CMON pourrait perdre 2 millions de dollars
CMON, après avoir souffert lors de la pandémie de Covid, se retrouve de nouveau en difficulté. La société, cotée en bourse à Hong Kong depuis 2016, a en effet vu son action dévisser dernièrement, et pas certain qu’un énième Zombicide puisse cette fois faire des miracles – surtout si l’on prend en compte la situation de guerre commerciale qui se joue actuellement à l’international. Il faut ajouter que l’éditeur a beaucoup de projets participatifs encore non livrés.
Sur BoardGameWire, Mike Didymus-True a rapporté le 13 mars 2025 que « le conseil d’administration de CMON a lancé un avertissement sur les bénéfices à la Bourse de Hong Kong hier, estimant ses pertes pour 2024 entre 1,4 et 2,1 millions de dollars – le total final et audité devant être révélé dans le rapport annuel de la société d’ici la fin du [mars 2025] ». Il poursuit : “Au milieu de cette fourchette, les pertes de 2024 effaceraient presque complètement les bénéfices de 1,8 million de dollars réalisés par CMON au cours des trois années précédentes combinées – ce qui mettrait fin à plusieurs années d’amélioration des performances, la société s’étant remise des pertes de près de 5 millions de dollars subies en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19.”
CMON estime que les consommateurs n’achètent plus autant de jeux de société en raison de l’augmentation du coût de la vie, bien que ce ne soit probablement pas la seule raison, sans même évoquer la question actuelle des douanes et de leur impact en termes de frais supplémentaires pour l’entreprise, qui pourraient atteindre des centaines de milliers de dollars. La société basée à Singapour avait espérer signer un accord de vente de licence qui n’a finalement pas pu aboutir et cherche actuellement d’autres moyens pour lever des fonds. Par ailleurs, CMON a annoncé n’avoir pas reçu les 10,4HK$ de la part de nouveaux actionnaires qui se seraient finalement rétractés, sans raison divulguée.
Gamefound
Souvenez-vous, CMON a fait des choix stratégiques majeurs l’an dernier. En effet, c’est en février 2024 que CMON a quitté son partenaire historique, Kickstarter, qui lui avait permis de collecter plus de 108 millions de dollars au total – CMON occupant plusieurs places dans la catégorie des jeux de société les plus financés de la plateforme – pour signer un accord d’exclusivité avec Gamefound, le concurrent direct. Ce nouveau partenariat lui aura tout de même permis de lever plus de 12,1 millions de dollars avec des campagnes comme DC Super Heroes United et Cthulhu: Death May Die – Forbidden Reaches.
Juste après ce tournant, CMON décidait d’investir dans Japon Brand un collectif à qui l’on doit notamment Machi Koro (Minivilles), Time bomb ou Love Letter. C’est également au début de l’an dernier que la société décidait de récupérer certaines licences telles que Hel et Anastyr, des jeux dans un état de développement nécessitant encore beaucoup d’efforts pour être “achevés” d’après l’éditeur. Pour rappel, ces jeux étaient chez Mythic et seront offerts aux backers les ayant soutenus à cette époque, bien que les frais d’envoi et de TVA resteront à leurs charges. Des projets dont CMON n’a donné aucune nouvelle depuis leur rachat, avec un manque de transparence qui n’aide pas à rassurer la communauté.
MàJ 15/04/25 : CMON n’a toujours pas publié son rapport annuel, qui était attendu avant la fin du mois de mars, et ses actions ont été suspendues à la bourse de Hong Kong tandis que nous apprenons la démission de David Preti, directeur de l’exploitation de longue date de la société, invoquant « d’autres engagements professionnels ».
Conan le berbère il y a 27 jours
Le modèle de CMON est quand même assez extraordinaire. Une société côtée en bourse dont les fonds proviennent des souscripteurs, c’est habituel, mais quand ces souscripteurs sont des acheteurs de produits (backers) et non des actionnaires, c’est là où ça devient étonnant, car c’est toute la notion de capital-risque qui change. J’imagine que quelqu’un a publié quelque part un article économique informé là-dessus (au hasard, sans doute un site suisse de qualité que je ne consulte plus par son utilisation transparente mais un peu trop « lissante » pour moi des AI pour la réécriture). Il reste que cette cotation en bourse en fait une entité plus obscure qu’elle ne le serait sinon: pour des raisons de non distorsion ou de sûreté de l’information financière, certains éléments de détail des opérations internes ne sont pas disponibles. Il n’empêche que j’aurai aimé voir le bilan détaillé, et aussi savoir si c’est bien une recapitalisation dont il s’agissait: il semble que la balance pour combler le manque de ces 16% de parts non achetées soit un appel à financement par le bas, il s’agirait donc d’une émission de parts… ce qui soulève deux questions: cette recapitalisation suit-elle le modèle des start up avec sa moyenne de quatre fois plus d’augmentation de capital que les recapitalisation de l’industrie, montrant que le modèle principal n’est pas celui de la production de biens, mais de licences (un coup de rabot sur les coûts effectué première moitié 2023 ou 2024 je ne me souviens plus bien aurait échoué à endiguer l’effet des pertes de 39% des ventes en boutique – contre 9% de perte sur les souscriptions directes)? Ce modèle tend-il à prendre l’option de la gestion capitaliste des biens et services tiers (non rentables dans des conditions de marché), c’est à dire mutualisation des pertes et privatisation des bénéfices? On peut en tous cas se rappeler du rétropédalage de la recapitalisation de Patreon (un modèle pas si éloigné) qui l’aurait propulsé en bourse, suite à la menace des créateurs/producteurs (des travailleurs, quoi) de quitter la plateforme. On peut aussi se souvenir que Kisskissbankbank est une filiale de La Banque Postale (une banque, ça a des conditions différentes de fonctionnement pour le capital). Capital mort, capital vivant, tout semble s’entremêler dans ces histoires…
Grovast il y a 26 jours
« CMON estime que les consommateurs n’achètent plus autant de jeux de société en raison de l’augmentation du coût de la vie, bien que ce ne soit probablement pas la seule raison »
Je dirais même plus, on peut aussi penser – au hasard – que même les plus acharnés finissent pas se lasser d’entasser chez eux des jeux kilo-plastique du sol au plafond.
C’est pas moi qui vais pleurer pour CMON quoiqu’il en soit.
Adrienhb il y a 25 jours
+1
Si je prends mon cas, déjà que j’ai du mal à ranger tous mes jeux de plateau classiques, y ajouter un mètre cube de boîtes à chaque campagne, ben en fait le choix est vite fait.