

Quant à moi, je rejoignais Silas à Arkham afin de conjuguer nos efforts dans notre périple contre ce que les autorités locales avaient nommé « Le marcheur du vent ». Lily n’était pas loin et devait aussi nous retrouver afin que nous livrions cette ultime joute.

Pendant ce temps, la situation à San Francisco devenait tellement intenable que la mystérieuse Agence avait été dépêchée sur place, afin d’y faire le ménage. Je souhaite de tout cœur qu’ils parviennent à bouter l’ennemi hors de la ville !

 

03 Août :

Voilà près d’une semaine que nous sommes partis à la recherche du « marcheur du vent » et nulle trace de lui. A peine avions-nous l’impression de toucher au but que la créature semblait nous filer entre les doigts, comme portée par le vent glacial qui déferlait sur le Nord du continent. Le désespoir nous guettait à nouveau…

 

04 Août :

Silas s’est volatilisé ! Ce matin au réveil, il avait tout simplement disparu de notre campement de fortune. Que s’était-il passé ?! Léo me dit qu’il a probablement été emporté par une sombre créature, mais je peux lire dans ses yeux qu’il me ment… que me cache-t’il ? A-t-il quelque chose à voir dans cette disparition ? Je ne peux le croire. Ou alors est-ce moi qui suis à deux doigts de basculer vers la folie tant la paranoïa me ronge ? J’en viens à avoir peur de demeurer au côté de Léo.

Pendant ce temps là, comment va Lily ? J’espère qu’elle a plus de réussite que nous dans sa quête…

 

09 Août :

Nous sommes revenus à Arkham. Je n’ai dormi que d’un œil pendant tout le chemin du retour, obnubilé par notre échec dans la recherche de la mystérieuse créature nordique et par le vide que je pouvais ressentir dans le regard de Léo qui n’est plus vraiment le même depuis la perte de Silas. J’ai l’impression qu’il est plongé dans une sorte de torpeur dont il n’arrive pas à se dépêtre.

J’attends impatiemment des nouvelles de Lily qui doit toujours être en Asie…

 

11 Août :

Incroyable ! La cicatrice laissé par mon affrontement à San Francisco a entièrement disparu ! Mon bras est redevenu normal et la couleur noirâtre s’est comme évaporée. Je me sens complètement libéré de l’emprise des ténèbres. Même mon envie de musique est réapparu, et je me surprends à me remettre à jouer des morceaux de Jazz ! Est-ce la fin de ce long cauchemar ?

 

13 Août :

Enfin des nouvelles de Lily, et ce sont d’excellentes nouvelles qui expliquent pourquoi j’ai retrouvé la joie de vivre.

Après un affrontement épique, elle a dû se résoudre à fuir la ville et à gagner Tokyo, cité dont le nom a été évoqué par un des maniaques qu’elle a combattu à Shanghai. Sur place, elle a surveillé les mouvements de goules qui avaient investi les souterrains de la capitale. Cela lui a permis de localiser un portail magique dont l’énergie occulte était particulièrement puissant. Profitant de l’absence de surveillance de ce portail après qu’un rituel maléfique ait été réalisé par les goules, elle a bondit à l’intérieur.

Je ne sais pas ce qui s’est passé ensuite, car elle ne souhaite par évoquer ce désagréable moment, mais elle est parvenu à mettre un terme aux velléités agressives d’Azathoth.

Peut-être que le temps permettra d’en savoir plus sur ce qu’ont réellement subi mes compagnons d’infortune, mais une chose est certaine : le calme et la tranquillité ont repris leurs quartiers sur notre Terre, et je peux retrouver la quiétude de mon Texas natal. Jusqu’à quand…

 

Retour sur Terre !

Scotchés ! Nous avons tous les quatre été scotchés par cette partie de découverte qui a duré près de 3 heures, avec une courte pause ! Pourtant, nous n’avons pas vu le temps passer tellement l’ensemble est fluide.

Les règles ne sont pas aussi compliquées que j’avais pu le craindre, et il est clair que le mot d’ordre a été simplification pour cette refonte (si je puis dire) du classique Horreur à Arkham. En quelques mots et sans vouloir entrer dans les détails, un tour est divisé en trois phases.

Lors de la première phase, les investigateurs réalisent à tour de rôle deux actions (comme se déplacer, se reposer, échanger, préparer un voyage,…), puis vient une phase de rencontre où une carte indique ce qui arrive à chacun (on a alors un test à effectuer sous une caractéristique spécifique).

A la fin de chaque tour, on résout une carte de mythe qui réserve en général de mauvaises surprises à notre fine équipe : c’est le moment où le Mal fait une percée sur la Terre. Toutes ces phases se succèdent rapidement, et malgré quelques rares lourdeurs (notamment dans la résolution des effets sentence, ces effets qui peuvent s’enchaîner en cascade), on passe peu de temps dans les règles. De toute façon, Edge et FFG ont pensé à tout, et celles-ci sont divisées en deux livrets : l’un concerne les généralités et l’autre entre plus dans les détails avec un glossaire très pratique.

Côté matériel, on est plutôt bien loti, et sans être extraordinaire, on ne peut pas nier qu’il y ait un effort sur la quantité (ce qui est un minimum pour un jeu narratif). Pas extraordinaire, j’exagère un peu, car les cartes sont de bonne qualité, les illustrations sont agréables, nombreuses et bien ancrées dans le thème, les personnages sont représentés par de superbes pions investigateurs,… Si on peut regretter un manque de volume sur l’ensemble (aucune figurines, pas d’éléments en 3D), il faut reconnaître que tout est bien fait, et qu’à la seule vue du matériel déposé sur (ou à côté) du plateau de jeu, on n’a qu’une envie : jouer !

Evidemment, le côté négatif est que l’installation est un peu laborieuse surtout quand on n’a pas l’habitude, même si je ne doute pas que les parties suivantes soient plus rapides à mettre en place. On n’est tout de même pas aidé par l’absence de thermoplastique qui nous oblige à tout ranger en sachets et en vrac dans la boite… dommage. Un dernier mot sur les traductions des cartes qui souffrent de quelques erreurs et approximations, et là pour le coup, c’est encore… dommage ! Heureusement, il y a des Erratas publiés sur le site de Edge, mais il n’existera aucune possibilité d’obtenir les versions révisées des éléments défectueux (comme c’est toujours le cas avec les traductions des productions FFG par Edge).

Maintenant que nous en avons terminé avec les formalités administratives, nous allons pouvoir parler avec le cœur ! Comme vous l’avez compris, j’ai été particulièrement étonné par le fait que le jeu (qui paraît fortement aléatoire, vu que tout fonctionne avec des tirages de cartes, des jets de dés,…) soit aussi efficace et intéressant. Je ne connais pas du tout l’univers de Lovecraft (oui, je sais, honte à moi, les tentacules c’est la vie, tout ça, tout ça), et pourtant je suis entré avec une facilité déconcertante dans ce monde plein de mystères. A mes yeux, Les Contrées de l’Horreur est un jeu épique dans lequel on vit une véritable aventure. Le côté narratif est intéressant, varié, et inattendu (le hasard, la rejouabilité,…) et on se souvient avec délectation de ces passages savoureux qui ont sauvé nos héros d’une mort certaine, ou au contraire de ceux un peu plus masochiste qui ont vu l’un de nos compagnons sombrer corps et âme. Par conséquent, on peut être frustré par la tournure de certains événements, ou par un échec de notre chouchou lors d’un test qui tombe sur sa plus faible caractéristique. Le jeu est parfois cruel, car on s’attache facilement à son avatar, et c’est un crève cœur de le voir disparaître dans les limbes (demandez à mon fils de 12 ans qui a quitté la table en larmes en voyant son personnage éliminé prématurément par la faute de son frère).

Bref, si vous voulez un jeu horrifique restant accessible à un jeune public (tout est suggéré), pouvant vous rappeler vos plus beaux moments attablés autour d’un jeu de rôle, et qui vous fait vivre une véritable épopée en quelques heures seulement, Les Contrées de l’Horreur mérite que vous vous intéressiez à lui. Le jeu de base, contrairement à ce que j’ai pu lire sur le net, se suffit à lui-même pour vos premières parties (même si les cartes rencontres spécifiques sont assez limitées et qu’on en fait rapidement le tour), et Edge traduit régulièrement de nouvelles extensions (news de Shanouillette), ce qui laisse présager d’une bonne durée de vie. Néanmoins, gardez à l’esprit que c’est un coopératif ameritrash, et que votre potentielle allergie au hasard pourrait vous donner des sueurs froides (même si j’ai trouvé cet aléa moins dérangeant que l’apparition des fromages sur la meule de Mice and Mystics lors des combats par exemple). Attention également à la difficulté du jeu qui est redoutable en fonction des configurations : il faudra éviter les parties avec un nombre de joueurs impair, ne pas s’engager dans une joute contre un Grand Ancien surpuissant (Azathoth est conseillé pour les parties de découverte), et inclure avec prudence les cartes mythe les plus difficiles (celles avec d’horribles tentacules rouges).

En tout cas, je suis bien content de ne pas avoir suivi les retours mitigés que l’on trouve sur les sites français (aux US, le jeu a bénéficié de retours bien plus chaleureux !), et d’avoir succombé au plaisir tentaculaire (ce malgré une lourde défaite sur notre deuxième partie, après 4 heures de jeu, et un tirage catastrophique des cartes mythe : 8 cartes difficiles sur 12 tirées…). Vous aussi, basculez dans le côté horrifique de la force !

 

Merci à GraphLSD pour les photos et les illustrations de l’article.

 

Les Contrées de l’Horreur

Un jeu de Corey Konieczka
Illustré par Anders Finer et Magali Villeneuve
Edité par Edge Entertainment
Date de sortie : 01-04-2014
De 1 à 8 joueurs
A partir de 14 ans
Durée moyenne d’une partie : 180 minutes

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9 Commentaires

  1. Wraith75 15/08/2016
    Répondre

    Salut, beau JP très vivant !
    Je possède Arkham Horror et pas mal d’extensions. Il ne sort pas souvent vu la longueur et le public (pas à cause du thème, mais du hasard qui, moi, ne me dérange pas).
    Est-ce que celui-ci est tellement mieux qu’AH ?

  2. Alendar 16/08/2016
    Répondre

    Merci à toi.
    Je n’ai pas eu l’occasion de m’essayer à Horreur à Arkham, mais j’ai visionné les règles en vidéo chez Yahndrev, et j’ai trouvé quelques lourdeurs: le système de déplacement des monstres (bien qu’indéniablement intéressant), les combats, le niveau de terreur et la gestion des caractéristiques des personnages notamment.
    Au contraire, Les Contrées de l’Horreur sont d’une simplicité déconcertante avec une grande fluidité, hormis quand un trop grand nombre d’effets sentences se cumulent sur le plateau avec les monstres et sur les cartes (on a toujours peur d’oublier quelque chose). D’autre part, certains reprochent l’échelle choisie, et un manque d’implication des joueurs dans un monde trop grand, les parties se déroulant dans une ville permettant de mieux se laisser happer par les événements.

    En tout cas, Les Contrées sont un gros succès chez moi, et Yog- Sothoth vient d’essuyer son premier revers contre nos investigateurs (toujours pas d’extension utilisée en 7 parties).

  3. Alendar 16/08/2016
    Répondre

    Merci à toi.

    Je n’ai pas eu l’occasion de m’essayer à Horreur à Arkham, mais j’ai visionné les règles en vidéo chez Yahndrev, et j’ai trouvé quelques lourdeurs: le système de déplacement des monstres (bien qu’indéniablement intéressant), les combats, le niveau de terreur et la gestion des caractéristiques des personnages notamment.
    Au contraire, Les Contrées de l’Horreur sont d’une simplicité déconcertante avec une grande fluidité, hormis quand un trop grand nombre d’effets sentences se cumulent sur le plateau avec les monstres et sur les cartes (on a toujours peur d’oublier quelque chose). D’autre part, certains reprochent l’échelle choisie, et un manque d’implication des joueurs dans un monde trop grand, les parties se déroulant dans une ville permettant de mieux se laisser happer par les événements.

    Par contre, tu y retrouveras du hasard (lancés de dés, tests à réaliser, des portails,…) et de la longueur (se limiter à 4 investigateurs semble être une bonne idée). Les objectifs seront néanmoins beaucoup plus variés et les stratégies différentes en fonction de ceux-ci (ce qui donne un bon renouvellement).

    En tout cas, Les Contrées sont un gros succès chez moi, et Yog- Sothoth vient d’essuyer son premier revers contre nos investigateurs (toujours pas d’extension utilisée en 7 parties), et on m’a offert le tome 1 du Mythe de Cthulhu pour mon anniversaire, histoire que je comprenne les nombreuses références à cet univers culte-issime!

    • fouilloux 17/08/2016
      Répondre

      J’espère qu’on te l’a pas survendu. Lovecraft c’est bien, mais lit peut être à petites doses. je viens de lire les montagnes hallucinées, pour l’instant c’est le meilleur que j’ai pu lire.

  4. Wraith75 16/08/2016
    Répondre

    Ah oui, c’est clair que la lecture de Lovecraft s’impose !
    Oui, les remarques sont les mêmes pour les deux jeux (j’ai joué une fois à Eldritch Horror à sa sortie) : le hasard, la longueur, mais effectivement, « fluidité » est rarement utilisé quand on évoque AH  =)
    Bonne lecture !

  5. PG 24/08/2016
    Répondre

    Pour avoir joué aux 2 AH et CH -> je préfère largement CH que j’ai en anglais (Eldritch Horror chez FFG); les règles sont certes plus légères, mais cela rend la jouabilité (surtout avec de non-gamers ou des débutants) beaucoup plus facile.

    J’ajouterais outre l’aspect fluidité que pour moi les options d’interactions sont plus nombreuses, c’est pour cela que l’on ne « voit pas le temps passez » quand on est à table; car tout le monde participe, même quand ce n’est pas son tour -> On regarde comment aider l’autres avec de multiples objets et/ou skills des personnages qui sont « vraiment » utile en cooperatif.

    Le jeu reste compliqué et dur à battre, mais le niveau de difficulté pouvant être modulé dans le setup des cartes, au final s’il on possède plusieurs extensions (comme c’est mon cas), on a vite fait de faire quelques sessions de jeu en mode « facile » pour que les joueurs y prennent goût, ensuite tu augmentes le challenge avec l’emploi des « petites extensions ».

    Une fois que tes joueurs ont le jeu sous le coude, tu balances les grosses boîtes (extension Mountains of Madness) qui rajoutent un nouveau plateau et une floppée de cartes. Attention à l’effet « Talisman » ou cela devient un immense terrain de jeu … Pas sur qu’il faut vraiment avoir « toutes les extensions » pour s’amuser (ceci dit, j’ai tout car j’ai un problème d’achat compulsif et de complétittude … docteur), je commencerais par la boite de base et les petites extensions qui donnent des cartes en plus.

  6. Alendar 25/08/2016
    Répondre

    On a finalement intégré l’extension Légendes Oubliées, le jeu ne quittant pas notre table de salon depuis 2 semaines, on finit par connaître les cartes par coeur. Les nouveaux mystères des Grands Anciens de la boite de base apportent encore plus de diversité et de surprises: par contre, cela devient délicat de prévoir une équipe d’investigateurs qui soit en phase avec ce qui va être demandé (ce qui n’est pas un mal).
    On a subit trois défaites contre Yig, toujours à un cheveu près ce qui est horriblement frustrant!
    Je pense investir dans la deuxième petite extension Vestiges Occultes justement pour éviter les nouveaux plateaux des grosses extensions, et le débordement de matériel sur la table (et j’ai du mal à voir des cartes très thématiques comme le traineau s’intégrer correctement contre d’autres Grands Anciens). De plus, de nouveaux investigateurs seront les bienvenus!
    Par contre, avec deux personnages seulement, la partie peut tourner au calvaire rapidement: une malédiction avec l’apparition du Spectre, de nombreuses cartes mythes à tentacules rouges,… on s’est pris une déculottée express contre Azathoth!
    En tout cas, les nouvelles de Lovecraft valent vraiment le détour et permettent d’en savoir plus sur son univers (vous me direz, c’est logique, vu qu’il en est le créateur 🙂 ).

    • ppradon 31/08/2016
      Répondre

      En fait les extensions « thématiques » avec plateau supplémentaire rajoutent effectivement du matos sur la table mais se joue avec autant de fluidité que le reste. De plus les cartes vraiment spécifiques (genre les traineaux :)) sont des ressources uniques et ne sont mises en jeu que par des effets spécifiques (par exemple dans le cas des traineaux c’est en allant sur le plateau Antarctique, donc on reste dans le « réaliste » (note bien les guillemets…)

      En tout cas je rejoins tout ce qui a été dit, pour moi aussi le jeu est un cran au-dessus de son grand frêre AH.

      • Wraith75 31/08/2016
        Répondre

        Oui, sauf que tout racheter après avoir les 2/3 des extensions d’AH, bof  =)

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